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L
a - P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n - l i g n e . . .
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Atelier d'écriture n° 4
Le
temps et la narration
De
la fiction à la narration
:
Le
texte
narratif
raconte une suite d'événements, réels ou imaginés, qui
constituent une fiction.
Le
passage
de la fiction à sa narration implique une grande maîtrise de
l'organisation interne du texte et des moyens stylistiques :
>
l'ordre
narratif
(structure linéaire ou non, avec moments forts, coups de théâtre
et ellipses ; commencer un récit avec une accroche, le finir sur un
dénouement ; enrichissement de la narration avec des descriptions,
des portraits, des dialogues et des réflexions),
>
quelles relations entretient le narrateur avec l'auteur et les
personnages ? Qui
raconte
? Dans les récits autobiographiques, le narrateur est à la fois
l'auteur et le héros du récit ; dans le récit de témoignage, le
narrateur est le héros et l'auteur n'est qu'un simple scribe ; dans
la plupart des récits où les pronoms il
et elle
prédominent, le narrateur est l'auteur, et ce dernier confie ses
réflexions en utilisant le pronom je
; lorsque le narrateur est l'un des personnages du récit, l'auteur
laisse la parole à ce personnage qui raconte de son point de vue,
>
la focalisation,
ou point de vue du narrateur, peut être large (c'est le point de vue
d'un narrateur omniprésent à qui rien n'échappe), fragmentaire
(c'est le point de vue d'un narrateur qui découvre graduellement les
choses), ou sélective (le narrateur livre une approche subjective),
>
les moyens
stylistiques
: le choix des mots (importance des verbes d'action et des adverbes
de temps, du vocabulaire de la caractérisation et du temps) ; les
écarts de style (utilisation fréquentes de métaphores et de
métonymies, emploi d'atténuations comme la litote, le style
dépouillé, l'hyperbole) ; les combinaisons de mots et les phrases
(emploi de phrases courtes ou longues, simples, composées ou
complexes, qu'il faut adapter à la situation ; utilisation fréquente
de l'ellipse).
Qu'est-ce
que la narration
?
Le
texte narratif relate des faits
situés dans le temps. Ordre des événements, moment et durée de
l'action déterminent le temps de l'histoire. Le récit se déploie
dans des mots, des phrases, des chapitres qui constituent le temps de
la narration. Le rapport entre ces deux temps, le temps
de l'histoire
et le temps
de la narration,
révèle les choix du narrateur. Le narrateur peut envisager quatre
chronologies différentes :
>
la narration ultérieure,
qui situe le récit dans le passé (c'est le cas le plus fréquent,
on parle de récit rétrospectif). La distance entre le moment de
l'histoire et celui de la narration peut être très variable, de
quelques heures, ou quelques jours, à plusieurs années,
>
la narration antérieure,
qui situe le récit dans le futur (par exemple pour présenter des
prophéties ou des rêves prémonitoires),
>
la narration simultanée,
qui tend à se situer le plus près possible du déroulement des
événements de l'histoire. Par exemple, la première partie de
L'Étranger
d'Albert Camus (écrivain français, 1913-1960),
>
la narration intercalée,
faite entre les moments de l'action. Par exemple, le roman
épistolaire ou le journal intime.
