¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
L
a P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
.
. . . . . .
. .
e n l i g n e . . .
. . . . . .
Atelier
d'écriture n° 29
Le
surréalisme, la libre-association,
l'écriture
automatique
Tu
te lèves l'eau se déplie
Tu
te couches l'eau s'épanouit
Tu
es l'eau détournée de ses abîmes
Tu
es la terre qui prend racine
Et
sur laquelle tout s'établit
...
On
appelle surréalisme l'ensemble des procédés de création et
d'expression utilisant toutes les forces psychiques (automatisme,
rêve, inconscient, etc.) libérées du contrôle de la raison et en
lutte contre les valeurs reçues. C'est un mouvement intellectuel
révolutionnaire affirmant la supériorité de ces procédés, qui se
développa surtout en littérature et dans les arts plastiques, la
peinture, le cinéma...
C'est
de très mauvaise foi qu'on nous contesterait le droit d'employer le
mot surréalisme dans le sens très particulier où nous
l'entendons car il est clair qu'avant nous ce mot n'avait pas fait
fortune. Je le définis donc une fois pour toutes :
Surréalisme :
automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer (…)
le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en
l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute
préoccupation esthétique ou morale.
D'un
point de vue philosophique, le surréalisme repose sur la croyance à
la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées
jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé
de la pensée.
Extrait
de : Manifeste du surréalisme (p. 41-42, 1924), d'André
Breton [écrivain français, 1896-1966 ; fonde avec Louis
Aragon, Philippe Soupault et Paul Éluard en 1923 le mouvement
surréaliste ; loin de s'affirmer par une rupture radicale, le
surréalisme tel qu'André Breton en a défini et illustré les
ambitions, peut être considéré comme l'aboutissement du romantisme
autant que du symbolisme].
...
Tu
fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu
chantes des hymnes nocturnes sur les cordes e l'arc-en-ciel
Tu
es partout tu abolis toutes les routes
...
La
création du mon masculin et adjectif surréaliste est
attribuée à Guillaume Apollinaire (1917, Les Mamelles de
Tirésias, drame surréaliste) ; le mot lui aurait été
suggéré par Pierre Albert-Birot [écrivain
français, 1876-1967, dont la création la plus étonnante fut le
personnage de Grabinoulor] : employé primitivement au sens de
surnaturaliste (adepte
du surnaturalisme, acceptation du surnaturel),
il a pris peu après (1920) une valeur particulière en relation avec
un mouvement intellectuel, artistique et littéraire issu de Dada
[mouvement artistique et littéraire, nihiliste et fondamentalement
subversif créé en 1916 à Zurich par Tristan Tzara entre autres] et
qui sera défini sous le terme de surréalisme par André
Breton autour de valeurs psychanalytiques et révolutionnaires.
À
sa suite, Guillaume Apollinaire créa ou diffusa le premier le nom
masculin surréalisme (1917) qui lui serait venu de Marc
Chagall [peintre, graveur et sculpteur français d'origine russe,
1887-1985] ou de Pierre Albert-Birot. Le mot, défini et illustré
par André Breton dans le Premier manifeste du surréalisme
(1924) comme un « automatisme
psychique [exprimant] le mouvement réel de la pensée »,
resta lié plus que le mot surréaliste à la référence
artistique et littéraire.
La
surréalité (mot créé en 1919 d'après surréalisme)
désigne chez les surréalistes la réalité absolue,
considérée comme synthèse de la réalité courante (appauvrie par
la raison) et de l'inconscient, du rêve. Elle désigne, dans un
usage littéraire, ce qui va au-delà de la réalité courante.
Le
nom féminin réalité, d'abord reellité (vers 1290),
puis realté (XIVe siècle) et réalité
(vers 1550), est emprunté, à la suite de réel, au latin
médiéval realitas, -atis, dérivé de realis
(qui donna réel). Realitas correspond à bien,
propriété (1120) et, dans l'usage scolastique (au moyen âge,
la scolastique rassemblait la philosophie et la théologie qui
étaient enseignées par l'université) désigne le caractère
réel de quelque chose, de quelqu'un (vers 1300, John Duns Scot,
théologien et philosophe écossais, 1266-1308).
Dans
l'usage courant, la réalité correspond à vie réelle,
par opposition au rêve, au désir, à la fiction (vers 1700).
La psychanalyse freudienne a élaboré un concept qui lui est propre
avec principe de réalité (1923), contemporain de principe
de plaisir, épreuve de la réalité (1922).
...
Tu
sacrifies le temps
À
l'éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui
voile la nature en la reproduisant
...
