lundi 10 septembre 2012

Atelier d'écriture de La Publiance


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L a P U B L i a n c e
atelier d'écriture et publication
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Atelier d'écriture n° 37

Le palindrome, l'acrostiche et le calligramme : donner
au langage plus de présence


Le palindrome, l'acrostiche et le calligramme (entre autres) sont des procédés visuels qui permettent de donner plus de poids, et donc plus de présence, au langage. Comment ? En cherchant à rapprocher le mot de la chose (le calligramme), en jouant sur l'agencement graphique du mot (le palindrome et l'acrostiche).

Un calligramme : le mot est composé de calli- (du grec kalli-, qui veut dire « beau ») et de -gramme (du grec gramma, qui veut dire « lettre, écriture » et qui entre dans la composition de nombreux mots savants exprimant les notions d'« inscription », d'« enregistrement »).

C'est un néologisme, mot inventé (1918) par Guillaume Apollinaire (1880-1918), créé par croisement entre calligraphie et idéogramme. C'est aussi le titre d'un recueil de poèmes paru en 1918, du même auteur : « Calligrammes ».

Un calligramme est un poème où les vers sont composés typographiquement (visuellement) de manière à former un dessin qui illustre le plus souvent le sujet du poème.

Attention à ne pas confondre le calligramme avec l'idéogramme. L'idéogramme est un signe graphique (comme chaque lettre de l'alphabet) qui exprime un mot ou une idée (contrairement à chaque lettre de l'alphabet qui exprime un son). Exemples d'idéogrammes : les panneaux du code de la route, les signaux de marine, les alphabets asiatiques, etc.

D'abord utilisés en poésie dont ils renouvellent le genre - le recueil de poèmes d'Apollinaire devait initialement s'appeler : « Et moi aussi je suis peintre ! : idéogrammes lyriques coloriés » - les calligrammes sont très souvent employés aujourd'hui dans la publicité.

Le calligramme de mots, c'est lorsque le mot entier ou bien quelques lettres deviennent un dessin ; le calligramme séquentiel, c'est lorsque un groupe de mots, une phrase, un texte entier deviennent un ou plusieurs dessins évoquant le sens de l'énoncé.

Par exemple ces calligrammes séquentiels réalisés à partir d'un extrait du poème de Guillaume Apollinaire intitulé « Cœur couronne et miroir » :

Dans ce miroir je suis enclos, vivant et vrai
comme on imagine les anges
et non comme sont les reflets.


                                     Dans

                        flets.                    ce

                  re                                     mi

             les                                            rois

         sont                                                    je

       me                                                        suis

    com                   Guillaume               en

  non                      Apollinaire              clos,

   et                                                                  vi

    ges                                                           vant

      an                                                           et

       les                                                     vrai

          ne                                             com

              gi                                     me

                     ma                    on

                                    I

La forme du calligramme, dessin constitué des mots d'une strophe du poème, évoque un miroir ovale, dans lequel est « enclos » l'auteur « je », par l'inscription de son nom et de son prénom.

Les rois qui meurent tour à tour
Renaissent au cœur des poètes

Q
L R U M R
es ois i eu ent
Tour A touR
Re n a i s s e n t a u c œ u r d e s p o è t eS

Les mots ainsi disposés de la strophe du poème, ainsi que le jeu sur la taille de certaines lettres et leur disposition (en exposant), représentent une couronne royale.

La consigne est la suivante : écrire quelques lignes d'un poème ayant pour sujet les fleurs, les nuages, etc., en tout cas un objet facile à dessiner, ou emprunter quelques vers à un de vos poètes préférés, puis réaliser un dessin à partir des lettres des mots du poème. Sachez que le dessin sera plus facile à réaliser à main levée sur une feuille de papier avec un crayon, qu'avec un clavier sur l'écran d'un ordinateur.

***

Le nom masculin et adjectif « palindrome » est emprunté (1765) au grec « palindromos » (qui court en sens inverse, qui revient sur ses pas), qui signifie au sens figuré « incertain ». Il est composé de palin- (en sens inverse) et de -dromos (action de courir).

Le palindrome est un vers, une phrase, ou un groupe de mots qui peuvent se lire de gauche à droite, ou de droite à gauche, en conservant le même sens.

