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ateliers d'écriture et publication
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« Il
n'y a pas seulement la moindre espérance de vous apprendre qu'elle
vous aime : toutes ses actions, toute sa conduite, tous ses
soins, toute sa tristesse, vous le disent assez. »1
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L'ACCUMULATION
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L'accumulation
est une énumération des détails d'une description ou d'une
argumentation, qui crée un effet de profusion : « Ils
entendent tes cris,
tes plaintes,
les injures
dont tu m'accables » (Œuvres complètes (1818),
de Jean-François Marmontel). C'est un procédé de développement et
de description d'une pensée ou d'une idée, consistant en la
répétition de mots ou de groupes de mots appartenant à un
même champ lexical, en la réunion d'un grand nombre de détails qui
développent l'idée principale, dans une même phrase et un même
mouvement oratoire : « Français,
Anglais,
Lorrains,
que la fureur rassemble » (La Henriade (1723), de
Voltaire).
C'est
aussi une figure de rhétorique par laquelle on accumule dans une
période (phrase complexe d'une certaine ampleur dont les membres
composants forment une unité rythmique et donnent une impression
d'équilibre) un grand nombre de détails qui développent l'idée
principale et la rendent plus frappante.
Lorsque
l'on est en présence d'une accumulation d'arguments défendant
la même thèse, ou d'une accumulation de figures de style
utilisées en vue de frapper l'imagination, on parle de conglobation.
Dans le cas de la conglobation, l'énumération rapide et serrée des
parties d'un objet ou des conséquences d'un fait, et l'enchaînement
qui lie alors les idées, produisent un effet de solidité et de
consistance que le nom de la figure exprime : « Cet
homme est malhonnête : il a volé, il a menti, il a triché, il
a tué plusieurs personnes, il en a blessé beaucoup d'autres, il
mérite de mourir ; il ne
nous reste plus qu'à le condamner à
mort ».
Attention
à ne pas confondre « l'énumération » en tant que
procédé consistant en l'addition (ou l'adjonction) de mots
appartenant à une même catégorie lexicale et qui crée un effet de
profusion : « Nos
enfants, nos
amis, nos
voisins, tout le monde nous voit
faire mauvais ménage » (Œuvres complètes
(1818), de Jean-François Marmontel), avec « l'énumération
des parties », qui est une figure de rhétorique par laquelle
on recense toutes les circonstances d'un fait, d'une action ; où
l'on récapitule toutes les preuves contenues dans l'argumentation,
avant la conclusion et l'achèvement du discours : la
péroraison.
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ÉNUMÉRATION
DES PARTIES ET ÉNUMÉRATION
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L'énumération
des parties est une figure de rhétorique, qui consiste à énoncer
successivement les diverses parties d'un tout, les principales
circonstances d'un fait, à décomposer une idée générale et à
développer toutes les idées particulières qu'elle renferme. Pour
que l'énumération soit irréprochable, il faut qu'elle soit
annoncée, c'est-à-dire qu'elle débute par l'idée générale, puis
qu'elle soit suivie, c'est-à-dire sans digression, et enfin qu'elle
soit complète et terminée, c'est-à-dire que la conclusion ramène
l'idée générale.
En
poésie, l'énumération des parties peut constituer une
amplification spécifique : l'amplification poétique et
oratoire :
« Tes
yeux ne sont-ils pas tout plein de sa grandeur !
Ces
flambeaux, ce
bûcher, cette
nuit enflammée,
Ces
aigles, ces
faisceaux, ce
peuple, cette
armée,
Cette
foule de rois, ces
consuls, ce
sénat,
Qui
tous de mon amant empruntaient leur éclat ;
Cette
pourpre, cet
or, que rehaussait sa gloire,
Et
ces lauriers
encor témoins de sa victoire ;
Tous
ces yeux qu'on voyait venir de toutes parts
Confondre
sur lui seul leurs avides regards ;
Ce
port majestueux, cette
douce présence ;
Ciel !
avec quel respect et quelle complaisance
Tous
les cœurs en secret l'assuraient de leur foi »
(Bérénice
(1670), de Jean Racine).
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LES
AMPLIFICATIONS
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Comme
figure de rhétorique, l'amplification désigne une manière
de parler qui agrandit les objets ou qui les diminue ;
par amplification dite « directe », on obtient une
hyperbole, par amplification « indirecte ou atténuante »,
on obtient une litote. L'orateur qui accuse, pratique volontiers
l'exagération et il utilisera plutôt l'amplification hyperbolique,
tandis que l'amplification atténuante sera utilisée par le
défenseur. Parmi les auteurs dramatiques, on constate que Pierre
Corneille dans Le Cid (1636) ou dans Horace (1640),
pratique davantage l'amplification qui exagère, tandis que Jean
Racine dans Phèdre (1677), excelle dans l'amplification qui
atténue.