Le
surréalisme ne remet pas seulement en cause le sujet de l'art ou ses
buts. Ce sont les notions mêmes d'artiste ou d’œuvre
qui se trouvent ébranlées. Les surréalistes s'écartent de l'idée
d'un créateur individuel et identifiable. Il ne s'agit plus d'écrire
un texte ni de peindre un tableau selon des méthodes bien définies.
Doit
apparaître une chose toujours étrange et nouvelle, destinée à une
surréalité, c'est-à-dire à un monde que la raison ne
saurait pénétrer. L'analogie, les associations d'idées,
la libre-association, l'onirisme et les connotations
(une connotation est un sens particulier que prend un mot ou un
énoncé en fonction du contexte situationnel) peuvent, seules, y
opérer souverainement.
...
Femme
tu mets au monde un corps toujours pareil
Le
tien
Tu
es la ressemblance
Facile,
de Paul Éluard [Eugène Grindel dit, poète français,
1895-1952 ; participe aux activités du mouvement Dada ;
fonde avec Louis Aragon, Philippe Soupault et André Breton en 1923
le mouvement surréaliste].
L'image
surréaliste.
Au
premier abord, l'image surréaliste semble inclassable. Il est
très difficile et souvent impossible de la réduire à un trope
(un trope est une figure sémantique portant sur un mot et le faisant
changer de sens dans l'histoire, un écart de style de substitution,
par exemple : Il a relavé
la bête et prêté l'oseille, pour : Il
a relevé la tête et prêté l'oreille) ou à une métaphore
ou une métonymie. En effet, elle est dépourvue de référent réel :
elle ne renvoie pas à un objet, un être, ou une situation
reconnaissables. Exemple :
Parfums
éclos d'une couvée d'aurores
Qui
gît toujours sur la paille des astres
Extrait
de : Capitale de la douleur, de Paul Éluard, où couvée
d'aurores peut certes être réductible à une métaphore,
mais à une image sans référent plausible : Qui
gît toujours sur la paille des astres.
Le
degré d'arbitraire de l'image surréaliste doit toujours être
le plus élevé, sans être total. De plus, la syntaxe est respectée.
La réalité de l'image surréaliste doit être seulement psychique,
loin de toute isotopie (secteur de la réalité).
L'image
surréaliste est une image à prendre à la lettre, car selon
des Surréalistes, tenter de la réduire à un trope est dérisoire.
Mieux vaut écouter en elle les pulsions inconscientes de l'auteur,
ses désirs symboliquement révélés. L'image surréaliste « cogne
à la vitre ». Exemple :
La
campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante
Avidité
et contrainte s'étaient réconciliées
Le
château de Maubec s'enfonçait dans l'argile
Extrait
de : Évadné, de : Fureur et mystère, de
René Char [poète français, 1907-1988]. Au lieu de chercher
des métaphores, il faut admettre l'appétit de la campagne (La
campagne mangeait), la présence de la jupe et de l'avidité,
symboles du désir, la beauté visuelle du château qui sombre (Le
château de Maubec s'enfonçait dans l'argile).
Consigne :
En
partant des mots suivants, écrire quelques lignes en écriture
automatique, c'est-à-dire rapidement, au fil de la plume, sans
appliquer les règles syntaxiques et grammaticales, mais plutôt en
laissant le champ libre à l'imagination et à l'inspiration. Puis
rétablir la syntaxe et la grammaire, et agencer les images en un
petit poème en vers libres ou en un petit récit. Les mots proposés
sont :
Rivière,
herbes, firmament, soleil, écume, noyer, figer, couper, battre,
rude, barré, argenté, tourbillonné.
Cela
pourrait donner ceci :
Herbes
tourbillonnantes et noyées
Herbes
figées qu'un elfe coupe et bat
Au
firmament des profondeurs ensoleillées
Soleil
noyé
Rudesse
argentée
Soleil
au firmament, ou au firpapa ?
Au
firmament, ou au firpapa ? Pourquoi pas ?
Au
firmament des profondeurs ensoleillées
Je
regarde le soleil noyé au fond de la rivière
Les
yeux dans les yeux
Choyé
d'herbes tourbillonnantes et noyées
Elles
aussi
Herbes
figées qu'un elfe coupe et bat
Figées
par la rudesse argentée des galets
Lapidation
lithique par le minéral
Ou
plus simplement rigidité lithique
Souplesse
calcifiée des algues
À vous de jouer,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BOURDEREAU Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
114.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t.
6, p. 892.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), p.
80.
> REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p.
1740.
>
THERON Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiche
44.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
L
a P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
.
. . . . . .
. .
e n l i g n e . . .
. . . . . .
¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire