vendredi 4 janvier 2013

Les métamorphoses : atelier d'écriture de La Publiance n° 1


¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤



L a - P U B L i a n c e

atelier d'écriture et publication

. . . . . . . . . e n - l i g n e . . . . . . . . .



Atelier d'écriture n° 1



Les métamorphoses



« Maintenant tu habites à l'intérieur de l'arbre et tu as de longues racines qui sont enfouies dans la terre argileuse. C'est à cause des racines que tu ne peux pas bouger... C'est bon de boire l'eau de cette manière : tu la prends sans te presser avec tes pieds vaporeux, et elle monte le long de tes veines secrètes à l'intérieur de ton ventre. »

Extrait de : Le chemin, de Jean-Marie Gustave (J.-M. G.) Le Clézio (1940-).



Le nom féminin métamorphose est emprunté (1365) au latin metamorphosis (changement de forme), transcription du grec tardif metamorphôsis, dérivé de metamorphein (se transformer), de meta (au milieu de, parmi, avec, entre) et morphê (forme).

Le mot est relevé pour la première fois en français dans le titre des poèmes mythologiques d'Ovide (poète latin, 43 av. JC-18 ap. JC), Les Métamorphoses, qui relatent en 15 livres 246 fables de métamorphoses choisies dans le répertoire de la tradition grecque et dans les fables romaines. Plusieurs ouvrages antiques exposaient sous le même titre les transformations d'hommes en animaux, végétaux, sources et objets ; thème mythique, probablement universel, en tout cas commun à tout le monde indoeuropéen.



Toujours par référence au monde antique, métamorphose a pris le sens de changement d'une forme en une autre (1493). Au XVIIe siècle, le mot commence à se répandre, s'appliquant à un important changement survenant dans la fortune, le caractère de quelqu'un (1668) et à la transformation qu'éprouvent les substances par des causes naturelles (par exemple l'eau, élément liquide, qui se transforme en glace, élément solide, par l'action d'un froid intense). En ce sens, il est passé dans la terminologie zoologique (1736) où il pourrait aussi être dérivé du verbe se métamorphoser, appliqué aux phases de la vie des insectes.



Histoire du monde au cours de laquelle s'enchaînent des légendes de transformations de dieux ou d'hommes en animaux ou en plantes chez Ovide le poète latin, Les Métamorphoses est aussi un roman en 11 livres d'Apulée (écrivain latin, 125-170 ap. JC), à la fois satirique et mystique, où Lucius, changé en âne par une Thessalienne (la Thessalie est une région de la Grèce du nord, au sud de l'Olympe), va d'aventure en aventure, à travers divers milieux sociaux, en quête de la rose qui lui rendra forme humaine. François Rabelais (écrivain français, 1483-1553), Cervantès (écrivain espagnol, 1547-1616), Jean de La Fontaine (poète français, 1621-1695) y ont puisé leur inspiration ; Gérard de Nerval (écrivain français, 1808-1855) en a subi l'influence.



Comme Lucius transformé en âne dans le roman d'Apulée, l'écrivain latin, dans la nouvelle La Métamorphose de Franz Kafka (écrivain tchèque d'expression allemande, 1883-1924) Grégoire Samsa est peu à peu changé en une sorte d'énorme cancrelat, à l'épouvante et à la honte de sa famille. Dans La Belle et la Bête, conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (femme de lettres française, 1711-1780), Belle se sacrifie pour sauver son père, victime des sortilèges de la Bête, chimère à corps d'homme et à tête de lion, et elle gagne en retour l'amour de la Bête, qui se change en prince charmant.



Changement de forme, de nature ou de structure en une autre, la métamorphose est une transformation si considérable que l'être ou la chose qui en est l'objet n'est plus reconnaissable.



Émile Henriot, écrivain et critique littéraire français (1889-1961) écrivait dans sa Mythologie légère à propos de Neptune :

« On ne gouverne pas les eaux sans être soi-même fluide, mobile et changeant, et les métamorphoses de Neptune sont innombrables, tour à tour fleuve, bélier, cheval ou taureau, oiseau ou dauphin, selon la fantaisie, le besoin ou la circonstance. »



Consignes :



1. Décrire la transformation d'un être humain en une source d'eau de montagne. Commencer par décrire en quelques lignes une personne imaginaire selon ses caractéristiques physiques et ses caractéristiques de tempérament ou de caractère.

Puis, décrire en quelques lignes une source d'eau de montagne (qui sort d'un glacier, ou qui sort d'une colline recouverte d'herbe verte et de terriers de marmottes, qui sort jaillissante et qui devient rapidement une cascade, ou au contraire qui coule en mince filet au milieu des cailloux ou des fleurs, etc.).

Enfin relier les deux descriptions en décrivant en quelques lignes comment un être humain perd toutes les caractéristiques de sa condition humaine (sa respiration, la parole, la capacité de se mouvoir, de penser, de rire, etc.) et gagne toutes les caractéristiques de l'eau (la fluidité, la fraîcheur, la transparence, la vigueur, la puissance ou au contraire la discrétion, le mouvement continuel de l'onde, le bruit du passage de l'eau sur les cailloux en jaillissant comme une cascade ou au contraire en glissant en mince filet, etc.).



