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L
a - P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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Atelier d'écriture n° 11
La
métonymie : « Elle est tombée
dans
les pommes »,
au
sens propre ou au figuré ?
La
métonymie,
dont la synecdoque en est une forme particulière (voir l’Atelier
d’écriture précédent), est une figure de rhétorique par
laquelle on met un mot à la place d’un autre dont il fait entendre
la signification. Elle est tombée
dans les pommes
ne signifie pas qu’une personne soit littéralement tombée
dans un tas de pommes
(sens propre), mais qu’une personne s’est
évanouie
(sens figuré).
En
ce sens général, la métonymie serait un nom commun à tous les
tropes (un trope
est une figure de mots employés au sens figuré ; une
expression employée dans un sens figuré ; Trope
a fini par s’appliquer à toutes les espèces de figures qu’on
peut considérer comme un détournement du sens du mot). Mais l’on
restreint la métonymie aux usages suivants :
>
la
cause pour l’effet (par exemple : Montrez-moi
votre travail,
pour : Montrez-moi LE
RéSULTAT
de votre travail),
>
l’effet
pour la cause (par exemple : La
récolte a été catastrophique cette année,
où La récolte
désigne le produit
de la cueillette et non pas seulement l’action
de cueillir),
>
le
contenant pour le contenu (par exemple : Boire
un verre,
pour : Boire l’eau
contenue dans le verre),
>
le
nom du lieu où une chose se fait pour la chose elle-même (par
exemple : Toute la salle
applaudit,
pour : Tous les gens
présents dans la salle applaudirent ;
ou bien : Du Hollande,
pour : Du fromage de
Hollande ;
ou bien : Un camembert,
pour : Un fromage fabriqué
près de Vimoutiers, dans l’Orne, à Camembert),
>
le
signe pour la chose signifiée (par exemple : l’aigle
pour l’Allemagne),
>
le
nom abstrait pour le concret (par exemple : Une
fois
l’insulte reçue de plein
fouet, il mit son honneur de côté,
pour : L’insulte reçue de
plein fouet, il ne répondit rien et il partit ;
ou bien : Toute honte bue),
>
les
parties du corps regardées comme le siège des sentiments ou des
passions, pour ces passions et ces sentiments (par exemple : Il
lui mit le cœur sens dessus dessous,
pour exprimer un désordre amoureux ; ou bien : Je
sais ce qu’à mon cœur coûtera votre vue),
>
le
nom du maître de la maison pour la maison même (par exemple :
Je reviens de chez Duchemin,
pour : Je reviens de la
maison des Duchemin ;
ou bien : Des gravures que
je portais à l’encadreur,
pour : Des gravures que je
portais à l’atelier d’encadrement),
>
l’antécédent pour le conséquent, ou le conséquent pour
l'antécédent (dans l'exemple : Il
est mort, on peut dire : Il
a vécu (on dit ce qui précède), ou Nous
le pleurons (on dit ce qui suit).
Le
nom féminin métonymie
est la réfection savante au XVIIe
siècle (attesté dès 1690) de méthonomie
(1521), emprunt au bas latin de même sens metonymia,
calque du grec metônumia,
formé de meta-
(au
milieu de, parmi, avec)
et de onoma
(nom),
apparenté au latin nomen,
qui est représenté en français dans de nombreux mots en –onyme
(comme synonyme,
qui signifie de
même sens,
ou antonyme,
de
sens contraire,
etc.), ainsi que dans onomatopée
(imitation phonétique de la chose dénommée, atchoum
pour l’éternuement,
boum !
pour une explosion,
etc.).
Le
procédé métonymique, qui est changement de nom, consiste donc à
prendre un mot pour un autre auquel il est lié par un rapport
logique.
Depuis
les formalistes russes et spécialement Roman Jakobson en 1935
(linguiste américain d’origine russe, 1896-1982, dont l’activité
interdisciplinaire (anthropologie, folklore, psychanalyse, théorie
de l’information) lui permit de proposer nombre d’hypothèses et
de modèles stimulants ; sa pensée influença notamment celle
de Noam Chomsky, 1928-), le procédé métonymique désigne toute
figure par laquelle le sens est transféré d’un signifié à un
autre, lié par un rapport de contiguïté ou de dépendance logique.
La
métonymie repose sur un déplacement de la référence que le
contexte permet d’expliciter : Rencontrer
Montaigne dans ses lectures,
est spontanément entendu pour : Rencontrer
la pensée ou l’œuvre de Montaigne (et
non pas rencontrer l’homme, mort en 1592 !).
Il s’agit bien d’une « extension
de sens qui consiste à nommer un objet au moyen d’un terme
désignant un autre objet uni au premier par une relation
constante »,
extrait
de : Grammaire
historique de la langue française,
de Kristoffer Nyrop (philologue danois, 1858-1931).
La
métonymie est donc fondée sur un rapport entre des réalités
extralinguistiques, indépendamment des éléments linguistiques qui
l’expriment ; dans chaque cas, il y a ellipse (boire
un verre,
c’est boire le CONTENU d’un
verre).
Le
processus métonymique pris au sens large, comme l’histoire des
mots, permet d’évoquer l’histoire de la civilisation, les
significations contemporaines d’un mot ayant fait perdre toute
trace des premiers emplois.
Que
l’on pense à bureau,
qui désigna d’abord une étoffe de bure,
puis par métonymie un tapis
de cette étoffe recouvrant une table et la table
ainsi recouverte ; ces emplois sont sortis d’usage avec
l’évolution du mobilier et le changement des habitudes sociales :
par de nouvelles métonymies, bureau
est devenu le nom d’une table à écrire, de la pièce
où elle se trouve, d’un établissement
ouvert au public, la désignation d’un lieu
de travail,
etc., mais le lien entre le sens de table,
toujours vivant, et celui d’établissement,
est ténu.
Consigne :
ce début de poème extrait de : Corps
et biens,
de Robert Desnos (poète français, 1900-1945, qui s’affirma dans
la lignée du romantisme nervalien comme l’un des maîtres de la
poésie onirique) accumule les expressions métonymiques tirées de
la langue populaire (les métonymies sont soulignées). Essayer de le
continuer en trouvant d’autres métonymies. Le poème en entier
sera donné lors du prochain atelier (Atelier d'écriture n° 12).
C’était
un bon copain
Il
avait le cœur sur la main
Et
la cervelle dans la lune
C’était
un bon copain
Il
avait l’estomac dans les talons
Et
les yeux dans nos yeux
C’était
un triste copain
Il
avait la tête à l’envers
…
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p. 34.
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 302.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., p. 1424.
>
GREVISSE, Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
pp. 263, 721.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 4, p. 3870, t. 6, p. 6502.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET, Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 64-65.
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 1232.
>
THERON, Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche 40.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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