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L
a P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n l i g n e . . .
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Atelier
d'écriture n° 25
Les
champs
sémantiques et
les
champs lexicaux
Avant
de commencer l'atelier sur les champs sémantiques et les champs
lexicaux,
Il
a été demandé dans la consigne de l'Atelier précédent (n° 24,
du 18 mai 2013) intitulé : La poésie
française, de transformer un texte (en prose) en poème en vers
libérés.
Voici
un exemple de transformation d'un texte (en prose) en poème en vers
libérés, extrait de : Contre Solitude (1946), d'Ilarie
Voronca [Éduard Marcus, poète et écrivain français d'origine
roumaine, 1903-1946] :
Est-ce
un lieu habité ici, est-ce un désert ?
Quelles
sont donc ces rues et ces hautes demeures ?
Un
homme a soif et nul ne lui apporte à boire
Je
m'écrie « J'ai faim », et nulle porte ne s'ouvre.
Villes !
On vous a bâties sur des terres arides
Où
le chant est banni, où la haine triomphe,
Ni
pain, ni sel pour le voyageur égaré
Ni
doux regard de femme pour l'homme hanté d'amour.
***
Les
champs sémantiques et les champs lexicaux
Le
nom masculin champ,
d'abord camp
(1080) à côté de champ
(1080) est issu du latin campus
(camp, campagne),
mot probablement autochtone (d'une ancienne langue d'Italie ?)
désignant originellement la plaine,
par opposition à mons
(la montagne).
Cédant ce sens géographique au mot plana
(plaine),
il s'est spécialisé aux sens de plaine
cultivée, terrain
d'opérations militaires, domaine
d'action (au propre et au figuré),
et campagne,
par opposition à urbs
(la ville),
tous sens repris par le français.
Le
sens figuré s'est développé à partir du XVIe
siècle, à la fois en locutions (sur-le-champ,
1538 ; à tout bout de champ,
1611) et en emploi autonome au sens de domaine
d'action. Ce dernier a reçu en
technique l'acception restreinte de secteur
délimité, réalisée dès le XIIIe
siècle en héraldique et qui a fait fortune en optique (1753),
désignant à la fois le secteur dont tous les points sont vus dans
un instrument, la portion d'image enregistrée par l’œil (champ
visuel) ou, récemment, par la
caméra (1911 ; d'où hors-champ,
contrechamp,
1929).
Au
cours du XXe
siècle, le mot est entré dans d'autres vocabulaires scientifiques :
anatomie, physique avec champ
magnétique (1854), champ
électrique (1881), champ
de force (1881) etc., mathématiques,
linguistique
avec champ sémantique
(ensemble structuré de sens)
traduit de l'allemand Begriffsfeld
(Just Trier [linguiste allemand,
1894-1970, pour qui « chaque
langue représente un système unique de représentations et de
catégorisations du monde »]),
champ lexical
(ensemble structuré de mots),
champ conceptuel
(ensemble structuré de concepts),
champ notionnel
(ensemble structuré de notions),
sociologie, etc.
Déterminer
un champ,
en linguistique, c'est chercher à dégager la structure
d'un domaine donné ou en proposer
une structuration.
Les
champs linguistiques
comprennent aussi bien le champ
sémantique d'un mot (par exemple
avec le mot père
: celui
qui a un ou plusieurs enfants, le
grand-père, le
père de famille, le
père putatif (que l'on pense
être tel), le
père adoptif, le
père nourricier, le
beau-père, le
père d'une lignée (l'ancêtre,
le patriarche), le
père spirituel, le
Saint-Père (le pape), les
Pères de l'Église, le
Révérend Père, etc.),
le
champ lexical d'une famille de mots
(par exemple avec les mots père,
mère,
frère,
soeur :
auteur,
géniteur,
papa,
aïeul,
ancêtre,
ascendant,
chef,
origine,
patriarche,
souche,
tige,
créateur,
fondateur,
parents,
maman,
cause,
source,
génitrice,
mère
poule, matrice,
fils,
fille,
frangine,
enfant,
frangin,
frérot),
ou
le champ lexical d'une réalité
extérieure à la langue (exemple
avec le mot la
parenté : l'affinité,
l'alliance,
l'apparentement,
la
consanguinité, la
famille, le
lignage, la
filiation, dans différentes
sociétés et dans différents pays).