2. Décrire la transformation d'une rose (épines, tige et feuilles comprises, de la couleur de votre choix) en un animal de votre choix, domestique ou sauvage, volant, rampant, galopant, ou nageant, etc., comme un chat, un chien, un aigle, une mouette, un cheval, une fourmi, un lézard, etc.

Comme précédemment, commencer par décrire en quelques lignes la rose (sa couleur, si elle est éclose ou en bouton, sa taille, son parfum, la couleur et la texture de ses feuilles et de ses épines, est-ce une rose sauvage ou une rose d'élevage, croisée ou non avec d'autres espèces de rose, etc.).

Puis, décrire en quelques lignes l'animal choisi, pour finir par décrire en quelques lignes la métamorphose de la fleur en un animal.



Cela pourrait donner ceci, avec une rose blanche qui se métamorphose en lapin des neiges :



C'est la plus belle rose du jardin, la plus élégante, la plus grande, la plus blanche de toutes les roses blanches du jardin. Au printemps, elle s'élance par-dessus le massif, loin au-dessus des autres. Ses pétales sont larges et veloutés, aux bords ourlés, d'une couleur qui s'étire depuis le nacré légèrement rosé jusqu'au blanc le plus virginal, en passant par une blancheur de velours diaphane et délicate. Ses vastes pétales s'étagent en plusieurs couches et exhalent le jour comme la nuit, jusqu'à l'automne, un parfum entêtant, puissant et subtil. Sa haute et robuste tige s'orne de quelques épines, épaisses et pointues comme des griffes de chat, placées de-ci de-là parmi les bouquets de feuilles rondes, nervurées de vert foncé.



La métamorphose de la rose en lapin commence par ses feuilles et ses épines, qui tombent les unes après les autres, comme en un début d'automne. Sur la tige nue et grise poussent quelques pointes blanches. On dirait d'autres épines. Ce n'en est pas. Elles grossissent, elles s'allongent jusqu'à mesurer deux à trois dizaines de millimètres, puis elles se séparent, en deux, en quatre, à l'infini, jusqu'à former des centaines de filaments, fins et fournis comme des poils de lapin. C'en est. De la tige partent des branches qui poussent là où il n'y avait rien. Elles sont recouvertes de poils d'un blanc virginal. Elles se mettent à trembler et on s'aperçoit alors qu'il s'agit de pattes, deux pattes de lapin qui battent l'air, deux autres qui tapent le sol. Un museau frémissant blanc et rosé émerge du cœur des pétales fanés qui tombent en même temps que deux yeux rouges s'ouvrent de part et d'autre du petit nez tout frémissant. Deux longues oreilles ivoire se déplient au sommet d'une tête d'albâtre, au-dessus d'un corps rond et dodu, d'une douceur duveteuse. D'un coup de rein joyeux, le lapin s'élance dans une série de bonds excités, toutes racines oubliées.



C'est un lapin tout blanc, blanc comme le tapis de neige qui s'étend tout autour de lui, assis droit et tendu, en haut d'une colline. Pas un bruit. Le soleil luit dans le matin clair. L'air est comme gelé. Le bout du museau frémit, il a senti l'odeur d'un feu de bois qui s'échappe d'une cheminée au loin et dont on aperçoit un bout de fumée, quelques volutes qui tourbillonnent au-dessus d'arbres tous blanchis de neige. Les yeux rouges du lapin fixent un point au loin, en direction de la cabane. Ses moustaches longues et fines tressaillent, ses petits muscles se tendent, prêts au départ. Fausse alerte. Pour évacuer le stress, le lapin lisse son épaisse fourrure à coups de langue vigoureux, il grignote dans sa tignasse du bout de ses longues dents. Puis il lèche le bout de ses pattes d'un blanc de beurre frais, et se débarbouille la figure. Son pelage opalescent luit doucement sous le soleil. Au loin, la porte de la cabane grince en s'ouvrant. Le lapin disparaît avec la neige dans une blancheur immense et lactée, comme immaculée.



À vous de jouer,

À vos claviers, plumes et stylos !





Bibliographie :



> BERTAUD DU CHAZAUD, Henri, 1999. Dictionnaire de synonymes et contraires. Paris, Le Robert (Collection Les usuels), p. 722.



> Le Grand Robert de la langue française, 2001, 2e éd. 6 vol., t. 4, p. 1407.



> LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire de la langue française. Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1 supplément, t. 4, p. 3862.



> Le Petit Robert des noms propres, 2007.



> REY, Alain (dir.), 1994. Dictionnaire historique de la langue française. Paris, Le Robert. 2 vol., p. 1234.



Contact : numencegalerielitteraire@gmail.com



L a - P U B L i a n c e

atelier d'écriture et publication

. . . . . . . . . e n - l i g n e . . . . . . . . .



¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire