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atelier
d'écriture et publication
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Atelier d'écriture
VIII
Mot-valise
et néologisme avec
L’Œuvre
au Noir de Marguerite Yourcenar
Sommaire
>
Extrait de L’Œuvre
au Noir
(1968)
de Marguerite
Yourcenar,
pp. 336-338.
>
Qui était Marguerite
Yourcenar
?
>
Que raconte L’Œuvre
au Noir
?
>
Qu'est-ce qu'un mot-valise ?
Qu'est-ce qu'un néologisme ?
>
Extrait de L’Œuvre
au Noir (1968,
pp. 336-338)
de Marguerite Yourcenar,
où certains mots (en majuscule)
seront repris dans la consigne.
>
Exercices et consignes d'écriture.
***
>
Extrait de L’Œuvre
au Noir
(1968)
de Marguerite
Yourcenar,
pp. 336-338.
Il
bâilla. Ces alternatives ne l'intéressaient plus. Il enleva ses
souliers alourdis par le sable, enfonçant avec satisfaction ses
pieds dans la couche chaude et fluide, cherchant et trouvant plus bas
la fraîcheur marine. Il ôta ses habits, plaça précautionneusement
sur eux son bagage et ses pesantes chaussures, et s'avança vers la
mer.
La
marée baissait déjà : de l'eau jusqu'à mi-jambe, il traversa
des flaques miroitantes, et s'exposa au mouvement des vagues.
Nu
et seul, les circonstances tombaient de lui comme l'avaient fait ses
vêtements. […] Rien dans cette immensité n'avait de nom : il
se retint de penser que l'oiseau qui pêchait, balancé sur une
crête, était une mouette, et l'étrange animal qui bougeait dans
une mare ses membres si différents de ceux de l'homme une étoile de
mer.
La
marée baissait toujours, laissant derrière elle des coquillages aux
spirales aussi pures que celles d'Archimède ; le soleil montait
insensiblement, diminuant cette ombre humaine sur le sable. […]
Dans ce monde sans fantômes, la férocité même était pure :
le poisson qui frétillait sous la vague ne serait dans un instant
qu'un sanglant bon morceau sous le bec de l'oiseau pêcheur, mais
l'oiseau ne donnait pas de mauvais prétextes à sa faim. Le renard
et le lièvre, la ruse et la peur, habitaient la dune où il avait
dormi, mais le tueur ne se réclamait pas de lois promulguées jadis
par un renard sagace ou reçues d'un renard-dieu ; la victime ne
se croyait pas châtiée pour ses crimes et ne protestait pas en
mourant de sa fidélité à son prince. La violence du flot était
sans colère. La mort, toujours obscène chez les hommes, était
propre dans cette solitude. Un
pas de plus sur cette frontière entre le fluide et le liquide, entre
le sable et l'eau, et la poussée d'une vague plus forte que les
autres lui ferait perdre pied ; cette agonie si brève et sans
témoin serait un peu moins la mort. Il regretterait peut-être un
jour cette fin-là. Mais il en était de cette possibilité comme des
projets d'Angleterre ou de Zélande, nés de craintes de la veille ou
de dangers futurs absents de ce moment sans ombre, plans formés par
l'esprit et non nécessité s'imposant à l'être. L'heure du passage
n'avait pas encore sonné.
Il
revint vers ses vêtements, qu'il eut quelque peine à retrouver,
recouverts comme ils l'étaient déjà par une légère couche de
sable. Le recul de la mer avait en peu de temps changé les
distances. La trace de ses pas sur la grève humide avait été
immédiatement bue par l'onde ; sur le sable sec, le vent
effaçait toutes les marques.
Son
corps lavé avait oublié la fatigue. Une autre matinée au bord de
la mer se raccordait de plain-pied à celle-ci, comme si ce bref
interlude de sable et d'eau durait depuis dix ans.
>
Qui était Marguerite
Yourcenar
?
Première
femme élue à l'Académie française en 1980, Marguerite de
Crayencour (1903-1987), dite Marguerite Yourcenar (anagramme de son
nom à une lettre près) était une romancière et une essayiste
française. Nourrie
d'une culture humaniste qui explique son amour de la Grèce (elle a
présenté une anthologie des poètes de l'Antiquité grecque avec La
Couronne et la lyre,
en 1979, traduit Pindare, etc.), Marguerite Yourcenar a voyagé en
Suisse, en Italie, avant de séjourner aux États-Unis, où elle se
fixa en 1949.
