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Sommaire
*
L'hyperbole : « Cet
artiste extra sublime a un gigantesque
projet : une toile de dix mètres carrés. »
projet : une toile de dix mètres carrés. »
*
La
synecdoque : « Voile à l'horizon ! » ou « Un
bateau à l'horizon » ?
*
La
métonymie : « Elle est tombée dans les
pommes »,
au sens propre ou au figuré ?
au sens propre ou au figuré ?
*
La
litote : « Le
loup n'est
pas un gentil
petit animal
de compagnie... »et
la prétérition : « Je ne
vous dirai pas combien j'ai été affectée
par cette nouvelle. »
par cette nouvelle. »
*
Niveaux
de langue, langages, registre, style
« Mignonne, allons voir si la rose... »
ou : « Viens par ici ma poulette ! »
ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous disposée
à m'accompagner pour visiter le jardin ? »
« Mignonne, allons voir si la rose... »
ou : « Viens par ici ma poulette ! »
ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous disposée
à m'accompagner pour visiter le jardin ? »
*
L'oxymore
ou le clair-obscur
*
La
poésie française : poèmes et poétique, « C'est tout
un poème. »
*
Les
champs sémantiques
et les
champs lexicaux
*
Dénotation-connotation,
monosémie et polysémie
*
Musique
et rythme en prose
*
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atelier d'écriture et publication
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L'hyperbole
: « Cet artiste extra sublime
a un gigantesque projet :
une toile de dix mètres carrés »
a un gigantesque projet :
une toile de dix mètres carrés »
L'hyperbole
est une figure de rhétorique consistant à mettre en relief une idée
par l'emploi d'une expression exagérée qui va au-delà de la
pensée. Elle consiste à augmenter ou à diminuer excessivement la
vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression.
Par
exemple : « Ce
géant chausse du 44 »,
hyperbole de : « Cet
homme est grand et il chausse du 44 »,
ou bien : « Il
ressemblait à un pygmée »,
hyperbole de : « C'était
un homme plutôt petit »,
ou encore : « Ce
détour à cause des travaux sur la chaussée, c'est une perte de
temps formidable »,
pour : « Ce
détour à cause des travaux sur la chaussée nous a fait perdre une
heure ».
« Parlons
sans hyperbole et sans plaisanterie »,
écrivait
Nicolas Boileau en 1694, dans la Satire
X.
Boileau était un écrivain français, né en 1636, mort en 1711,
historiographe du roi en 1677 et entré à l'Académie française en
1684, auteur de : Art
poétique,
paru en 1674, qui est un poème didactique en quatre chants, où en
imitant Horace (poète latin qui vécut de 65 à 8 avant J.-C., et
dont son Art
poétique
est une réflexion sur la nature de la poésie), et aussi selon
certains en imitant Jean Vauquelin de La Fresnaye (poète français,
1536-1606, auteur en 1574 d'un Art
poétique français
en vers où il se montre disciple de Ronsard mais apprécie la poésie
du Moyen Âge), Boileau dégage les principes de son idéal
littéraire en y joignant des critiques souvent acerbes à l'égard
de ses contemporains.
Ferdinand
Brunot (linguiste et grammairien français, historien de la langue
française, 1860-1938) a écrit en 1922, dans son ouvrage sur la
psychologie du langage La Pensée
et la Langue
(exposé méthodique des faits de pensée et des moyens d'expression
qui leur correspondent, cet ouvrage a influencé durablement
l'enseignement du français, mais dont la méthode intuitive va à
l'encontre de l'évolution de la grammaire moderne) au sujet de
l'hyperbole :
« L'hyperbole.
Plusieurs estiment, non sans raison, que (...) nous avons perdu le
sens de la mesure (...) On dit à propos du moindre événement que
les
conséquences en seront immenses,
qu'il a une
portée incalculable
(...) On
éprouve une joie infinie
à revoir ses amis, etc. Notre littérature, nos journaux surtout ont
poussé les mots à l'extrême. La « litote » [figure de
rhétorique qui consiste à atténuer l'expression de sa pensée pour
faire entendre le plus en disant le moins] n'est plus connue de
personne, nous sommes sous le règne de l'« hyperbole ».
Tout y contribue, la réclame commerciale d'abord, mais aussi les
surenchères de la politique et de la presse. »
Tandis
que Jean de La Bruyère (moraliste français, 1645-1696, entré à
l'Académie française en 1693) écrivait en 1688, dans ses
Caractères
(ouvrage qui recense une succession de maximes et de portraits, où
l'auteur révèle son art de la formule et son ton incisif) au sujet
de l'hyperbole :
« L'hyperbole
exprime au-delà de la vérité pour ramener l'esprit à la mieux
connaître (...) Les esprits vifs, pleins de feu, et qu'une vaste
imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent
s'assouvir de l'hyperbole »
Extrait
de : Les
Caractères ou les mœurs de ce siècle,
de La Bruyère, choix et présentation de Carole Benz, Paris : EJL,
2007, Collection Librio,
n° 839, p. 21.
n° 839, p. 21.
Étymologiquement,
le nom féminin hyperbole
est un emprunt au latin hyperbole,
lui-même emprunté au grec huperbolê,
dérivé de huperballein
(jeter
au-dessus, dépasser la mesure),
composé de huper
(au-dessus,
au-delà)
qui a donné hyper-,
et de ballein
(lancer,
jeter).
L'hyperbole
peut concerner plusieurs mots. Elle peut doubler un autre écart de
style. Par exemple : « L'ouragan
souffle sur les prix »,
où le mot « ouragan »
est à la fois métaphorique (la baisse des prix est tellement
importante que les prix sont cassés comme les objets, les véhicules
et les habitations après le passage d'un ouragan) et hyperbolique
(il aura fallu la force d'un ouragan pour faire baisser les prix !).
Lorsque
l'hyperbole est tellement exagérée qu'elle en paraît fallacieuse,
voire mensongère et trompeuse, on obtient un adynaton,
une hyperbole
hyperbolique.
Exemple : « Il
a un appétit à avaler des bœufs entiers, des autruches crues et
même des tas de briques ».
L'adynaton crée une atmosphère irrationnelle, fantastique ou
délirante, et souvent cocasse. D'où son apparition dans les
fatrasies médiévales (pièce poétique incohérente ou absurde,
formée de dictons, de proverbes et contenant des allusions
satiriques), les comptines, le théâtre comique (invectives,
injures).
Beaucoup
de mots sont par nature hyperboliques, notamment des adjectifs :
géant,
champion,
fabuleux,
remarquable,
fantastique,
ignoble,
etc. Des affixes à la mode sont porteurs d'hyperboles comme : super,
hyper
(« c'est
hyper sympa »),
ou -issime
(« le
richissime chanteur Charles Trénet »).
Les
superlatifs (procédé grammatical qui exprime la qualité au degré
le plus élevé, par l'emploi de : « le
plus »,
ou « le
moins »)
sont fréquemment hyperboliques : « le
moins cher des caméscopes »,
« le
plus grand livre du siècle »,
« la
plus adorable de toutes les petites filles du monde entier »,
etc.
Les
effets
de l'hyperbole :
Souvent,
l'hyperbole essaie de convaincre, ou de faire rire, ou de convaincre
par l'humour, mais elle peut aussi provoquer l'indignation, ou
introduire à un monde fantastique.
Consignes
:
1.
le texte suivant est extrait de : Isabelle,
d'André Gide (écrivain français, 1869-1951 ; qui fonde en 1909
avec l'écrivain et homme de théâtre Jacques Copeau (1879-1949) et
l'écrivain français Jean Schlumberger (1877-1968) La
Nouvelle Revue Française
; et qui reçoit le prix Nobel de littérature en 1947). Il s'agit
d'un portrait en forme de caricature. Remplacer les hyperboles et les
mots (soulignés) par des mots, ou des groupes de mots, et par des
constructions ordinaires pour en faire un portrait banal d'un homme
ordinaire.
« Le
baron Narcisse de Saint-Auréol portait culottes
courtes,
souliers à
boucle très apparente,
cravate de
mousseline
et jabot.
Une pomme d'Adam, aussi proéminente
que le menton, sortait de l'échancrure
du col et se
dissimulait
de son mieux sous un bouillon
de mousseline
; le menton, au moindre
mouvement
de la mâchoire, faisait un extraordinaire
effort
pour rejoindre
le nez qui, de son côté, y mettait de la complaisance.
Un œil restait hermétiquement
clos ; l'autre, vers qui remontait le coin de la lèvre et tendaient
tous les plis du visage, brillait clair, embusqué
derrière la pommette
et semblait dire : « Attention ! Je suis seul, mais rien ne
m'échappe. »
2.
À l'inverse, introduire le maximum d'hyperbole dans le texte
suivant, texte caractérisé par une sobriété des moyens
stylistiques. Il s'agit d'un extrait de : « Le
Silence de la mer »
de Vercors (Jean Bruller, dit Vercors, romancier, dessinateur et
essayiste français, 1902-1991, fondateur des Éditions de Minuit en
1941).
« Le
petit garçon mit sa main dans celle de son père sans s'étonner.
Pourtant il y avait longtemps, pensait-il. On sortit du jardin. Maman
avait mis un pot de géranium à la fenêtre de la cuisine, comme
chaque fois que papa sortait. C'était un peu drôle. Il faisait beau
- il y avait des nuages, mais informes et tout effilochés, on
n'avait pas envie de les regarder. Alors le petit garçon regardait
le bout de ses petits souliers qui chassaient devant eux les graviers
de la route. Papa ne disait rien. D'habitude il se fâchait quand il
entendait ce bruit-là. »
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
DUBOIS,
Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 235.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 3, p. 1984.
LITTRÉ,
Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 3, p. 3065.
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET,
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan).
REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 986.
THERON,
Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches 31, 32, 89.
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La
synecdoque : « Voile à l'horizon ! »
ou « Un bateau à l'horizon » ?
ou « Un bateau à l'horizon » ?
La
synecdoque
est une espèce de métonymie ; c'est une figure de rhétorique par
laquelle on donne une signification particulière à un mot, qui dans
le sens propre a une signification plus générale.
Dans
la métonymie on prend un terme pour un autre (exemples : « boire
un verre »
au lieu de : « boire
le contenu du verre »,
« vivre
de son travail »
au lieu de : « vivre
de ce qu'on gagne en travaillant »,
« ameuter
la ville »
au lieu de : « ameuter
les habitants de la ville »),
au lieu que dans la synecdoque on prend le moins pour le plus, ou le
plus pour le moins (le tout pour la partie, ou la partie pour le
tout, le genre pour l'espèce, ou l'espèce pour le genre, la matière
pour l'objet, ou l'objet pour la matière, le singulier pour le
pluriel, ou le pluriel pour le singulier). Exemples : « une
voile à l'horizon »
pour « le
bateau »,
« les
flots »
pour « la
mer »,
« l'airain »
pour « les
canons »,
« les
mortels »
pour
« les
hommes »,
« un
fer »
pour
« une
épée »,
« des
porcelaines de Chine »
pour
« des
récipients en porcelaine de Chine »,
« l'ennemi »
pour
« les
ennemis »,
« porter
un castor »
pour
« porter
une toque en fourrure de castor »,
etc.
Les
deux termes de la synecdoque (celui qui est normalement attendu mais
qui n'apparaît pas, et celui qui se substitue au terme attendu) ont
un rapport de contiguïté et d'inclusion, car non seulement ils font
partie de la même isotopie (secteur du réel), mais l'un inclus
l'autre.
Le
mot féminin synecdoque
représente la réfection de sinodoche
(en
linguistique, la réfection
est la modification d'une forme linguistique populaire, issue de
l'évolution normale, d'après l'étymologie ; le XVIe
siècle a procédé à de nombreuses réfections de mots d'après le
latin ou le grec), emprunté au bas latin synecdoche,
repris du grec sunekdokhê
« compréhension
simultanée de plusieurs choses »,
lui-même dérivé de sunekdekhesthai
« se
rendre maître en même temps, comprendre à la fois »
verbe composé de sun
« avec, ensemble » et de ekdekhesthai
« recueillir
dans son esprit, saisir, comprendre »,
lui-même formé de ek-
(qui marque l'origine) et de dekhesthai
« recevoir »,
lequel se rattache à une importante racine indoeuropéenne exprimant
l'idée de conformation,
d'adaptation.
Résumé
étymologique
:
sun
(avec,
ensemble)
+ ekdekhesthai
(ek
(qui marque l'origine)
+ dekhesthai
(recevoir)
->
sunekdekhesthai
(se
rendre maître en même temps, comprendre à la fois)
->
sunekdokhê
(grec)
->
sinodoche
(1521)
->
synecdoche
(1690, forme latine)
->
synecdoque
(par réfection, 1730, César Chesneau Dumarsais (grammairien
français, 1676-1756).
L'emploi
de la synecdoque permet des descriptions réalistes, des portraits,
des récits en prose ou en poésie. La synecdoque correspond à une
perception du monde qui procède du particulier au général ou du
général au particulier. Le rapport sémantique entre les deux
termes ou les deux notions est un rapport d'inclusion : la partie
dans le tout, où le détail suggère l'ensemble, ou bien inversement
la partie par le tout.
On
parle de synecdoque particularisante (le détail suggère l'ensemble)
lorsqu'on effectue un zoom avant (impression de gros plan,
valorisation d'un élément), et de synecdoque généralisante (zoom
arrière, recul, éloignement, distanciation, généralisation).
Exemples : « Le
buste survit à la cité »
Théophile Gautier (1811-1872), où l'élément particulier « Le
buste »
remplace l'ensemble « sculpture »
; « Les
plus fines cravaches du monde entier vont s'entraîner là-bas »,
où l'élément particulier « cravaches »
remplace l'ensemble « les
jockeys ».
Inversement : « Il
porte un feutre »
est une synecdoque généralisante, où l'ensemble « feutre »
remplace l'élément particulier « chapeau ».
La
synecdoque est une figure non absolue, mais relative. Dire « le
bâtiment »
pour désigner une maison est une synecdoque généralisante, mais
dire « la
maison »
pour désigner un chalet ou une cabane par exemple, est aussi une
synecdoque généralisante. Tout dépend des repères qui sont pris,
et du contexte, dont dépend toute valeur (linguistique et
sémantique). Cette dernière est constamment variable, un même mot
ayant toujours un nouveau sens dans un nouveau contexte.
Dans
le texte, la synecdoque traduit très souvent un retour à une
impression ou à une perception plus sensible et physique du monde.
