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a - P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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Atelier d'écriture n° 10
La
synecdoque : « Voile à l'horizon ! » ou « Un
bateau à l'horizon » ?
La
synecdoque
est une espèce de métonymie ; c'est une figure de rhétorique par
laquelle on donne une signification particulière à un mot, qui dans
le sens propre a une signification plus générale.
Dans
la métonymie on prend un terme pour un autre (exemples : « boire
un verre »
au lieu de : « boire le
contenu du verre »,
« vivre de son travail »
au lieu de : « vivre de ce
qu'on gagne en travaillant »,
« ameuter la ville »
au lieu de : « ameuter les
habitants de la ville »),
au lieu que dans la synecdoque on prend le moins pour le plus, ou le
plus pour le moins (le tout pour la partie, ou la partie pour le
tout, le genre pour l'espèce, ou l'espèce pour le genre, la matière
pour l'objet, ou l'objet pour la matière, le singulier pour le
pluriel, ou le pluriel pour le singulier). Exemples : « une
voile à l'horizon »
pour « le bateau »,
« les flots »
pour « la mer »,
« l'airain »
pour « les canons »,
« les mortels »
pour
« les hommes »,
« un fer »
pour
« une épée »,
« des porcelaines de
Chine »
pour
« des récipients en
porcelaine de Chine »,
« l'ennemi »
pour
« les ennemis »,
« porter un castor »
pour
« porter une toque en
fourrure de castor »,
etc.
Les
deux termes de la synecdoque (celui qui est normalement attendu mais
qui n'apparaît pas, et celui qui se substitue au terme attendu) ont
un rapport de contiguïté et d'inclusion, car non seulement ils font
partie de la même isotopie (secteur du réel), mais l'un inclus
l'autre.
Le
mot féminin synecdoque
représente la réfection de sinodoche
(en
linguistique, la réfection
est la modification d'une forme linguistique populaire, issue de
l'évolution normale, d'après l'étymologie ; le XVIe
siècle a procédé à de nombreuses réfections de mots d'après le
latin ou le grec), emprunté au bas latin synecdoche,
repris du grec sunekdokhê
« compréhension
simultanée de plusieurs choses »,
lui-même dérivé de sunekdekhesthai
« se
rendre maître en même temps, comprendre à la fois »
verbe composé de sun
« avec, ensemble » et de ekdekhesthai
« recueillir
dans son esprit, saisir, comprendre »,
lui-même formé de ek-
(qui marque l'origine) et de dekhesthai
« recevoir »,
lequel se rattache à une importante racine indoeuropéenne exprimant
l'idée de conformation,
d'adaptation.
Résumé
étymologique
:
sun
(avec,
ensemble)
+ ekdekhesthai
(ek
(qui marque l'origine)
+ dekhesthai
(recevoir)
->
sunekdekhesthai
(se
rendre maître en même temps, comprendre à la fois)
->
sunekdokhê
(grec)
->
sinodoche
(1521)
->
synecdoche
(1690, forme latine)
->
synecdoque
(par réfection, 1730, César Chesneau Dumarsais (grammairien
français, 1676-1756).
L'emploi
de la synecdoque permet des descriptions réalistes, des portraits,
des récits en prose ou en poésie. La synecdoque correspond à une
perception du monde qui procède du particulier au général ou du
général au particulier. Le rapport sémantique entre les deux
termes ou les deux notions est un rapport d'inclusion : la partie
dans le tout, où le détail suggère l'ensemble, ou bien inversement
la partie par le tout.
On
parle de synecdoque particularisante (le détail suggère l'ensemble)
lorsqu'on effectue un zoom avant (impression de gros plan,
valorisation d'un élément), et de synecdoque généralisante (zoom
arrière, recul, éloignement, distanciation, généralisation).
Exemples : « Le buste
survit à la cité »
Théophile Gautier (1811-1872), où l'élément particulier « Le
buste »
remplace l'ensemble « sculpture »
; « Les plus fines
cravaches du monde entier vont s'entraîner là-bas »,
où l'élément particulier « cravaches »
remplace l'ensemble « les
jockeys ».
Inversement : « Il porte un
feutre »
est une synecdoque généralisante, où l'ensemble « feutre »
remplace l'élément particulier « chapeau ».
La
synecdoque est une figure non absolue, mais relative. Dire « le
bâtiment »
pour désigner une maison est une synecdoque généralisante, mais
dire « la maison »
pour désigner un chalet ou une cabane par exemple, est aussi une
synecdoque généralisante. Tout dépend des repères qui sont pris,
et du contexte, dont dépend toute valeur (linguistique et
sémantique). Cette dernière est constamment variable, un même mot
ayant toujours un nouveau sens dans un nouveau contexte.
Dans
le texte, la synecdoque traduit très souvent un retour à une
impression ou à une perception plus sensible et physique du monde.
Elle joue sur les rapports respectifs de l'ensemble et du détail,
elle va de l'un à l'autre, suggère l'un par l'autre et inversement.
Elle est toujours très visuelle, car elle fait constamment varier la
distance de perception des choses, la distance du locuteur d'avec les
choses perçues, dans le langage et dans l'esprit, par une
comparaison constante entre ce que l'on perçoit du visible (les
objets, les formes, le cadre, les couleurs, les contrastes, etc.) et
ce que l'esprit en fait ensuite.
Consigne
: remplacer les mots soulignés du texte ci-après par des
synecdoques.
Les
Russes avançaient dans la pénombre.
Julien, qui écoutait de ses deux
oreilles, les a entendus venir. Il
ne savait pas s'ils venaient porter la
destruction et l'incendie, ou au
contraire le réconfort. Comment opposer à la
guerre un message
de paix ? Julien a secoué ses amis.
Il s'est habillé le premier, suivi par l'originaire
de Provence et l'originaire
d'Aquitaine. Il valait mieux ne pas
risquer sa vie
!
Les
Russes = les soldats rouges
écoutait
de ses deux oreilles = l'oreille attentive
la
destruction et l'incendie = le fer et le feu
Les
soldats rouges avançaient dans la pénombre. Julien, l'oreille
attentive, les a entendus venir. Il ne savait pas s'ils venaient
porter le fer et le feu, ou au contraire le réconfort.
Etc.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 34.
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 464.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 4, p. 1424, t. 6, p. 937.
>
GREVISSE, Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
p. 263.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 6, p. 6155.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET, Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 62.
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 2066.
>
THERON, Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches 37, 48.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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