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L
a P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n l i g n e . . .
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Atelier
d'écriture n° 22
Métaphores
et allégorie
Au
sens premier de la rhétorique, une allégorie est une
description ou un récit consistant en la
personnification d'un être abstrait (la justice, la guerre,
l'amour, etc.) dans une suite de métaphores, en général à
valeur didactique (qui vise à instruire). Elle est fréquemment
utilisée dans : les paraboles, proverbes, fables, et mythes, la
poésie médiévale ou épique, les contes).
Par
exemple, dans Le Corbeau et le Renard, fable de Jean de La
Fontaine [poète français, 1621-1695, eut la charge de « maître
des Eaux et Forêts », entré à l'Académie française en
1684], au delà de l'histoire amusante de ces deux animaux (premier
sens, concret), il faut en découvrir la signification allégorique ;
on a ici une allégorie de la flatterie : corbeau/roi/flatté
par les courtisans et renard/courtisan/flatteur/profiteur (deuxième
sens, abstrait). Cette fable, en effet, fut écrite pour l'éducation
du fils du roi de France, le Dauphin.
Par
ailleurs, l'allégorie est un type d'écriture très symbolique,
à double sens, de concrétisation des idées ou de
personnification des forces naturelles et des abstractions, avec une
interprétation littérale (sens propre) et une interprétation
intellectuelle (sens figuré), toutes deux possibles.
Dans
l'univers tout devient animé, chaque force obscure a un corps, un
esprit, une parole. Exemple avec la personnification du puits de mine
du Voreux en un estomac jamais rassasié, dans cet extrait de :
Germinal, d'Émile Zola [écrivain français,
1840-1902].
Il
ne comprenait bien qu'une chose : le puits AVALAIT des hommes
par BOUCHÉES de vingt ou trente, et d'un COUP DE GOSIER si facile,
qu'il semblait ne pas les sentir passer. (…) Pendant une demi-heure
le puits en DÉVORA de la sorte, d'une GUEULE PLUS OU MOINS
GLOUTONNE, selon la profondeur de l'accrochage où ils descendaient,
mais sans un arrêt, toujours AFFAMÉ, de BOYAUX GÉANTS capables de
DIGÉRER un peuple.
Le
nom féminin allégorie vient (1119) par le latin allegoria
du grec tardif allêgoria, dérivé du verbe allêgorein
(parler par figures), composé de allos (autre)
et de agoreuein (parler), d'abord parler en public,
dérivé de agora (place publique, assemblée de peuple).
Étymologiquement,
l'allégorie est donc une parole différente ;
employée en français aux sens grec et latin de discours
métaphorique, le mot se spécialise dans l'usage classique pour
désigner une narration dont tous les éléments concrets
organisent un contenu différent, souvent abstrait.
Allégorie
désigne aussi une œuvre utilisant ce type de narration.
Le
poème intitulé L'albatros, de Charles Baudelaire
[écrivain français, 1821-1867], est une allégorie du poète, ce
dernier étant comparé à cet oiseau, géant des airs et infirme sur
terre.
Souvent,
pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent
des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui
suivent, indolents compagnons de voyage,
Le
navire glissant sur les gouffres amers.
À
peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que
ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent
piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme
des avirons traîner à côté d'eux.
Ce
voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui,
naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un
agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre
mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le
poète est semblable au prince des nuées
Qui
hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé
sur le sol au milieu des huées,
Ses
ailes de géant l'empêchent de marcher.
Traditionnellement,
trois procédés littéraires caractérisent l'allégorie :
la prosopopée (qui permet de donner la parole, la vie, des
sentiments, des opinions, à un être absent ou mort, ou à un être
moral), la personnification (qui permet de donner figure
humaine à une idée, à un objet, ou à un animal), la métaphore
filée ou suivie (qui est
un essaimage de métaphores sur une idée conductrice commune). Par
exemple :
« Je
suis la Loi ! La loi commune à tous les hommes qui vivent de ce
côté-ci de l'océan, et je décrète, article premier, que
quiconque pêchera du poisson entre ces deux rochers sera sévèrement
puni. » Ayant fini de parler, la Loi s'envola au petit matin
dans un tourbillon d'écume et de sel d'aurore.
Le
BONHEUR est un PRÉ EN FLEUR, multicolore et odorant, couvert de
rosée et à jamais parcouru d'une brise légère et tiède.
Tout
le jour, le FLEUVE DU VENT s'est RUÉ dans les cuvettes de la Drôme.
MONTÉ jusqu'aux châtaigneraies, il a fait les CENT COUPS DU DIABLE
dans les grandes branches ; il s'est ENFLÉ, peu à peu, jusqu'à
DÉBORDER les montagnes et, sitôt le bord SAUTÉ, POMPONNÉ de
pelotes de feuilles, il a DÉVALÉ sur nous.
Extrait
de : Colline, de
Jean Giono
[écrivain
français, 1895-1970, entré
à l'Académie Goncourt en 1954].
Le
nom féminin métaphore est un terme de rhétorique emprunté
(vers 1278) au grec puis au latin metaphora (transport)
et depuis Aristote [philosophe grec, 384 avant J.-C.-322 avant
J.-C., auteur entre autre de : La Poétique, et de :
La Rhétorique], il signifie changement, transposition de
sens ; il est composé de meta (au milieu de,
parmi, entre, avec, derrière, ensuite) et phora (action
de porter, de se mouvoir), de pherein (porter,
supporter, transporter) qui contient la même racine
indoeuropéenne °bher- (porter) que le latin ferre
(qui donna conférer, déférer, offrir, préférer, etc.).
