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L
a - P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n - l i g n e . . .
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Atelier d'écriture n° 13
La
fable, la nouvelle,
et
la photo de famille
Le
nom féminin fable vient (environ 1155) du latin fabula
(récit, propos), qui donne récit mythologique,
allégorique, conte, apologue, du verbe fari (parler),
issu d'une racine indoeuropéenne °bha- (énoncer). Au
milieu du XIIe siècle, le mot apparaît au sens de récit
imaginaire, histoire, allégation
mensongère (1160). Le sens de petit récit moralisant qui
met en scène des animaux est lui aussi ancien (1180). Ce n'est
qu'au début du XVIIe que le mot désigne la mythologie de
l'antiquité païenne.
À
l'origine, la fable appartient à la tradition orale ;
elle semble née dans les pays orientaux, mais on la retrouve dans
toutes les civilisations. Dans la Grèce antique, le fabuliste le
plus célèbre est Ésope qui vécu au VIe siècle avant
J.‑C., et dont l'œuvre présente une influence orientale. Au
Ier siècle avant J.‑C., il inspire le
Latin Caïus Julius Phèdre (15 avant J.-C.-50 après J.-C.) auteur
de 123 fables et qui introduisit ce genre à Rome.
En
France, au Moyen Âge, la veine ne tarit pas, comme l'atteste le vif
engouement pour les bestiaires et les ysopets (ou isopet, terme formé
à partir du nom d'Ésope et qui signifie recueil de fables),
tels ceux de Marie de France (poète française, 1154-1189, première
femme qui ait écrit de la poésie en français, auteur de fables
ésopiques et de Lais en vers octosyllabes). Il s'agit
d'apologues (courts récits proches du genre de la fable) plagiés
des fables d'Ésope et de Phèdre.
Les
auteurs de la Renaissance, Clément Marot (poète français,
1496-1544, qui, maniant avec aisance le décasyllabe, contribua à
épurer la langue de son temps, s'exprimant avec un pittoresque dans
l'invention verbale et une clarté que vantèrent Boileau et La
Fontaine), Mathurin Régnier (poète français, 1573-1613, auteur de
Satires en vers, inspirées
d'Horace et de Juvénal)
adaptent les œuvres antiques.
« Petit
récit qui cache une moralité sous le voile d'une fiction et dans
lequel d'ordinaire les animaux sont les personnages, l'apologue
est composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps,
l'autre l'âme ; le corps est la fable ; l'âme la moralité
(…) Aristote n'admet dans la fable que les animaux (...) Les fables
ne sont pas ce qu'elles semblent être ; le plus simple animal
nous y tient lieu de maître »,
extrait
de la préface des Fables, de Jean de La Fontaine (poète
français, 1621-1695, entré à l'Académie française en 1684).
Le
genre n'a cessé d'engendrer des créations célèbres. Jean de La
Fontaine demeure, certes, notre plus grand fabuliste. Mais des
recueils tels que La Fable du monde (publié en 1938) de Jules
Supervielle (poète et romancier français, 1884-1960), ou
Chantefables (publié posthumement en 1970) de Robert Desnos
(poète français, 1900-1945) témoignent de la pérennité de ce
genre poétique.
La
finalité de la fable n'est pas de raconter une histoire avec des
nuances complexes et de fines analyses : il s'agit plutôt d'une
mise en scène mettant habilement en valeur le trait efficace. La
fonction moralisatrice de la fable est indéniable depuis
l'Antiquité. Le récit qui sert d'exemple pour la morale finale
utilise les animaux ou la nature plus souvent que les hommes, ces
derniers incarnent des situations types et n'ont pas de réelle
psychologie.
Le
renard et les raisins
Certain
renard gascon [Les Gascons ont
la réputation d'être vantards],
d'autres
disent normands [Les Normands,
eux, ont la réputation de ne jamais
s'engager
clairement]
Mourant
presque de faim, vit au haut d'une treille
Des
raisins mûrs apparemment
Et
couverts d'une peau vermeille.
Le
galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais,
comme il n'y pouvait atteindre :
« Ils
sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »
Fit-il
pas mieux que de se plaindre ?
Extrait
du Livre troisième (onzième fable) des Fables, de
Jean de La Fontaine (poète français, 1621-1695, eut la charge de
« maître des Eaux et Forêts », entré à
l'Académie française en 1684).
***
Le
nom féminin nouvelle qui désigne une œuvre littéraire et,
par métonymie, un genre littéraire, est emprunté (1414) à
l'italien novella (récit imaginaire) issu (1050) du
latin tardif °novella, pluriel neutre de novellus
(nouveau). À cette époque, il est employé au sens de récit
concernant un événement présenté comme réel et récent.