Les
temps de la narration
:
>
le présent
est utilisé lorsque le narrateur se réfère au moment de
l'énonciation, ou lorsque l'histoire a lieu au moment où on la
raconte, et dans les dialogues ; on parle de présent
historique
(ou narratif)
lorsqu'on a l'impression que le fait, quoique passé, se produit au
moment où l'on parle,
>
le présent
historique
peut se trouver associé à un temps passé, soit que l'on passe de
celui-ci (le passé simple, par exemple) à celui-là pour donner au
récit une vivacité particulière (par exemple : « Il
me raconta
[passé
simple]
comment cela arriva. « Je
cours, je saute, je tombe mal, je me foule la cheville
[4 verbes
au présent], une histoire idiote
en somme ! »),
soit
que le présent exprime les faits essentiels et le passé
(l'imparfait notamment, conformément à son rôle habituel) les
descriptions, les faits accessoires, les explications (par exemple :
« Je REGARDAIS [imparfait
de description] avec inquiétude
les oiseaux qui PRENAIENT leur envol. Soudain, un chant semblable à
une harmonie céleste SORT
[présent historique qui exprime les faits essentiels] du
fond de la demeure ancestrale ; la voix SEMBLAIT s'élever puis
RETOMBAIT et RENAISSAIT mystérieusement. Je TREMBLE, je TOMBE à
terre et je COUVRE mon visage de mes mains »
: le chant
céleste
est tout d'abord au premier plan et le temps utilisé est le présent,
puis il passe au second plan et à l'imparfait (semblait,
retombait, renaissait),
tandis que le personnage qui était au second plan et à l'imparfait
(je regardais)
passe au premier plan de l'image et au présent (je
tremble, je tombe, je couvre),
>
l'imparfait
est utilisé pour l'évocation des arrières-plans, puisqu'il exprime
la durée, le non-accompli, le non-limité dans le temps, car c'est
un temps de nature descriptive, exemple : « Comme
le soir TOMBAIT, l'homme sombre arriva »
et non : « Comme le soir
tomba, l'homme sombre arriva »
; certains faits de peu antérieurs ou postérieurs à un fait passé
sont présentés comme simultanés
par rapport à ce dernier fait (le verbe à l'imparfait est
généralement accompagné d'un complément de temps), exemple :
« Nous SORTIONS à peine
qu'un orage éclata »
et non : « Nous sortîmes à
peine qu'un orage éclata »
ou « Nous étions à peine
sortis qu'un orage éclata »,
>
cependant, l'imparfait
narratif
ou historique,
au contraire de la valeur générale de l'imparfait, marque un fait
non répété qui a lieu à un moment précis du passé (indiqué par
un complément de temps), par exemple : « Tout
CHANGEAIT à huit heures avec l'arrivée de la marquise »,
ou bien : « Un quart
d'heure plus tard, il S'HABILLAIT et QUITTAIT sa chambre »,
>
si l'on introduit la référence
au locuteur (narrateur ou auteur), on oppose le monde actuel au monde
non-actuel par l'opposition présent versus imparfait. Exemple : « Je
CROIS bien
[présent du monde actuel] qu'il
FAISAIT beau ce jour-là
[imparfait du monde non-actuel] »,
>
le passé
simple
exprime une succession d'événements, il met en relief des actions
limitées dans le temps, sans considération du contact que ces
actions, en elles-mêmes ou par leurs conséquences, peuvent avoir
avec le présent ; il est souvent remplacé par le passé composé,
ou relayé par le présent de narration,
>
d'ordinaire, l'imparfait est subordonné
au passé simple, on dit par exemple : « Il
FAISAIT beau [imparfait
de la description],
et je SORTIS
[passé
simple de l'action] » ;
en inversant
la subordination, on obtient un mouvement d'intériorisation, de
remémoration des choses : la contemplation
l'emporte sur l'action ; par exemple : « Elle
FUT là
[le
passé simple de l'action remplace l'imparfait de la description],
et elle me DISAIT
[l'imparfait
de la description remplace le passé simple de l'action] que
je lui manquais, que je devais lui écrire plus souvent »
au lieu de : « Elle était
là [imparfait
de la description], et elle me
dit [passé
simple de l'action] que je lui
manquais, que je devais lui écrire plus souvent »,
>
quand il s'agit d'actions
multiples,
le passé simple les présente comme successives, c'est pourquoi il
convient particulièrement à la narration ; l'imparfait, au