Dès
lors qu'ils sont partie prenante d'un énoncé et non pas considérés
isolément comme des unités purement syntaxiques ou grammaticales,
les mots entrent dans des réseaux de
significations et se font écho
à l'intérieur d'un texte.
On
nomme champ sémantique
l'ensemble des sens ou des nuances
couverts par l'emploi d'un mot récurrent ou non. L'étude du champ
sémantique permet d'apprécier les différents
sens, emplois et valeurs d'un terme,
selon le contexte
dans lequel il est utilisé. Un mot qui présente de nombreuses
occurrences (par exemple le terme changer
a pour occurrences changeant,
changé, le changement, etc.) à
l'intérieur d'un texte, dans des contextes variés, et dont le champ
sémantique est large, est qualifié de mot-thème.
On
appelle champ lexical
l'ensemble des mots qui peuvent se
regrouper autour d'un même thème ou d'une même notion.
On établit les champs lexicaux d'un énoncé en tentant des
rapprochements fondés sur la contiguïté des significations, sur la
parenté des thèmes, et en étudiant les interférences entre les
champs lexicaux, qui peuvent être la source d'images prolongées. Le
croisement de deux ou plusieurs champs lexicaux présents dans un
texte, permet de mettre en évidence le fonctionnement des images
structurantes et d'en dégager des
métaphores,
allégories
ou symboles
(voir à ce sujet l'Atelier n° 22 du 7 mai 2013, intitulé :
Métaphores et allégorie).
Dans
un texte plus long qu'un poème ou qu'un extrait de roman ou qu'une
nouvelle, la présence récurrente de certains champs lexicaux crée
des échos
et des parallélismes de sens
que l'on nomme motifs.
Lorsqu'ils sont établis, les motifs d'une œuvre permettent de
mettre en lumière les idées clés,
les passions,
les hantises
parfois, conscientes ou non, bref le style
de l'écrivain, et de révéler les sens
profonds d'un texte.
Par
exemple, dans cet extrait de L'Or
(1925), de Blaise Cendrars
[écrivain français d'origine suisse,
1887-1961], où l'on peut repérer et
regrouper tous les mots ayant un sème
commun [un sème
est un élément de sens permettant le rapprochement entre certains
termes]. On peut regrouper dans une seule isotopie
(secteur du réel) de nombreux mots qui tous appartiennent au champ
lexical de la parole
: menteurs,
bavards, vantards, hâbleurs, taciturnes, mot immense, récits,
disent, parlent... Certains de
ces termes sont en outre affectés d'un sème
supplémentaire, celui d'une parole
excessive ou déformante. À partir
de cette isotopie simple, plus précisément d'une isotopie
lexicale (ou association
de mots présentant au moins un élément de sens en commun),
va se dégager le motif
de la représentation fabuleuse de l'Ouest américain, fondée sur la
reproduction et la déformation des récits initiaux.
Un
jour, il a une illumination. Tous, tous les voyageurs qui ont défilé
chez lui, les menteurs, les bavards, les vantards, les hâbleurs, et
même les plus taciturnes, tous ont employé un mot immense qui donne
toute sa grandeur à leurs récits. Ceux qui en disent trop comme
ceux qui n'en disent pas assez, les fanfarons, les peureux, les
chasseurs, les outlaws, les trafiquants, les colons, les trappeurs,
tous, tous, tous, tous parlent de l'Ouest, ne parlent en somme que de
l'Ouest.
L’Ouest.
Mot
mystérieux.
Qu'est-ce
que l'Ouest ?
Quatre
procédés conduisent à la constitution
d'un champ lexical : la désignation
(par synonymie, définition, explications...), la caractérisation
(par adjectifs, adverbes, verbes), les propos
(ce qu'on pense du thème), et l'apparition de connotations
(sens second,
ou sens particulier que prend un mot ou un énoncé en fonction du
contexte situationnel).
Quant
à la constitution d'un champ sémantique, la condition
première est la répétition d'un mot ou de ses occurrences.
À chaque répétition, le mot se charge de connotations (une
connotation est un sens particulier que prend un mot ou un énoncé
en fonction du contexte situationnel) nées du contexte ou se nuance
lors d'échanges connotatifs entre mots proches.
Consigne :
écrire un petit récit avec le mot commander, en utilisant
les 5 sens de ce mot (champ sémantique) et en piochant dans les
champ lexicaux.
1.