Elle
est l'auteure de romans : Alexis
ou le Traité du vain combat
(1929), Le
Coup de grâce
(1939), Denier
du rêve
(1959) ; de poèmes, d'essais : Les
Songes et les sorts
(1938), Sous
bénéfice d'inventaire
(1962) ; de pièces de théâtre, de
mémoires, de
traductions : Les
Vagues
de Virginia Woolf (1937), Ce
que Maisie savait
de Henry James (1947), etc.
Un
roman historique intitulé Mémoires
d'Hadrien
(1951), où
elle livre par le biais des mémoires imaginaires
de
l'empereur (acceptant sereinement les charges et la mort) une
réflexion lucide sur la fin des civilisations, lui
valut une réputation internationale, tandis que L’Œuvre
au Noir
lui
permit d'obtenir à l'unanimité le Prix Femina 1968.
>
Que raconte L’Œuvre
au Noir
?
L’Œuvre
au Noir
est
l'histoire d'un personnage fictif, Zénon, médecin, alchimiste,
philosophe, depuis sa naissance illégitime à Bruges
en
l'an 1510 (Bruges
est une ville de Belgique en région flamande, située à 13 km de la
mer du Nord),
jusqu'à la tragique catastrophe qui termine sa vie.
Nous
le suivons dans ses voyages à travers l'Europe et le Levant
de
son temps (le
Levant est la frange côtière de l'Espagne orientale),
dans ses travaux de médecin des pestiférés et des pauvres et de
médecin de cour, dans
ses recherches en avance sur la science officielle de son siècle,
dans ses expériences de l'esprit et de la chair et son dangereux
faufilement entre la révolte et le compromis.
L’Œuvre
au Noir
évoque
un XVIe
siècle insolite, tout ensemble journalier et souterrain, vu des
perspectives de la grand-route, de l'officine, du cloître, de la
taverne, et finalement de la prison. Le titre est emprunté à une
vieille formule alchimique : « l’œuvre
au noir » était
la phase de séparation et de dissolution de la matière qui
constituait pour les alchimistes la partie la plus difficile du Grand
Œuvre. Elle symbolisait aussi les épreuves de l'esprit se libérant
des routines et des préjugés.
Le
héros de L’Œuvre
au Noir
se
veut ardemment en quête de la vérité sur le mystère de la vie, au
sein d'un XVIe
siècle où
s'affrontent le Moyen Âge et la Renaissance et où
apparaît un nouvel humanisme.
L'histoire
de la
vie de Zénon se déroule en trois parties :
Première
partie : la vie errante (le grand chemin, les enfances de Zénon,
les loisirs de l'été, la fête à Dranoutre, le départ de Bruges,
la voix publique, la
mort à Münster, les Fugger de Cologne, la conversation à
Innsbruck, la carrière d'Henri-Maximilien).
Deuxième
partie : la vie immobile (le retour à Bruges, l'abîme, la
maladie du prieur, les désordres de la chair, la promenade sur la
dune, la souricière).
Troisième
partie : la prison (l'acte d'accusation, une belle demeure, la
visite du chanoine, la fin de Zénon).
>
Qu'est-ce qu'un mot-valise ?
Qu'est-ce qu'un néologisme ?
Les
notions de mot-valise
et de néologisme
ont été abordées lors de l'atelier d'écriture n°38
(samedi 15 septembre 2012) intitulé : J'emporte
un mot-valise, tu crées un néologisme, il (elle) fait un calembour.
La
vie des mots
Les
mots d'une langue sont en perpétuelle évolution : ils
naissent, vieillissent et meurent, et le lexique reflète les
évolutions culturelles, idéologiques et technologiques d'une
société. La création de mots nouveaux, ou néologismes, peut se
faire par dérivation, composition ou emprunt.
Un
mot dérivé est créé par adjonction à un radical (ou base)
d'affixes que sont les préfixes (par exemple : charger
-> DÉcharger)
et les suffixes (par exemple : rapide
-> rapideMENT).
On
forme des termes nouveaux en ajoutant un suffixe à un radical (par
exemple : l'informaTIQUE,
la domoTIQUE), tandis que
la composition consiste à créer un mot à partir de
plusieurs termes ayant un sens autonome (par exemple : un
procès-verbal, un
abat-jour). On distingue les mots composés à partir
d'éléments du français et ceux composés à partir d'éléments
grecs ou latins (exemple : HÉLIOtrope).
Les
emprunts à d'autres langues sont fort anciens (mots italiens
à la Renaissance) ou plus récents (mots anglo-américains comme
baby-sitter, charter).
