lundi 21 juillet 2014

Atelier d'écriture XIII, avec Le Premier accroc coûte deux cents francs d'Elsa Triolet






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L a P U B L i a n c e

atelier d'écriture et publication

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Atelier d'écriture XIII



La synecdoque avec Le Premier accroc coûte deux cents francs d'Elsa Triolet



Sommaire



> Extrait de Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelles (1944) d'Elsa Triolet, pp. 87-94.

> Qui était Elsa Triolet ?

> Présentation des nouvelles du recueil Le Premier accroc coûte deux cents francs.

> Qu'est-ce qu'une synecdoque ?

> Extrait de Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelles (1944, pp. 87-94) d'Elsa Triolet, où les mots servant à construire des synecdoques sont en majuscule.

> Exercices et consignes d'écriture.



***



> Extrait de Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelles (1944) d'Elsa Triolet, pp. 87-94.



Elle retira ses deux mains et gagna la porte. La femme du docteur la tenait ouverte pour elle, pressée, pressée de la mener dans la chambre où il y avait une bordure d'oiseaux sous le plafond, des arbres derrière les fenètres et où l'on pouvait rêver comme nulle part ailleurs...

Et les rêves, ça la connaît, Juliette...

Ceci est écrit en février 1943 et c'est à l'Histoire de mener ma chanson.

La Vie privée ou Alexis Slavsky artiste peintre.

Chapitre premier.

J'ai envie de parler de la rose et du rossignol, d'une belle nuit, d'une belle journée et d'une belle vie, du bonheur, et des drames fragiles, faciles et inconsistants... Que la femme soit belle, que l'homme soit grand et généreux, que l'air autour d'eux soit pur et sans danger, que les eaux soient bleues et tièdes comme les cieux, que la terre soit fleurie sous le pas léger du couple, que le destin lui laisse le temps de voir chaque feuille sur les arbres, chaque insecte sur son brin d'herbe, chaque mouvement du coeur, de la pensée... Mais la vie me tient par le poignet et je tombe, je tombe, comme si j'avais une pierre au cou, jusqu'au fond de la réalité.

Une de ses grand-mères n'était pas très catholique et bien que Français de naissance, de coeur, de culture et de carte d'identité, il portait un nom polonais. Il remplissait ainsi assez bien les conditions requises pour avoir des ennuis, aussi avait-il choisi de rester au sud de la ligne de démarcation, côté du moindre mal. Il avait été assez perspicace pour s'y faire démobiliser, comme il l'avait été en fichant le camp et évitant de se faire faire prisonnier, pendant que les copains confiants dans la mansuétude du gracieux vainqueur se laissaient prendre, croyant ainsi couper court aux embêtements de la guerre. Pour quelqu'un qui ne s'était jamais occupé que de peinture, Alexis Slavsky avait, somme toute, fait un assez bon calcul, il n'avait pourtant été aidé là-dedans que par la représentation qu'il avait des hommes en général...

Alexis Slavsky, artiste peintre, était Français à la deuxième génération, croisement du sang bleu d'un nobliau polonais et du sang vermeil d'une belle Juive russe, qui étaient venus à Paris, voilà un siècle, pour mieux dilapider leurs fortunes conjuguées, produits de la terre et de la finance. Ils avaient mené grand train entre le monde, le demi-monde, les gens des arts et du théâtre. Après la mort des grands-parents d'Alexis, les moyens d'existence de son père s'étaient trouvés nuls. Le petit hôtel particulier du Faubourg Saint-Honoré vendu aux enchères, il ne lui restait pour toute fortune que le portrait en pied, grandeur nature, de la belle Esther, grand-mère d'Alexis, peint par son mari.



> Qui était Elsa Triolet ?



Romancière française d'origine russe (1896-1970), Elsa Triolet est l'auteure de : Bonsoir Thérèse (1938, première œuvre en français), Le Cheval blanc (1943), Roses à crédit (1959), L'Âme (1963), etc., et Le Grand Jamais (1965, réflexion sur la vérité historique, le temps, l'amour et la mort, à laquelle fera écho La mise à mort d'Aragon, qu'elle rencontra en 1928 et dont elle devint la compagne et l'inspiratrice).

L'auteure se veut en prise directe sur son temps. Elle écrit pour ses contemporains et leur pose, clairement, le problème de ce qu'ils vivent aujourd'hui (en 1943, en 1959, etc.) et de ce qu'ils doivent faire pour améliorer leurs lendemains.

Le grand problème qu'elle pose de livre en livre est celui du bonheur : chacun de ses personnages est mû par sa recherche douloureuse, impossible. Elle affirme que le bonheur est à portée d'homme à condition d'ouvrir les yeux sur le monde et de vouloir le transformer. C'est en ce sens qu'elle est un écrivain militant.



> Présentation des nouvelles du recueil Le Premier accroc coûte deux cents francs.



Prix Goncourt 1944, Le Premier accroc coûte deux cents francs est un recueil de nouvelles imprégnées de l'aventure de la Résistance lors de la Seconde guerre mondiale.

Il est composé de quatre nouvelles intitulées : Les Amants d'Avignon (première nouvelle du recueil, et qui est d'abord parue clandestinement sous le pseudonyme de Laurent Daniel en 1943), La Vie privée ou Alexis Slavsky artiste peintre, Cahiers enterrés sous un pêcher, et Le Premier accroc coûte deux cents francs.



Dans ces quatre nouvelles (et comme Aragon, dont elle est la compagne et la muse) Elsa Triolet voit le monde réel dont elle veut décrire les symptômes de la maladie qui le ronge, ses accès de fièvre, ses accidents et les crises, les cassures, les violences de l'histoire, en témoin de son temps. Un même souci la guide et la soutient : aller vers le vrai, dire vrai, scruter le monde visible d'un œil clair et pénétrant – jusqu'au fond de la réalité, précisément.



Les Amants d'Avignon raconte comment Juliette Noël, à peine vingt ans, dactylo dans une usine d'aviation puis sténo de presse pendant la guerre, habitant Lyon après l'exode, boîte-à-lettres pour la Résistance, échappe de peu à une arrestation par la Gestapo.

La Vie privée ou Alexis Slavsky artiste peintre raconte comment Alexis Slavsky, qui avait trente ans passés, dont les parents étaient morts et dont la peinture se vendait bien, mobilisé en septembre 39, se remet à peindre une fois démobilisé.

La nouvelle intitulée Cahiers enterrés sous un pêcher raconte l'enfance heureuse et la vie mouvementée de Louise Delfort jusqu'à son arrestation, puis son exécution à l'automne 43.

Le Premier accroc coûte deux cents francs relate des scènes à la fois ordinaires et extraordinaires (« Le débarquement, c'est pas grand-chose, après tout ? »), intenses ou agitées, de la période comprise entre le 6 juin et le 15 août 1944.

Le sens de la phrase choisie pour le titre du recueil nous est donné dans les dernières phrases de la nouvelle du même titre :

Le 6 juin, le message « Le premier accroc coûte deux cents francs » avait annoncé le premier débarquement.

Le 15 août, il y avait eu un deuxième accroc... De ce deuxième accroc, je n'ai jamais su le prix. Déjà, toute l'étoffe s'en allait en pièces, parce que dans notre impatience nous nous étions tous mis à la déchiqueter.

Paris, novembre 1944.



> Qu'est-ce qu'une synecdoque ?



La synecdoque est une espèce de métonymie ; c'est une figure de rhétorique par laquelle on donne une signification particulière à un mot, qui dans le sens propre a une signification plus générale.

Dans la métonymie on prend un terme pour un autre (exemples : « boire un verre » au lieu de : « boire le contenu du verre », « vivre de son travail » au lieu de : « vivre de ce qu'on gagne en travaillant », « ameuter la ville » au lieu de : « ameuter les habitants de la ville »), au lieu que dans la synecdoque on prend le moins pour le plus, ou le plus pour le moins (le tout pour la partie, ou la partie pour le tout, le genre pour l'espèce, ou l'espèce pour le genre, la matière pour l'objet, ou l'objet pour la matière, le singulier pour le pluriel, ou le pluriel pour le singulier). Exemples : « une voile à l'horizon » pour « le bateau », « les flots » pour « la mer », « l'airain » pour « les canons », « les mortels » pour « les hommes », « un fer » pour « une épée », « des porcelaines de Chine » pour « des récipients en porcelaine de Chine », « l'ennemi » pour « les ennemis », « porter un castor » pour « porter une toque en fourrure de castor », etc.

Les deux termes de la synecdoque (celui qui est normalement attendu mais qui n'apparaît pas, et celui qui se substitue au terme attendu) ont un rapport de contiguïté et d'inclusion, car non seulement ils font partie de la même isotopie (secteur du réel), mais l'un inclus l'autre.



