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L
a - P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n - l i g n e . . .
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Atelier d'écriture n° 9
L'hyperbole
: « Cet artiste extra sublime a un gigantesque projet : une
toile de dix mètres carrés »
L'hyperbole
est une figure de rhétorique consistant à mettre en relief une idée
par l'emploi d'une expression exagérée qui va au-delà de la
pensée. Elle consiste à augmenter ou à diminuer excessivement la
vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression.
Par
exemple : « Ce géant
chausse du 44 »,
hyperbole de : « Cet homme
est grand et il chausse du 44 »,
ou bien : « Il ressemblait
à un pygmée »,
hyperbole de : « C'était
un homme plutôt petit »,
ou encore : « Ce détour à
cause des travaux sur la chaussée, c'est une perte de temps
formidable »,
pour : « Ce détour à
cause des travaux sur la chaussée nous a fait perdre une heure ».
« Parlons
sans hyperbole et sans plaisanterie »,
écrivait
Nicolas Boileau en 1694, dans la Satire
X.
Boileau était un écrivain français, né en 1636, mort en 1711,
historiographe du roi en 1677 et entré à l'Académie française en
1684, auteur de : Art
poétique,
paru en 1674, qui est un poème didactique en quatre chants, où en
imitant Horace (poète latin qui vécut de 65 à 8 avant J.-C., et
dont son Art
poétique
est une réflexion sur la nature de la poésie), et aussi selon
certains en imitant Jean Vauquelin de La Fresnaye (poète français,
1536-1606, auteur en 1574 d'un Art
poétique français
en vers où il se montre disciple de Ronsard mais apprécie la poésie
du Moyen Âge), Boileau dégage les principes de son idéal
littéraire en y joignant des critiques souvent acerbes à l'égard
de ses contemporains.
Ferdinand
Brunot (linguiste et grammairien français, historien de la langue
française, 1860-1938) a écrit en 1922, dans son ouvrage sur la
psychologie du langage La Pensée
et la Langue
(exposé méthodique des faits de pensée et des moyens d'expression
qui leur correspondent, cet ouvrage a influencé durablement
l'enseignement du français, mais dont la méthode intuitive va à
l'encontre de l'évolution de la grammaire moderne) au sujet de
l'hyperbole :
« L'hyperbole.
Plusieurs estiment, non sans raison, que (...) nous avons perdu le
sens de la mesure (...) On dit à propos du moindre événement que
les conséquences en seront immenses,
qu'il a une portée incalculable
(...) On éprouve une joie infinie
à revoir ses amis, etc. Notre littérature, nos journaux surtout ont
poussé les mots à l'extrême. La « litote » [figure de
rhétorique qui consiste à atténuer l'expression de sa pensée pour
faire entendre le plus en disant le moins] n'est plus connue de
personne, nous sommes sous le règne de l'« hyperbole ».
Tout y contribue, la réclame commerciale d'abord, mais aussi les
surenchères de la politique et de la presse. »
Tandis
que Jean de La Bruyère (moraliste français, 1645-1696, entré à
l'Académie française en 1693) écrivait en 1688, dans ses
Caractères
(ouvrage qui recense une succession de maximes et de portraits, où
l'auteur révèle son art de la formule et son ton incisif) au sujet
de l'hyperbole :
« L'hyperbole
exprime au-delà de la vérité pour ramener l'esprit à la mieux
connaître (...) Les esprits vifs, pleins de feu, et qu'une vaste
imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent
s'assouvir de l'hyperbole »
Extrait
de : Les
Caractères ou les mœurs de ce siècle,
de La Bruyère, choix et présentation de Carole Benz, Paris : EJL,
2007, Collection Librio, n° 839, p. 21.
Étymologiquement,
le nom féminin hyperbole
est un emprunt au latin hyperbole,
lui-même emprunté au grec huperbolê,
dérivé de huperballein
(jeter
au-dessus, dépasser la mesure),
composé de huper
(au-dessus,
au-delà)
qui a donné hyper-,
et de ballein
(lancer,
jeter).
L'hyperbole
peut concerner plusieurs mots. Elle peut doubler un autre écart de
style. Par exemple : « L'ouragan
souffle sur les prix »,
où le mot « ouragan »
est à la fois métaphorique (la baisse des prix est tellement
importante que les prix sont cassés comme les objets, les véhicules
et les habitations après le passage d'un ouragan) et hyperbolique
(il aura fallu la force d'un ouragan pour faire baisser les prix !).
