mardi 2 avril 2013

Le texte narratif, le scénario : atelier n° 16


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atelier d'écriture et publication

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Atelier d'écriture n° 16



Le texte narratif, le scénario



Le texte narratif raconte une suite d'événements, réels ou imaginés, qui constituent une fiction, une histoire. Cette histoire se déroule dans un temps donné et présente des transformations qui font passer les personnages d'un état initial à un état final. En cela, le narrateur traduit sa perception du réel, qu'il le reproduise ou le fasse basculer dans le mythique et l'imaginaire.



Le scénario, comme le plan, connaît divers états d'élaboration : de la forme sommaire du synopsis (résumé de quelques pages) à la forme accomplie, la continuité dialoguée. Il peut résulter d'une écriture originale, ou trouver son inspiration dans l'adaptation d'un événement historique, d'un fait divers ou d'un récit (roman, pièce de théâtre, nouvelle, etc.) recomposé afin de correspondre aux exigences du découpage.

Dans tous les cas, sa rédaction, individuelle ou collective, privilégie l'aspect visuel de la représentation et tient compte de la spécificité de la réception (catégories de public, cinéma de masse, cinéma « d'auteur », etc.).



Le passage de la fiction à sa narration, le passage d'une succession de faits à l'exposé détaillé d'une suite d'événements, à l'élaboration de leur histoire dans une forme littéraire (en vue de produire un texte littéraire, nouvelle, roman, conte, etc.) ou visuelle (film, moyen-métrage, court-métrage, etc.), implique une grande maîtrise de l'organisation interne du texte et des moyens stylistiques : ordre narratif, narrateur, focalisation, mots et phrases. Pour plus de précisions sur les moyens stylistiques, voir l'Atelier d'écriture n° 4 du 22 janvier 2013, intitulé : Le Temps et la narration.



Toute fiction suit un ordre chronologique : événement qui la suscite, série d'événements en chaîne avec péripéties (moments forts, coups de théâtre, etc.), situation finale. Une narration qui décalquerait simplement la fiction serait sèche.

Pour inciter le lecteur ou le spectateur à continuer à lire ou à regarder une histoire et lui faire désirer la suite, l'auteur du livre ou du scénario peut enrichir la narration par des portraits, des dialogues, ou des réflexions, en donnant aux conséquences un ordre différent de celui de la fiction, en pratiquant l'ellipse, etc., ou bien par des descriptions.

Le texte descriptif est un « arrêt sur image » (au propre comme au figuré) qui a une (ou plusieurs) fonction(s) dans le récit car la description confère de l'importance à l'élément décrit, et qui traduit un jugement, explicitement ou implicitement.

Les fonctions de la description sont multiples et peuvent s'entremêler dans un même texte : il y a la fonction imitative qui permet d'authentifier le monde représenté en donnant au lecteur l'illusion du réel ; la fonction informative qui offre au narrateur le moyen de transmettre un savoir sur la réalité ; il y a la fonction narrative qui fait participer la description au développement de l'intrigue en livrant des indices sur des personnages ou en annonçant un épisode futur ; il y a la fonction ornementale, et enfin la fonction symbolique qui introduit une autre dimension à la narration.

Le tout est de savoir quelle(s) fonction(s) on veut donner aux développements et en particulier aux descriptions qui étoffent le scénario ou le récit.



L'art de l'« accrochage » se révèle au début d'un récit. Généralement, les premières indications de lieu et de temps sont données, un ou deux personnages apparaissent et un événement lourd de conséquence a lieu ou est pressenti. Le problème du dénouement est dans sa relation au récit et dans le choix d'une fin heureuse ou malheureuse.

Qui raconte ? L'histoire est racontée par un narrateur. Selon les relations qu'il entretient avec l'auteur et les personnages, les situations narratives varient.

Le texte narratif apparaît dans beaucoup de genres littéraires : contes, romans, nouvelles mais aussi fables, théâtre, poésie. Dans la presse il est fondamental. Le scénario est indispensable à la préparation d'un film ou à la mise en image et à l'adaptation d'un roman, d'une nouvelle, etc.



