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L
a - P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n - l i g n e . . .
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Atelier d'écriture n° 2
Biographie,
autobiographie : la part de projection, la part d'interprétation, la
part du vrai et du faux
« L'autobiographie,
qui paraît au premier abord le plus sincère de tous les genres, en
est peut-être le plus faux. »
Extrait
de : Flaubert
(p. 82) d'Albert Thibaudet (1874-1936), critique littéraire
français, auteur d'une Histoire
de la littérature française de 1789 à nos jours (1936).
L'autobiographie
est le récit qu'un « je »
fait de sa propre existence : le narrateur (celui qui raconte) est le
même que le personnage principal et que l'auteur (celui qui signe
l'ouvrage).
Dès
lors que ces trois entités se confondent dans un même récit,
comment faire la part du vrai et du faux, comment rendre compte ou
comment ne pas rendre compte des projections de l'auteur (par exemple
dans des surajouts de caractérisation ou par des caractérisations
fictives), et enfin est-il possible - est-ce seulement souhaitable ?
- de faire la part entre l'interprétation et le fait réel ? Dans le
retour en arrière et le retour sur soi, rien n'est plus mouvant et
faillible que le souvenir, c'est ce qui rend l'exercice de
l'autobiographie si périlleux. L'exercice peut alors devenir étude,
le jeu devient travail, le je devient actif.
« Pour
moi chaque voyage important amorce une mue en profondeur. Alain
Bosquet [écrivain français,
1919-1998] a senti cela quand il a écrit que chez moi
l'autobiologie prenait le pas sur l'autobiographie. »
Extrait
de : Le
Vent Paraclet
[autobiographie intellectuelle autant qu'« essai d'esthétique
littéraire »] (p. 269) de Michel
Tournier
(1924-) auteur de Vendredi
ou les Limbes du Pacifique,
prix Goncourt en 1970 avec Le
Roi des aulnes.
La
perspective rétrospective du récit et l'identité entre l'auteur,
le narrateur et le personnage principal sont les deux marques qui
permettent d'opposer l'autobiographie aux genres qui lui sont proches
: la biographie
(le personnage est réel et différencié du narrateur qui adopte le
rôle de critique), le roman
autobiographique
(le héros peut ne pas être le narrateur), l'essai
(la linéarité chronologique n'est pas respectée), le journal
intime
(le récit qui peut se faire au jour le jour ou d'une manière
discontinue, suppose la confidentialité), les mémoires
(dans cette rencontre d'un sujet avec l'Histoire, l'accent est
davantage mis sur le récit des événements historiques que sur ceux
de la vie individuelle).
« Les
nouvelles lettres de Balzac offrent, ce me semble, un vif intérêt ;
avec beaucoup de détails autobiographiques, on y trouvera de curieux
renseignements sur une foule d'écrivains français ou étrangers. »
Extrait
de l'avertissement de : Lettres
inédites de Balzac
(p. 6) de Philippe
Tamizey
de
Larroque
(historien,
érudit et éditeur, 1828-1898),
publié à Paris en 1873.
Le
nom féminin biographie,
attesté en 1721, est directement emprunté au grec tardif biographia
(vers 500), tout comme l'anglais biography.
Le mot désigne le fait d'écrire une vie et le récit d'une vie, un
ouvrage portant sur la vie d'une personne et le genre littéraire que
constitue ce type de récit. Ce genre, qui existe depuis l'antiquité
gréco-latine (Suétone, biographe latin, 70-128, auteur des Vies
des douze Césars
et du De
viris illustribus),
Plutarque (biographe et moraliste grec, 46 ou 49-125, auteur de Vies
parallèles,
et de Œuvres
morales),
est illustré en France d'abord par les vies de saints, et depuis la
Renaissance, d'artistes, de savants, de personnages historiques.
Dénommé
en Angleterre vers la fin du XVIIe
siècle avec Biography
(1683) de John Dryden (auteur dramatique et essayiste anglais,
1631-1700) et en français au XVIIIe
siècle,
le genre devient encyclopédique et universel au XIXe
siècle (1811, début de la Biographie
universelle ancienne et moderne
de Louis Gabriel Michaud, 1773-1858) en même temps que l'intérêt
se porte moins sur la rhétorique sociale et plus sur l'individu,
avec le romantisme.
Le
nom féminin autobiographie
semble emprunté à l'anglais ; il apparaît au sens actuel dans un
texte écrit en 1809 par Robert Southey (poète britannique,
1774-1843). Le mot a signifié aussi en français « biographie
manuscrite »,
sens rapidement disparu.
La
valeur moderne, illustrée dès le XVIIIe
siècle par les Confessions
de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), se développe avec le
romantisme. De nos jours, le genre est commenté dans la mesure où
il met en cause le rapport de l'énonciateur à son énoncé, du
narrateur au récit.
L'autobiographe
est uni à son lecteur par un « pacte
autobiographique »
(la formule est de Philippe Lejeune, 1938-) qui consiste à affirmer
que l'auteur est le héros de son récit. Dans le cas des Confessions
(1770), ce pacte se double de la promesse de dire toute la vérité
même si, dans Les
Rêveries du promeneur solitaire
(1778), Rousseau avoue avoir comblé les défauts de sa mémoire par
l'imagination et avoir embelli certains événements de sa vie.