Lorsque
l'hyperbole est tellement exagérée qu'elle en paraît fallacieuse,
voire mensongère et trompeuse, on obtient un adynaton,
une hyperbole
hyperbolique.
Exemple : « Il a un appétit
à avaler des bœufs entiers, des autruches crues et même des tas de
briques ».
L'adynaton crée une atmosphère irrationnelle, fantastique ou
délirante, et souvent cocasse. D'où son apparition dans les
fatrasies médiévales (pièce poétique incohérente ou absurde,
formée de dictons, de proverbes et contenant des allusions
satiriques), les comptines, le théâtre comique (invectives,
injures).
Beaucoup
de mots sont par nature hyperboliques, notamment des adjectifs :
géant,
champion,
fabuleux,
remarquable,
fantastique,
ignoble,
etc. Des affixes à la mode sont porteurs d'hyperboles comme : super,
hyper
(« c'est hyper sympa »),
ou -issime
(« le richissime chanteur
Charles Trénet »).
Les
superlatifs (procédé grammatical qui exprime la qualité au degré
le plus élevé, par l'emploi de : « le
plus »,
ou « le moins »)
sont fréquemment hyperboliques : « le
moins cher des caméscopes »,
« le plus grand livre du
siècle »,
« la plus adorable de
toutes les petites filles du monde entier »,
etc.
Les
effets
de l'hyperbole :
Souvent,
l'hyperbole essaie de convaincre, ou de faire rire, ou de convaincre
par l'humour, mais elle peut aussi provoquer l'indignation, ou
introduire à un monde fantastique.
Consignes
:
1.
le texte suivant est extrait de : Isabelle,
d'André Gide (écrivain français, 1869-1951 ; qui fonde en 1909
avec l'écrivain et homme de théâtre Jacques Copeau (1879-1949) et
l'écrivain français Jean Schlumberger (1877-1968) La
Nouvelle Revue Française
; et qui reçoit le prix Nobel de littérature en 1947). Il s'agit
d'un portrait en forme de caricature. Remplacer les hyperboles et les
mots (soulignés) par des mots, ou des groupes de mots, et par des
constructions ordinaires pour en faire un portrait banal d'un homme
ordinaire.
« Le
baron Narcisse de Saint-Auréol portait culottes
courtes, souliers
à boucle très apparente, cravate
de mousseline et jabot.
Une pomme d'Adam, aussi proéminente
que le menton, sortait de l'échancrure
du col et se dissimulait
de son mieux sous un bouillon de
mousseline ; le menton, au moindre
mouvement de la mâchoire, faisait
un extraordinaire effort
pour rejoindre
le nez qui, de son côté, y mettait de la complaisance.
Un œil restait hermétiquement
clos ; l'autre, vers qui remontait le coin de la lèvre et tendaient
tous les plis du visage, brillait clair, embusqué
derrière la pommette
et semblait dire : « Attention ! Je suis seul, mais rien ne
m'échappe. »
2.
À l'inverse, introduire le maximum d'hyperbole dans le texte
suivant, texte caractérisé par une sobriété des moyens
stylistiques. Il s'agit d'un extrait de : « Le
Silence de la mer »
de Vercors (Jean Bruller, dit Vercors, romancier, dessinateur et
essayiste français, 1902-1991, fondateur des Éditions de Minuit en
1941).
« Le
petit garçon mit sa main dans celle de son père sans s'étonner.
Pourtant il y avait longtemps, pensait-il. On sortit du jardin. Maman
avait mis un pot de géranium à la fenêtre de la cuisine, comme
chaque fois que papa sortait. C'était un peu drôle. Il faisait beau
- il y avait des nuages, mais informes et tout effilochés, on
n'avait pas envie de les regarder. Alors le petit garçon regardait
le bout de ses petits souliers qui chassaient devant eux les graviers
de la route. Papa ne disait rien. D'habitude il se fâchait quand il
entendait ce bruit-là. »
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 235.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 3, p. 1984.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 3, p. 3065.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET, Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan).
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 986.
>
THERON, Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches 31, 32, 89.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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