Elle joue sur les rapports respectifs de l'ensemble et du détail,
elle va de l'un à l'autre, suggère l'un par l'autre et inversement.
Elle est toujours très visuelle, car elle fait constamment varier la
distance de perception des choses, la distance du locuteur d'avec les
choses perçues, dans le langage et dans l'esprit, par une
comparaison constante entre ce que l'on perçoit du visible (les
objets, les formes, le cadre, les couleurs, les contrastes, etc.) et
ce que l'esprit en fait ensuite.
Consigne
: remplacer les mots soulignés du texte ci-après par des
synecdoques.
Les
Russes
avançaient dans la pénombre. Julien, qui écoutait
de ses deux oreilles,
les a entendus venir. Il ne savait pas s'ils venaient porter la
destruction et l'incendie,
ou au contraire le réconfort. Comment opposer à la
guerre un
message de
paix ?
Julien a secoué ses amis. Il s'est habillé le premier, suivi par
l'originaire
de Provence
et l'originaire
d'Aquitaine.
Il valait mieux ne pas risquer sa
vie !
Les
Russes = les soldats rouges
écoutait
de ses deux oreilles = l'oreille attentive
la
destruction et l'incendie = le fer et le feu
Les
soldats rouges avançaient dans la pénombre. Julien, l'oreille
attentive, les a entendus venir. Il ne savait pas s'ils venaient
porter le fer et le feu, ou au contraire le réconfort.
Etc.
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BOURDEREAU,
Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 34.
DUBOIS,
Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 464.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 4, p. 1424, t. 6, p. 937.
GREVISSE,
Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
p. 263.
LITTRÉ,
Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 6, p. 6155.
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET,
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 62.
REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 2066.
THERON,
Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches 37, 48.
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La
métonymie : « Elle est tombée dans
les
pommes », au sens propre ou au figuré ?
pommes », au sens propre ou au figuré ?
La
métonymie,
dont la synecdoque en est une forme particulière (voir l’Atelier
d’écriture précédent), est une figure de rhétorique par
laquelle on met un mot à la place d’un autre dont il fait entendre
la signification. Elle
est tombée dans les pommes
ne signifie pas qu’une personne soit littéralement tombée
dans un tas de pommes
(sens propre), mais qu’une personne s’est
évanouie
(sens figuré).
En
ce sens général, la métonymie serait un nom commun à tous les
tropes (un trope
est une figure de mots employés au sens figuré ; une
expression employée dans un sens figuré ; Trope
a fini par s’appliquer à toutes les espèces de figures qu’on
peut considérer comme un détournement du sens du mot). Mais l’on
restreint la métonymie aux usages suivants :
>
la
cause pour l’effet (par exemple : Montrez-moi
votre travail,
pour : Montrez-moi
LE RéSULTAT
de votre travail),
>
l’effet
pour la cause (par exemple : La
récolte a été catastrophique cette année,
où La
récolte
désigne le produit
de la cueillette et non pas seulement l’action
de cueillir),
>
le
contenant pour le contenu (par exemple : Boire
un verre,
pour : Boire
l’eau contenue dans le verre),
>
le
nom du lieu où une chose se fait pour la chose elle-même (par
exemple : Toute
la salle applaudit,
pour : Tous
les gens présents dans la salle applaudirent ;
ou bien : Du
Hollande,
pour : Du
fromage de Hollande ;
ou bien : Un
camembert,
pour : Un
fromage fabriqué près de Vimoutiers, dans l’Orne, à Camembert),
>
le
signe pour la chose signifiée (par exemple : l’aigle
pour l’Allemagne),
>
le
nom abstrait pour le concret (par exemple : Une
fois
l’insulte
reçue de plein fouet, il mit son honneur de côté,
pour : L’insulte
reçue de plein fouet, il ne répondit rien et il partit ;
ou bien : Toute
honte bue),
>
les
parties du corps regardées comme le siège des sentiments ou des
passions, pour ces passions et ces sentiments (par exemple : Il
lui mit le cœur sens dessus dessous,
pour exprimer un désordre amoureux ; ou bien : Je
sais ce qu’à mon cœur coûtera votre vue),
>
le
nom du maître de la maison pour la maison même (par exemple :
Je
reviens de chez Duchemin,
pour : Je
reviens de la maison des Duchemin ;
ou bien : Des
gravures que je portais à l’encadreur,
pour : Des
gravures que je portais à l’atelier d’encadrement),
>
l’antécédent pour le conséquent, ou le conséquent pour
l'antécédent (dans l'exemple : Il
est mort, on peut dire : Il
a vécu (on dit ce qui précède), ou Nous
le pleurons (on dit ce qui suit).
Le
nom féminin métonymie
est la réfection savante au XVIIe
siècle (attesté dès 1690) de méthonomie
(1521), emprunt au bas latin de même sens metonymia,
calque du grec metônumia,
formé de meta-
(au
milieu de, parmi, avec)
et de onoma
(nom),
apparenté au latin nomen,
qui est représenté en français dans de nombreux mots en –onyme
(comme synonyme,
qui signifie de
même sens,
ou antonyme,
de
sens contraire,
etc.), ainsi que dans onomatopée
(imitation phonétique de la chose dénommée, atchoum
pour l’éternuement,
boum !
pour une explosion,
etc.).
Le
procédé métonymique, qui est changement de nom, consiste donc à
prendre un mot pour un autre auquel il est lié par un rapport
logique.
Depuis
les formalistes russes et spécialement Roman Jakobson en 1935
(linguiste américain d’origine russe, 1896-1982, dont l’activité
interdisciplinaire (anthropologie, folklore, psychanalyse, théorie
de l’information) lui permit de proposer nombre d’hypothèses et
de modèles stimulants ; sa pensée influença notamment celle
de Noam Chomsky, 1928-), le procédé métonymique désigne toute
figure par laquelle le sens est transféré d’un signifié à un
autre, lié par un rapport de contiguïté ou de dépendance logique.
La
métonymie repose sur un déplacement de la référence que le
contexte permet d’expliciter : Rencontrer
Montaigne dans ses lectures,
est spontanément entendu pour : Rencontrer
la pensée ou l’œuvre de Montaigne (et
non pas rencontrer l’homme, mort en 1592 !).
Il s’agit bien d’une « extension
de sens qui consiste à nommer un objet au moyen d’un terme
désignant un autre objet uni au premier par une relation
constante »,
extrait de : Grammaire
historique de la langue française,
de Kristoffer Nyrop (philologue danois, 1858-1931).
La
métonymie est donc fondée sur un rapport entre des réalités
extralinguistiques, indépendamment des éléments linguistiques qui
l’expriment ; dans chaque cas, il y a ellipse (boire
un verre,
c’est boire
le CONTENU d’un verre).
Le
processus métonymique pris au sens large, comme l’histoire des
mots, permet d’évoquer l’histoire de la civilisation, les
significations contemporaines d’un mot ayant fait perdre toute
trace des premiers emplois.
Que
l’on pense à bureau,
qui désigna d’abord une étoffe de bure,
puis par métonymie un tapis
de cette étoffe recouvrant une table et la table
ainsi recouverte ; ces emplois sont sortis d’usage avec
l’évolution du mobilier et le changement des habitudes sociales :
par de nouvelles métonymies, bureau
est devenu le nom d’une table à écrire, de la pièce
où elle se trouve, d’un établissement
ouvert au public, la désignation d’un lieu
de travail,
etc., mais le lien entre le sens de table,
toujours vivant, et celui d’établissement,
est ténu.
Consigne :
ce début de poème extrait de : Corps
et biens,
de Robert Desnos (poète français, 1900-1945, qui s’affirma dans
la lignée du romantisme nervalien comme l’un des maîtres de la
poésie onirique) accumule les expressions métonymiques tirées de
la langue populaire (les métonymies sont soulignées). Essayer de le
continuer en trouvant d’autres métonymies. Le poème en entier
sera donné lors du prochain atelier.
C’était
un bon copain
Il avait le cœur sur la mainEt la cervelle dans la lune
Il avait le cœur sur la mainEt la cervelle dans la lune
C’était
un bon copain
Il avait l’estomac dans les talonsEt les yeux dans nos yeux
Il avait l’estomac dans les talonsEt les yeux dans nos yeux
C’était
un triste copain
Il avait la tête à l’envers...
Il avait la tête à l’envers...
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BOURDEREAU,
Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 34.
DUBOIS,
Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 302.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., p. 1424.
GREVISSE,
Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
pp. 263, 721.
LITTRÉ,
Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 4, p. 3870, t. 6, p. 6502.
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET,
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 64-65.
REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 1232.
THERON,
Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche 40.
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atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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La
litote : « Le loup n'est
pas un gentilpetit animal de
compagnie... »
et la prétérition : « Je ne vous dirai pas
combien j'ai été affectée par
cette nouvelle »
et la prétérition : « Je ne vous dirai pas
combien j'ai été affectée par
cette nouvelle »
La
prétérition
est une figure de rhétorique dans laquelle on feint de passer sous
silence ce sur quoi on attire l'attention, une figure dans laquelle
on feint de ne pas vouloir dire ce que néanmoins on dit clairement
et même avec force. Par exemple : « Je
ne vous dirai pas combien j'ai été affectée par cette nouvelle ».
L'atténuation
est absolument illusoire
et l'énonciation (« Je
ne vous dirai pas »)
contredit
l'énoncé.
La
prétérition est une contradiction : ce qui est
sous-entendu est le contraire de ce qui est dit.
On
parle aussi de paralipse (figure du discours par laquelle le
locuteur met en relief une idée en prétendant ne pas la
développer) et de prétermission (forme vieillie de
prétérition).
Le
nom féminin la prétérition est emprunté à la
Renaissance (1510) au bas latin praeteritio, -onis, désignant
l'action de passer devant, spécialement, au figuré, le fait
de passer sous silence sur son testament et, en rhétorique, de
déclarer que l'on ne parle pas d'une chose.
Le
mot a été repris avec son sens juridique (le gascon utilise
pretericion dès 1314) et a retrouvé au XVIe
siècle (1577) son acception spéciale en rhétorique (figure par
laquelle on parle d'une chose en déclarant qu'on n'en parlera pas)
remplaçant prétermission.
***
La
litote est une figure de rhétorique qui consiste à dire le
plus en disant le moins. C'est une figure de la réticence, de
l'atténuation, de l'affaiblissement de la pensée, par une
restriction volontaire du discours.
Dans
la litote, il ne s'agit pas d'exprimer le « degré »
d'un sentiment, mais sa « présence »
(essentielle). Elle est une opération bien plus mentale que
visuelle.
Elle
est un détour intellectuel, dont l'origine est la pudeur ; elle
est une figure de pensée où
la sobriété, la mesure et la pudeur sont de rigueur, même feintes.
Si
par sa lettre, elle est une diminution du sens, par son
esprit, elle en est une majoration, et peut être comprise
comme hyperbolique. Quand on minimise le signe, on intensifie l'effet
restant. Exemples :
Ce
n'est pas mal (pour : C'est
très bien).
Ce
n'est pas triste (pour : C'est
très gai).
Va,
je ne te hais point (pour : Je
t'aime), extrait du : Cid, de Corneille.
Il
a su me toucher (pour : Il
m'a bouleversée).
Ce
n'est pas mauvais (pour : C'est
très bon).
Ce
spectacle n'est pas sans intérêt (pour : Ce
spectacle est très intéressant).
Je
crois qu'il ne m'est pas indifférent (pour : Je
suis sûre qu'il me plaît).
Ça
n'est pas pour me déplaire (pour : Ça
me plaît beaucoup).
Le
nom féminin la litote, d'abord écrit liptote
(1521), puis refait en litote (1730), est emprunté au bas
latin des grammairiens litotes, lui-même pris au grec litotês
(simplicité, absence d'apprêt), en rhétorique figure
laissant entendre plus que l'on ne dit. Le mot dérive de litos
(simple), employé à propos de vêtements, de la nourriture
(encore en grec moderne : frugal), de la manière de
vivre, du style et même de personnes. Cet adjectif appartient au
groupe de lis (lisse)
dont la racine °lei-,
li- ne semble pas se
retrouver dans d'autres langues.
Le mot
dénomme un procédé stylistique qui consiste à dire moins pour
faire entendre plus et, par métonymie, l'expression qui applique ce
procédé (1867).
L'adjectif
rare et didactique litotique
est employé par Roland Barthes (1953, litotique :
qui utilise la litote, style litotique)
[critique et sémiologue français, 1915-1980, professeur au Collège
de France à partir de 1976].
La
litote est fréquente dans la littérature classique
(pudeur des sentiments, respect des bienséances) et chez certains
auteurs contemporains comme
Albert Camus [écrivain
français, 1913-1960, prix Nobel de littérature en 1957 ;
d'après lui, la littérature, la politique ou la métaphysique ne
produisent que des illusions dont il faut prendre conscience pour
tenter de forger, au gré des engagements, sa propre liberté ;
c'est pour traduire cette pensée que son style dépouillé donne
l'illusion de la neutralité] ou
Marguerite Duras [écrivain
et cinéaste française, 1914-1996, prix
Goncourt en 1984 avec L’Amant].
La
litote est une atténuation
concernant l'énonciation d'un message. En
décidant d'écrire en deçà
de sa pensée et de ses sentiments, un auteur peut choisir d'employer
la litote et l'euphémisme
(qui sont deux écarts de style, l'euphémisme ayant comme rôle
d'adoucir des idées déshonnêtes, désagréables, dures ou
tristes),
ou
bien il peut choisir de pratiquer l'exténuation
(atténuation d'un texte entier), par
exemple : « C'est
un film parfois un peu simple, plus proche d'un mélodrame que d'une
tragédie racinienne. Il ne suscite pas l'enthousiasme, on peut même
ne pas le voir »
pour : « Ce
film est franchement simpliste, schématique comme un mélodrame,
sans intérêt »,
ou
même rechercher un style « blanc ».
Une écriture et un style
sont appelés « blancs »
lorsque l'auteur livre un
minimum d'idées et de sentiments, avec le minimum de moyens
syntaxiques – phrases simples, courtes et laconiques – comme s'il
n'était pas impliqué ; ce
type de style, qui minore la présence de l'émetteur, accroît
l'importance de l'énoncé ; les silences créent des effets de
distanciation ; le lecteur, intrigué, s'efforce de les
interpréter.
***
Consignes :
1.