Les
mots changent de forme mais aussi de sens La signification d'un mot
n'est jamais figée et s'inscrit dans des évolutions sémantiques.
Le signifié d'un mot évolue au cours des époques. Ainsi
l'évolution des mœurs, des techniques, des pratiques culturelles,
etc., expliquent l'évolution sémantique des nombreux mots (exemple
avec le verbe dîner qui
désignait initialement le repas du matin, a désigné ensuite celui
du midi et enfin celui du soir).
Les
glissement sémantiques peuvent être dus à l'usure des mots ou,
plus souvent, à l'emploi nouveau d'un mot existant, qui voit alors
son sens s'étendre (exemple avec le mot souris
qui désigne par métaphore une commande d'ordinateur).
La
grammaire comparée permet de grouper les langues en familles.
Les langues de l'Europe se répartissent en deux familles : la
famille finno-ougrienne et la famille indo-européenne,
à laquelle appartient le français.
La
famille indo-européenne réunit un grand nombre de langues
d'Asie et d'Europe. La famille indo-européenne d'Europe
regroupe le groupe hellénique (le grec), le groupe germanique
(l'anglais, l'allemand, le néerlandais, le suédois, etc.), le
groupe balto-slave (le russe, le polonais, etc.) et le groupe
italo-celtique.
Le
groupe italo-celtique se subdivise en branche celtique
et en branche italique. Dans la première se trouvent le
gaulois, qui régnait en Gaule avant la conquête romaine, le
breton, encore vivant dans l'ouest de la Bretagne, ainsi que
des dialectes parlés dans les îles Britanniques (gaélique,
gallois, irlandais).
La
langue la plus importante de la branche italique est le latin,
d'où sont issues les langues romanes, notamment le français.
Le
français est une langue romane, c'est-à-dire que,
comme l'italien, l'espagnol, le portugais, le catalan, le roumain,
l'occitan ou le provençal, le sarde, il est issu de l'évolution du
latin. La diffusion du latin s'est faite, non pas tellement
par les écoles, mais par les relations de personnes, notamment avec
les commerçants, les soldats, les fonctionnaires romains, qui ont
répandu non pas un latin classique ou littéraire (apparu en
réaction après la généralisation du latin vulgaire), mais un
latin parlé, soit une langue quotidienne, populaire et familière,
le latin vulgaire
qui se distinguait du latin classique ou littéraire par sa
liberté et son expressivité.
Le
latin vulgaire a pris, selon les régions, des formes
différentes, qui se sont développées de plus en plus librement au
fur et à mesure que diminuait la force centralisatrice de Rome. Les
invasions germaniques ont eu d'importantes conséquences
linguistiques, car en détruisant l'unité romaine, elles ont fait
disparaître le latin (notamment dans la Belgique flamande, en
Alsace, dans le nord de la Suisse, en Grande-Bretagne). En Gaule
du nord, les Francs ont constitué une classe dirigeante,
et leur langue, le francique, a donné au français un assez
grand nombre de mots.
Vers
l'an 800, le latin du nord de la Gaule a pris des caractères
assez particuliers pour qu'il ne puisse plus se confondre avec le
latin véritable, que la réforme des études à l'époque de
Charlemagne avait d'ailleurs restitué comme langue de culture.
D'importantes évolutions phonétiques se produisent encore en
ancien français, qui achèvent de séparer le français des
autres langues romanes.
D'un
point de vue morphologique, l'ancien français se caractérisait
notamment par une déclinaison à deux cas, le cas sujet (pour le
sujet et l'attribut), continuant le nominatif latin, et le cas régime
(pour tous les compléments), continuant l'accusatif latin. Exemple
avec le mot le mur : qui
donnait li murs (en latin
murus) au cas sujet singulier, et li
mur (en latin muri) au cas sujet pluriel, et qui
donnait le mur (en latin
murum) au cas régime singulier, et les
murs (en latin muros) au cas régime pluriel.
Le
moyen français, que l'on situe du milieu du XIVe
siècle à la fin du XVIe siècle, vit la disparition de
la déclinaison et plus précisément la disparition du cas sujet,
mais aussi d'autres phénomènes : le pronom personnel sujet devient
obligatoire, l'article aussi, etc. ; De plus le français sert à des
usages jusque-là réservés au latin (écrits scientifiques avec les
traductions d'Aristote, et administratifs avec les premières
chartes), ce qui exige un enrichissement du vocabulaire : de nombreux
mots sont empruntés au latin, à l'italien et au grec.
