mercredi 28 septembre 2016

Échos : le vers échoïque ou le vers en écho, les vers couronnés et la question-écho (atelier d'écriture mensuel de La Publiance)


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L a – P U B L i a n c e
ateliers d'écriture et publication
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« Non, je ne saurais plus, souffrant dans le mystère,
Taire
L'irrésistible amour qui me va tourmentant
Tant.
O fille incomparable, objet de mon occulte
Culte,
O cœur naïf et pur, dont le printemps fleuri
Rit,
Écoute un peu celui qui, depuis ton baptême,
T'aime
Et qui, s'il ne t'émeut, va mourir, le pauvret,
Vrai! »1
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ÉCHOS
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Dans le langage courant, le nom masculin « écho » signifie « son ou bruit répercuté ».
En linguistique, l'écho est une figure de style basée sur la répétition phonique, la répétition d'un même son dans un poème ou dans une phrase, de manière à produire l'effet d'un écho : « De chez toi, on voit dans un cadre champêtre, paître une multitude de bétail : des moutons, des buffles, chevaux, veaux et génisses au long flanc, à la luisante corne, qu'orne la guirlande de fleurs qui, comme un long serpent, pend. Ici, le rocher noir, d'où la source s'épanche, penche sur le val, nourrissant lianes, sauvageons, joncs. La cascade au loin fume, et la roche moussue, sue, se couvrant d'une gaze humide et d'un rideau..., d'eau. »
On peut rencontrer des échos en prose ou en poésie, sous forme de question (la question-écho), de vers en écho (ou vers échoïque), et de vers couronné.
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LA QUESTION-ÉCHO
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En linguistique, la question-écho est une question qui a la même forme syntaxique que l'affirmation qui la précède :
« Il est parti hier, lui confia-t-elle à voix basse.
- Il est parti hier ?
Il semblait abasourdi.
- Nous ne le reverrons pas de sitôt.
- Nous ne le reverrons pas de sitôt ? reprirent-ils tous en chœur.
Ils réalisaient difficilement ce qu'il se passait ; ils se demandaient comment ils allaient faire sans lui. Ils s'aperçurent bientôt qu'il ne leur était pas indispensable, et ils en conclurent qu'ils allaient pouvoir facilement se passer de lui. »
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LE VERS EN ÉCHO
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En poétique, un vers-écho est la reprise d'une rime (qui donne une impression de réponse ou de correspondance) sur le vers suivant, ce vers étant formé d'un seul mot homophone, qui a le même son : « Nous t'édifierons un tombeau / Beau » (La Chasse du Burgrave, dans : Odes et ballades (1822-1828), de Victor Hugo).
Un vers-écho est une espèce de vers dont la dernière syllabe (ou les deux dernières syllabes) se répète et ajoute au sens qu'elle complète ; cette dernière syllabe répétée est comptée comme un vers :
« Question du financier :
A*** ma tendresse ardente, oh ! ne sois pas rebelle,
Belle,
Et que ton cœur s'accorde avec ce que mon vœu
Veut !
Devant tes dix-huit ans, mon genou, qui supplie,
Plie
Comme il plierait devant les miséricordieux
Dieux.
Veux-tu nous enlacer tous deux d'une prochaine
Chaîne ?
Veux-tu prendre ma main et partager mon nom ?
Réponse de la bergère :
Non. »
(Le Financier et la bergère, dans Colifichets : jeux de rimes (1860), d'Amédée Pommier)
« L'on voit des commis
Mis
Comme des princes
Qui jadis sont venus
Nus
De leur province »
(Charles-François Panard2)
Déjà présent dans les littératures anciennes, grecque et latine, le vers-écho, ou encore vers échoïque, ou bien « vers en écho », est fréquemment utilisé dans la poésie française à partir du XVIe siècle :
« Qu'est-ce enfin du plus grand monarque terrien ?
Rien. »
(Quatrains contenant préceptes (1574), de Guy du Faur, seigneur de Pibrac)
« Qui est l'auteur de ces maux advenus ?
Vénus.
Comment en sont tous mes sens devenus ?
Nus.
Qu'étais-je avant d'entrer en ce passage ?
Sage.
Et maintenant que sens-je en mon courage ?
Rage.
Qu'est-ce qu'aimer et s'en plaindre souvent ?