Dans cet extrait de L’Amant,
de Marguerite Duras, transformer le style « blanc » de
l'auteur en imaginant (et en les intégrant au texte) les paroles,
les pensées, les idées, les émois ou les sentiments des
personnages, et en intégrant
des prétéritions (Je
ne dirai rien de son élégance,
qui... ; Je
ne parlerai pas de... ;
Sans
insister sur sa
timidité,
qui... ; Sans
compter que...).
L'homme
élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette
anglaise. Il regarde la jeune fille au feutre d'homme et aux
chaussures d'or. Il vient vers elle lentement. C'est visible, il est
intimidé. Il ne sourit pas tout d'abord. Tout d'abord il lui offre
une cigarette. Sa main tremble. Il y a cette différence de race, il
n'est pas blanc, il doit la surmonter, c'est pourquoi il tremble.
Elle lui dit qu'elle ne fume pas, non merci. Elle ne dit rien
d'autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille.
2.
À l'inverse de l'exercice précédent, transformer l'extrait suivant
de Le Silence de la mer,
de Vercors, en lui conférant un style « blanc » (phrases
simples et courtes, réduction de l'information, distanciation,
sobriété des moyens stylistiques, etc.)
Le petit
garçon mit sa petite main dans celle de son père sans s'étonner
puisque c'était déjà une vieille habitude. J'aime bien la main de
mon père, elle est chaude et douce, bien plus grande que la mienne,
elle est forte et moi je suis tout petit, pensait-il. Toutefois, il
se rendait compte qu'il y avait bien longtemps qu'il ne l'avait pas
fait. Ils sortirent du jardin et il vit que Maman avait mis un pot de
géranium à la fenêtre de la cuisine, comme elle le faisait
habituellement, quand papa sortait. Il aimait bien le rouge des
pétales à côté du vert nénuphar des grands feuilles crénelées.
C'était un peu drôle. Il faisait un temps splendide. Certes, il y
avait des nuages, mais ils étaient informes et tout effilochés. Le
petit garçon n'avait pas envie de les regarder. Il regardait le bout
de ses petits souliers plein de poussière – il avait oublié de
les décrasser hier au soir après qu'il était rentré d'une course
dans les champs boueux – il regardait le bout de ses petits
souliers qui chassaient devant eux les graviers de la route. Papa
regardait en coin les pas qu'il faisait, sans être dupe du jeu avec
les cailloux et il ne disait rien, alors que d'habitude il se fâchait
quand il entendait ce bruit-là.
Cela
pourrait donner ces résultats-là :
Texte 1 :
L'homme
élégant est descendu de la limousine, il fume une cigarette
anglaise. Je ne dirai rien de son élégance, qui, sans être
outrancière est un peu tape à l’œil. On s'aperçoit vite qu'il
aime porter son costume de lin blanc comme une armure, comme un
repoussoir, comme un décor, complété par la cigarette qu'il porte
à sa bouche lentement, nonchalamment, précieusement, installant une
distance infinie, le croit-il volontiers, entre lui et les autres. Et
pourtant ses pensées sont à l'opposé de ce qu'il laisse paraître.
Je connais cette jeune fille, je la connais même depuis très
longtemps. Comment s'appelle-t-elle, déjà ? Clarisse ?
Émeline ? Hortense, oui c'est bien son prénom, comme le nom
d'une fleur, Hortense... Il regarde la jeune fille au feutre d'homme
et aux chaussures d'or. Il vient vers elle lentement. Sans insister
sur sa timidité qui est aussi visible que palpable, je ne parlerai
pas de sa pudeur maladive qui le fait repousser tout contact humain.
Il ne sourit pas tout d'abord. Tout d'abord il lui offre une
cigarette. Sa main tremble. Elle est si jeune et si fraîche,
existerait-il un lien entre nous deux ? pourquoi elle ?
pourquoi moi ? par quel mystère éprouvant et inhumain
sommes-nous mystérieusement attachés, Hortense et moi. Il y a cette
différence de race, il n'est pas blanc, il doit la surmonter, c'est
pourquoi il tremble. Elle lui dit qu'elle ne fume pas, non merci.
Elle ne dit rien d'autre, elle ne lui dit pas laissez-moi tranquille.
Elle aime son regard doux et bienveillant, quoique inquiet. Elle ne
comprend pas son inquiétude.
Texte 2 :
Le petit
garçon mit sa main dans celle de son père sans s'étonner.
Pourtant, il y avait longtemps, pensait-il. On sortit du jardin.
Maman avait mis un pot de géranium à la fenêtre de la cuisine,
comme chaque fois que papa sortait. C'était un peu drôle. Il
faisait beau, - il y avait des nuages, mais informes et tout
effilochés, on n'avait pas envie de les regarder. Alors le petit
garçon regardait le bout de ses petits souliers qui chassaient
devant eux les graviers de la route. Papa ne disait rien. D'habitude
il se fâchait quand il entendait ce bruit-là.
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
DUBOIS,
Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, pp.
288, 379.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t.
4, p. 865, t. 5,
p. 1179.
LITTRÉ,
Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t.
4, p. 3554, t.
5, p. 4983.
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET,
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
72.
REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., pp.
1137, 1626.
THERON,
Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches
90, 91.
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atelier d'écriture et publication
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Niveaux
de langue, langages, registre, style
« Mignonne, allons voir si la rose... »
ou : « Viens par ici ma poulette ! »
ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous
disposée à m'accompagner
pour visiter le jardin ? »
« Mignonne, allons voir si la rose... »
ou : « Viens par ici ma poulette ! »
ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous
disposée à m'accompagner
pour visiter le jardin ? »
Langage
Langage,
langue
: ces deux mots ne diffèrent que par la finale « age »
qui, étant la finale « aticus »
des latins, signifie ce
qui opère,
ce
qui agit.
C'est là ce qui fait la nuance des deux mots.
La
langue est plutôt la collection des moyens d'exprimer la pensée par
la parole ; le langage est plutôt l'emploi de ces moyens. C'est la
nuance que l'on aperçoit, par exemple, entre la langue française et
le langage français. Pour la même raison, on dit le langage par
signes, le langage des yeux, et non la langue par signes, la langue
des yeux. La langue du cœur, ce sont les expressions dont le cœur
se sert d'ordinaire ; le langage du cœur, ce sont les émotions que
le cœur fait partager
(1870).
Au
propre,
le langage, c'est l'emploi de la langue pour l'expression des pensées
et des sentiments. Le langage des oiseaux pour leur chant, le langage
des animaux pour leurs cris, leurs rugissements, le langage des
plantes, etc. Au
figuré,
c'est tout ce qui sert à exprimer des sensations et des idées. Le
langage du geste pour le mime.
C'est
vers 1361 que le langage est l'emploi particulier d'une langue
envisagée sous son aspect formel, du point de vue de la correction
et du registre.
Ce n'est que vers 1587 que le langage est considéré par rapport aux
idées exprimées et au contenu de la communication. Le mot est
défini linguistiquement au XVIIe
siècle comme un système de signes plus ou moins complexe servant à
l'expression et à la communication (1662). Le mot s'emploie par
extension, d'une manière plus ou moins flottante, à propos d'un
ensemble de signe formant système (1867), par exemple dans le
langage des parfums, le langage des couleurs.
Langue
La
langue
d'un auteur,
c'est l'ensemble des mots et des tournures dont un auteur fait
surtout usage, c'est le contenu de son discours, non par son thème
mais par l'usage que l'auteur fait du vocabulaire (lexique) et des
procédés syntaxiques (composition de la phrase, temps et mode des
verbes). Par exemple la langue de Corneille, de Racine.
La
langue
de bois
est une façon de s'exprimer qui abonde en stéréotypes et en
formules figées.
Les
têtes se forment sur les langages, les pensées prennent la teinte
des idiomes.
La raison seule est commune, l'esprit en chaque langue a sa forme particulière,
La raison seule est commune, l'esprit en chaque langue a sa forme particulière,
extrait
de : L'Émile,
II, de Jean-Jacques
Rousseau
[écrivain
et philosophe genevois de langue française, 1712-1778].
Un
idiome
est un parler propre à une région (dialecte, patois) ou à un
groupe social ; Se
former sur quelque chose,
a le sens de : le
prendre comme modèle, comme exemple.
Les
niveaux
de langue
désignent les façons particulière de s'exprimer, l'usage du
langage propre à un groupe ou à un individu.
La
valeur
du niveau est donnée par le vocabulaire employé et la tournure de
la phrase, allant du langage commun, courant, général, ordinaire,
quotidien, au langage simple ; du langage parlé, populaire,
argotique, cru, libre,trivial, vulgaire, au langage littéraire,
écrit, prosaïque (prose), poétique, lyrique, choisi, noble,
relevé, soutenu ; du langage académique, châtié, guindé,
affecté, amphigourique (compliqué, confus et obscur), précieux, au
langage archaïque ou d'aujourd'hui, moderne, nouveau ; du langage
clair, direct, expressif, au langage ésotérique, hermétique,
secret, incompréhensible, confus.
En
linguistique, on parle de niveaux
de langue
en tant que actualisations d'une langue, selon les caractéristiques
d'un usage déterminé, et d'après la situation de communication,
les possibilités et les intentions du locuteur, manifestées par des
stratégies de discours. Les niveaux de langue, comme les registres
et les styles, sont variables suivant le niveau social, culturel, de
ceux qui parlent.
Registre
Le
mot registre
est l'adaptation (XIIIe
siècle) de l'ancien français regeste
(vers 1155), puis regestre
(vers 1265) qui signifie « récit,
histoire ».
Ce mot rare a été repris au XIXe
siècle par Maximilien
Paul Émile Littré
[1801-1881]
dont les nombreux travaux philologiques et lexicographiques devaient
aboutir à la publication de son œuvre principale : le Dictionnaire
de la langue française
(1863-1872).
Ce
mot rare a aussi été repris à partir de 1870 par les historiens
médiévistes pour désigner le répertoire chronologique
enregistrant les actes issus des pouvoirs publics ou intervenus entre
des particuliers.
Il
est intéressant de noter que dès 1559 le mot désigne l'étendue
des moyens dont quelqu'un dispose dans un certain domaine, d'abord à
propos de la parole.
Les
registres
de la parole
sont les utilisations que chaque sujet « parlant »
fait des niveaux
de langue
existant dans l'usage social d'une langue (familier, standard,
soutenu, populaire, cultivé, etc.). Car non seulement les manières
de parler (et d'écrire) peuvent considérablement varier d'une
personne à l'autre, de plus un même locuteur s'exprimera de façon
extrêmement diversifiée selon les situations de communication dans
lesquelles il se trouvera (on ne rédige pas de manière identique
une lettre à sa mère et une lettre à un collègue de travail et
une lettre à un supérieur hiérarchique). On distingue
habituellement trois registres de langue : familier, standard et
soutenu.
Le
registre familier
correspond au français parlé entre interlocuteurs placés sur un
pied d'égalité, avec un lexique composé de mots courants,
argotiques parfois, d'expressions imagées et pittoresques, d'écarts
de style insolites, et dont la syntaxe est faite de phrases courtes,
hachées ou inachevées, où les propositions (sous-phrases) sont
juxtaposées plutôt que subordonnées, et qui admet beaucoup
d'écarts dans l'agencement des groupes de mots.
Par
exemple : Dans
la salle à manger, on risquait pas de manquer de place. Et ça
sentait drôlement bon. La cire, je crois bien, et même le miel
sauvage. Y avait aussi des lilas. Tout ça annonçait des rupins !.
Le
registre standard
correspond au français écrit ou parlé entre des interlocuteurs qui
ne se connaissent pas : le vocabulaire est informatif, neutre,
composé de mots usuels compris sans difficultés par la majorité,
parfois appauvris (pas de mots vulgaires, ni trop spécialisés, ni
trop littéraires, pas d'emphase ni d'expressivité excessive), les
phrases sont facilement compréhensibles et composées sur le modèle
sujet + verbe + complément, dans le respect de la norme, sans
recherche ni effet. Ce registre est utilisé dans la littérature
dite « réaliste ».
Par
exemple : Dans
la salle à manger, très spacieuse, les meubles venaient d'être
cirés.
Le
registre soutenu
ou « cultivé »
(par nature le registre
du style)
correspond au français écrit ou écrit oralisé, utilisé dans des
communications officielles ou institutionnelles et en littérature.
Le vocabulaire est recherché, composé de mots précis, de mots
rares ou abstraits, de mots riches en connotations ou polysémiques
(qui présentent plusieurs sens) ; les phrases sont souvent complexes
avec beaucoup de subordonnées, dans une recherche stylistique de la
variété, obtenue par des écarts (antithèse, inversion, métaphore,
métonymie, etc.) ou par l'emploi de certaines figures de rhétoriques
(par exemple le zeugme, la syllepse, l'anacoluthe, l'abstraction, la
synchyse, etc.).
Exemple
: Dans
la salle à manger, les reflets chatoyants que renvoyaient les
meubles, les senteurs rares et raffinées de cire et de miel sauvage,
les volutes voluptueuses des lilas sur la desserte, tout annonçait
la liesse des sens et de l'esprit.
***
On
a donc deux notions distinctes : le niveau
de langue d'un texte,
défini par l'analyse du lexique et de la syntaxe, et le registre
de langue d'un auteur,
soit lorsqu'il mélange plusieurs tons, plusieurs styles, plusieurs
genres, ou au contraire lorsqu'il privilégie l'unité de ton,
l'homogénéité lexicale (par exemple l'épopée et la tragédie, la
satire et la comédie aux époques classiques).
Exemple
:
Apporte
le café, le beurre et les tartines
On dirait que le vent dit des phrases latines...
On dirait que le vent dit des phrases latines...
de
Guillaume
Apollinaire
[poète
français, 1880-1918],
où
l'auteur mélange deux niveaux de langue (vocabulaire familier du
premier vers, et registre soutenu du deuxième vers par utilisation
de l'image du vent parlant en latin) et deux tons différents, celui
de la prose (premier vers) à celui de la poésie (deuxième vers
rimé) sans rendre pour autant cette dernière prosaïque, car les
deux vers sont des alexandrins.
Dans
les deux cas, niveaux de langue du texte et registre de langue de
l'auteur, les clivages sont d'ordre lexical (argot et langue
standard, vocabulaire technique et langue commune) ou/et d'ordre
phonétique, morphologique, syntaxique et lexical (langue cultivée
et langue populaire, langue courante et patois).
Consignes
:
1.
À l'aide des mots et expressions ci-après, composer une demande en
mariage dans une unité de ton, d'abord dans une langue courante et
commune (par exemple entre un homme et une femme qui se connaissent
depuis l'enfance), puis dans une langue soutenue et cultivée (dans
le cas où les amoureux ne se connaissent que très peu, mais sont
issus d'un même niveau social élevé).
