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L
a P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n l i g n e . . .
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Atelier
d'écriture n° 20
Niveaux
de langue, langages,
registre,
style
« Mignonne,
allons voir si la rose... »
ou
: « Viens par ici ma poulette ! »
ou
encore : « Mademoiselle, seriez-vous
disposée à m'accompagner
pour
visiter
le jardin ? »
Langage
Langage,
langue
: ces deux mots ne diffèrent que par la finale « age »
qui, étant la finale « aticus »
des latins, signifie ce
qui opère,
ce
qui agit.
C'est là ce qui fait la nuance des deux mots.
La
langue est plutôt la collection des moyens d'exprimer la pensée par
la parole ; le langage est plutôt l'emploi de ces moyens. C'est la
nuance que l'on aperçoit, par exemple, entre la langue française et
le langage français. Pour la même raison, on dit le langage par
signes, le langage des yeux, et non la langue par signes, la langue
des yeux. La langue du cœur, ce sont les expressions dont le cœur
se sert d'ordinaire ; le langage du cœur, ce sont les émotions que
le cœur fait partager
(1870).
Au
propre,
le langage, c'est l'emploi de la langue pour l'expression des pensées
et des sentiments. Le langage des oiseaux pour leur chant, le langage
des animaux pour leurs cris, leurs rugissements, le langage des
plantes, etc. Au
figuré,
c'est tout ce qui sert à exprimer des sensations et des idées. Le
langage du geste pour le mime.
C'est
vers 1361 que le langage est l'emploi particulier d'une langue
envisagée sous son aspect formel, du point de vue de la correction
et du registre.
Ce n'est que vers 1587 que le langage est considéré par rapport aux
idées exprimées et au contenu de la communication. Le mot est
défini linguistiquement au XVIIe
siècle comme un système de signes plus ou moins complexe servant à
l'expression et à la communication (1662). Le mot s'emploie par
extension, d'une manière plus ou moins flottante, à propos d'un
ensemble de signe formant système (1867), par exemple dans le
langage des parfums, le langage des couleurs.
Langue
La
langue
d'un auteur,
c'est l'ensemble des mots et des tournures dont un auteur fait
surtout usage, c'est le contenu de son discours, non par son thème
mais par l'usage que l'auteur fait du vocabulaire (lexique) et des
procédés syntaxiques (composition de la phrase, temps et mode des
verbes). Par exemple la langue de Corneille, de Racine.
La
langue
de bois
est une façon de s'exprimer qui abonde en stéréotypes et en
formules figées.
Les
têtes se forment sur les langages, les pensées prennent la teinte
des idiomes. La raison seule est commune, l'esprit en chaque
langue a sa forme particulière,
extrait
de : L'Émile,
II, de Jean-Jacques
Rousseau (écrivain
et philosophe genevois de langue française, 1712-1778).
Un
idiome
est un parler propre à une région (dialecte, patois) ou à un
groupe social ; Se
former sur quelque chose,
a le sens de : le
prendre comme modèle, comme exemple.
Les
niveaux
de langue
désignent les façons particulière de s'exprimer, l'usage du
langage propre à un groupe ou à un individu.
La
valeur
du niveau est donnée par le vocabulaire employé et la tournure de
la phrase, allant du langage commun, courant, général, ordinaire,
quotidien, au langage simple ; du langage parlé, populaire,
argotique, cru, libre,trivial, vulgaire, au langage littéraire,
écrit, prosaïque (prose), poétique, lyrique, choisi, noble,
relevé, soutenu ; du langage académique, châtié, guindé,
affecté, amphigourique (compliqué, confus et obscur), précieux, au
langage archaïque ou d'aujourd'hui, moderne, nouveau ; du langage
clair, direct, expressif, au langage ésotérique, hermétique,
secret, incompréhensible, confus.
En
linguistique, on parle de niveaux
de langue
en tant que actualisations d'une langue, selon les caractéristiques
d'un usage déterminé, et d'après la situation de communication,
les possibilités et les intentions du locuteur, manifestées par des
stratégies de discours. Les niveaux de langue, comme les registres
et les styles, sont variables suivant le niveau social, culturel, de
ceux qui parlent.
Registre
Le
mot registre
est l'adaptation (XIIIe
siècle) de l'ancien français regeste
(vers 1155), puis regestre
(vers 1265) qui signifie « récit,
histoire ».
Ce mot rare a été repris au XIXe
siècle par Maximilien Paul Émile Littré (1801-1881) dont les
nombreux travaux philologiques et lexicographiques devaient aboutir à
la publication de son œuvre principale : le Dictionnaire
de la langue française
(1863-1872).
Ce
mot rare a aussi été repris à partir de 1870 par les historiens
médiévistes pour désigner le répertoire chronologique
enregistrant les actes issus des pouvoirs publics ou intervenus entre
des particuliers.
Il
est intéressant de noter que dès 1559 le mot désigne l'étendue
des moyens dont quelqu'un dispose dans un certain domaine, d'abord à
propos de la parole.