contraire, les présente comme simultanées, comme formant un tableau
continu, c'est pourquoi il convient particulièrement à la
description dans le passé (combiné avec le passé simple, il fait
voir comme un fond de décor),
>
le passé
composé
exprime un fait passé par rapport au moment où l'on parle et
considéré comme achevé ; tantôt il s'oppose au passé simple,
parce qu'il s'agit d'un fait en contact avec le moment de la parole
(soit que ce fait ait eu lieu dans une période non encore
entièrement écoulée, soit qu'il ait eu des conséquences dans le
moment présent, et avec cette valeur, on pourrait dire que c'est un
présent accompli), par exemple : « Aujourd'hui
16 janvier, je SUIS PARTI [et
non : je partis] de Paris à huit
heures du matin »,
tantôt
il concurrence (spécialement dans la langue parlée) le passé
simple pour des faits sans rapport avec le moment de la parole, par
exemple : « Mon père était
un homme accablé de vertus. Sa vie s'EST PASSÉE
[et non : se passa] dans des
administrations sans gloire »,
extrait de : Mémoires
d'Hadrien
de Marguerite Yourcenar (romancière et essayiste française,
1903-1987, première femme entrée à l'Académie française, en
1980),
>
les mondes possibles seront traduits par le subjonctif ou le
conditionnel. Exemple : « Je
ne crois pas qu'il AIT
[subjonctif de avoir]
un beau sourire ».
Après si
conditionnel, on emploie obligatoirement le présent pour un fait
futur (le verbe principal étant, lui, au futur). Par exemple : « Je
TRAVAILLERAI
[futur de la proposition principale] pour
toi, SI
[conditionnel] tu me DONNES
[présent pour un fait futur] ce
que je DEMANDE »,
>
le conditionnel
présent marque un fait futur par rapport à un moment passé, par
exemple : « Rose,
interdite, considérait dans le cercle d'une lumière étroite, cette
ombre qui parlait. Que de fois REVIENDRAIT-elle en pensée vers ce
soir de septembre »,
extrait de : Chemins
de la mer
de François Mauriac (écrivain français, 1885-1970, entré à
l'Académie française en 1933, prix Nobel de littérature en 1952),
le
conditionnel présent peut aussi exprimer un fait conjectural ou
imaginaire, dans le futur (parfois dans le présent ou un futur si
proche qu'il est difficile de le distinguer du présent), exemple :
« N'étaient les
hirondelles qui chantent, on n'ENTENDRAIT rien »,
extrait de : Vers
Ispahan,
de Pierre Loti (écrivain français, 1850-1923, officier de marine
pendant 42 ans, entré à l'Académie française en 1891),
le
conditionnel passé exprime dans le passé les mêmes valeurs que le
conditionnel présent exprime dans le présent ou le futur, exemple :
« Hier à l'aube, je savais
qu'à dix heures, le bateau AURAIT SOMBRÉ »,
>
le subjonctif
indique que le locuteur (le narrateur, l'auteur ou le scripteur) ne
s'engage pas sur la réalité du fait, exemple : « Elle
cria : Qu'il REVIENNE un autre jour ! » ;
le subjonctif n'a pas de futur ; dans la langue parlée, et même
dans la langue écrite ordinaire, le subjonctif a trois
temps
: le présent, le passé et le passé surcomposé (le passé
surcomposé s'emploie lorsqu'on veut insister sur l'idée
d'achèvement), exemple avec blesser
: « Elle a peur qu'il
BLESSE quelqu'un »,
« Elle a eu peur qu'il SOIT
BLESSÉ »,
« Elle a eu peur qu'il AIT
ÉTÉ BLESSÉ »
;
dans
la langue écrite, et surtout dans la langue littéraire, le
subjonctif a quatre
temps
: le présent, le passé, l'imparfait et le plus-que-parfait ; leur
usage dans les propositions est régi par ce que l'on appelle la
concordance
des temps,
au sujet de laquelle Ferdinand Brunot (linguiste et grammairien
français, historien de la langue française, 1860-1938) eut cette
formule percutante dans : La
Pensée et la Langue,
« Ce n'est pas le temps
principal qui amène le temps de la subordonnée, c'est le sens. Le
chapitre de la concordance des temps se résume en une ligne : Il n'y
en a pas. »,
exemple avec partir
: « Qu'elle PARTE »,
« Qu'elle SOIT PARTIE »,
« Qu'elle PARTÎT »,
« Qu'elle FÛT PARTIE »,
l'imparfait
s'emploie quand le subjonctif exprime un fait qui est simultané
ou postérieur
par rapport au verbe principal ; le plus-que-parfait s'emploie quand
le subjonctif exprime un fait qui est antérieur
par rapport au verbe principal.