Chérir,
aimer, avoir à la bonne, conter fleurette, faire les yeux doux,
faire la cour, avoir dans la peau, en pincer pour, avoir le béguin,
adorer, aduler, amoureux, amoureuse, jules, soupirant, cavalier
servant, adorateur, affectionner, porter dans son cœur, attentionné,
charmant, amène, chic, qui est d'un prix trop élevé, ça coûte
bonbon, dispendieux, onéreux, coûteux, ruineux, hors de prix,
faramineux, noce, mariage, hyménée, conjungo, se marier, convoler,
épouser, épousailles, demande en mariage, fiançailles,
accordailles, promesse de mariage, prétendant, la future, cœur, les
époux, les conjoints, ma moitié, vie commune, de gaité de cœur,
cri du cœur, à contre-cœur, aller droit au cœur, aimer de tout
son cœur, donner son cœur.
Ça
peut donner ceci, dans un registre familier :
Jean-Luc,
23 ans, chauffeur routier et ami d'enfance de Lucienne, coiffeuse de
21 ans, a proposé à celle-ci une promenade au bord du lac. Ils
parlent de tout et de rien, quand tout à coup Jean-Luc se tourne
vers Lucienne et lui déclare :
-
Lucienne, tu le sais, j't'aime depuis l'enfance. Tu veux bien
m'épouser ? Est-ce que tu m'aimes ? J'en suis sûr... Moi, je suis
dingue de toi, j't'ai dans la peau.
-
C'est chic de ta part. C'est vrai qu'ça fait des années que tu
m'fais les yeux doux, j'vois bien qu't'as l'béguin pour moi. Moi
aussi j't'aime. Mais j'ai la tête sur les épaules, moi. Un mariage,
ça coûte bonbon, c'est hors de prix. T'as les moyens ?
-
C'est pas si faramineux que ça. Écoute, j'ai une idée. Je vais
économiser pendant toute la durée des fiançailles, ça te va ?
-
Ça m'va, j't'ai à la bonne, toi. Viens là que j't'embrasse.
Ou
cela, dans un registre soutenu :
Bertrand,
23 ans, organisateur de soirées mondaines à l'étranger, a été
convié à une réception dans la demeure de la famille de Clarisse,
étudiante de 21 ans, dont le père dirige un élevage de chevaux
pur-sang et utilise fréquemment les services de Bertrand.
-
Clarisse, ma chérie... Puis-je vous appeler ma chérie ?
-
Faites, Bertrand, faites.
-
Vous connaissez mes sentiments à votre égard.
-
C'est-à-dire, Bertrand ?
-
Eh bien, Clarisse, je vous adore, que dis-je, je vous adule. Je veux
vous chérir toute votre vie, alors vous ne serez pas surprise si je
vous demandais votre main. Je me mets à genou devant vous, ma chérie
et je vous fais officiellement ma demande en mariage.
-
Voyons, Bertrand, relevez-vous, tout le monde nous regarde. En
avez-vous déjà parlé à Père ?
-
Certainement, Clarisse. Il m'a même confié qu'il voyait en moi le
parfait soupirant et le cavalier servant idéal.
-
Eh bien, soit. Je vous permets de me faire la cour. Vous êtes si
amène... et je suis si exigeante. Nous convolerons une fois les
accordailles accordées... Bertrand la regarde, interloqué. Le
contrat de mariage, Bertrand, le contrat de mariage. Un bon contrat
de mariage fait d'heureuses épousailles et des époux heureux.
-
Certainement, Clarisse, comme vous voudrez, ma chérie, dit Bertrand
en la regardant des étoiles plein les yeux.
2.
Composer une demande en mariage en incluant et en harmonisant au
moins deux tons différents (par exemple commun et soutenu, ou bien
argotique et cultivé, ou encore cru et précieux et ésotérique,
etc.), soit parce que les amoureux appartiennent à deux classes
sociales différentes, soit parce l'un (ou l'une) refuse la demande
en mariage de l'autre, et utilise volontairement un niveau de langage
éloigné de celui utilisé dans la demande.
-
Chérie, je t'ai à la bonne, tu veux m'épouser ? Je te ferai la
cour, si tu veux...
-
Eh bien, c'est que...
-
Oui ? Allez, me conte pas fleurette, j't'ai dans la peau.
-
C'est que, un mariage, mon ami, c'est onéreux, hors de prix même.
Et puis Père ne serait pas d'accord. Bien que je ne le porte pas
dans mon cœur, car il est par trop sévère et strict, je lui doit
obéissance et respect.
-
Mais j't'aime moi, j'en pince sévère et même strictement que pour
toi. Je suis prêt à te faire la cour, des années même, si tu y
tiens...
-
C'est que, j'ai de nombreux soupirants, tous plus beaux les uns que
les autres, plus riches aussi... Laissons là, je ne tiens pas à
vous vexer. Au revoir, mon ami. Restons-en là.
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BOURDEREAU
Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 22, 59.
DUBOIS
Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, pp. 324, 406.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 4, pp. 664, 1924.
GREVISSE
Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
pp. 17-19.
LITTRÉ
Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 4, pp. 3447, 3449.
NIOBEY
Georges (dir.), 1997. Dictionnaire
analogique,
Paris, Larousse (Références Larousse).
PEYROUTET
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 20, 36.
REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., pp. 1102, 1750.
THERON
Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche 24.
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L'oxymore
ou le clair-obscur
Le
nom masculin l'oxymoron est emprunté au grec (1765) oxumôron
(ingénieuse alliance de mots contradictoires), composé de
oxu- (aigu, fin, spirituel) et de môros (mou,
inerte, puis : sot,
bêta, stupide, fou), terme sans étymologie établie. Oxumôros
était employé en tant qu'adjectif au sens de fin, spirituel,
sous une apparence de niaiserie ou d'obscurité.
Cette
OBSCURE CLARTÉ qui tombe des étoiles. (Corneille)
Ce
terme de rhétorique désigne une alliance de deux mots
incompatibles, la réunion d'un mot et d'un autre mot exprimant
son contraire, à des fins stylistiques, pour leur donner plus de
force expressive. On emploie aussi la forme francisée oxymore.
Cette
BELLE LAIDEUR et cette DOUCE VIOLENCE d'un BONBON AMER.
Suit un SILENCE ÉLOQUENT.
Suit un SILENCE ÉLOQUENT.
L'oxymoron
est une figure de style qui consiste à forger une expression
constituée de deux termes qui s'opposent. On distingue des oxymores
strictement perceptifs, ou immédiatement sensibles (voir les
exemples précédents), des oxymores de pensée, ou
intellectuels (exemples suivants).
Cette
PETITE GRANDE ÂME venait de s'envoler. (Victor Hugo)
Un
même oxymore peut être tantôt « de perception »,
tantôt « de pensée », exemple avec l'oxymore
« soleil noir »
:
À
certaines heures, la campagne était NOIRE DE SOLEIL, extrait
de : Noces, d'Albert Camus [écrivain
français, 1913-1960, prix Nobel de littérature en 1957], où
le soleil, ordinairement
associé à sa clarté ou à la couleur claire, peut aussi être
aveuglant par son excès de clarté, et donc noir
; l'oxymore est dit « de perception »,
et,
Ma
seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
extrait
de : El Desdichado, de Gérard
de Nerval [écrivain français, 1808-1855], où le
soleil, naturellement
associé à la chaleur et à la clarté, physique autant que
spirituelle, renvoie ici le poète à sa mélancolie
et à l'absence de chaleur et de lumière qui accompagne toute
mélancolie, donc noire est la mélancolie qui rayonne comme un
soleil (noir) ;
l'oxymore est dit « de pensée ».
Opposer
est une opération intellectuelle fondamentale, applicable à la
connaissance du réel. L'oxymore fait partie des écarts de style qui
mettent en valeur les oppositions. Il réunit deux mots ou
deux expressions de nature antithétiques pour les rendre identiques.
Cette alliance est donc la résolution d'une antithèse.
Printemps
après printemps, de belles fiancées
Suivirent de CHERS RAVISSEURS...
Suivirent de CHERS RAVISSEURS...
Extrait
de : La Vigne et la Maison,
de Alphonse de Lamartine
[poète français,
1790-1869, entré à l'Académie française en 1829 ; membre du
gouvernement provisoire et ministre des Affaires étrangères en
1848].
L'oxymore
relève d'une vision dialectique [la dialectique est l'ensemble des
moyens mis en œuvre dans la discussion en vue de démontrer,
réfuter, emporter la conviction, c'est la marche de la pensée
reconnaissant l'inséparabilité des contradictoires (thèse et
antithèse), que l'on peut unir dans une catégorie supérieure (la
synthèse)]. Les contraires, qui par définition, appartiennent à
des isotopies (secteurs du réel) différentes, sont unis dans une
nouvelle isotopie.
Surgir
du fond des eaux le REGRET SOURIANT... (Baudelaire)
Attention
à ne pas confondre l'oxymoron et l'antithèse. L'antithèse
oppose des mots, des phrases ou des ensembles plus vastes dont le
sens est inverse ou le devient. Elle met en parallèle pour mieux
opposer. Elle systématise, met en évidence, valorise l'un des
éléments ou les deux, selon le contexte, sans résoudre leur
opposition. Par exemple : Niort
qui rit, Poitiers qui pleure (titre d'un article sportif, où
Niort est l'équipe de
football qui a gagné le match, et Poitiers
l'équipe de football qui a perdu).
Tu
t'es, en m'offensant, montré digne de moi ;
Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi.
Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi.
Extrait
de : Le Cid (tirade de Chimène), de Pierre
Corneille[poète dramatique français, 1606-1684,
membre de
l'Académie française en 1647].
l'Académie française en 1647].
L'antithèse
met en valeur la dualité d'une notion (vision manichéenne du réel),
tandis que l'oxymore réunit deux sens opposés pour en proposer un
troisième, synthèse des oppositions.
Philosophiquement,
l'oxymoron traduit une rupture
avec le principe d'identité hérité d'Aristote
[philosophe
grec, 384 avant J.-C.-322 avant J.-C., auteur entre autre de La
Poétique
et de La Rhétorique],
pour qui « A est A, et A n'est pas
non-A ». Il permet l'éclatement
de la logique aristotélicienne et l'accès à une logique plus
profonde. Il ouvre à une nouvelle logique où les
contraires cessent d'être perçus
« contradictoirement »,
selon le mot d'André Breton
[écrivain français, 1896-1966, fonde avec Louis Aragon, Philippe
Soupault et Paul Éluard en 1923 le mouvement surréaliste].
Comme
tout paradoxe [en logique, un paradoxe est une proposition qui
est à la fois vraie et fausse, exemple : le
paradoxe du menteur – qui dit : « Je mens »,
où un menteur qui dit « Je
mens » dit donc la vérité et n'est donc plus un
menteur], l'oxymore révèle l'ambivalence de toute réalité,
il est du côté de la « pensée ouverte », contre
la « pensée close », selon l'expression employée
par Henri Bergson [philosophe français, 1859-1941,
entré à l'Académie française en 1914, prix Nobel de littérature
en 1927] dans Les Deux sources de la morale et de la religion
(1932).
Consigne
: choisir quelques oxymores parmi les exemples précédents, ou
construire des oxymorons à partir des mots suivants ou de mots
choisis dans un dictionnaire, pour illustrer un récit de quelques
lignes.
Les
mots proposés sont les suivants : perdre-garder,
altérer-conserver, vide-plein, saisir-lâcher,
oublié-inoubliable, corriger-gâter, silencieux-bavard,
préoccupé-tranquille, attentionné-égoïste, faiblesse-fermeté,
distance-promiscuité, court-long, destruction-construction,
clair-obscur, noir-blanc, parfum-remugle, froid-chaud, le
mépris-l'estime, le passé-le futur, la présence-l'absence.
Cela
pourrait donner ceci, avec :
Perdre-gagner
=> le gain de la perte,
Oublié-inoubliable
=> j'ai oublié l'inoubliable,
Le
passé-le futur => le futur de mon passé.
J'étais
à l'article de la mort. Et puis un médecin que certains jugeaient
incompétent m'a prescrit un traitement connu de lui seul. J'ai
rapidement perdu mes douleurs, mes angoisses, mon manque d'appétit,
mes nausées, mes migraines, et j'en passe et des meilleures, et des
vertes et des pas mûres. Je peux dès à présent assurer sans me
tromper que LE GAIN DE LA PERTE s'est révélé inestimable, car j'ai
retrouvé une santé florissante. De plus, j'ai OUBLIÉ
L'INOUBLIABLE : je ne me rappelle plus du tout à quel point mes
douleurs et mes souffrances étaient abominables. Comme j'étais loin
d'imaginer à quel point LE FUTUR DE MON PASSÉ serait agréable et
euphorisant. J'en veux pour preuve ce tour du monde en vélo que je
viens d'achever.
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BERTAUD
DU CHAZAUD Henri, 1999. Dictionnaire
de synonymes et contraires.
Paris, Le Robert (Collection Les usuels).
BOURDEREAU
Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
148.
DUBOIS
Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p.
339.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t.
5, p. 91.
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
100.
REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p.
1398.
THERON
Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches
56-59.
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La
poésie française : poèmes et
poétique,
« C'est tout un poème »
« C'est tout un poème »
(…)
Devant elle soudainement,
De mon cheval je descends,
Et lui dis : « Pastore amie,
De bon cœur à vous me rends
Faisons de feuilles courtine
Pour s'aimer mignotement. » Aé !
De mon cheval je descends,
Et lui dis : « Pastore amie,
De bon cœur à vous me rends
Faisons de feuilles courtine
Pour s'aimer mignotement. » Aé !
Extrait
de : Pastourelle, de Jean de Brienne [lettré
français, roi de Jérusalem en 1210 et empereur de Constantinople
de 1231 à 1237, 1144 ?-1237].
de 1231 à 1237, 1144 ?-1237].
Remarque :
une courtine désigne au moyen âge un rideau de lit, ici
c'est un rideau de feuillage.
Chez
Roman
Jakobson [linguiste américain
d’origine russe, 1896-1982, dont l’activité interdisciplinaire
(anthropologie, folklore, psychanalyse, théorie de l’information)
lui permit de proposer nombre d’hypothèses et de modèles
stimulants], la fonction poétique
est la fonction du langage par laquelle un message
peut être une œuvre d'art.