Vent. »
(Les Mémoires (1582) de messire Martin du Bellay)
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LE VERS COURONNÉ
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Lorsque les syllabes en écho font partie du même vers, celui-ci s'appelle un « vers couronné » :
« La blanche colombelle belle
Souvent je vois priant, criant ;
Mais dessous la cordelle d'elle
Me jette un œil friand, riant,
Et me consommant, et sommant,
À douleur qui ma face efface :
Dont suis le réclamant amant,
Qui pour l'outrepasse trépasse. »
(Chanson III, dans le recueil l'Adolescence clémentine (1532), de Clément Marot)
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Notes
1. Extrait de : Le financier et la bergère : idylle, dans : Colifichets : jeux de rimes, de Victor-Louis-Amédée Pommier (Paris, Garnier frères, 1860). Poète français (1804-1877) mêlé au mouvement romantique, il obtint un prix d'éloquence en 1849, plusieurs prix de poésie de l'Académie française (1847-1848-1849), et aux Jeux floraux (concours poétique annuel institué à Toulouse en 1323, et qui subsiste encore aujourd'hui en couronnant des œuvres poétiques en langue française et en occitan, ainsi que des œuvres concernant l'histoire méridionale) ; il collabora à plusieurs revues (l'Univers, la Revue des deux mondes, etc.), et il est l'auteur de : Premières armes (1832), Océanides et fantaisies (1839), Crâneries et dettes du cœur (1842), etc.
2. Charles-François Panard était un chansonnier français (1694-1765) plein d'esprit et de gaieté, qui écrivit pour l'Opéra-Comique, le Théâtre de la Foire, etc., et qui fut l'un des plus illustres représentants de la chanson bachique ; une chanson bachique est une chanson de table où l'on fait l'éloge du vin, en rapport à Bacchus, autre appellation de Dionysos, le dieu grec de la vigne, du vin et du délire extatique. Surnommé le « La Fontaine du vaudeville » par Jean-François Marmontel (auteur des Éléments de littérature (1787) dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert), Charles-François Panard est l'auteur de plus de quatre-vingts pièces.
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Consigne : faire une liste de plusieurs noms géographiques, puis trouver pour chacun un (ou plusieurs) terme-s homophone-s (verbe, adjectif, nom commun, etc.) ; enfin, utiliser ces noms propres et leurs homophones pour composer un poème de vers en échos.
Avec : La Rochelle (en Charente-Maritime) et Chelles (en Seine-et-Marne), Pau et un drapeau, Grasse et la grâce, Navarrenx (dans les Pyrénées-Atlantiques) et Reims, Carcassonne et le verbe « sonner », la nuit et Nuits (région de grands crus de vins en Côte-d'Or), la région la Provence et la ville de Vence, Foix (dans l'Ariège) et une fois (dans « une fois de plus »), une dune et « d'une », la mer et l'amer ;
Cela pourrait donner cet extrait d'un poème d'Amédée Pommier, intitulé Le Voyageur : poème géographique, dans Colifichets : jeux de rimes :
« J'ai visité, de plus, Perpignan, La Rochelle,
Chelles,
Bayonne sur son fort portant notre drapeau,
Pau,
Arles où le beau sexe est fameux par sa grâce.
Grasse,
Narbonne, Montpellier, Lodève, Navarrenx,
Reims,
Pézenas, dont le nom moins bien que Carcassonne
Sonne,
Dijon où j'ai passé quatre jours et trois nuits,
Nuits,
Amiens, Sedan, Toulon, l'orgueil de la Provence,
Vence,
Gex, Ham, Gray, Meung, Luz, Apt,Vaux, Thiers et plusieurs fois
Foix,
Sans compter Tours, Meaux, Brest, Dieppe, où, du sommet d'une
Dune,
Pour la première fois j'ai vu ton flot amer,
Mer ! »
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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Bibliographie
Le Grand Robert de la langue française, 2ème édition, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2001, 6 vol., t. 2, p. 1807.
LITTRÉ (Paul-Émile), Dictionnaire de la langue française, nouvelle édition, Chicago, Encyclopædia Britannica Inc., 1991 (réimpression de l'édition de 1880), 6 vol. + 1 supplément, t. 2, p. 1899.
Le Petit Robert des noms propres, nouvelle édition refondue et augmentée, 2007.
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