Les
registres
de la parole
sont les utilisations que chaque sujet « parlant »
fait des niveaux
de langue
existant dans l'usage social d'une langue (familier, standard,
soutenu, populaire, cultivé, etc.). Car non seulement les manières
de parler (et d'écrire) peuvent considérablement varier d'une
personne à l'autre, de plus un même locuteur s'exprimera de façon
extrêmement diversifiée selon les situations de communication dans
lesquelles il se trouvera (on ne rédige pas de manière identique
une lettre à sa mère et une lettre à un collègue de travail et
une lettre à un supérieur hiérarchique). On distingue
habituellement trois registres de langue : familier, standard et
soutenu.
Le
registre familier
correspond au français parlé entre interlocuteurs placés sur un
pied d'égalité, avec un lexique composé de mots courants,
argotiques parfois, d'expressions imagées et pittoresques, d'écarts
de style insolites, et dont la syntaxe est faite de phrases courtes,
hachées ou inachevées, où les propositions (sous-phrases) sont
juxtaposées plutôt que subordonnées, et qui admet beaucoup
d'écarts dans l'agencement des groupes de mots.
Par
exemple : Dans
la salle à manger, on risquait pas de manquer de place. Et ça
sentait drôlement bon. La cire, je crois bien, et même le miel
sauvage. Y avait aussi des lilas. Tout ça annonçait des rupins !.
Le
registre standard
correspond au français écrit ou parlé entre des interlocuteurs qui
ne se connaissent pas : le vocabulaire est informatif, neutre,
composé de mots usuels compris sans difficultés par la majorité,
parfois appauvris (pas de mots vulgaires, ni trop spécialisés, ni
trop littéraires, pas d'emphase ni d'expressivité excessive), les
phrases sont facilement compréhensibles et composées sur le modèle
sujet + verbe + complément, dans le respect de la norme, sans
recherche ni effet. Ce registre est utilisé dans la littérature
dite « réaliste ».
Par
exemple : Dans
la salle à manger, très spacieuse, les meubles venaient d'être
cirés.
Le
registre soutenu
ou « cultivé »
(par nature le registre
du style)
correspond au français écrit ou écrit oralisé, utilisé dans des
communications officielles ou institutionnelles et en littérature.
Le vocabulaire est recherché, composé de mots précis, de mots
rares ou abstraits, de mots riches en connotations ou polysémiques
(qui présentent plusieurs sens) ; les phrases sont souvent complexes
avec beaucoup de subordonnées, dans une recherche stylistique de la
variété, obtenue par des écarts (antithèse, inversion, métaphore,
métonymie, etc.) ou par l'emploi de certaines figures de rhétoriques
(par exemple le zeugme, la syllepse, l'anacoluthe, l'abstraction, la
synchyse, etc.).
Exemple
: Dans
la salle à manger, les reflets chatoyants que renvoyaient les
meubles, les senteurs rares et raffinées de cire et de miel sauvage,
les volutes voluptueuses des lilas sur la desserte, tout annonçait
la liesse des sens et de l'esprit.
***
On
a donc deux notions distinctes : le niveau
de langue d'un texte,
défini par l'analyse du lexique et de la syntaxe, et le registre
de langue d'un auteur,
soit lorsqu'il mélange plusieurs tons, plusieurs styles, plusieurs
genres, ou au contraire lorsqu'il privilégie l'unité de ton,
l'homogénéité lexicale (par exemple l'épopée et la tragédie, la
satire et la comédie aux époques classiques).
Exemple
:
Apporte
le café, le beurre et les tartines
On
dirait que le vent dit des phrases latines...
de
Guillaume Apollinaire
(poète
français, 1880-1918),
où
l'auteur mélange deux niveaux de langue (vocabulaire familier du
premier vers, et registre soutenu du deuxième vers par utilisation
de l'image du vent parlant en latin) et deux tons différents, celui
de la prose (premier vers) à celui de la poésie (deuxième vers
rimé) sans rendre pour autant cette dernière prosaïque, car les
deux vers sont des alexandrins.
Dans
les deux cas, niveaux de langue du texte et registre de langue de
l'auteur, les clivages sont d'ordre lexical (argot et langue
standard, vocabulaire technique et langue commune) ou/et d'ordre
phonétique, morphologique, syntaxique et lexical (langue cultivée
et langue populaire, langue courante et patois)
Consignes
:
1.
À l'aide des mots et expressions ci-après, composer une demande en
mariage dans une unité de ton, d'abord dans une langue courante et
commune (par exemple entre un homme et une femme qui se connaissent
depuis l'enfance), puis dans une langue soutenue et cultivée (dans
le cas où les amoureux ne se connaissent que très peu, mais sont
issus d'un même niveau social élevé).