La
langue française ne présente pas seulement des variétés
géographiques, il y a l'opposition entre langue parlée et
langue écrite. La langue parlée comprend divers registres,
tandis que sous le concept langue écrite, on peut distinguer :
la langue écrite courante (écrits scientifiques vulgarisés,
journaux, etc.), la langue littéraire, et la langue
poétique.
La
langue poétique se réalise surtout dans la poésie
classique : la forme est particulière, c'est le vers mesuré
(on compte le nombre de syllabes qui le composent) et rimé ;
beaucoup de mots de la langue courante sont exclus ; les
romantiques se libéreront de certaines de ces contraintes :
Plus
de mot sénateur ! plus de mot roturier
(…)
Je nommai le cochon par son nom (…)
Dans l'herbe, à l'ombre du hallier,
Je fis fraterniser la vache et la génisse
(…)
J'ai dit à la narine : Eh mais ! tu n'es qu'un nez !
J'ai dit au long fruit d'or : Mais tu n'es qu'une poire !
(…)
(…)
Je nommai le cochon par son nom (…)
Dans l'herbe, à l'ombre du hallier,
Je fis fraterniser la vache et la génisse
(…)
J'ai dit à la narine : Eh mais ! tu n'es qu'un nez !
J'ai dit au long fruit d'or : Mais tu n'es qu'une poire !
(…)
Extrait
de : Les Contemplations, de Victor Hugo
[écrivain français, 1802-1885,
entré à l'Académie française en 1841, il apparut dès 1827 comme
le théoricien et le chef de l'école romantique, et l'animateur du
Cénacle ; député en 1848, puis exilé de 1851 à 1870 ;
il fut l'auteur d'une œuvre considérable et variée]
(…)
Le Clovis de Desmarets, la Pucelle de Chapelain, ces poëmes fameux
par leur ridicule, sont, à la honte des règles, conduits avec plus
de régularité que l'Iliade.
(…) La honte qu'on a si longtemps reprochée à la France de n'avoir pu produire un poëme épique.
(…) Ce père de la poésie [Homère] est depuis quelque temps un grand sujet de dispute en France ; Perrault commença la querelle contre Despréaux...
(…) La honte qu'on a si longtemps reprochée à la France de n'avoir pu produire un poëme épique.
(…) Ce père de la poésie [Homère] est depuis quelque temps un grand sujet de dispute en France ; Perrault commença la querelle contre Despréaux...
Extraits
de : Essai sur la poésie épique, de Voltaire
[François Marie Arouet dit, écrivain français, 1694-1778, élu
directeur de l'Académie
française en 1746].
française en 1746].
Remarques :
1.
L'Iliade est le premier chef-d’œuvre de la
littérature grecque, et il forgea la conception de l'épopée
pour les Grecs et les Latins, mais aussi pour les Modernes. Ce poème
épique, attribué à Homère (poète né en Ionie, au IXe
siècle avant J.-C.) comme l'Odyssée, est composé de 15537
vers divisés en 24 chants, et raconte un épisode de la guerre de
Troie (ou Ilion).
2.
La dispute évoquée par Voltaire est celle déclenchée en
1687 par Charles Perrault et à laquelle participa Despréaux
(Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux), appelée aussi Querelle
des Anciens et des Modernes et qui fut une polémique littéraire
qui opposa en France à la fin du XVIIe et au début du
XVIIIe siècle, les tenants de la supériorité des
auteurs modernes (Charles Perrault, Bernard de Fontenelle, etc.) aux
partisans des auteurs de l'Antiquité (Nicolas Boileau, Jean Racine,
Jean de La Fontaine, Jean de La Bruyère).
Première
forme de littérature, la poésie fut longtemps purement
orale : elle exigeait des moyens mnémotechniques
qui déterminèrent longtemps sa forme versifiée.
Plusieurs
mythes grecs s'interrogent sur l'origine de la poésie :
tous reconnaissent en elle un art d'inspiration surnaturelle
indissociable de la musique. Trois types de poésie en
découlent :
>
1. Le lyrisme,
qui trouve sa source dans le mythe d'Orphée. Il exprime une
souffrance personnelle ; les Poèmes saturniens (1866) de Paul
Verlaine
[poète français, 1844-1896, auteur de
Poètes maudits
(1884) consacrés à Tristan Corbière, Stéphane Mallarmé et Arthur
Rimbaud, et de Jadis et Naguère
(1884)
qui contient L'Art poétique]
en tirent leur principale signification.
Remarque :
la légende d'Orphée est l'une des plus obscures de la mythologie
grecque ; Orphée était fils du roi Œagre
et de la muse Calliope, son chant charmait les dieux et les mortels,
apprivoisait les fauves, parvenait même à émouvoir les êtres
inanimés. Affligé par la perte définitive de son épouse, après
qu'il soit descendu aux Enfers pour obtenir le retour à la vie de
celle-ci, Orphée reste jusqu'à la fin inconsolable et solitaire,
puis il est mis en pièces par les Ménades (les nymphes du cortège
de Dionysos) ou foudroyé par Zeus, c'est selon.
>
2. Le Dionysisme (de Dionysos, dieu de la vigne, de l'ivresse)
transporte le poète au-delà de la réalité. Arthur
Rimbaud [poète français, 1854-1891, dont la brève œuvre est
l'une des sources majeures de la mutation poétique moderne,
influençant le surréalisme après le symbolisme] dans Une saison
en enfer (1873) ; ou Guillaume Apollinaire [poète
français, 1880-1918, dont la poésie fut mise en musique par de
nombreux musiciens (Honegger, Poulenc, Chostakovitch, etc.)] dans
Alcools (1913), l'illustrent.
>
3. L'apollinisme (d'Apollon, dieu de la musique, de la divination et
de la poésie) cherche, par un travail ardu sur la langue et les
formes, à ordonner le monde ; Stéphane Mallarmé
[poète français, 1842-1898, influença fondamentalement la
conception moderne du poétique], Paul Valéry
[écrivain français, 1871-1945, entré à l'Académie française en
1925], orfèvres du langage, en relèvent.
Seulette
suis, et seulette veux être,
Seulette m'a mon doux ami laissée.
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur malaisée,
Seulette suis, plus que nulle autre égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Seulette m'a mon doux ami laissée.
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis, en langueur malaisée,
Seulette suis, plus que nulle autre égarée,
Seulette suis, sans ami demeurée.
Extrait
de : Seulette suis, sans ami demeurée : ballade,
de
Christine de Pisan [écrivain français, 1363?-1431]
Christine de Pisan [écrivain français, 1363?-1431]
Poème,
poète, poésie, poétique, poéticien :
une même racine, poiein.
Le
nom masculin poème est emprunté (1213, puis 1370) au latin
poema, -atis (ouvrage de vers et poésie en général,
par opposition à prose). Poema est emprunté au grec
poiêma qui désigne ce que l'on fait, une création :
une œuvre, un ouvrage manuel et une création de l'esprit,
spécialement une œuvre en vers. Poiêma est dérivé
de poiein (faire, fabriquer, produire,
créer, dans le sens qu'a l'anglais to make, par
opposition à to do) ; poiein signifie également
causer, agir.
Poiein
a également donné poiêtês (en grec), poeta (en
latin), et poète (en français, vers 1150) ; il a aussi
donné poiêsis (en grec), poesis (en latin), et poésie
(en français, 1370).
L'adjectif
verbal de poiein, poiêtos a donné poiêtikos
(en grec), poeticus (en latin), l'adjectif poétique
(en français, 1372-1374).
Le
nom féminin la poétique est le dernier emprunt des mots
de cette famille (1599), de poiêtikê (en grec) et
poetica (en latin). Après une première attestation de
sens incertain, le mot désigne (1637) le célèbre traité
La Poétique d'Aristote [philosophe
grec, 384 avant J.-C.-322 avant J.-C., auteur entre autre de La
Poétique et de La
Rhétorique] ; il se
dit ensuite de l'ensemble des conceptions propres à une école,
une époque, un pays (après 1750). Les linguistes et
critiques modernes l'appliquent à la théorie de la création
littéraire, en référence à la fois à Aristote, Paul Valéry,
et Roman Jakobson. Les noms communs un poéticien et une
poéticienne en sont dérivés (vers 1950).
Roland
sent que la mort l'entreprend,
Et dans la tête et le cœur lui descend.
Dessous un pin il va courant
Et sur l'herbe verte s'allonge,
Plaçant sous lui épée et olifan...
Et dans la tête et le cœur lui descend.
Dessous un pin il va courant
Et sur l'herbe verte s'allonge,
Plaçant sous lui épée et olifan...
Extrait
de : La Chanson de Roland : poème épique, d'un
auteur inconnu
[La Chanson de Roland est une des plus anciennes chansons de geste
qui nous ont été conservées ; elle date du dernier tiers
du XIe siècle ; ce poème est composé d'environ quatre mille vers].
[La Chanson de Roland est une des plus anciennes chansons de geste
qui nous ont été conservées ; elle date du dernier tiers
du XIe siècle ; ce poème est composé d'environ quatre mille vers].
Présentant
d'innombrables sous-genres, la poésie a revêtu au cours des siècles
des formes extrêmement variées. On les distingue d'abord par leur
inspiration, épique, lyrique, didactique ou satirique.
On
peut aussi s'appuyer sur une typologie plus formelle, classifiant des
poèmes construits selon des règles contraignantes (lai, ballade,
ode, sonnet, pantoum, etc.)
Au
XIXe siècle, on assiste à une profonde remise en cause
des règles traditionnelles : Le Centaure (1840) de
Maurice de Guérin [poète français, 1810-1839], Gaspard
de la nuit (1842) d'Aloysius Bertrand [écrivain français,
1807-1841, précurseur du surréalisme], et Le Spleen de Paris
(1869) de
Charles Baudelaire [écrivain français,
1821-1867, a énoncé les principes créateurs de la poésie moderne,
du symbolisme au surréalisme] inaugurent l'usage du poème en prose.
La poésie moderne va largement confirmer cette tendance en
dissociant l'écriture poétique de la stricte versification.
Longtemps
asservie aux règles de la versification classique et aux lois des
genres, la poésie commence à s'en libérer au XIXe
siècle avec le romantisme [mouvement culturel et artistique
qui s'est répandu en Europe à la fin du XVIIIe siècle
et au début du XIXe siècle, et qui est caractérisé par
un changement de sensibilité et une rupture par rapport au
classicisme et au rationalisme] et le symbolisme
[mouvement poétique,
littéraire et artistique, principalement français, de la fin du
XIXe
siècle, qui se constitua en
réaction contre le réalisme trop descriptif et le naturalisme trop
scientifique].
Du vers libéré au verset et au poème en
prose, la poésie s'est métamorphosée, tout en se donnant de
nouvelles règles.
>
Les vers libres sont des vers de longueur inégale
(hétérométrie) qui riment et restent réguliers ; on les
rencontre surtout dans les fables, en poésie lyrique légère, ou
dans des poèmes humoristiques :
Pour
un âne enlevé deux voleurs se battaient
L'un voulait le garder, l'autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron,
Qui saisit maître Aliboron.
L'un voulait le garder, l'autre le voulait vendre.
Tandis que coups de poing trottaient,
Et que nos champions songeaient à se défendre,
Arrive un troisième larron,
Qui saisit maître Aliboron.
Extrait
de : Les Voleurs et l'âne,
de Jean de La Fontaine
[poète français, 1621-1695, eut la charge
de « maître des Eaux et
Forêts »,
entré à l'Académie française en 1684]
entré à l'Académie française en 1684]
>
Les vers libérés, comme les vers libres, sont de longueur
inégale, de mètre pair ou impair ; la rime disparaît ou
devient occasionnelle ; souvent ils voisinent avec des vers
réguliers ; pour éviter le risque de prosaïsme, le poète
développe les compensations : parallélismes syntaxiques,
répétitions, recherches rythmiques, richesse du vocabulaire et des
images :
Qu'il
fait beau
Sur ces plateaux de déserts et de charmilles
Dans la désolation blessée des antres verts !
Sur ces plateaux de déserts et de charmilles
Dans la désolation blessée des antres verts !
Extrait
de : Matière Céleste (1964), de Pierre-Jean Jouve
[écrivain, poète, romancier et critique français, 1887-1976].
Remarques :
le mètre est la mesure du vers caractérisé par : le
nombre de syllabes qui le composent, et la coupe ou césure. Le mètre
est dit pair ou impair. Pair comme l'alexandrin
(vers de 12 syllabes), ou le décasyllabe (vers de 10
syllabes), ou l'octosyllabe (8 syllabes), etc. Impair
comme l'ennéasyllabe (vers de 9 syllabes) prôné par Paul
Verlaine en raison de sa légèreté, ou l'heptasyllabe (7
syllabes) que l'on trouve souvent dans les vers mêlés.
>
Lorsqu'un vers libéré occupe deux ou trois lignes, il devient un
verset, caractérisé par son ampleur et par une houle
rythmique, à valeur souvent incantatoire (il convient en effet à
une expression à la fois lyrique et dramatique). Hormis les textes
religieux, le verset a été utilisé avec bonheur par Paul
Claudel [poète et auteur
dramatique français, 1868-1955, diplomate, consul, puis ambassadeur
de France, entré à l'Académie française en 1946 ; il élabora
une rhétorique personnelle dont la forme typique fut le verset « ce
vers qui n'avait ni rime ni mètre »
accordé au souffle humain], Saint-John Perse [Alexis
Léger dit, diplomate et poète français, 1887-1975, prix Nobel de
littérature en 1960] et Jean Grosjean [poète
et écrivain français,
traducteur et commentateur
de textes bibliques, 1912-2006]
:
Passé la
ville dont les regards vitreux épiaient la brume, nous n'eûmes pour
soleil que le grand nid défait qui pend aux branches.
Le froid t'enveloppait de son manteau quand tu enjambas les frontières dérisoires sans t'inquiéter des assauts à venir.
Le froid t'enveloppait de son manteau quand tu enjambas les frontières dérisoires sans t'inquiéter des assauts à venir.
Extrait
de : Élégies
(1962), de Jean
Grosjean.
On
accorde à la poésie quatre intentions fondamentales :
>
1. Dire le monde : la poésie se fait peinture pour
montrer l'univers, sa beauté (les poètes du Parnasse) ou
caricaturer toutes ses tares (Boileau,
Satires, 1660-1668).