Le
français moderne naît avec le XVIIe siècle. La
phonétique et la morphologie n'auront plus dorénavant d'évolution
notable, à part le triomphe de la prononciation [wa] (soit le son
« oua » de
froid, ou croire)
et le remplacement de « l »
mouillé par yod. Le lexique
connaîtra des enrichissements sensibles par le développement des
sciences et des techniques, par l'influence des pays anglo-saxons,
par le renouvellement des institutions avec la Révolution de 1789.
Le français moderne achève de conquérir les derniers bastions du
latin : la philosophie, le droit, la science et la théologie.
D'autre part, le français, langue d'une minorité, devient à partir
du XIXe
siècle la langue de la majorité,
grâce à l'enseignement, aux moyens de communication (presse, etc.),
aux brassages sociaux (conscription, guerres, exode des campagnes
vers les villes).
Au
XVIIe
siècle, on prend conscience que le français vaut le latin, et l'on
croit qu'il est arrivé à un état de perfection qu'il faut
maintenir. L'Académie
française est fondée en
1635 pour « travailler
avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des règles
certaines à notre langue, et à la rendre pure, éloquente et
capable de traiter les arts et les sciences ».
Les grammairiens obtiennent le droit de régenter la langue, de
distinguer ce qui est bien et ce qui est mal. À cela s'ajoute le
prestige des grands écrivains classiques : ils sont reconnus comme
modèles dans l'art d'écrire. De là naîtra la différence entre un
français classique ou
littéraire et un français courant,
regroupés dans un français contemporain
illustré par des auteurs des deux derniers siècles.
Il
est important de distinguer une bonne langue écrite d'une mauvaise,
différenciée en cela par : sa clarté
(c'est la condition même pour que le but de la communication soit
atteint, pour que le message soit compris du destinataire), sa
correction
(les critères sont variables suivant l'utilisation de la langue), sa
variété
(préférer l'emploi des synonymes, de l'ellipse et de la suppléance
plutôt que l'emploi de la répétition d'un même mot et de
l'uniformité des constructions grammaticales), son harmonie
(le rythme et les sonorités) et sa concision
(éviter le pléonasme et la tautologie).
Le
langage est un code qui a
pour fonction essentielle de permettre la communication entre
des interlocuteurs ; si certains énoncés sont tout simplement
informatifs, d'autres permettent l'expression de sentiments ou une
réflexion esthétique et analytique sur la langue elle-même. Le
langage a d'autres fonctions que la communication entre les hommes :
notamment, il sert d'expression, de support à la pensée.
Le
mot-valise et le néologisme
Le
mot-valise
et
le néologisme
sont
deux
notions très proches, qu'il ne faut cependant pas confondre. Tandis
que le mot-valise (notion qui apparaît en 1953) est un « mot
composé d'éléments non signifiants de deux ou plusieurs mots »,
le néologisme (mot apparu en 1735) quant à lui est un « mot
nouveau ou un sens nouveau donné à un mot ancien ».
Le
mot-valise
Le
mot-valise
: expression créée en 1953 par G. Ferdière pour traduire le
« portmanteau
word »
(en anglais) de Lewis Carroll. La formation de mots-valises est très
productive en américain, par exemple : motor
(car)
et hotel
(en
anglais) donnent motel.
Le
mot-valise désigne un « composé
formé avec un élément (syllabe, initiale...) prélevé à
plusieurs mots ».
Par exemple : Borgiaque,
de Beckett, est formé de Borgia
et de orgiaque
; Amphibiguïté,
de Ponge, est composé de amphibie
et de ambiguïté
; Un
malentendur
: c'est un malentendu qui dure (toujours trop longtemps), composé de
malentendu
et de durer
; Un
bachelièvre
est un bachelier rapide et rusé, et est composé de bachelier
et de lièvre.
On
parle aussi de mot-forgé ou de forgerie ; Toutefois, le mot-forgé
étant un mot dont le signifiant (le sens) est inventé par l'auteur,
il peut être complètement incompréhensible et désorienter le
lecteur, par exemple : un
scabitor a pitelé les dréfales,
peut faire penser - ou pas - à : un
scribe a perdu les pédales,
ou, un
scarabée a parlé d'un désastre,
etc. Les effets de l'emploi d'un mot-forgé sont le dépaysement,
l'impression de gratuité, la fantaisie cocasse, la poésie et la
musicalité.
Le
néologisme
Néologisme
est un mot formé de néo-
(jeune, récent, neuf) et -logie
(théorie, discours, logique), et qui signifiait à l'origine (1734)
une « tendance
fautive à abuser des mots nouveaux ».