Commander = exercer une autorité sur quelqu'un, des soldats, une
équipe (champ lexical : diriger, conduire, mener, donner des
ordres, enjoindre, exiger, intimer, sommer, dominer, donner un ordre,
être le maître, gouverner, un ordre, une sommation, un
commandement, un commandant, une autorité, une direction, un
pouvoir, une puissance, une injonction, un chef, une autorité, un
despote, un poste de commande).
2.
Commander = ordonner quelque chose à quelqu'un (prescrire,
enjoindre, imposer, obliger, sommer, donner l'ordre de, décréter,
contraindre, recommander, un conducteur,, un directeur, un dirigeant,
un entraîneur, un maître, un patron).
3.
Commander = demander une chose à un fabriquant, à un fournisseur
(champ lexical : commander un meuble, un vêtement, retenir,
faire fabriquer, faire confectionner, acheter, passer commande, un
achat, un ordre, une commande, les commandes, marchandise commandée).
4.
Commander = agir sur quelque chose (en parlant d'un mécanisme),
faire fonctionner, déclencher, mettre en mouvement, en marche,
levier, organe de transmission, câble, volant, commande de
direction.
5.
Commander = tenir les commandes (au figuré), diriger, avoir la haute
main sur, un décideur, un rassembleur, un responsable, une tête, un
poste de direction.
Cela
pourrait donner ceci :
Dans
une caserne militaire, le commandant donne un ordre à ses soldats.
Un des soldats refuse d'obtempérer, il est emprisonné. Un autre
soldat désobéit, idem. Un troisième déserte. Finalement, il y a
une mutinerie au terme de laquelle la troupe prend le commandement.
Le commandant, lui, prend la fuite. Mais la troupe ne sait pas se
commander et elle se transforme en fournisseur de comptoir en laiton
(il n'en restait que deux au monde). Le commandant, reconverti en
patron de bar, commande un comptoir à la troupe. Ça fera 1300
euros, lui annonce un employé, payables au comptant.
-
Soldat, je vous ai donné un ordre ! Obéissez !
-
Vous aurez beau m'ordonner, m'intimer, me sommer, exiger, me
contraindre même, je ne vous obéirez plus, mon commandant.
-
Au cachot, trois semaines, pour vous donner le temps de réfléchir.
-
Moi non plus, je ne vous obéirai plus, mon commandant, intervint un
deuxième soldat. Je n'accepte plus l'autorité que vous exercez sur
moi. Je refuse le pouvoir du chef. Je veux être mon propre chef, je
ne veux obéir qu'à moi-même. Je veux être le seul à me
commander, à me diriger. Je veux être mon propre patron.
-
Même régime. Au cachot pendant trois semaines. On reparlera de tout
ça après. Je ne suis pas sûr que vos bonnes intentions survivent à
autant de pression. Vous rentrerez dans les rangs, comme les autres.
À
ces paroles, et devant autant d'injustice, de despotisme affiché, le
reste de la troupe se débande et s'enfuit. Le commandant reste seul
au milieu de la cour, puis il sort de la caserne, monte dans sa
voiture, et reste assis au volant, perdu dans ses pensées. Comment
a-t-on pu en arriver là ? Qui a pu commander une telle
débandade, quel a été le déclencheur, comment
l'indiscipline et l'insubordination ont-elles pu se mettre en
mouvement sans qu'il n'ait rien vu venir ? Quel levier, quel
câble, quel organe de transmission, quelle commande de direction de
la machine humaine, qu'il connaît pourtant sur le bout des doigts, a
pu mettre en mouvement tous ces soldats jusque à présent
obéissants, disciplinés et respectueux du moindre ordre par lui
donné ?
Trois
ans plus tard, le commandant, reconverti en patron de bar, monte dans
sa voiture. Il démarre et il se dirige vers la sortie de la ville,
où se trouve une société de fournitures pour bars et cafés, une
des trois dernières entreprises au monde où l'on fabrique des
comptoirs en laiton. Il a passé commandé six mois plus tôt pour un
montant de 1300 euros. Etc.
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BERTAUD DU CHAZAUD Henri, 1999. Dictionnaire
de synonymes et contraires.
Paris, Le Robert (Collection Les usuels).
>
BOURDEREAU Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
30.
>
DUBOIS Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p.
81.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
>
NIOBEY Georges (dir.), 1997. Dictionnaire
analogique,
Paris, Larousse (Références Larousse).
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp.
18, 70.
> REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p.
385.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
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