>
2. Énoncer
une idée : ce souci domine les
poèmes didactiques de Voltaire (Le
Mondain, 1736). Victor
Hugo prétend même que « le
vers est la forme optique de la pensée »
(Préface de Cromwell,
1827). Les réflexions métaphysiques de Vigny
(La Maison du Berger,
1843) ou la poésie dite engagée comme celle de Paul
Éluard [Eugène Grindel dit, poète
français, 1895-1952 ; participe aux activités du mouvement
Dada ; fonde avec Louis Aragon,
Philippe Soupault et André Breton en 1923 le mouvement surréaliste]
traduisent des conceptions voisines.
>
3. Suggérer émotions et sentiments : c'est la vocation
principale du lyrisme.
>
4. Transformer le monde : il s'agit de le voir autrement.
Le poète, tel Arthur Rimbaud
(Le Bateau ivre, 1871), donne naissance à un univers
transfiguré par la magie de son verbe créateur.
Consigne :
transformer ce texte (en prose) en poème en vers libérés, et
l'enrichir avec des écarts de style. Un exemple de transformation
sera donné au début de l'atelier suivant.
La
ville paraît à peine habitée. Il y a bien des rues et des maisons
mais si un homme a soif, personne ne lui donne à boire et si l'on a
faim, les portes restent fermées. Les villes ont été créées en
des lieux sans chansons ni pain pour les égarés, sans regards
féminins pour les hommes.
Maisons
= Hautes demeures,
Lieux
sans chansons = Terres arides où le chant est banni,
Les
égarés = Le voyageur égaré,
Les
hommes = L'homme hanté d'amour,
Etc.
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BOURDEREAU
Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp.
48, 70.
DUBOIS
Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p.
368.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
GREVISSE
Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
p.
17.
LITTRÉ
Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t.
5, p. 4797.
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp.
40-54.
REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p.
1558.
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a n c e
atelier d'écriture et publication
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Les
champs sémantiques
etles
champs lexicaux
Avant
de commencer l'atelier
sur les champs sémantiques et les champs lexicaux,
Il
a été demandé dans la consigne de l'Atelier précédent (n° 24,
du 18 mai 2013) intitulé : La poésie
française, de transformer un texte (en prose) en poème en vers
libérés.
Voici
un exemple de transformation d'un texte (en prose) en poème en vers
libérés, extrait de : Contre Solitude (1946), d'Ilarie
Voronca [Éduard Marcus, poète et écrivain français d'origine
roumaine, 1903-1946] :
Est-ce
un lieu habité ici, est-ce un désert ?
Quelles sont donc ces rues et ces hautes demeures ?
Un homme a soif et nul ne lui apporte à boire
Je m'écrie « J'ai faim », et nulle porte ne s'ouvre.
Villes ! On vous a bâties sur des terres arides
Où le chant est banni, où la haine triomphe,
Ni pain, ni sel pour le voyageur égaré
Ni doux regard de femme pour l'homme hanté d'amour.
Quelles sont donc ces rues et ces hautes demeures ?
Un homme a soif et nul ne lui apporte à boire
Je m'écrie « J'ai faim », et nulle porte ne s'ouvre.
Villes ! On vous a bâties sur des terres arides
Où le chant est banni, où la haine triomphe,
Ni pain, ni sel pour le voyageur égaré
Ni doux regard de femme pour l'homme hanté d'amour.
***
Les
champs sémantiques et les champs lexicaux
Le
nom masculin champ,
d'abord camp
(1080) à côté de champ
(1080) est issu du latin campus
(camp,
campagne),
mot probablement autochtone (d'une ancienne langue d'Italie ?)
désignant originellement la
plaine,
par opposition à mons
(la
montagne).
Cédant ce sens géographique au mot plana
(plaine),
il s'est spécialisé aux sens de plaine
cultivée,
terrain
d'opérations militaires,
domaine
d'action
(au propre et au figuré), et campagne,
par opposition à urbs
(la ville),
tous sens repris par le français.
Le
sens figuré s'est développé à partir du XVIe
siècle, à la fois en locutions (sur-le-champ,
1538 ; à
tout bout de champ,
1611) et en emploi autonome au sens de domaine
d'action.
Ce dernier a reçu en technique l'acception restreinte de secteur
délimité,
réalisée dès le XIIIe
siècle en héraldique et qui a fait fortune en optique (1753),
désignant à la fois le secteur dont tous les points sont vus dans
un instrument, la portion d'image enregistrée par l’œil (champ
visuel)
ou, récemment, par la caméra (1911 ; d'où hors-champ,
contrechamp,
1929).
Au
cours du XXe
siècle, le mot est entré dans d'autres vocabulaires scientifiques :
anatomie, physique avec champ
magnétique
(1854), champ
électrique
(1881), champ
de force
(1881) etc., mathématiques, linguistique
avec champ
sémantique
(ensemble
structuré de sens)
traduit de l'allemand Begriffsfeld
(Just Trier [linguiste
allemand, 1894-1970, pour qui « chaque
langue représente un système unique de représentations et de
catégorisations du monde »]),
champ
lexical
(ensemble
structuré de mots),
champ
conceptuel
(ensemble
structuré de concepts),
champ
notionnel
(ensemble
structuré de notions),
sociologie, etc.
Déterminer
un champ,
en linguistique, c'est chercher à dégager la structure
d'un domaine donné
ou en proposer
une structuration.
Les
champs
linguistiques
comprennent aussi bien le champ
sémantique d'un mot
(par exemple avec le mot père
: celui
qui a un ou plusieurs enfants,
le
grand-père,
le
père de famille,
le
père putatif
(que l'on pense être tel), le
père adoptif,
le
père nourricier,
le
beau-père,
le
père d'une lignée
(l'ancêtre, le patriarche), le
père spirituel,
le
Saint-Père
(le pape), les
Pères de l'Église,
le
Révérend Père,
etc.),
le
champ
lexical d'une famille de mots
(par exemple avec les mots père,
mère,
frère,
soeur :
auteur,
géniteur,
papa,
aïeul,
ancêtre,
ascendant,
chef,
origine,
patriarche,
souche,
tige,
créateur,
fondateur,
parents,
maman,
cause,
source,
génitrice,
mère
poule,
matrice,
fils,
fille,
frangine,
enfant,
frangin,
frérot),
ou
le champ
lexical d'une réalité extérieure à la langue
(exemple avec le mot la
parenté
: l'affinité,
l'alliance,
l'apparentement,
la
consanguinité,
la
famille,
le
lignage,
la
filiation,
dans différentes sociétés et dans différents pays).
Dès
lors qu'ils sont partie prenante d'un énoncé et non pas considérés
isolément comme des unités purement syntaxiques ou grammaticales,
les mots entrent dans des réseaux
de significations
et se font écho
à l'intérieur d'un texte.
On
nomme champ
sémantique
l'ensemble des sens
ou des nuances
couverts par l'emploi d'un mot récurrent ou non. L'étude du champ
sémantique permet d'apprécier les différents
sens, emplois et valeurs d'un terme,
selon le contexte
dans lequel il est utilisé. Un mot qui présente de nombreuses
occurrences (par exemple le terme changer
a pour occurrences changeant,
changé, le changement,
etc.) à l'intérieur d'un texte, dans des contextes variés, et dont
le champ sémantique est large, est qualifié de mot-thème.
On
appelle champ
lexical
l'ensemble des mots
qui peuvent se regrouper autour d'un même thème ou d'une même
notion. On
établit les champs lexicaux d'un énoncé en tentant des
rapprochements fondés sur la contiguïté des significations, sur la
parenté des thèmes, et en étudiant les interférences entre les
champs lexicaux, qui peuvent être la source d'images prolongées. Le
croisement de deux ou plusieurs champs lexicaux présents dans un
texte, permet de mettre en évidence le fonctionnement des images
structurantes
et d'en dégager des métaphores,
allégories
ou symboles
(voir à ce sujet l'Atelier n° 22 du 7 mai 2013, intitulé :
Métaphores
et allégorie).
Dans
un texte plus long qu'un poème ou qu'un extrait de roman ou qu'une
nouvelle, la présence récurrente de certains champs lexicaux crée
des échos
et des parallélismes
de sens
que l'on nomme motifs.
Lorsqu'ils sont établis, les motifs d'une œuvre permettent de
mettre en lumière les idées
clés, les
passions,
les hantises
parfois, conscientes ou non, bref le style
de l'écrivain, et de révéler les sens
profonds d'un texte.
Par
exemple, dans cet extrait de L'Or
(1925), de Blaise
Cendrars
[écrivain
français d'origine suisse, 1887-1961],
où l'on peut repérer et regrouper tous les mots ayant un sème
commun [un
sème
est un élément de sens permettant le rapprochement entre certains
termes]. On peut regrouper dans une seule isotopie
(secteur du réel) de nombreux mots qui tous appartiennent au champ
lexical de la parole
: menteurs,
bavards, vantards, hâbleurs, taciturnes, mot immense, récits,
disent, parlent...
Certains de ces termes sont en outre affectés d'un sème
supplémentaire,
celui d'une parole
excessive ou déformante.
À partir de cette isotopie simple, plus précisément d'une isotopie
lexicale
(ou association
de mots présentant au moins un élément de sens en commun),
va se dégager le motif
de la représentation fabuleuse de l'Ouest américain, fondée sur la
reproduction et la déformation des récits initiaux.
Un
jour, il a une illumination. Tous, tous les voyageurs qui ont défilé
chez lui, les menteurs, les bavards, les vantards, les hâbleurs, et
même les plus taciturnes, tous ont employé un mot immense qui donne
toute sa grandeur à leurs récits. Ceux qui en disent trop comme
ceux qui n'en disent pas assez, les fanfarons, les peureux, les
chasseurs, les outlaws, les trafiquants, les colons, les trappeurs,
tous, tous, tous, tous parlent de l'Ouest, ne parlent en somme que de
l'Ouest.
L’Ouest.
Mot
mystérieux.
Qu'est-ce
que l'Ouest ?
Quatre
procédés conduisent à la constitution
d'un champ lexical
: la désignation
(par synonymie, définition, explications...), la caractérisation
(par adjectifs, adverbes, verbes), les propos
(ce qu'on pense du thème), et l'apparition de connotations
(sens second,
ou sens particulier que prend un mot ou un énoncé en fonction du
contexte situationnel).
Quant
à la constitution
d'un champ sémantique,
la condition première est la répétition
d'un mot ou de ses occurrences. À chaque répétition, le mot se
charge de connotations (une connotation est un sens particulier que
prend un mot ou un énoncé en fonction du contexte situationnel)
nées du contexte ou se nuance lors d'échanges connotatifs entre
mots proches.
Consigne :
écrire un petit récit avec le mot commander, en utilisant
les 5 sens de ce mot (champ sémantique) et en piochant dans les
champ lexicaux.
1.
Commander = exercer une autorité sur quelqu'un, des soldats, une
équipe (champ lexical : diriger, conduire, mener, donner des
ordres, enjoindre, exiger, intimer, sommer, dominer, donner un ordre,
être le maître, gouverner, un ordre, une sommation, un
commandement, un commandant, une autorité, une direction, un
pouvoir, une puissance, une injonction, un chef, une autorité, un
despote, un poste de commande).
2.
Commander = ordonner quelque chose à quelqu'un (prescrire,
enjoindre, imposer, obliger, sommer, donner l'ordre de, décréter,
contraindre, recommander, un conducteur,, un directeur, un dirigeant,
un entraîneur, un maître, un patron).
3.
Commander = demander une chose à un fabriquant, à un fournisseur
(champ lexical : commander un meuble, un vêtement, retenir,
faire fabriquer, faire confectionner, acheter, passer commande, un
achat, un ordre, une commande, les commandes, marchandise commandée).
4.
Commander = agir sur quelque chose (en parlant d'un mécanisme),
faire fonctionner, déclencher, mettre en mouvement, en marche,
levier, organe de transmission, câble, volant, commande de
direction.
5.
Commander = tenir les commandes (au figuré), diriger, avoir la haute
main sur, un décideur, un rassembleur, un responsable, une tête, un
poste de direction.
Cela
pourrait donner ceci :
Dans
une caserne militaire, le commandant donne un ordre à ses soldats.
Un des soldats refuse d'obtempérer, il est emprisonné. Un autre
soldat désobéit, idem. Un troisième déserte. Finalement, il y a
une mutinerie au terme de laquelle la troupe prend le commandement.
Le commandant, lui, prend la fuite. Mais la troupe ne sait pas se
commander et elle se transforme en fournisseur de comptoir en laiton
(il n'en restait que deux au monde). Le commandant, reconverti en
patron de bar, commande un comptoir à la troupe. Ça fera 1300
euros, lui annonce un employé, payables au comptant.
-
Soldat, je vous ai donné un ordre ! Obéissez !
-
Vous aurez beau m'ordonner, m'intimer, me sommer, exiger, me
contraindre même, je ne vous obéirez plus, mon commandant.
-
Au cachot, trois semaines, pour vous donner le temps de réfléchir.
-
Moi non plus, je ne vous obéirai plus, mon commandant, intervint un
deuxième soldat. Je n'accepte plus l'autorité que vous exercez sur
moi. Je refuse le pouvoir du chef. Je veux être mon propre chef, je
ne veux obéir qu'à moi-même. Je veux être le seul à me
commander, à me diriger. Je veux être mon propre patron.
-
Même régime. Au cachot pendant trois semaines. On reparlera de tout
ça après. Je ne suis pas sûr que vos bonnes intentions survivent à
autant de pression. Vous rentrerez dans les rangs, comme les autres.
À
ces paroles, et devant autant d'injustice, de despotisme affiché, le
reste de la troupe se débande et s'enfuit. Le commandant reste seul
au milieu de la cour, puis il sort de la caserne, monte dans sa
voiture, et reste assis au volant, perdu dans ses pensées. Comment
a-t-on pu en arriver là ? Qui a pu commander une telle
débandade, quel a été le déclencheur, comment
l'indiscipline et l'insubordination ont-elles pu se mettre en
mouvement sans qu'il n'ait rien vu venir ? Quel levier, quel
câble, quel organe de transmission, quelle commande de direction de
la machine humaine, qu'il connaît pourtant sur le bout des doigts, a
pu mettre en mouvement tous ces soldats jusque à présent
obéissants, disciplinés et respectueux du moindre ordre par lui
donné ?
Trois
ans plus tard, le commandant, reconverti en patron de bar, monte dans
sa voiture. Il démarre et il se dirige vers la sortie de la ville,
où se trouve une société de fournitures pour bars et cafés, une
des trois dernières entreprises au monde où l'on fabrique des
comptoirs en laiton. Il a passé commandé six mois plus tôt pour un
montant de 1300 euros. Etc.