La
traduction en français du Décaméron, œuvre écrite en
1348-1353 et constituée de cent récits répartis sur dix journées,
de Boccace (Giovanni Boccaccio, écrivain italien, 1313-1375), et des
Facéties, recueil d'anecdotes divertissantes écrit en
1438-1452, du Pogge (Gian Francesco Poggio Bracciolini, écrivain
italien, 1380-1459), fournit le modèle d'un genre qui, à la fin du
moyen âge, remplace le fabliau (petit récit en vers
octosyllabes propre à la littérature « bourgeoise » des
XIIIe et XIVe siècles) et le « dit »
en vers (genre littéraire du moyen âge qui consistait en une petite
pièce – un poème ou un petit récit - traitant d'un sujet
familier ou d'actualité).
À
la Renaissance, la nouvelle désigne le récit bref d'une
aventure ou d'une anecdote. Elle conserve de la tradition du
fabliau le caractère oral et un sujet inscrit dans la vie
quotidienne.
Ce
sont par exemple, les Cent Nouvelles nouvelles
(auteur anonyme)
titre qui exploite l'homonymie avec l'adjectif « nouveau,
nouvelle », ou l'Heptaméron (ouvrage inachevé qui
comprend 72 nouvelles) de Marguerite de Navarre (de Valois ou
d'Angoulême, reine de Navarre, 1492-1549), ou encore les Nouvelles
récréations et joyeux devis de
Bonaventure Des Périers (poète et conteur français, 1510-1543).
« Sorte
de roman très court, récit d'aventures intéressantes ou amusantes.
Les Espagnols avaient le secret de faire de petites histoires, qu'ils
appellent nouvelles, qui sont plus à notre usage et plus à la
portée de l'humanité, que ces héros imaginaires de l'antiquité
(...) Si l'on faisait des nouvelles en français aussi bien faites
que quelques-unes de celles de Michel de Cervantès (écrivain
espagnol, 1547-1616, auteur de El Ingenioso Hidalgo don Quijote de
la Mancha ou Don Quichotte, et des Nouvelles
exemplaires, qui marquent un tournant dans le domaine de la brève
narration), elles auraient cours
autant que les romans héroïques »,
extrait
de : Le Roman comique de Paul Scarron (écrivain français,
1610-1660, époux de Françoise d'Aubigné, petite-fille d'Agrippa
d'Aubigné, qui devait devenir Mme de Maintenon, organisatrice de
salons littéraires avec Mme de Sévigné et Mme de La Fayette,
fondatrice de Saint-Cyr-l'École pour l'éducation des jeunes filles
nobles sans fortune).
Au
XVIIe siècle, la nouvelle perd de son caractère oral et
narre plusieurs aventures.
Au
XVIIIe siècle, par exigence de réalisme, les
auteurs de nouvelles ont recours à la chronique judiciaire et
criminelle et on assiste à un retour à la conception originelle de
la nouvelle : un récit bref, rapide, resserré, à la
progression dramatique affirmée.
Le
XIXe siècle voit l'apogée du genre par sa diffusion
considérable grâce à la place que lui accordent les journaux et
les revues. D'ailleurs, tous les romanciers du siècle le
pratiquent : Honoré de Balzac (écrivain français, 1799-1850)
auteur de Sarrazine, Stendhal (Henri Beyle dit, 1783-1842)
auteur des Chroniques italiennes (recueil de nouvelles où il
exprime son culte de la passion et de l'énergie), Émile Zola
(écrivain français, 1840-1902) avec les Contes à Ninon (où
l'auteur exprime sa ferveur romantique), Jules Amédée Barbey
d'Aurevilly (écrivain français, 1808-1889) auteur des Diaboliques
(sombres et extravagantes histoires où des caractères tourmentés
éprouvent des passions invincibles), Gustave Flaubert (écrivain
français, 1821-1880) avec Trois Contes.
Prosper
Mérimée (écrivain français, 1803-1870, auteur de nombreuses
nouvelles publiées dans la Revue de Paris et dans la Revue
française entre 1829 et 1830, auteur de Mosaïque,
recueil de nouvelles d'inspiration très diverse, toutes remarquables
par la rapidité de la progression et la concision du style) et Guy
de Maupassant (écrivain français, 1850-1893, auteur de quelques
trois cents nouvelles publiées dans les journaux puis réunies en
recueils) sont alors les nouvellistes les plus célèbres.
En
français moderne, le mot nouvelle est plus précis que récit,
narration et, en tant que genre littéraire, se distingue du
conte par la nature du contenu et du roman par
l'ampleur. Bien que soumis à des évolutions, le genre obéit
toujours aux critères de concentration, de vraisemblance et de
cohérence. Sa forme reste celle d'un récit concis, resserré et
rapide, centré autour d'une anecdote, entièrement construit pour
être ponctué par une phrase surprenante qui clôt le texte sur un
effet saisissant : la chute.
Dans
la consigne, on ne tiendra pas compte de la différence entre le
récit en tant que énoncé rapporté par rapport au
moment de l'énonciation, et le discours en tant que
énonciation directe. On comprendra récit au sens de
histoire, racontée au présent
de l'indicatif par un
narrateur qui est lui-même un des personnages de l'histoire.