Le mot féminin synecdoque représente la réfection de sinodoche (en linguistique, la réfection est la modification d'une forme linguistique populaire, issue de l'évolution normale, d'après l'étymologie ; le XVIe siècle a procédé à de nombreuses réfections de mots d'après le latin ou le grec), emprunté au bas latin synecdoche, repris du grec sunekdokhê « compréhension simultanée de plusieurs choses », lui-même dérivé de sunekdekhesthai « se rendre maître en même temps, comprendre à la fois » verbe composé de sun « avec, ensemble » et de ekdekhesthai « recueillir dans son esprit, saisir, comprendre », lui-même formé de ek- (qui marque l'origine) et de dekhesthai « recevoir », lequel se rattache à une importante racine indoeuropéenne exprimant l'idée de conformation, d'adaptation.



Résumé étymologique :

sun (avec, ensemble) + ekdekhesthai (ek (qui marque l'origine) + dekhesthai (recevoir)

-> sunekdekhesthai (se rendre maître en même temps, comprendre à la fois)

-> sunekdokhê (grec)

-> sinodoche (1521)

-> synecdoche (1690, forme latine)

-> synecdoque (par réfection, 1730, César Chesneau Dumarsais (grammairien français, 1676-1756).



L'emploi de la synecdoque permet des descriptions réalistes, des portraits, des récits en prose ou en poésie. La synecdoque correspond à une perception du monde qui procède du particulier au général ou du général au particulier. Le rapport sémantique entre les deux termes ou les deux notions est un rapport d'inclusion : la partie dans le tout, où le détail suggère l'ensemble, ou bien inversement la partie par le tout.



On parle de synecdoque particularisante (le détail suggère l'ensemble) lorsqu'on effectue un zoom avant (impression de gros plan, valorisation d'un élément), et de synecdoque généralisante (zoom arrière, recul, éloignement, distanciation, généralisation). Exemples : « Le buste survit à la cité » Théophile Gautier (1811-1872), où l'élément particulier « Le buste » remplace l'ensemble « sculpture » ; « Les plus fines cravaches du monde entier vont s'entraîner là-bas », où l'élément particulier « cravaches » remplace l'ensemble « les jockeys ». Inversement : « Il porte un feutre » est une synecdoque généralisante, où l'ensemble « feutre » remplace l'élément particulier « chapeau ».

La synecdoque est une figure non absolue, mais relative. Dire « le bâtiment » pour désigner une maison est une synecdoque généralisante, mais dire « la maison » pour désigner un chalet ou une cabane par exemple, est aussi une synecdoque généralisante. Tout dépend des repères qui sont pris, et du contexte, dont dépend toute valeur (linguistique et sémantique). Cette dernière est constamment variable, un même mot ayant toujours un nouveau sens dans un nouveau contexte.



Dans le texte, la synecdoque traduit très souvent un retour à une impression ou à une perception plus sensible et physique du monde. Elle joue sur les rapports respectifs de l'ensemble et du détail, elle va de l'un à l'autre, suggère l'un par l'autre et inversement. Elle est toujours très visuelle, car elle fait constamment varier la distance de perception des choses, la distance du locuteur d'avec les choses perçues, dans le langage et dans l'esprit, par une comparaison constante entre ce que l'on perçoit du visible (les objets, les formes, le cadre, les couleurs, les contrastes, etc.) et ce que l'esprit en fait ensuite.



> Extrait de Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelles (1944, pp. 87-94) d'Elsa Triolet, où les mots servant à construire des synecdoques sont en majuscule.



Elle retira ses DEUX MAINS et gagna LA PORTE. LA FEMME DU DOCTEUR la tenait ouverte pour elle, pressée, pressée de la mener dans la chambre où il y avait une bordure D'OISEAUX sous LE PLAFOND, DES ARBRES derrière LES FENÈTRES et où l'on pouvait rêver comme nulle part ailleurs...

Et les rêves, ça la connaît, Juliette...

Ceci est écrit en février 1943 et c'est à l'Histoire de mener ma chanson.

La Vie privée ou Alexis Slavsky artiste peintre.

Chapitre premier.