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BERTAUD
DU CHAZAUD Henri, 1999. Dictionnaire
de synonymes et contraires.
Paris, Le Robert (Collection Les usuels).
BOURDEREAU
Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
30.
DUBOIS
Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p.
81.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
NIOBEY
Georges (dir.), 1997. Dictionnaire
analogique,
Paris, Larousse (Références Larousse).
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp.
18, 70.
REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p.
385.
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Dénotation-connotation,
monosémie et polysémie
monosémie et polysémie
Un
mot peut avoir un seul sens (monosémie)
ou plusieurs sens (polysémie)
et ce mot peut être pris séparément ou associé à d'autres. Seul
ou associé à d'autres mots, un mot peut avoir un sens premier (on
parle alors de dénotation)
ou un second sens, voire un troisième, etc. (on parle alors de
connotation).
Le
langage, ne pouvant avoir autant de mots qu'il y a d'objets à
désigner ou d'idées à exprimer, doit suppléer à cette
insuffisance en donnant à un même mot plusieurs sens.
Nettoyage
des accessoires de votre presse-agrumes
Pour
le premier entretien, un rinçage à l'eau chaude suffit. Par la
suite, vous pouvez mettre les accessoires au lave-vaisselle dans le
panier du haut. N'utilisez ni éponge abrasive, ni tampon métallique,
ni eau de javel pour nettoyer les accessoires, le bol et les
couvercles.
Cet
extrait du mode d'emploi d'un robot ménager presse-agrumes est un
énoncé strictement monosémique, où le sens objectif de chaque mot
sert à transmettre un message d'un grande précision et d'une grande
justesse techniques, indispensable à sa bonne compréhension.
Un
mot est dit monosémique
lorsqu'il n'a qu'une seule
signification, une seule acception -
et non pas accepTAtion, quels que soient les contextes dans lesquels
on l'emploie (par
exemple : un
séquoia
= grand
conifère de Californie,
un
dégât
= destruction
causée par un accident,
etc.). La plupart des termes appartenant aux terminologies
scientifiques n'ont qu'un sens (par exemple : laryngologie,
névralgie, pluviométrie,
etc.).
On
distingue deux
cas de
monosémie.
Premièrement, lorsque dans le dictionnaire, certains mots ont un
seul sens dénoté
(le sens objectif),
par exemple : dégivrer
= enlever
le givre,
un
féculent
= légume
qui contient de la fécule,
etc.
Deuxièmement,
lorsque d'autres mots, dotés de plusieurs
sens dénotés
(donc polysémiques) dans le dictionnaire, n'en conservent qu'un seul
dans un énoncé (par exemple dans la phrase : J'ai
mangé un croissant chaud,
où le
croissant
n'est évidemment pas celui de la lune, mais bien une pâtisserie
feuilletée en forme d'arc de cercle).
Énoncé
monosémique : Allongé
dans le noir, il gardait les yeux ouverts tout en écoutant le
silence de la chambre.
Énoncé
polysémique : Ses
yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir.
Il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines
narines.
Extrait
de : La
neige en deuil
(1952, p. 49), de Henri
Troyat
[romancier,
essayiste et auteur dramatique français d'origine russe, 1911-2007,
entré à l'Académie française en 1959].
Un
mot est polysémique
lorsqu'il porte au
moins deux significations
(par exemple : pétiller,
qui signifie aussi bien Faire
des petits bruits secs et répétés
comme dans : « Le
feu pétille dans la cheminée »,
que Faire
des petites bulles de gaz
comme dans : « Cette
boisson pétille trop, ça pique ! »,
ou encore que Briller
d'un vif éclat
comme dans « Ses
yeux pétillent de bonheur ».
Le
concept de polysémie s'inscrit dans un double
système d'oppositions
: l'opposition entre polysémie
et homonymie
(par exemple : dessin
et dessein
qui malgré une étymologie commune sont traités en pratique comme
deux unités distinctes, donc
comme des homonymes
; ou encore LE
pendule
et LA
pendule,
le
pot
et la
peau,
etc.),
et l'opposition entre polysémie
et monosémie
: cette deuxième opposition est semblable à l'opposition mot/terme,
où le mot emprunté au vocabulaire en général peut être
polysémique, et où le même mot devient un terme, avec une seule
signification, par exemple dans une terminologie scientifique
(exemple avec le mot polysémique
fer
= métal,
objet, matière,
qui devient en chimie le terme monosémique
fer,
symbolisé Fe).
On
distingue trois
types de polysémie :
>
Premièrement, la polysémie
par dénotation,
lorsqu'un mot offre plusieurs
sens dénotés
(exemples : croissant
= quartier
de lune - pâtisserie feuilletée en forme d'arc de cercle
; peuple
= ensemble
des habitants d'un même pays - ensemble des citoyens de condition
modeste).
>
Deuxièmement,
la polysémie
par addition d'un sens dénoté (sens
premier, objectif)
et
d'une ou plusieurs connotations
(sens seconds, subjectifs). Exemple : or
= métal
précieux, monnaie
- Affaire
en or
(affaire
très avantageuse)
- Âge
d'or
(époque
de bonheur)
- À
prix d'or
(très
cher) -
Cœur
d'or
(personne
généreuse)
- Livre
d'or
(recueil
de signatures),
etc.
>
Troisièmement,
la polysémie
par écart de style,
lorsque l'écart consiste en une substitution
d'un mot par un autre,
que le mot exprimé perd
son sens dénoté
(objectif) pour prendre
celui du mot remplacé,
et que ses connotations
sont les siennes propres et celles du mot remplacé.
Exemple : dans l'expression « L'offensive
du froid »
qui désigner
une chute brusque de la température de l'air,
le terme offensive
perd son sens dénoté (attaque
contre quelqu'un ou quelque chose),
capte celui de forte
poussée,
et se charge des connotations de l’agressivité
guerrière
et de la rapidité.
Le
mot féminin connotation
est emprunté (1660) au latin scolastique connotatio
(indication
seconde,
signification
seconde).
Le mot apparaît chez les auteurs de la Grammaire
de Port-Royal
[ou Grammaire
générale et raisonnée
(application de la doctrine cartésienne à l'analyse du langage,
publiée en 1660),
de
Antoine Arnauld, théologien français (1612-1694) et Claude
Lancelot, religieux janséniste et grammairien français (1615-1695)]
avec le sens
de propriété
d'un terme de faire connaître en même temps que son objet certains
attributs du sujet,
lequel est aujourd'hui réservé à l'histoire des sciences. Il est
repris à l'anglais connotation,
traduit
en français en 1866, et
employé par le logicien John
Stuart
Mill [philosophe
et économiste britannique, 1806-1873],
pour désigner les traits
de signification intrinsèques d'un mot qui renvoient à des
attributs seconds par opposition aux traits principaux.
Plus récemment, il a été repris aux linguistes américains (1954,
Louis
Hjelmslev en
français [linguiste
danois, 1899-1965])
pour désigner des traits
de signification qui relèvent du contexte particulier de l'emploi
d'un mot.
Connotation
se dit du sens
particulier
que prend un mot ou un énoncé en
fonction du contexte situationnel ;
la connotation
s'oppose à la dénotation
qui désigne l'élément invariant de signification ; ainsi
l'adjectif sage,
appliqué à ce
qui est fait avec discernement et prudence
(dénotation), s'emploie souvent avec la connotation absence
d'originalité.
Le
nom féminin dénotation
est emprunté (vers 1420) au dérivé latin impérial denotatio
(indication).
Il a suivi une évolution parallèle à celle du verbe dénoter.
Le verbe transitif dénoter
est emprunté (vers 1160) au latin denotare
(faire
connaître).
D'abord attesté au sens ancien de remarquer,
le mot a pris la valeur de désigner,
dénoncer
(1350). Il s'est spécialisé en logique (1375) où, par opposition à
connoter,
il désigne le fait
de renvoyer à l'extension d'un terme.
Par
opposition à la dénotation,
contenu objectif, neutre, du message, on appelle connotation
ce que l'expression ajoute à ce contenu objectif. Par exemple les
mots gifle
et soufflet
qui désignent tous les deux un
coup sur la joue,
ont la même dénotation, mais diffèrent par la connotation.
Les
rapports entre sens dénoté et connotations obéissent à une
logique de
l'inconscient.
Le plus souvent, ils sont de l'ordre de la synecdoque
(la partie/le tout), de la métonymie
(la cause/l'effet, rapport de contiguïté), de la métaphore
(rapport de ressemblance) ou
de l'antithèse
(rapport d'opposition). Exemples :
un sabot
peut évoquer la campagne
par synecdoque et la bergère
par métonymie, une
chevelure
blonde
peut évoquer un champ
d'épis de blé mûrs
par métaphore.
Les
connotations peuvent avoir quatre
origines :
la nature
psychologique
de l'homme, son environnement
social,
son histoire
personnelle,
et dans le cas d'un texte, les interrelations
des mots et des phrases.
Le
texte connotatif mobilise
le lecteur et l'interpelle.
Le lecteur ne peut pas se contenter d'un sens seulement dénoté.
Au-delà, il découvre et décode les connotations dont le texte et
l'auteur sont porteurs. Il peut aussi, éventuellement, apporter ses
propres connotations, enrichir celles du texte et de l'auteur, et
devenir ainsi une sorte d'acteur sensible.
Exemple
avec cet extrait de : Les
Beaux Quartiers
(1936), de Louis
Aragon [écrivain
et poète français, 1897-1982, fonde avec André Breton, Paul Éluard
et Philippe Soupault en 1923 le mouvement surréaliste] :
(…)
et, au-delà du quartier militaire, vers la Seine, il y a de grands
silences
abandonnés, car ici, passées de petites
entreprises,
commencent de longs murs enfermant des usines.
Les
mots silences,
petites
entreprises
et usines
sont
connotés. Les connotations de silences
sont : solitude,
inquiétude, nuit,
et elles ont pour origine le contexte. Les connotations de petites
entreprises
sont : la
taille artisanale, rassurante, évoquant le passé,
et elles ont pour origine le contexte mais aussi l'environnement
social à travers l'histoire du monde industriel. Les connotations de
usines
sont : bâtiments
de grandes dimensions, univers de l'aliénation, inhumanité,
et elles ont pour origine le contexte mais aussi l'environnement
social, et pour certains, l'histoire personnelle.
Consigne
: donner le(s) sens dénoté(s) des mots suivants : courant,
été, canon, bleu,
puis trouver
des
connotations suggérées par chacun
de ces mots ou
par leur(s) association(s).
Puis écrire deux textes assez courts, l'un avec le(s) sens dénoté(s)
des mots, l'autre avec des connotations choisies parmi celles qui
auront
été trouvées précédemment.
Cela
pourrait donner ceci :
>
courant. Sens dénotés : mouvement de l'eau - électricité qui
passe dans les fils - être informé de quelque chose (au courant) -
pendant une période (dans le courant de la semaine prochaine).
Connotations suggérées : le mouvement, le sens, la direction, la
force, la tension, l'énergie, l'action de s'informer, se mettre au
parfum, le manque d'information, être dans le secret, rester en
dehors, une date approximative ou floue ou vague, un non-engagement,
la liberté de mouvement.
>
été. Sens dénoté : saison. Connotations suggérées : joie,
soleil, vacances, voyage, repos, loisirs, famille.
>
canon. Sens dénotés : arme - règle - chant à deux ou plusieurs
voix. Connotations suggérées : guerre, carnage, agression, western,
tragédie, mort, blessures, normes, beauté, principes rigides,
majorité, groupe d'individus, chorale d'enfants, chants religieux.
>
bleu. Sens dénotés : couleur - bifteck à peine cuit - marque sur
la peau causée par un coup - vêtement de travail - fromage -
débutant. Connotations suggérées : ciel dégagé, beau temps,
la
tranquillité,
un
regard
vif,
maisons grecques, mer calme, gourmandise carnivore, appétit
carnassier, violence, agressivité, long labeur, uniforme de
l'ouvrier, bleu de Bresse, bleu d'Auvergne, plateau de fromages au
restaurant, policier pas encore au courant des ficelles du métier,
soldat novice qui n'a participé à aucune guerre.
Premier
texte (sens dénotés) : En plein ÉTÉ, le COURANT de la rivière
est très faible à cause du manque d'eau. L'activité de canoë-kayak
doit être annulée. Ça évite pas mal de BLEUS aux débutants. À
la place, on organise un CANON à trois voix, enfantines, masculines
et féminines. Les représentations ont lieu le soir, lorsque le BLEU
du ciel se fonce jusqu'à noircir l'horizon, jusqu'à s'illuminer de
milliers de paillettes dorées, comme ton regard lorsque tu
m'aperçois.
Deuxième
texte (connotations) : Les COURANTS de la lande et les ornières
immenses du reflux filent circulairement vers l'est. Là où le bruit
du CANON ne résonne plus que très faiblement, là où le BLEU du
ciel pâlit puis rosit dans un éclatant carnage. C'est l'ÉTÉ de
tous les dangers, celui où je te rencontrerai...
La
première phrase est extraite de : Illuminations
(1886), de Arthur
Rimbaud [poète français, 1854-1891,
dont la brève œuvre est l'une des sources majeures de la mutation
poétique moderne, influençant le surréalisme après le
symbolisme].
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
BERTAUD
DU CHAZAUD Henri, 1999. Dictionnaire
de synonymes et contraires.
Paris, Le Robert (Collection Les usuels).
BOURDEREAU
Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp.
28-29.
DUBOIS
Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, pp.
111, 135, 309, 369.
Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
GREVISSE
Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
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NIOBEY
Georges (dir.), 1997. Dictionnaire
analogique,
Paris, Larousse (Références Larousse).
Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
PEYROUTET
Claude, 1994. Style
et rhétorique.
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REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., pp.
476, 577.
L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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Musique
et rythme en prose
Le
nom masculin rythme
est une réfection (modification) savante (1549, Joachim du Bellay)
de rime
(vers 1370), puis rithme
(1512). Le mot est emprunté au latin rhythmus
(mouvement, battement régulier,
mesure, cadence) spécialement en
rhétorique (nombre oratoire)
et, en latin médiéval (poème,
vers 1036), repris au grec rhuthmos,
qui est un des mots clés de la philosophie aristotélicienne
(psychologie, théorie de l'art) [Aristote
est un
philosophe
grec, 384 avant J.-C.-322 avant J.-C., auteur entre autre de :
La Poétique,
et de : La Rhétorique].