Il existe cinq grands types de narration : la narration linéaire (l'ordre de la fiction est le même que celui de la narration), la narration linéaire à ellipses (on omet certains événements secondaires en raccourcissant l'histoire), la narration linéaire à expansions (on ajoute des descriptions, des réflexions et/ou des allusions), la narration en parallèle (on fait un premier récit, suivi d'un second, etc., puis on montre qu'ils ont eu lieu en même temps), et la narration non linéaire (on effectue des retours en arrière, ou on commence par la fin). Dans tous les cas, on doit connaître à l'avance l'histoire que l'on veut raconter. On peut organiser les personnages, les situations et les lieux selon un plan (la colonne vertébrale du texte narratif), ou selon un scénario (le résultat sera plus visuel).



Le nom masculin scénario est emprunté (1764, Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, écrivain et auteur dramatique français, 1732-1799) à l'italien scenario (décor, puis : description de la mise en scène) dérivé de scena (scène) du latin classique scaena. Le mot désigne d'abord le canevas, le schéma d'une pièce ; il s'est employé au XIXe siècle au sens de mise en scène (1875) et reste jusqu'au XXe siècle un terme technique de théâtre.

L'emploi figuré pour déroulement selon un plan préétabli (avant 1850) ne s'est répandu qu'au XXe siècle, sous l'influence du sens devenu courant de scénario (1907, Méliès) qui désigne au cinéma la description rédigée de l'action d'un film.

Georges Méliès (scénariste, dessinateur et réalisateur français de quelques cinq cents films de cinéma, 1861-1938) avait recours aux toiles peintes, aux trucages et aux machineries et proposaient des fictions qui se présentaient comme une succession de tableaux filmés par une caméra fixe. Il tourna plusieurs féeries librement adaptées des contes de Charles Perrault (écrivain français, 1628-1703) ou des romans. Le cinéma a donc eu, dès ses débuts, partie liée avec la littérature.



Consigne : inventer une fiction simple, résumée de manière chronologique. Quels schémas narratifs pourrait-on utiliser pour la raconter ?



Cela pourrait ressembler à ceci.

Appelons F une fiction qui met en scène un jeune homme étudiant en Histoire et Géographie le jour, et baby-sitter la nuit, le mercredi et les week-end, et F1, F2, F3, etc. les scènes qui découpent la narration :



F1. Le jeune homme, qui cherche du travail, apprend qu'une association de baby-sitting vient d'être créée à B. L'adresse est donnée mais pas le numéro de téléphone.

F2. Il envoie un curriculum vitae et une lettre de demande d'entretien.

F3. Pas de réponse. Il décide de se rendre sur place.

F4. Arrivé sur place, il se renseigne. Personne ne connaît le siège de l'association, ni l'association.

F5. Enfin, une femme sur un vélo lui indique que c'est peut-être ce bureau en préfabriqué, là-bas, au fond du parc.

F6. Il frappe à la porte et tente de s'expliquer. Une femme, furieuse, lui reproche d'attenter à sa vie privée, lui signale qu'elle ne reçoit que dans son bureau, lui ferme la porte au nez.

F7. Le jeune homme cherche un autre bâtiment en préfabriqué, le trouve derrière des arbres, entre.

F8. Il signale à une secrétaire qu'il aimerait rencontrer la Directrice.

F9. Voici qu'il aperçoit la femme qui l'a rabroué : c'est la Directrice.

F10. Il attend qu'elle veuille bien le recevoir.

F11. Réception : conversation sur un emploi possible.



Les schémas narratifs possibles sont :

> Narration 1 (non linéaire) : F4, retour en arrière avec F1, F2 et F3, reprise de l'histoire de F5 à F11.

> Narration 2 (non linéaire) : F10, F11, retour en arrière de F1 à F9.

> Narration 3 (non linéaire à ellipses) : F1, ellipses de F2 à F5, reprise de l'histoire de F6 à F10, retour en arrière de F2 à F5, F11.

> Narration 4 (en parallèle) : F5, F1, F6, F2, F7, F3, F8, F4, F9 à F11.



À vous de jouer,

À vos claviers, plumes et stylos !





Bibliographie :



> BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis de français : langue et littérature. Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 58, 63, 88.



> Le Grand Robert de la langue française, 2001, 2e éd. 6 vol.



> GREVISSE, Maurice, 1993. Le bon usage : grammaire française. Paris, Duculot. 13éd., p. 1558.



> LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire de la langue française. Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1 supplément, t. 4, p. 4088.



> Le Petit Robert des noms propres, 2007.



> PEYROUTET, Claude, 1994. Style et rhétorique. Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 114, 156.



> REY, Alain (dir.), 1994. Dictionnaire historique de la langue française. Paris, Le Robert. 2 vol., p. 1892.



Contact : numencegalerielitteraire@gmail.com



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