Consigne
: le but de cet exercice est de décrire une photo imaginaire d'une
famille imaginée. Mais si les personnages-membres de la famille sont
inventés de toute pièce, il n'en va pas de même pour les
sentiments, les sensations et les souvenirs qui doivent être réels,
qui doivent partir d'une expérience vécue et d'un ressenti
personnel.
Les
éléments donnés ci-après servent de point de départ à une fable
(qui est l'invention d'un événement : une photo de famille prise à
l'occasion d'un autre événement : un mariage, un enterrement, un
anniversaire, des vacances d'été, des retrouvailles, etc.) ou à
une nouvelle (un récit bref et clos qui contient un début ou
scène(s) d'exposition, un milieu ou le récit d'une ou de plusieurs
anecdote(s) et une fin ou la chute).
On
peut envisager le récit du point de vue du photographe en train de
réaliser la photo (grand angle du récit, vision d'ensemble des
membres de la famille en train de se placer et de prendre la pose,
grande distance entre le narrateur et les personnages), ou du point
de vue d'un enfant (vocabulaire simplifié, vision enfantine du monde
des adultes) ou d'un(e) adolescent(e), ou bien du point de vue d'un
des membres de la famille imaginaire (situer la place de ce membre
par rapport aux autres (frère, sœur, cousin, cousine, grand-père
ou grand-mère, beau-frère ou belle-sœur, compagnon, compagne,
etc.), son âge et son métier).
Employer
le présent de l'indicatif.
Enfin,
attribuer à chaque personnages le nom d'un animal ainsi que ses
caractéristiques, et faire ressortir la morale de l'histoire en
ponctuant le récit par une maxime, un adage ou un proverbe.
Éléments
de départ :
.
un groupe d'enfants, deux ou trois filles, deux ou trois garçons,
âgés de 3 à 8 ans qui jouent à cache-cache dans un salon,
dans un jardin, dans une cour, qui jouent à construire une tour de
cubes en bois, qui dansent sur la musique d'une radio.
.
une, deux ou trois vieilles personnes de soixante-dix à
quatre-vingts ans assises dans un coin, qui somnolent, qui observent
les enfants, qui détaillent les adultes.
.
trois, cinq, six ou huit adultes, au moins deux femmes et un ou deux
hommes, qui discutent (météorologue, vendeur(se) en jardinerie,
caissier, institutrice, infirmière dans une maison de retraite,
ouvrier du bâtiment, femme au foyer, chômeur) debout au milieu du
salon, du jardin ou de la cour, ou qui courent après les enfants, ou
qui se tiennent à côté d'une personne âgée, ou qui rêvasse, ou
qui assiste le photographe avant d'aller prendre place devant
l'objectif.
.
le (la) photographe qui place les quelques membres (deux ou trois
enfants, deux ou trois adultes, une vieille personne) sur des chaises
ou autour d'une table, devant une charmille en fleur, sur un perron,
devant une piscine, etc., qui place une famille composée d'une
vingtaine de membres, ou qui place une cinquantaine de personnes
réparties sur les marches d'un escalier monumental.
.
les anecdotes doivent être tirées de sa propre expérience, de son
vécu personnel, ou de ses souvenirs ; elles doivent être reliées à
des sensations et à des sentiments personnels (employer le je).
Par
exemple, cela pourrait donner ceci :
Aujourd'hui,
je dois réaliser une photo de groupe, la photo de la famille M.,
réunie à l'occasion de l'enterrement de l'arrière-grand-père âgé
de quatre-vingt-treize ans.
Je
mets bien une heure trente avant de placer tout le monde : les deux
enfants du défunt, âgés de soixante-treize et soixante-huit ans,
les petits-enfants âgés de cinquante-trois ans, quarante-neuf et
quarante-six ans, les arrières-petits-enfants (trente-trois,
vingt-huit, vingt-six et vingt-deux ans), ainsi que leurs conjoints
et compagnons (4), et trois petits enfants âgés de 3, 6 et 8 ans.
Au
moment d'appuyer sur le bouton de l'appareil photo et de déclencher
la cascade de photos du groupe enfin réuni, les deux bancs où
avaient pris place les seize membres se cassent en deux, tout le
monde tombe à terre et la photo est ratée. Au même moment, une
pie, un moineau et un papillon se posent dans l'herbe. Au-dessus
d'eux s'avancent un renard, un chien de berger, deux moutons, une
chèvre et trois chevaux. Enfin, sur les bancs réparés se hissent
tant bien que mal un vieil âne, une panthère arthritique et un ours
asthmatique, tandis que volettent gaiement au-dessus d'eux un vieux
coucou dégarni et une vieille chouette argentée.
Etc.
Moralité :
Rien ne sert de courir, il faut partir à point, ou bien : Qui
va doucement, va sûrement, ou encore : Qui trop se hâte reste
en chemin ; et : Hâtez-vous lentement.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 72, 84.
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 398.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago,
Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1 supplément, t.
3, p. 2357, t. 4, p. 4189.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., pp.
771, 1336.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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