Le
mot est dérivé de rhein (couler), et, d'après Émile
Benveniste [linguiste français, 1902-1976, entré à l'Académie
des inscriptions et belles-lettres en 1960], rhuthmos aurait
d'abord le sens de forme, assumé par ce qui est mouvant,
fluide, modifiable. De ce sens, qui correspond à arrangement
des parties, dans l'espace, on serait passé à une notion
temporelle, illustrée dans les textes à partir de Platon
[philosophe grec, 428 avant J.-C.-348 avant J.‑C., auteur de 28
Dialogues].
Rythme,
après un emploi isolé en musique, est repris au XVIe
siècle et désigne le retour imposé à des intervalles réguliers
d'éléments harmoniques caractéristiques du vers ; puis, il
renvoie au mouvement général résultant, dans un texte, de
la répartition, du retour régulier et plus ou moins
rapide de certains éléments de la phrase.
Le
rythme,
c'est l'équilibre
des parties d'une phrase. Une des règles les plus générales est de
ne pas terminer une phrase sur un membre beaucoup plus court que les
précédents, sauf si le scripteur vise un effet particulier de mise
en évidence. On considère souvent comme un défaut, par ailleurs,
que la prose ait le rythme des vers.
Le rythme
est la qualité du discours qui, par le moyen de ses syllabes
accentuées, vient frapper notre oreille à de certains intervalles ;
c'est la succession de syllabes accentuées (sons forts) et de
syllabes non accentuées (sons faibles).
Il faut que
les phrases s'agitent dans un livre comme les feuilles dans une
forêt, toutes dissemblables en leur ressemblance.
Extrait
de : Lettre à Louise Colet (7 avril 1854), de Gustave
Flaubert [écrivain français, 1821-1880].
La langue
française n'est pas une langue accentuée comme l'anglais ou
l'espagnol, et les syllabes semblent de même longueur. Pourtant, le
rythme est bien présent dans la prose française, à travers
la syntaxe (le choix des mots, d'un lexique, d'un
vocabulaire), le sens (polysémie, monosémie, connotations,
dénotations) ou les sons (l'harmonie, fondée sur la
répartition équilibrée des sons, participe au rythme et au
mouvement du texte dont elle est la mélodie).
Dans la
phrase simple, du type Groupe sujet + Groupe verbal + Groupes
compléments, chaque groupe peut être assimilé à une mesure,
décomptée en syllabes. Un rythme naît des rapports de longueur
entre ces mesures.
Dans la
phrase complexe, assemblage de propositions ou de phrases simples, le
rythme naît surtout des rapports de longueur entre ces
propositions (ce qui n'exclut pas leurs rythmes internes).
Il existe
4 types de rythmes :
> On
parle de rythme binaire lorsque les groupes de mots (Groupe
sujet, Groupe verbal, Groupe complément) ou les propositions
(phrases dans la phrase) sont de longueur similaire et au nombre de
2. On obtient un effet de symétrie et de clarté. Par exemple :
Près de sa belle maison
(proposition 1, dont la longueur est de 7 syllabes) / vivait
un voisin irascible. (proposition 2, dont la longueur est de 8
syllabes).
> On
parle de rythme ternaire lorsque les groupes de mots ou les
propositions sont de longueur similaire et au nombre de 3. On obtient
un effet de clarté et de parallélisme. Par exemple : Près
de sa maison, (proposition 1, de 5 syllabes) / qui
était si belle, (proposition 2, de même longueur) / vivait
un voisin hargneux.
(proposition 3, de 7 syllabes).
> On
parle de rythme ascendant lorsqu'une phrase est composée
d'une succession de groupes de mots de plus en plus longs, ou de
propositions de plus en plus longues. Par exemple : Là-bas,
(2 syllabes) / près de sa
maison, (5 syllabes) / qui
était vraiment très belle, (7 syllabes) / avec
sa façade équilibrée, (9 syllabes) / et
ses peintures joyeuses aux tons pastels, (11 syllabes) /
demeurait ce ridicule et
irascible voisin. (14 syllabes).
On
emploie ce type de rythme pour obtenir des effets de suspense,
d'attente, de gradation et d'abondance. La
juxtaposition de phrases simples ou complexes ascendantes accélère
le rythme général d'un récit.
> On
parle de rythme descendant lorsqu'une phrase est composée
d'une succession de groupes de mots de plus en plus courts, ou de
propositions de plus en plus courtes. Par exemple : Près
de la si belle et si vaste demeure de mon ami Raymond, (18
syllabes) / avec ses
peintures joyeuses aux tons pastels, (12 syllabes) / et
sa façade bien équilibrée, (10 syllabes) / aux
beaux volets
rutilants, (7 syllabes) / vivait
ce voisin, (5 syllabes) / un
hargneux. (3 syllabes).
La
juxtaposition de phrases de plus en plus courtes a un effet de
ralentissement sur le rythme général du texte.
Passer la
nuit dans cet obscur wagon n'avait rien d'enchanteur ; et puis
je n'avais pas dîné. La gare était loin du village et l'auberge
m'attirait moins que l'aventure ; au surplus je n'avais sur moi
que quelques sous. Je partis sur la route, au hasard, et me décidai
à frapper à la porte d'un mas assez grand, d'aspect propre et
accueillant.
Extrait
de : Si le grain ne meurt (1924), d'André Gide
[écrivain français, 1869-1951, Prix Nobel de Littérature en 1947].
On peut
établir le schéma rythmique des phrases 1 (Passer...
dîné.), 2 (La gare...
sous.) et 3 (Je partis...
accueillant.), et observer les effets obtenus par l'emploi de
ces rythmes.
La phrase
1 est composée de 2 phrases simples, de longueurs différentes (16
et 8 syllabes). Le rythme binaire décroissant convient bien à
l'expression « un creux
dans l'estomac ».
La phrase
2 est constituée de 3 phrases simples : 9 syllabes, 13 syllabes
et 12 syllabes, et le rythme ternaire équilibré (la longueur
des 3 phrases simples est similaire) illustre bien le bilan de la
situation que le personnage effectue.
La phrase
3 est ascendante : 10 + 25 syllabes, et traduit le suspense :
comment sera accueilli le personnage ?
Il faut
écrire, et l'on me donne une plume, de l'encre, du papier qui se
conviennent à merveille. J'écris avec facilité je ne sais quoi
d'insignifiant. Mon écriture me plaît. Elle me laisse une envie
d'écrire. Je sors. Je vais. J'emporte une excitation à écrire qui
se cherche une chose à écrire. Il vient des mots, un rythme, des
vers, et ceci finira par un poème dont le motif, la musique, les
agréments, et le tout,- procéderont de l'incident matériel dont
ils ne garderont aucune trace.
Extrait
de : Rhumbs (1926, p. 174), de Paul Valéry [écrivain
français,
1871-1945, entré à l'Académie française en 1925].
1871-1945, entré à l'Académie française en 1925].
La langue
française est difficile. Elle répugne à certaines douceurs. C'est
ce que Gide exprime à merveille en disant qu'elle est un piano sans
pédales. On ne peut en noyer les accords. Elle fonctionne à sec. Sa
musique s'adresse plus à l'âme qu'à l'oreille.
Extrait
de : La Difficulté d'être (1947, p. 201), de Jean Cocteau
[écrivain français, 1889-1963, entré à l'Académie française en
1955].
La
musique d'un texte en prose est l'expression d'une pensée. Dans le
sens ancien et primitif, la musique n'était pas une science
particulière, c'était tout ce qui appartenait aux Muses ou en
dépendait ; c'était donc toute science et tout art qui
apportait à l'esprit l'idée d'une chose agréable et bien ordonnée.
Le nom
féminin musique (art de combiner les sons) est
emprunté (1150) au latin musica, lui-même emprunté au grec
mousikê (sous-entendu tekhnê), proprement l'art ou
technique des Muses, dérivé de
Mousa.
Mousa
en grec est un terme de mythologie généralement employé au pluriel
pour désigner les Muses
et servant d'appellatif avec le sens de poésie, culture,
musique. Les Muses, déesses des
champs et des montagnes, font don aux hommes de l'inspiration
poétique ainsi que de la connaissance ; elles sont filles de
Mnémosyne (Mémoire) et de Zeus ou, selon d'autres interprétations,
d'Harmonia, ou encore d'Ouranos et de Gê (le Ciel et la Terre). À
partir de l'époque classique (l'Antiquité gréco-romaine, qui
précède le Moyen-Âge), en latin, leur nombre est fixé à neuf.
Le
mot Muses a pénétré
en français pour désigner ces neuf déesses chez les traducteurs en
ancien français et en ancien provençal de Boèce
[philosophe et homme politique latin, 480-524, auteur de : De
la consolation de la philosophie
; sa place dans l'histoire de la logique est importante, entre
Aristote et les stoïciens d'une part, et le Moyen-Âge d'autre
part]. À la Renaissance, le mot a acquis
par extension la
signification
de belles lettres
(1548) au sens de littérature,
et spécialement poésie
(1549, L'Olive, de
Joachim Du Bellay
[poète français, 1522-1560, rédigea le programme de la Brigade,
qui deviendra la Pléiade en 1553, groupe composé
de sept poètes dont Ronsard,
qu'il avait rencontré en 1547]).
Quelques
sens analogiques du mot musique
se sont développés depuis le XVIe
siècle : musique se
dit de tout ce qui affecte l'oreille, de façon agréable ou,
ironiquement, désagréable (1560-1565, la musique d'un
asne). À la fin du XVIIIe
siècle, le mot commence à se dire de l'harmonie du
langage, d'un texte
(avant 1778), puis, plus abstraitement, de celle des pensées,
des rêveries (1800,
Chateaubriand).
Consigne
1 :
Utiliser
les mots suivants pour construire un petit texte aux phrases courtes
(rythme saccadé), puis un petit récit aux phrases moyennement
longues (rythme souple), et enfin une seule longue phrase au rythme
ample et soutenu.
Mots
proposés :
Torpeur
– Engourdissement – Somnolence – Boa – Languide – Lumière
– Septembre – Vibrer – Arbre – Immobile – Se tenir –
Étincelant – Majestueux – Odeur – Sûre – Poire –
Suspendre – Nuage – Journée – Lent – Se succéder – Passer
– Englober – Feuillage – Colline – Maison – Sommet –
Façade – Claire – Se dresser – Frondaisons – Inexpressive –
Énigmatique – Participer – Torpeur.
Phrases
courtes :
Je
somnole. Un engourdissement m'a saisi après le repas. Une torpeur
béate et languide. Tu fais le boa, m'a dit ma femme. Mes yeux
mi-clos, lumière d'une après-midi de septembre, elle débarrasse la
table, ma femme, pas la lumière. Elle vibre et étincelle, ma femme,
pas la lumière, car elle est en colère. Je fais le boa. Un boa ne
peut pas débarrasser une table, me semble-t-il. Au-dessus des
poiriers, les nuages sont suspendus au ciel, immobiles. L'odeur d'une
journée sûre qui se succède à elle-même. Immobile. Les secondes
passent. Englobent les feuillages. La colline, la maison, le somment
de la façade se dressent. Torpeur. Les frondaisons énigmatiques
participent au temps. Tout est torpeur inexpressive. Tout dort.
Phrases
moyennement longues :
Je
subis la torpeur d'une fin de repas bien arrosé. Je suis pris dans
les filets d'un engourdissement de boa. Je somnole dans la lumière
de septembre. L'arbre, dont le feuillage languide vibre immobile, se
tient étincelant et majestueux. C'est un peuplier, dont l'odeur sûre
comme celle de la poire, est suspendue aux nuages d'automne. La
colline, le sommet de la maison, la façade se succèdent et se
dressent sous les frondaisons. Une lente journée passe, englobée de
torpeur, inexpressive et énigmatique. Je ne participe pas.
Une
seule longue phrase, extraite
de : L'Herbe
(1958, p. 78), de Claude Simon
[écrivain français, 1913-2005, prix Nobel
de littérature en 1985] :
Et
tout au plus cette sorte de torpeur, d'engourdissement, la somnolence
du boa : dans la languide lumière de septembre vibrant
doucement, les arbres se tenant immobiles, étincelants, majestueux,
et l'odeur sûre des poires suspendues, les lents nuages, les lentes
journées se succédant, passant, englobant feuillages, collines, et
la maison au sommet de la colline, la façade claire se dressant
entre les frondaisons, inexpressive, énigmatique, participant,
semble-t-il, elle aussi, de cette torpeur, etc.
Consigne
2 :
Composer
un petit récit au rythme ascendant puis descendant, à partir des 2
phrases suivantes :
La
bergère est tombée malade. L'enfant a refusé.
Cela
pourrait donner ceci :
Première
partie, ascendante :
Jolie
est la
bergère (6 syllabes). C'est
une petite fille, qui travaille (9). Elle
part tous les matins dès le lever du soleil (13).
Depuis
qu'elle a 6 ans, elle part travailler tous les jours
(14). Quelque
soit le temps, chaud ou froid, quelque soit sa fatigue ou son envie
(18 syllabes). La
petite fille ne se plaint jamais, car son courage égale sa grâce et
sa beauté (23). Depuis
7 ans, émue jusqu'aux larmes, la
fidèle aube
assiste quotidiennement au départ de l'enfant
(27). La
petite
marche à petits pas derrière le troupeau trottinant de brebis
doucement bêlantes, encore toutes
emmêlées
de sommeil (35).
Deuxième
partie, descendante :
Un
jour, on
s'aperçoit que la
petite a grandi, que
le
cœur n'y est plus : la grâce a disparu, est apparue la fatigue
(32). La
jeune fille ne
se réveille pas et elle ne
se lève plus
pour accompagner le troupeau au pré (24). Alerté
par les bêlements impatients des bêtes enfermés, le père accourt
(21). Sa
fille reste
plongée dans un profond sommeil (12). Le
père se précipite et la secoue (10). Réveille-toi !
lui
ordonne-t-il
(9) ; non,
non, non et non, et encore
non
(9).
Le
père, incrédule, va en informer la mère (12). Il
répète : L'enfant – a – refusé (9). L'en
– fant – a – re – fu – sé (6). Stupeur
du
couple (4). Colère
(2). Peur
(1).
À
vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vos claviers, plumes et stylos !
Bibliographie
:
CRESSOT
Marcel, JAMES Laurence (mise à jour), 1991. Le style et ses
techniques : précis d'analyse stylistique. Paris, Presses
universitaires de France. 13e éd., p. 268.
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GREVISSE
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LITTRÉ
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PEYROUTET
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REY
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Michel. Verbier
: herbier verbal.
M. Nadeau, 2000, p.
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