Chérir,
aimer, avoir à la bonne, conter fleurette, faire les yeux doux,
faire la cour, avoir dans la peau, en pincer pour, avoir le béguin,
adorer, aduler, amoureux, amoureuse, jules, soupirant, cavalier
servant, adorateur, affectionner, porter dans son cœur, attentionné,
charmant, amène, chic, qui est d'un prix trop élevé, ça coûte
bonbon, dispendieux, onéreux, coûteux, ruineux, hors de prix,
faramineux, noce, mariage, hyménée, conjungo, se marier, convoler,
épouser, épousailles, demande en mariage, fiançailles,
accordailles, promesse de mariage, prétendant, la future, cœur, les
époux, les conjoints, ma moitié, vie commune, de gaité de cœur,
cri du cœur, à contre-cœur, aller droit au cœur, aimer de tout
son cœur, donner son cœur.
Ça
peut donner ceci, dans un registre familier :
Jean-Luc,
23 ans, chauffeur routier et ami d'enfance de Lucienne, coiffeuse de
21 ans, a proposé à celle-ci une promenade au bord du lac. Ils
parlent de tout et de rien, quand tout à coup Jean-Luc se tourne
vers Lucienne et lui déclare :
-
Lucienne, tu le sais, j't'aime depuis l'enfance. Tu veux bien
m'épouser ? Est-ce que tu m'aimes ? J'en suis sûr... Moi, je suis
dingue de toi, j't'ai dans la peau.
-
C'est chic de ta part. C'est vrai qu'ça fait des années que tu
m'fais les yeux doux, j'vois bien qu't'as l'béguin pour moi. Moi
aussi j't'aime. Mais j'ai la tête sur les épaules, moi. Un mariage,
ça coûte bonbon, c'est hors de prix. T'as les moyens ?
-
C'est pas si faramineux que ça. Écoute, j'ai une idée. Je vais
économiser pendant toute la durée des fiançailles, ça te va ?
-
Ça m'va, j't'ai à la bonne, toi. Viens là que j't'embrasse.
Ou
cela, dans un registre soutenu :
Bertrand,
23 ans, organisateur de soirées mondaines à l'étranger, a été
convié à une réception dans la demeure de la famille de Clarisse,
étudiante de 21 ans, dont le père dirige un élevage de chevaux
pur-sang et utilise fréquemment les services de Bertrand.
-
Clarisse, ma chérie... Puis-je vous appeler ma chérie ?
-
Faites, Bertrand, faites.
-
Vous connaissez mes sentiments à votre égard.
-
C'est-à-dire, Bertrand ?
-
Eh bien, Clarisse, je vous adore, que dis-je, je vous adule. Je veux
vous chérir toute votre vie, alors vous ne serez pas surprise si je
vous demandais votre main. Je me mets à genou devant vous, ma chérie
et je vous fais officiellement ma demande en mariage.
-
Voyons, Bertrand, relevez-vous, tout le monde nous regarde. En
avez-vous déjà parlé à Père ?
-
Certainement, Clarisse. Il m'a même confié qu'il voyait en moi le
parfait soupirant et le cavalier servant idéal.
-
Eh bien, soit. Je vous permets de me faire la cour. Vous êtes si
amène... et je suis si exigeante. Nous convolerons une fois les
accordailles accordées... Bertrand la regarde, interloqué. Le
contrat de mariage, Bertrand, le contrat de mariage. Un bon contrat
de mariage fait d'heureuses épousailles et des époux heureux.
-
Certainement, Clarisse, comme vous voudrez, ma chérie, dit Bertrand
en la regardant des étoiles plein les yeux.
2.
Composer une demande en mariage en incluant et en harmonisant au
moins deux tons différents (par exemple commun et soutenu, ou bien
argotique et cultivé, ou encore cru et précieux et ésotérique,
etc.), soit parce que les amoureux appartiennent à deux classes
sociales différentes, soit parce l'un (ou l'une) refuse la demande
en mariage de l'autre, et utilise volontairement un niveau de langage
éloigné de celui utilisé dans la demande.
-
Chérie, je t'ai à la bonne, tu veux m'épouser ? Je te ferai la
cour, si tu veux...
-
Eh bien, c'est que...
-
Oui ? Allez, me conte pas fleurette, j't'ai dans la peau.
-
C'est que, un mariage, mon ami, c'est onéreux, hors de prix même.
Et puis Père ne serait pas d'accord. Bien que je ne le porte pas
dans mon cœur, car il est par trop sévère et strict, je lui doit
obéissance et respect.
-
Mais j't'aime moi, j'en pince sévère et même strictement que pour
toi. Je suis prêt à te faire la cour, des années même, si tu y
tiens...
-
C'est que, j'ai de nombreux soupirants, tous plus beaux les uns que
les autres, plus riches aussi... Laissons là, je ne tiens pas à
vous vexer. Au revoir, mon ami. Restons-en là.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 22, 59.
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, pp. 324, 406.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 4, pp. 664, 1924.
>
GREVISSE, Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
pp. 17-19.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
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Chicago,
Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1 supplément, t.
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>
NIOBEY, Georges (dir.), 1997. Dictionnaire
analogique,
Paris, Larousse (Références Larousse).
>
PEYROUTET, Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 20, 36.
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., pp. 1102, 1750.
>
THERON, Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche 24.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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d'écriture et publication
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