Dans
le langage ordinaire en France et au XIXe siècle,
l'amplification n'est plus une simple figure de rhétorique,
mais le développement complet d'une pensée, l'exécution
entière d'un tableau, le récit détaillé d'un événement, la
description d'un objet, d'une scène sous tous leurs aspects. La
pensée utilise alors toutes les figures de style à sa portée pour
détailler, pour développer, pour exprimer l'image ou l'idée de la
manière la plus complète ou la plus vivante qui soit.
Il
y avait chez les anciens auteurs grecs et latins, une sorte
particulière d'amplification, inventée par les rhéteurs pour
préparer les jeunes gens à l'improvisation oratoire : la
déclamation, ou l'amplification oratoire. Celle-ci ne désigne
pas seulement l'application des procédés ordinaires de
l'amplification à toutes les parties du discours, surtout à la
confirmation et à la péroraison ; elle désigne spécialement
les développements et les preuves supplémentaires que donne
l'orateur quand le sujet paraît achevé, lorsque la cause semble
gagnée et la démonstration complète.
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Note
1.
Extrait de : Lettre
au comte de Grignan,
Paris, vendredi 15 août 1670,
dans : Lettres
choisies de madame de Sévigné,
Paris, L. Hachette, 1870, p. 50.
Grignan
est un chef-lieu de canton de la Drôme, en Rhône-Alpes, dont le
comte épousa en 1669
la fille de la marquise de Sévigné ; ce fut aussi
à Grignan que mourut
en 1696
et fut enterrée madame de
Sévigné (Marie de
Rabutin-Chantal, marquise de, née en 1626).
Épistolière
française très cultivée, enjouée et douée pour la vie mondaine,
Marie de Rabutin-Chantal avait épousé en 1644
le marquis de Sévigné, qui fut tué en duel en 1651.
Veuve à vingt-cinq ans, elle entrecoupa sa vie retirée aux Rochers
en Bretagne, de séjours à Paris où elle fréquentait la cour et
des salons comme celui de madame de La Fayette. On
lui doit une vaste correspondance ; ces Lettres
seront éditées en 1726
après sa mort,
et seront considérées par Marcel Proust comme de véritables
chefs-d’œuvre.
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Consigne :
trouver une énumération
d'adjectifs, ou une énumération de noms, qui serviront à annoncer
une nouvelle vraiment extraordinaire.
Cela
pourrait donner cette lettre datée du lundi 15 décembre
1670, écrite par madame de Sévigné à Coulanges (Emmanuel
de Coulanges était le cousin germain de madame de Sévigné, et ce
jour-là, il était à Lyon avec sa femme chez l'intendant [de
Flandre] Du Gué-Bagnols, son beau-père).
Cette lettre est extraite
de :
Lettres
choisies de madame de Sévigné,
Paris, L. Hachette, 1870, pp. 52-53 :
« Je
m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus
surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse,
la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus
inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire,
la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande,
la plus petite, la plus rare, la plus commune,
la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui,
la plus brillante, la plus digne d'envie : enfin
une chose dont on ne trouve qu'un exemple dans les siècles passés,
encore cet exemple n'est-il pas juste ; une chose que l'on ne
peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon) ;
une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une
chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive ; une
chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront
avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche et qui ne sera
peut-être pas faite lundi.
Je
ne puis me résoudre à la dire ; devinez-la : je vous le
donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien !
il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au
Louvre, devinez qui ? je vous le donne en quatre, je vous le
donne en dix, je vous le donne en cent.
Madame
de Coulanges dit :
-
Voilà qui est bien difficile à deviner ; c'est Mme de la
Vallière.
-
Point du tout, Madame.
-
C'est donc Mlle de Retz ?
-
Point du tout, vous êtes bien provinciale.
-
Vraiment nous sommes bien bêtes, dites-vous, c'est Mlle Colbert.
-
Encore moins.
-
C'est assurément Mlle de Créquy.
-
Vous n'y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire : il
épouse, dimanche, au Louvre, avec la permission du Roi,
Mademoiselle, Mademoiselle de... Mademoiselle..., devinez le nom :
il épouse Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi
jurée ! Mademoiselle, la grande Mademoiselle ;
Mademoiselle, fille de feu Monsieur [Gaston duc d'Orléans, frère de
Louis XIII, mort en 1660] ; Mademoiselle, petite-fille de Henri
IV ; Mademoiselle d'Eu, Mademoiselle de Dombes, Mademoiselle de
Montpensier, Mademoiselle d'Orléans ; Mademoiselle, cousine
germaine du Roi ; Mademoiselle, destinée au trône ;
Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur.
Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors
de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux,
qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est
bien fade à imaginer ; si enfin vous nous dites des injures :
nous trouverons que vous avez raison ; nous en avons fait autant
que vous.
Adieu :
les lettres qui seront portées par cet ordinaire [un gentilhomme
ordinaire du roi chargé de porter ses ordres et ses volontés aux
parlements et aux provinces, nommé plus simplement « un
ordinaire »] vous feront voir si nous disons vrai ou non. »
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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Bibliographie
→
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p. 6,
109 et 182.
→
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t. 1,
p. 107 et 475,
t. 2, p. 444, t. 3, p. 40.
→
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
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mail :
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