(…)
toute métaphore fondé sur l'analogie doit être également juste
dans le sens renversé. Ainsi, l'on a dit de la vieillesse qu'elle
est l'hiver de la vie, renversez la métaphore et vous la trouverez
également juste, en disant que
l'hiver
est la vieillesse de l'année.
Extrait
de : Maximes et Pensées, Philosophie et
morale, LV,
de
Nicolas de Chamfort [moraliste français, 1741-1794,
entré
à l'Académie française en 1781].
La
figure de rhétorique la métaphore, consiste dans l'emploi
d'un mot concret pour exprimer une notion abstraite, en l'absence de
tout élément introduisant formellement une comparaison. C'est un
procédé de langage qui consiste dans un transfert de sens (terme
concret dans un contexte abstrait) par substitution analogique. Par
exemple : L'abeille, pépite
vive sur la corolle, est ivre d'été (image du caractère
infatigable de l'abeille) ; ou : La
lumière assourdie frissonnait à travers les branches (image
qui rend compte du clair-obscur d'un sous-bois).
On
appelle aussi métaphore le remplacement d'un mot ou d'une expression
normalement attendus, par un autre mot ou une autre expression, selon
un rapport d'analogie entre le premier (le comparé) et de second (le
comparant). Exemple : L'offensive
du froid, où le comparé est L'offensive
(l'arrivée brutale) et le comparant (du
froid).
Pour
que la métaphore soit possible entre deux termes différents, deux
comparés, il faut que les termes aient en commun au moins un
sinon plusieurs élément de signification.
Présence
ou absence du comparé.
La
métaphore in presentia conserve les deux termes
comparés mais n'opère pas de comparaison explicite. Par exemple :
Ma jeunesse ne fut qu'un
ténébreux orage (extrait de : L'ennemi, de :
Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire
[écrivain français, 1821-1867]).
Alors
que dans la métaphore in absentia, le comparé
disparaît tout à fait, laissant au destinataire (au lecteur, à la
lectrice) le soin de reconstituer l'image en décodant la métaphore.
Exemple : Voilà que j'ai
touché l'automne des idées (extrait de : L'ennemi,
de : Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire
[écrivain français, 1821-1867]), où le comparé, absent, est le
dépérissement et la vieillesse.
Attention
à ne pas confondre la métaphore et la comparaison. La
comparaison opère un rapprochement entre deux termes, dont les sens
respectifs ne sont pas affectés. Un terme de comparaison
(comme, pareil, ainsi que, tel,
semblable à,
etc.) établit le lien de ressemblance entre le comparé et le
comparant. Par exemple : Mon
cœur, comme un oiseau, voltigeait tout joyeux (extrait de :
Voyage à Cythère, de Charles Baudelaire
[écrivain français, 1821-1867]), où l'outil de comparaison comme
relie le comparé Mon cœur
au comparant un oiseau ;
Tes yeux sont bleus comme le ciel
(comparaison), Le ciel de tes
yeux (métaphore) ; L'homme
est semblable à un roseau (comparaison),
L'homme est un roseau pensant (Pascal).
La
métaphore est suivie ou filée quand elle introduit
plusieurs rapprochements successifs. Exemples :
Cette
femme tend les filets de ses charmes pour chasser le gibier des
naïfs.
Il
semblait que l'eau fût incendiée (...) toute la mer flamboyait. Ce
flamboiement n'était pas rouge (…) des traînées bleuâtres
imitaient sur la vague des plis de suaire. Une large lueur blême
frissonnait sur l'eau. Ce n'était pas l'incendie, c'en était le
spectre.
(extrait
de : Les Travailleurs de la mer, de Victor Hugo
[écrivain français, 1802-1885, entré à l'Académie française en
1841, il apparut dès 1827 comme le théoricien et le chef de l'école
romantique, et l'animateur du Cénacle ; député en 1848, puis
exilé de 1851 à 1870 ; il fut l'auteur d'une œuvre
considérable et variée]).
Consignes :
1.
Reprendre le poème L'albatros et relever les métaphores
relatives à l'oiseau (ces rois
de l'azur, leurs grandes
ailes blanches comme des avirons, ce
voyageur ailé, l'infirme
qui volait, etc.). Puis trouver deux ou trois nouvelles
métaphores et écrire une suite au poème, une cinquième strophe
composée de quatre vers (comme les strophes du poème) en
alexandrins (vers à douze pieds ou syllabes).
Cela
pourrait donner cela :
Embarrassé
par tant de mauvais traitements
Un
passager saisit ce prince solitaire
Saute
avec lui dans une barque, ramant
S'arrête
et projette le géant des airs.
2.
Remplacer par des métaphores les mots soulignés :
Île
rocheuse de Méditerranée, Chypre n'a jamais pu changer
son destin. Cette terre abandonnée voulait se rattacher
à la Grèce. Elle a dû dépendre de l'Angleterre, sa
protectrice, avant de se faire envahir par la Turquie
qui, depuis 1974, occupe le tiers de son territoire. En dépit de
cela, la partie sud de l'île accueille chaque année
plus de deux millions de touristes.
Cela
pourrait donner ceci :
Petit
caillou perdu au milieu de la mer Méditerranée, Chypre n'a
jamais pu apprivoiser ni apitoyer son destin. Cette terre
naufragée voulait s'amarrer à la Grèce. Elle s'est
arrimée à l'Angleterre, sa duègne,
etc.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
32.
>
DUBOIS Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, pp.
24, 301.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
>
GREVISSE Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.,
p.
264.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp.
70, 78.
> REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., pp.
46, 1232.
>
THERON Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches
42, 47.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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