Plusieurs
raisons poussent les écrivains à raconter l'histoire de leur vie :
pour Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), qui fait dépendre son
existence de la vérité, il s'agit de répondre aux accusations de
ses ennemis en présentant sa défense devant le tribunal de ses
lecteurs et celui de Dieu. Pour Ernest Renan (1823-1892), il faut
« transmettre aux autres la théorie de l'univers que l'on
porte en soi »,
comme il l'affirme dans la préface des Souvenirs
d'enfance et de jeunesse.
D'autres avouent vouloir mieux se connaître en explorant avec
nostalgie leur passé : par l'écriture, ils font revivre des êtres
et des moments à jamais disparus. Mais le passé peut faire l'objet
d'un regard critique, afin de chercher à expliquer la formation
d'une personnalité et d'une vocation ; c'est l'attitude que
Jean-Paul Sartre (1905-1980) adopte dans Les
Mots
: « Pas de promiscuité
surtout ; je tiens mon passé à distance. »
Nous
cherchons partout le moi, alors qu'au fond l'art ne commence que
quand le moi finit. Là précisément, très souvent, est l'essentiel
du style. Mais il est difficile d'admettre l'abstraction du texte, de
ne pas faire sur lui des projections empathiques, sentimentales,
émotionnelles ; Il est difficile de ne pas chercher l'humain.
Consigne
: décrire l'état émotionnel dans lequel on est ou par lequel on
vient de passer. Cela peut être la tristesse, ou la joie, la
satisfaction, la mélancolie, l'inquiétude, le stress, le bonheur,
l'incertitude, etc. Puis décrire un souvenir précis, un fait auquel
on a assisté, quelque chose qui nous est arrivé, une image du
passé, sans rapport avec l'état émotionnel décrit précédemment.
Enfin relier les deux descriptions par deux ou trois phrases dans une
relation de cause à effet ou d'empathie, comme si les deux réalités
avaient été réellement liées. Puis nommer l'émotion réellement
vécue et utiliser « En
réalité »
dans la phrase de fin. Utiliser le « je »
tout le long du récit.
Par
exemple, avec la satisfaction comme état émotionnel, et comme
souvenir, la scène d'une altercation entre deux personnes.
La
satisfaction.
Il
est 18 heures, je prends mon manteau et mon sac de sport, je ferme la
porte du bureau à clé, je dévale les escaliers deux par deux et je
me retrouve dans la rue bondée, assaillie par les klaxons rageurs
des voitures immobilisées par une camionnette de livraison. Quelle
idée de faire ses livraisons en fin d'après-midi, pile à la sortie
des bureaux ! Je souris car je suis à pied, donc pas d'embouteillage
pour moi. De plus, ma journée au travail a été extrêmement
fructueuse : trois contrats bouclés en moins de six heures. C'est un
record, que je compte fêter au restaurant avec mon voisin de palier.
Je l'appelle, il est d'accord, on convient de se retrouver à vingt
heures au restaurant Le Célestin.
Je range mon portable dans mon sac et j'allonge mon pas. Je me sens
légère, aérienne, euphorique, prête pour une heure de fitness. Je
suis entièrement satisfaite, satisfaite de moi, satisfaite de mon
travail, satisfaite de ma vie.
Le
souvenir.
Il
y a quelques jours, j'étais en bas d'un immeuble devant
l'interphone, et je cherchais l'étage du bureau de l'organisme où
je devais me rendre. Rez-de-chaussée. J'ai sonné, la porte s'est
entrouverte et je suis entrée. En arrivant devant la porte en bois
massif avec à droite la sonnette et son petit macaron au logo de
l'organisme, j'ai entendu une violente dispute retentir dans
l'escalier, à l'étage au-dessus. « Je n'irai pas »
criait la femme, « Tu es obligée » hurlait l'homme,
« Jamais de la vie, plutôt mourir » gémissait la femme,
« Il ne t'arrivera rien, je t'assure » clamait l'homme,
« Non, jamais de la vie » piaillait la femme en répétant
toujours la même chose. « Tu vas y aller, ou bien... »
grondait l'homme, « Ne me force pas, tu n'as pas le droit... »
s'exclamait la femme. Je me suis immobilisée devant la porte durant
quelques secondes, hésitante et incertaine, puis une petite fille
est arrivée dans le hall et j'ai poussé de toutes mes forces la
lourde porte de bois massif qui s'est aussitôt refermée sur la
petite fille qui regardait dans ma direction, et sur les cris
assourdis qui continuaient à résonner dans la cage d'escalier de
l'immeuble.
Le
lien entre la satisfaction et la dispute.
Je
suis très satisfaite de ne pas m'être retrouvée au milieu de cette
dispute, de ne pas avoir eu à monter un étage et de ne pas avoir eu
à traverser un espace rempli de cris, de hurlements et d'éclats de
voix.
L'émotion
réellement vécue.
En
réalité, j'ai débord été intriguée par la dispute, puis
curieuse car je ne comprenais pas quelle en était le sujet, puis
choquée et apeurée par l'agressivité et la violence qui se
dégageaient des voix. En réalité plusieurs émotions se sont
succédées en quelques secondes.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 86.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 1, p. 371.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 223.
>
THERON, Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche 15.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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