L'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle, atelier d'expérimentation littéraire créé en 1960 autour de François Le Lionnais et de Raymond Queneau, qui cherche à « réintroduire la notion de contrainte formelle dans la création littéraire : lipogrammes, structures mathématiques, etc. ») a établi la typologie des palindromes :

> le palindrome naturel : un mot est le palindrome de lui-même, par exemple : rêver/rêver, regagner/regagner, Ève/Ève ; ou celui d'un autre mot : trace/écart, émir/rime, ressac/casser, trop/port ;

> le palindrome composé, qui concerne un groupe de mots, par exemple : « et Luc colporte trop l'occulte/et Luc colporte trop l'occulte », « la mariée ira mal/la mariée ira mal », « élu par cette crapule/élu par cette crapule » ;

> le palindrome syllabique, où la lecture inversée se fait par syllabes, par exemple : « Holà ! Perds-tu, vicieux, les sens ?/Sent ! Les cieux vitupèrent là-haut ! » (Luc Étienne) ;

> le palindrome vertical (les lettres z, x, s, o, N, retournées restent les mêmes, au contraire, b, d h, m, u, donnent q, p, y, w, n).

La consigne est la suivante : faire une liste de palindromes naturels, puis essayer de former des palindromes composés (phrases qui peuvent se lire indifféremment de gauche à droite ou de droite à gauche ; vous pouvez y insérer quelques mots outils, nécessaires à la compréhension).

***

Le nom masculin « acrostiche » (1585) succède à l'adjectif « acrostique » (1576). Le mot est emprunté au grec akrostikhos, de akros (élevé, extrême) et stikhos (vers), et désigne un poème dont les lettres extrêmes (de début et/ou de fin), lues verticalement, forment un mot, un nom propre, ou une expression.
Un acrostiche double est un poème où le même mot se lit à l'initiale et à la finale des vers. Un acrostiche à l'hémistiche se dit d'un poème où l'ensemble de chaque lettre placée à la moitié de chaque vers (à l'hémistiche) forme un mot ou un nom propre (auteur, dédicataire).

Comme l'a écrit Molière (1622-1673) dans « Les fâcheux », l'acrostiche révèle dans ses vers ce qui est caché dans ses initiales :
« Donnez-moi par écrit votre nom et surnom.
J'en veux faire un poème en forme d'acrostiche
Dans les deux bouts du vers, et dans chaque hémistiche. »

La consigne est la suivante : choisir un mot que vous aimez, pour sa sonorité ou pour son sens, et disposer les lettres de ce mot verticalement, par exemple :

vélo
v
é
l
o

Puis, faites des phrases, pas très longues, qui expriment l'amour, l'affection, l'intérêt, portés au mot choisi, ou bien ce que ce mot évoque pour vous, en veillant à commencer chaque phrase par une des lettres du mot choisi :

Vois-tu le printemps ?
Et comme l'air embaume
La rose et le lilas,
Ou bien l'herbe et la chaleur.

L'acrostiche double est plus difficile à réaliser ; prendre un mot, par exemple le mot « acrostiche », et disposer les lettres du mot verticalement de part et d'autre d'une feuille de papier :

a a
c c
r r
o o
s s
t t
i i
c c
h h
e e

Puis, comme dans un puzzle où l'on commence par le cadre, compléter d'abord chaque mot de début et chaque mot de fin de ligne, avec ce qui vous vient en tête, ou bien à l'aide d'un dictionnaire, ou même d'un magazine ou d'un livre quelconque, l'essentiel étant d'avoir à portée de main un réservoir de mots :

arqué va
comme arc
rebondir revenir
ou bravo
si bis
tout dit
il si
chère sac
ha ! bah
encore sourire

Enfin, faire des phrases en essayant de trouver et de garder un sens général. L'essentiel n'est pas de construire un poème qui se tienne, ni même d'écrire un texte intelligent. Ce serait plutôt de l'ordre du jeu, de la démarche (le voyage vaut mieux que de toucher au but), de la jonglerie et de l'amusement. Cela reste un exercice d'assouplissement des méninges et de décontraction littéraire.

Arqué comme les jambes d'un pont, il vA,
Comme à la chasse, dans son dos un arC.
Rebondir encore et encore, et pourquoi pas reveniR,
Ou bien partir pour de bon, sans un seul bravO.
Si seule l'ingratitude joue, pas de biS.
Tout de même, un frère aime sa sœur, se diT-
Il, en chasseur sauvage et infortuné ; sI
Chère ingratitude, peux-tu entrer dans un saC ?
Ha ! Ha ! Elle est bien bonne. Puis - baH -
Encore une bredouille, et le chasseur se barbouille de sourirE.


À vous de jouer,
À vos claviers, plumes et stylos !


Bibliographie :

> Le Grand Robert de la langue française, 2001, 2e éd. 6 vol.

> PEYROUTET, Claude, 1994. Style et rhétorique. Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 36 (les calligrammes), p.31 (les palindromes).

> REY, Alain (dir.), 1994. Dictionnaire historique de la langue française. Paris, Le Robert. 2 vol., p. 330 et p. 909 (calligramme), p. 1408 (palindrome), p. 17 (acrostiche).

> THERON, Michel, [199-?]. 99 réponses sur les procédés de style. Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du Languedoc-Roussillon) du L.-R., fiche 4.


Contact : numencegalerielitteraire@gmail.com


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