mercredi 20 février 2013

L'hyperbole : atelier d'écriture n° 9 de La Publiance


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atelier d'écriture et publication

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Atelier d'écriture n° 9



L'hyperbole : « Cet artiste extra sublime a un gigantesque projet : une toile de dix mètres carrés »



L'hyperbole est une figure de rhétorique consistant à mettre en relief une idée par l'emploi d'une expression exagérée qui va au-delà de la pensée. Elle consiste à augmenter ou à diminuer excessivement la vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression.

Par exemple : « Ce géant chausse du 44 », hyperbole de : « Cet homme est grand et il chausse du 44 », ou bien : « Il ressemblait à un pygmée », hyperbole de : « C'était un homme plutôt petit », ou encore : « Ce détour à cause des travaux sur la chaussée, c'est une perte de temps formidable », pour : « Ce détour à cause des travaux sur la chaussée nous a fait perdre une heure ».



« Parlons sans hyperbole et sans plaisanterie »,

écrivait Nicolas Boileau en 1694, dans la Satire X. Boileau était un écrivain français, né en 1636, mort en 1711, historiographe du roi en 1677 et entré à l'Académie française en 1684, auteur de : Art poétique, paru en 1674, qui est un poème didactique en quatre chants, où en imitant Horace (poète latin qui vécut de 65 à 8 avant J.-C., et dont son Art poétique est une réflexion sur la nature de la poésie), et aussi selon certains en imitant Jean Vauquelin de La Fresnaye (poète français, 1536-1606, auteur en 1574 d'un Art poétique français en vers où il se montre disciple de Ronsard mais apprécie la poésie du Moyen Âge), Boileau dégage les principes de son idéal littéraire en y joignant des critiques souvent acerbes à l'égard de ses contemporains.



Ferdinand Brunot (linguiste et grammairien français, historien de la langue française, 1860-1938) a écrit en 1922, dans son ouvrage sur la psychologie du langage La Pensée et la Langue (exposé méthodique des faits de pensée et des moyens d'expression qui leur correspondent, cet ouvrage a influencé durablement l'enseignement du français, mais dont la méthode intuitive va à l'encontre de l'évolution de la grammaire moderne) au sujet de l'hyperbole :

« L'hyperbole. Plusieurs estiment, non sans raison, que (...) nous avons perdu le sens de la mesure (...) On dit à propos du moindre événement que les conséquences en seront immenses, qu'il a une portée incalculable (...) On éprouve une joie infinie à revoir ses amis, etc. Notre littérature, nos journaux surtout ont poussé les mots à l'extrême. La « litote » [figure de rhétorique qui consiste à atténuer l'expression de sa pensée pour faire entendre le plus en disant le moins] n'est plus connue de personne, nous sommes sous le règne de l'« hyperbole ». Tout y contribue, la réclame commerciale d'abord, mais aussi les surenchères de la politique et de la presse. »



Tandis que Jean de La Bruyère (moraliste français, 1645-1696, entré à l'Académie française en 1693) écrivait en 1688, dans ses Caractères (ouvrage qui recense une succession de maximes et de portraits, où l'auteur révèle son art de la formule et son ton incisif) au sujet de l'hyperbole :



« L'hyperbole exprime au-delà de la vérité pour ramener l'esprit à la mieux connaître (...) Les esprits vifs, pleins de feu, et qu'une vaste imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent s'assouvir de l'hyperbole »

Extrait de : Les Caractères ou les mœurs de ce siècle, de La Bruyère, choix et présentation de Carole Benz, Paris : EJL, 2007, Collection Librio, n° 839, p. 21.



Étymologiquement, le nom féminin hyperbole est un emprunt au latin hyperbole, lui-même emprunté au grec huperbolê, dérivé de huperballein (jeter au-dessus, dépasser la mesure), composé de huper (au-dessus, au-delà) qui a donné hyper-, et de ballein (lancer, jeter).



L'hyperbole peut concerner plusieurs mots. Elle peut doubler un autre écart de style. Par exemple : « L'ouragan souffle sur les prix », où le mot « ouragan » est à la fois métaphorique (la baisse des prix est tellement importante que les prix sont cassés comme les objets, les véhicules et les habitations après le passage d'un ouragan) et hyperbolique (il aura fallu la force d'un ouragan pour faire baisser les prix !).