« On
oppose ainsi vers la fin du XVIIIe
siècle la création nécessaire de modes d'expression nouveaux (la
néologie) et l'abus des nouveautés par rapport à la norme (le
néologisme) ».
Encore aujourd'hui, on utilise la valeur péjorative du mot pour
exprimer son sentiment face à un emploi immodéré de mots nouveaux
et de notions nouvelles. « Au
XIXe
siècle, le mot néologisme entre dans le vocabulaire de la
linguistique avec une valeur objective : mot, locution récemment
attesté ».
Les
néologismes sont rendus nécessaires par les progrès des sciences
et des techniques, par les nombreuses innovations technologiques, et
par les appropriations culturelles des différentes générations.
Ainsi, le lecteur
de CD
a remplacé le tourne-disque,
le CD
a remplacé le disque-compact,
sont apparus : le
cyberespace,
le
e-commerce,
etc.
Il
est intéressant de noter qu'au sens strict, le mot-valise n'est pas
un néologisme, dans la mesure où le mot n'est pas attesté ; et
pourtant, d'une manière générale, on considère le mot-valise
comme un néologisme, dans la mesure où l'un comme l'autre sont des
inventions, obtenues par déformation, dérivation, composition ou
emprunt.
Par
ailleurs, un néologisme est aussi un mot en général ancien et
tombé en désuétude, employé avec un sens nouveau. Par exemple :
« l'extravagante
priapée des gratte-ciel »
(Julien Gracq (1910-2007). La
priapée est le nom
féminin donnée à une pièce de poésie licencieuse ; Dans la
mythologie gréco-romaine, Priape était le dieu des jardins et de
l'amour physique. Ou encore : « Il
va nous mésarriver quelque chose »
(Georges Hyvernaud), le verbe mésarriver,
ou mésavenir, ou bien mésadvenir,
signifie arriver
malheur, et n'est
plus guère employé. L'auteur sous-entend qu'il va arriver quelque
chose de négatif et de malheureux.
>
Extrait de L’Œuvre
au Noir (1968,
pp. 336-338)
de Marguerite Yourcenar,
où certains mots (en
majuscule) seront repris dans la consigne.
Il
BÂILLA. Ces alternatives ne l'INTÉRESSAIENT plus. Il ENLEVA ses
souliers ALOURDIS par le sable, enfonçant avec SATISFACTION ses
pieds dans la couche chaude et FLUIDE, cherchant et trouvant plus bas
la fraîcheur marine. Il ÔTA ses habits, PLAÇA précautionneusement
sur eux son BAGAGE et ses pesantes chaussures, et S'AVANÇA vers la
mer.
La
marée BAISSAIT déjà : de l'eau jusqu'à mi-jambe, il TRAVERSA
des flaques MIROITANTES, et S'EXPOSA au mouvement des VAGUES.
Nu
et seul, les circonstances TOMBAIENT de lui comme l'avaient fait ses
VÊTEMENTS. […] Rien dans cette immensité n'avait de nom : il
SE RETINT de penser que l'oiseau qui PÊCHAIT, balancé sur une
crête, était une MOUETTE, et l'étrange animal qui BOUGEAIT dans
une MARE ses membres si différents de ceux de l'homme une ÉTOILE de
mer.
La
marée BAISSAIT toujours, laissant derrière elle des coquillages aux
spirales aussi pures que celles d'Archimède ; le soleil MONTAIT
insensiblement, diminuant cette OMBRE humaine sur le sable. […]
Dans ce monde sans FANTÔMES, la férocité même était pure :
le poisson qui FRÉTILLAIT sous la vague ne serait dans un INSTANT
qu'un sanglant bon morceau sous le BEC de l'oiseau pêcheur, mais
l'oiseau ne DONNAIT pas de mauvais prétextes à sa FAIM. Le renard
et le lièvre, la ruse et la peur, HABITAIENT la DUNE où il avait
dormi, mais le tueur ne SE RÉCLAMAIT pas de lois promulguées jadis
par un renard SAGACE ou reçues d'un renard-dieu ; la victime ne
SE CROYAIT pas CHÂTIÉE pour ses crimes et ne PROTESTAIT pas en
mourant de sa FIDÉLITÉ à son prince. La violence du flot était
sans COLÈRE. La MORT, toujours obscène chez les hommes, était
propre dans cette SOLITUDE. Un
pas de plus sur cette frontière entre le fluide et le liquide, entre
le sable et l'eau, et la poussée d'une vague plus forte que les
autres lui ferait perdre pied ; cette AGONIE si brève et sans
témoin serait un peu moins la mort. Il REGRETTERAIT peut-être un
jour cette fin-là. Mais il en était de cette possibilité comme des
PROJETS d'Angleterre ou de Zélande, nés de craintes de la veille ou
de dangers futurs absents de ce MOMENT sans ombre, plans formés par
l'esprit et non nécessité s'imposant à l'être. L'heure du PASSAGE
n'avait pas encore sonné.