J'ai envie de parler de LA ROSE et DU ROSSIGNOL, d'une belle nuit, d'une belle journée et d'une belle vie, du bonheur, et des drames fragiles, faciles et inconsistants... Que la femme soit belle, que l'homme soit grand et généreux, que l'air autour d'eux soit pur et sans danger, que les eaux soient bleues et tièdes comme les cieux, que la terre soit fleurie sous le pas léger du couple, que le destin lui laisse le temps de voir chaque feuille sur les arbres, chaque insecte sur son brin d'herbe, chaque mouvement du coeur, de la pensée... Mais la vie me tient par le poignet et je tombe, je tombe, comme si j'avais une pierre au cou, jusqu'au fond de la réalité.

Une de ses grand-mères n'était pas très catholique et bien que Français de naissance, de coeur, de culture et de carte d'identité, il portait un nom polonais. Il remplissait ainsi assez bien les conditions requises pour avoir des ennuis, aussi avait-il choisi de rester au sud de la ligne de démarcation, côté du moindre mal. Il avait été assez perspicace pour s'y faire démobiliser, comme il l'avait été en fichant le camp et évitant de se faire faire prisonnier, pendant que les copains confiants dans la mansuétude du gracieux vainqueur se laissaient prendre, croyant ainsi couper court aux embêtements de la guerre. Pour quelqu'un qui ne s'était jamais occupé que de peinture, Alexis Slavsky avait, somme toute, fait un assez bon calcul, il n'avait pourtant été aidé là-dedans que par la représentation qu'il avait des hommes en général...

Alexis Slavsky, artiste peintre, était Français à la deuxième génération, croisement du sang bleu d'un nobliau polonais et du sang vermeil d'une belle Juive russe, qui étaient venus à Paris, voilà un siècle, pour mieux dilapider leurs fortunes conjuguées, produits de la terre et de la finance. Ils avaient mené grand train entre le monde, le demi-monde, les gens des arts et du théâtre. Après la mort des grands-parents d'Alexis, les moyens d'existence de son père s'étaient trouvés nuls. Le petit hôtel particulier du Faubourg Saint-Honoré vendu aux enchères, il ne lui restait pour toute fortune que le portrait en pied, grandeur nature, de la belle Esther, grand-mère d'Alexis, peint par son mari.



> Exercices et consignes d'écriture.



À partir des mots mis en majuscules et tirés de l'extrait de texte ci-avant, construire des synecdoques ; trouver le détail du mot en majuscule, ou au contraire trouver le mot généralisant. Par exemple, avec « ses deux mains », une des synecdoques correspondantes pourrait être : « ses dix doigts ».

Le but de cet exercice n'est pas de construire de belles et originales synecdoques (bien que la chance du débutant puisse jouer en faveur du candidat à la synecdoque), mais bien de s'entraîner à chercher le détail qui signifie le général (ou au contraire, le plus qui signifie le moins), le moins qui veut dire le plus (qualitativement aussi bien que quantitativement), la signification particulière à un mot, qui dans le sens propre a une signification plus générale.

Puis construire des phrases en utilisant les deux sens du mot utilisé pour former la synecdoque (la signification particulière et la signification plus générale). Par exemple, avec « ses dix doigts », cela pourrait donner ceci : « elle retira lentement ses dix doigts de ses gants qu'elle roula en boule dans sa main gauche et avec le bout du doigt de sa main droite elle caressa le contour de ses lèvres, ce qui le fit tressaillir de surprise ».



Et maintenant...

À vous de jouer - et d'écrire,

À vos claviers, plumes et stylos !



Bibliographie :



> BOURDEREAU Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis de français : langue et littérature. Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 34.



> DUBOIS Jean, GIACOMO Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage. Paris, Larousse, p. 464.



> Le Grand Robert de la langue française, 2001, 2e éd. 6 vol., t. 4, p. 1424, t. 6, p. 937.



> GREVISSE Maurice, 1993. Le bon usage : grammaire française. Paris, Duculot. 13éd., p. 263.



> LITTRÉ Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire de la langue française. Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1 supplément, t. 6, p. 6155.



> Le Petit Robert des noms propres, 2007.



> PEYROUTET Claude, 1994. Style et rhétorique. Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 62.



> REY Alain (dir.), 1994. Dictionnaire historique de la langue française. Paris, Le Robert. 2 vol., p. 2066.



> THERON Michel, [199-?]. 99 réponses sur les procédés de style. Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches 37, 48.



> TRIOLET Elsa. Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelles. Genève : Éditions Édito-Service, 1967. 371 p. (Collection Le Club des grands prix littéraires).



Contact : numencegalerielitteraire@gmail.com



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