Lorsque l'hyperbole est tellement exagérée qu'elle en paraît fallacieuse, voire mensongère et trompeuse, on obtient un adynaton, une hyperbole hyperbolique. Exemple : « Il a un appétit à avaler des bœufs entiers, des autruches crues et même des tas de briques ». L'adynaton crée une atmosphère irrationnelle, fantastique ou délirante, et souvent cocasse. D'où son apparition dans les fatrasies médiévales (pièce poétique incohérente ou absurde, formée de dictons, de proverbes et contenant des allusions satiriques), les comptines, le théâtre comique (invectives, injures).



Beaucoup de mots sont par nature hyperboliques, notamment des adjectifs : géant, champion, fabuleux, remarquable, fantastique, ignoble, etc. Des affixes à la mode sont porteurs d'hyperboles comme : super, hyper (« c'est hyper sympa »), ou -issime (« le richissime chanteur Charles Trénet »).



Les superlatifs (procédé grammatical qui exprime la qualité au degré le plus élevé, par l'emploi de : « le plus », ou « le moins ») sont fréquemment hyperboliques : « le moins cher des caméscopes », « le plus grand livre du siècle », « la plus adorable de toutes les petites filles du monde entier », etc.



Les effets de l'hyperbole :

Souvent, l'hyperbole essaie de convaincre, ou de faire rire, ou de convaincre par l'humour, mais elle peut aussi provoquer l'indignation, ou introduire à un monde fantastique.



Consignes :



1. le texte suivant est extrait de : Isabelle, d'André Gide (écrivain français, 1869-1951 ; qui fonde en 1909 avec l'écrivain et homme de théâtre Jacques Copeau (1879-1949) et l'écrivain français Jean Schlumberger (1877-1968) La Nouvelle Revue Française ; et qui reçoit le prix Nobel de littérature en 1947). Il s'agit d'un portrait en forme de caricature. Remplacer les hyperboles et les mots (soulignés) par des mots, ou des groupes de mots, et par des constructions ordinaires pour en faire un portrait banal d'un homme ordinaire.



« Le baron Narcisse de Saint-Auréol portait culottes courtes, souliers à boucle très apparente, cravate de mousseline et jabot. Une pomme d'Adam, aussi proéminente que le menton, sortait de l'échancrure du col et se dissimulait de son mieux sous un bouillon de mousseline ; le menton, au moindre mouvement de la mâchoire, faisait un extraordinaire effort pour rejoindre le nez qui, de son côté, y mettait de la complaisance. Un œil restait hermétiquement clos ; l'autre, vers qui remontait le coin de la lèvre et tendaient tous les plis du visage, brillait clair, embusqué derrière la pommette et semblait dire : « Attention ! Je suis seul, mais rien ne m'échappe. »



2. À l'inverse, introduire le maximum d'hyperbole dans le texte suivant, texte caractérisé par une sobriété des moyens stylistiques. Il s'agit d'un extrait de : « Le Silence de la mer » de Vercors (Jean Bruller, dit Vercors, romancier, dessinateur et essayiste français, 1902-1991, fondateur des Éditions de Minuit en 1941).



« Le petit garçon mit sa main dans celle de son père sans s'étonner. Pourtant il y avait longtemps, pensait-il. On sortit du jardin. Maman avait mis un pot de géranium à la fenêtre de la cuisine, comme chaque fois que papa sortait. C'était un peu drôle. Il faisait beau - il y avait des nuages, mais informes et tout effilochés, on n'avait pas envie de les regarder. Alors le petit garçon regardait le bout de ses petits souliers qui chassaient devant eux les graviers de la route. Papa ne disait rien. D'habitude il se fâchait quand il entendait ce bruit-là. »



À vous de jouer,

À vos claviers, plumes et stylos !





Bibliographie :



> DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage. Paris, Larousse, p. 235.



> Le Grand Robert de la langue française, 2001, 2e éd. 6 vol., t. 3, p. 1984.



> LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire de la langue française. Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1 supplément, t. 3, p. 3065.



> Le Petit Robert des noms propres, 2007.



> PEYROUTET, Claude, 1994. Style et rhétorique. Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan).



> REY, Alain (dir.), 1994. Dictionnaire historique de la langue française. Paris, Le Robert. 2 vol., p. 986.



> THERON, Michel, [199-?]. 99 réponses sur les procédés de style. Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches 31, 32, 89.



Contact : numencegalerielitteraire@gmail.com



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