Consigne
:
Dans
le texte suivant, le narrateur raconte [c'est le temps de l'histoire]
qu'un professeur lit l'extrait d'un livre à ses élèves [c'est le
temps de la narration]. Le présent est utilisé pour l'énoncé de
l'histoire (raconte,
relate,
écrit,
demande,
répond)
:
Le
professeur raconte à ses élèves comment l'écrivain Pierre Magnan
relate l'approche de Séraphin Monge dans son récit intitulé : La
Maison assassinée. « Sans
plus réfléchir, Séraphin se porta [passé
simple d'une action limitée dans le temps]
en oblique vers le bosquet, par le plus long, comme s'il faisait
partie d'une patrouille. Il ne remua pas une herbe, pas une pierre.
Il arriva sous les branches du bouquet d'arbres avant que Marie, sous
le cyprès, ait pu faire un geste [subjonctif
qui traduit une action possible mais non réalisée].
Il écarta les feuillages. Parmi l'odeur des feuilles raides
écrasées, celle d'un homme achevait [l'imparfait
qui exprime la durée et qui décrit l'arrière-plan de l'action]
de s'y évaporer. Il vit une bauge, large, confortable. Quelqu'un
s'était mussé dans le chiendent, quelqu'un y avait longuement
séjourné, quelqu'un l'avait écouté. Il dévala au pas de course
le talus de la route. Elle était vide d'amont en aval, sauf un
camion qui amorçait le virage du canal avec un bruit de chaîne. Au
loin, à la gare de Lurs, tintait la cloche qui annonçait un train,
mais nulle part il n'y avait trace d'un homme. » Puis le
professeur demande à ses élèves qui voudrait bien lire la suite.
Personne ne répond.
La
consigne est de mettre au présent les verbes du texte précédent,
lorsque cela est possible ; puis de réécrire le texte en s'y
incluant, en utilisant le pronom je,
et en ajoutant des réflexions personnelles.
Avec
le début du texte, cela pourrait donner ceci :
Le
professeur raconte à ses élèves comment l'écrivain Pierre Magnan
relate l'approche de Séraphin Monge dans son récit intitulé : La
Maison assassinée. Je suis assis
sur une chaise en bois, à côté du professeur debout sur l'estrade,
et j'esquisse un sourire en coin. Ce matin-là, Séraphin s'est
réveillé [l'imparfait « s'était
réveillé », ou le passé composé, expriment l'antériorité
et l'action accomplie] de très
mauvais poil. Pierre Magnan écrit, et je peux confirmer
l'authenticité de son récit, car je me trouvais [l'imparfait
est obligatoire] aux côtés de
Séraphin ce jour-là, donc Pierre Magnan écrit que Séraphin, sans
plus réfléchir, se porte en oblique vers le bosquet, par le plus
long, comme s'il faisait partie d'une patrouille [l'imparfait
est nécessaire car il traduit un conditionnel].
Je reste immobile, caché derrière un gros rocher de calcaire blanc,
et je surveille les alentours. Séraphin ne remue pas une herbe, pas
une pierre. Il arrive sous les branches du bouquet d'arbres avant que
Marie, sous le cyprès, ait pu faire un geste [subjonctif
qui traduit une action possible mais non réalisée].
Etc.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 58.
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 478.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
>
GREVISSE, Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
p. 1247.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET, Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 114.
>
THERON, Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche 86.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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