Il
REVINT vers ses vêtements, qu'il eut quelque peine à retrouver,
recouverts comme ils l'étaient déjà par une légère couche de
SABLE. Le recul de la mer avait en peu de temps changé les
distances. La TRACE de ses pas sur la grève humide avait été
immédiatement BUE par l'onde ; sur le sable SEC, le vent
EFFAÇAIT toutes les marques.
Son
corps lavé avait oublié la FATIGUE. Une AUTRE matinée au bord de
la mer SE RACCORDAIT de plain-pied à celle-ci, comme si ce BREF
interlude de sable et d'eau DURAIT depuis dix ANS.
>
Exercices et consignes d'écriture.
Remplacer
les mots en majuscule dans l'extrait de texte cité ci-avant, par des
mots-valises ou des néologismes. Ou bien, créer des mots-valise et
des néologismes à partir de mots choisis dans l'extrait de texte
cité ci-avant. Puis les utiliser dans un court récit d'une
trentaine de lignes.
Avec
les mots suivants :
-
bâiller : s'embâiller
(mot-valise) qui signifie : bâiller d'ennui.
-
intéresser : chaloir (mot ancien
tombé en désuétude), il ne me chaut, point ne m'en chaut.
-
enlever : retilever ou retiver
(mot-valise) qui signifie : retirer ses chaussures.
-
alourdis : balourdir (mot-valise)
qui signifie : devenir balourd et maladroit à cause d'un
alourdissement.
-
ôter : billoter (mot-valise) qui
signifie : ôter ses billes ou ses vêtements.
-
placer : placouvrir (mot-valise)
qui signifie : placer en recouvrant.
-
fluide : limouquide (mot-valise)
qui signifie : liquide et mou.
-
bagage : aroi ou harnois (mot
ancien tombé en désuétude).
-
miroitantes : réfulgent (mot
ancien tombé en désuétude) qui signifie : luire, briller,
replendir, étinceler ; ou bien : miroiceler
(mot-valise) qui signifie
: étinceler comme le reflet de la lumière dans un miroir.
-
des vêtements : des
soussurvestirs, se soussurvestir (mot-valise)
qui signifie : enlever ses sous-vêtements, ses vêtements et ses
chaussures. La vêture (mot
ancien tombé en désuétude) ne
comprend que les habits (sans les chaussures).
Cela
pourrait donner ceci :
J'ai
commencé par m'embâiller à m'en décrocher la mâchoire, puis je
me suis soussurvesti, retivant mes sandales balourdies, billotant mon
pantalon et ma chemise, lançant au loin mon caleçon déchiré. Il
ne me chaut que ma vêture finisse en loques, et c'est sans harnois
aucun que je plonge dans l'onde réfulgente, limouquide miroicelante.
Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et
d'écrire,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
=>
Remarque : la bibliographie qui suit donne les références
des ouvrages consultés pour rédiger le contenu des ateliers
hebdomadaires et mensuels.
Pour
connaître plus précisément le numéro
de la page qui traite de la notion recherchée, consulter la
bibliographie qui se trouve à la fin de chaque atelier hebdomadaire.
Par exemple, pour
les
notions de
mot-valise et
de néologisme,
voir la bibliographie à la fin de l'Atelier n°38,
publié le samedi 15
septembre 2012.
>
BOURDEREAU Frédéric, FOZZA Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan).
>
DUBOIS Jean, GIACOMO Mathée, [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol.
>
GREVISSE Maurice, 1993. Le
bon usage : grammaire française.
Paris, Duculot. 13e éd.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007.
>
PEYROUTET Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan).
> REY
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol.
>
THERON Michel, [199-?]. 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R.
>
VOLKOVITCH Michel. Verbier
: herbier verbal.
M.
Nadeau, 2000.
>
YOURCENAR Marguerite. L’Œuvre
au Noir.
Paris
: Gallimard, 1979
(Folio,
798). 469 p.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
L
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atelier
d'écriture et publication
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