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a P U B L i
a n c e
atelier
d'écriture et publication
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e n l i g n e . . .
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Atelier d'écriture
XI
L'alexandrin
avec La Légende des siècles de Victor Hugo
Sommaire
>
Extrait de La
Légende des siècles
(1859-1883)
de Victor
Hugo,
p. 38.
>
Qui était Victor
Hugo
?
>
Présentation
du
recueil de poèmes
La
Légende des siècles.
>
Qu'est-ce qu'un alexandrin
?
>
Extrait de La Légende des
siècles (1859-1883,
p. 38)
de Victor Hugo,
où le schéma rythmique est indiqué à la fin de chaque vers.
>
Exercices et consignes d'écriture.
***
>
Extrait de La
Légende des siècles
(1859-1883)
de Victor
Hugo,
p. 38.
Éviradnus
I
Départ
de l'aventurier pour l'aventure
Qu'est-ce
que Sigismond et Ladislas ont dit ?
Je
ne sais si la roche ou l'arbre l'entendit ;
Mais,
quand ils ont tout bas parlé dans la broussaille,
L'arbre
a fait un long bruit de taillis qui tressaille,
Comme
si quelque bête en passant l'eût troublé,
Et
l'ombre du rocher ténébreux a semblé
Plus
noire, et l'on dirait qu'un morceau de cette ombre
A
pris forme et s'en est allé dans le bois sombre,
Et
maintenant on voit comme un spectre marchant
Là-bas
dans la clarté sinistre du couchant.
Ce
n'est pas une bête en son gîte éveillée,
Ce
n'est pas un fantôme éclos sous la feuillée,
Ce
n'est pas un morceau de l'ombre du rocher
Qu'on
voit là-bas au fond des clairières marcher ;
C'est
un vivant qui n'est ni stryge* ni lémure** ;
Celui
qui marche là, couvert d'une âpre armure,
C'est
le grand chevalier d'Alsace, Éviradnus.
Ces
hommes qui parlaient, il les a reconnus ;
Comme
il se reposait dans le hallier, ces bouches
Ont
passé, murmurant des paroles farouches,
Et
jusqu'à son oreille un mot est arrivé ;
Et
c'est pourquoi ce juste et ce preux s'est levé.
Il
connaît ce pays qu'il parcourut naguère.
Il
rejoint l'écuyer Gaselin, page de guerre,
Qui
l'attend dans l'auberge, au plus profond du val,
Où
tout à l'heure il vient de laisser son cheval
Pour
qu'en hâte on lui donne à boire, et qu'on le ferre.
Il
dit au forgeron : - Faites vite. Une affaire
M'appelle.
- Il monte en selle et part.
*
Une
stryge
(ou UN stryge : certains écrivains emploient ce mot au masculin) est
un vampire tenant de la femme et de la chienne et qui, selon la
légende, errait la nuit et suçait le sang des hommes.
**
Un lémure
est un fantôme, le spectre d'un mort qui revient tourmenter les
vivants.
>
Qui était Victor
Hugo
?
Écrivain
français (1802-1885), entré à l'Académie française en 1841,
Victor Hugo apparut dès 1827 comme le théoricien et le chef de
l'école romantique [on
appelle romantisme
le mouvement culturel et artistique qui s'est répandu en Europe à
la fin du XVIIIe
siècle et au début du XIXe
siècle, et qui est caractérisé par un changement de sensibilité
et une rupture par rapport au classicisme et au rationalisme],
et l'animateur du Cénacle [entre
1823 et 1830, le Cénacle était le nom d'un groupe qui se constitua
d'abord chez Charles Nodier, ensuite chez Victor Hugo, pour définir
les idées du romantisme naissant et lutter contre le formalisme
classique].
Il
fut élu député en 1848, puis il s'exila de 1851 à 1870. Il fut
l'auteur d'une œuvre considérable et variée : Cromwell
(1827,
dont la Préface joue
un rôle décisif dans la naissance du romantisme en France), Odes
et Ballades
(1828), Notre-Dame-de-Paris
(1831), Ruy
Blas
(1838), Les
Misérables
(1862), L'Homme
qui rit
(1869), etc.
Il fut aussi l'auteur d'environ trois mille dessins, de formats
divers et de techniques différentes.
>
Présentation
du
recueil de poèmes
La
Légende des siècles.
La
Légende des siècles
est un recueil de poèmes paru en trois séries entre 1859 et 1877,
refondues en 1883.
Œuvre
cathédrale s'il en fut, entreprise prométhéenne qui illustre le
goût de l'action et la foi en l'homme de Victor Hugo, sublime poème
de l'humanité pour les uns, sommet de l'emphase mégalomaniaque et
du mauvais goût pour les autres, livre unique en tout cas.
Le
recueil se compose de soixante et un chapitres, conçus comme de
« petites épopées ». Après
un poème liminaire, « la vision d'où est sorti ce livre »,
l'histoire de l'humanité est retracée, depuis la faute originelle,
« d'Ève à Jésus », jusqu'à la rédemption future,
« hors des temps » (« Pleine
mer »,
« Plein
ciel »).
Aux
récits bibliques qui inspirent quelques-unes des pièces les plus
célèbres (« La
Conscience »,
« Puissance
égale bonté »,
« Booz
endormi »)
succèdent la mythologie et l'histoire gréco-romaine, cette dernière
à peine effleurée.
Douze
chapitres sont consacrés aux temps troublés du Moyen âge.
La
Renaissance est surtout illustrée par un long poème « Le
Satyre », synthèse de la doctrine philosophique et esthétique
de l'auteur.
Après
l'intermède des « Idylles » qui ressuscitent vingt-deux
grandes figures littéraires, d'Orphée à Chénier, viennent les
« Temps présents » : Révolution, guerres
napoléoniennes, hommage au peuple.
Enfin,
le recueil s'achève sur la promesse d'un avenir radieux (« Vingtième
siècle », « Hors du temps »).
Vastes
symboles de l'« épanouissement du genre humain de siècle en
siècle », ces poèmes narratifs peignent l'ascension de
l'humanité, guidée par « le grand fil mystérieux du
labyrinthe humain, le Progrès ».
La
vision s'achève avec « La
Trompette du Jugement ».
Prodigieux
d'invention verbale, ces poèmes, dont certains sont entièrement
composés en vers alexandrins, manifestent par leurs images
saisissantes et la présence continuelle du surnaturel, le génie
épique de leur auteur.
>
Qu'est-ce qu'un alexandrin
?
Attention
à ne pas confondre l'alexandrin,
vers français de douze syllabes, avec les
grands alexandrins
(savants, poètes, érudits, lettrés du monde grec rassemblés dans
l'Alexandrie antique, tels Archimède, Callimaque, Euclide,
Théocrite, Hérondas), et avec les
Alexandrins,
des grammairiens de la ville d'Alexandrie [ville
d'Égypte fondée en 332-331 avant Jésus-Christ par Alexandre le
Grand, sur une bande de terre entre la mer Méditerranée et le lac
Mariout, à l'extrémité nord-ouest du delta du Nil].
Ces
grammairiens ont développé au IIIe
siècle avant J.-C. une série de recherches qui, sans être
elles-mêmes linguistiques, ont contribué par leurs fins à asseoir
pour des millénaires une certaine conception de la langue.
Leur
travail a surtout été un travail d'édition consistant à
rechercher, à collationner et à publier avec des commentaires les
textes les plus célèbres de la Grèce de l'époque classique.
En
effet, les textes anciens différaient à bien des égards de la
langue grecque du IIIe
siècle avant J.-C., surtout telle qu'elle était parlée à
Alexandrie. Aussi les éditeurs alexandrins des textes anciens
ont-ils pris l'habitude de les accompagner de commentaires (gloses)
et de traités de grammaire destinés à faciliter la lecture des
chefs-d'œuvre du passé.
C'est
ainsi qu'est née l'opinion que cette langue était plus « pure »
et plus « correcte » que le parler quotidien
d'Alexandrie. De là est issue la tradition qui consiste à
privilégier la langue écrite par rapport à la langue parlée et à
estimer qu'en évoluant la langue se corrompt et perd de sa pureté.
L'alexandrin,
nom masculin désignant le vers français de douze syllabes, est la
substantivation de vers
alexandrin
(1492), type de vers représenté par le Roman
d'Alexandre,
poème du XIIe
siècle évoquant de manière légendaire Alexandre le Grand.
Le
prénom, en grec Alexandros, signifie littéralement « qui
protège les hommes »
; comme le prénom Andreas
(André),
il contient anêr
(homme)
qui forme le préfixe andro-
(homme,
par opposition à la femme).
L'appellation
« Roman
d'Alexandre » recouvre
différentes strates de textes, apparues dès le XIIe
siècle, puis rassemblées, sinon remaniées, par Alexandre de Paris
(ou de Bernay).
L'Alexandre
d'Albéric (ou de Briançon), datant du premier tiers du XIIe
siècle, est le premier ouvrage romanesque consacré à Alexandre :
seul en subsiste le début, 105 octosyllabes (vers de 8 syllabes) en
franco-provençal, répartis en 15 laisses (une laisse est une tirade
ou un couplet d'une chanson de geste) de longueur variable.
Vient
ensuite la rédaction décasyllabique (vers de 10 syllabes),
composée par un anonyme, en Poitou, vers 1170, et qui compte 785
vers en 76 laisses. Imité manifestement de celui d'Albéric, cet
Alexandre
décasyllabique,
se terminant au milieu des premiers exploits du héros, peut être
considéré comme un Livre
des enfances.
Lambert
le Tort, un clerc de Châteaudun dans l'Eure-et-Loir, aux confins de
la Beauce et du Perche, écrit une suite et porte l'histoire à son
achèvement. Ce texte, assez difficile à reconstituer, se trouve
fondu dans un ouvrage bien plus important, le Roman
d'Alexandre
(version d'Alexandre de Paris, ou de Bernay) qui, avec ses quatre
branches, totalise environ 16 OOO de ces vers de douze syllabes qui
porteront désormais le nom d'alexandrins.
Le
cycle d'Alexandre poursuit son développement avec, à la fin du XIIe
siècle, le Vengement
d'Alixandre,
de Gui de Cambrai, et la Venjance
d'Alixandre,
de Jehan Le Névelon (avant 1191), puis au XIIIe
siècle, avec la Prise
de Defur
et le Voyage
en paradis terrestre,
et au XIVe
siècle, les poèmes du Paon.
« Il
venait de trouver le premier vers :
Mon
âme a son mystère, ma vie a son secret,
mais,
en comptant sur ses doigts, il s'aperçut que son alexandrin marchait
sur treize pieds ; il chercha un synonyme de mystère. Énigme, non,
Cacher, bien ; mais le substantif correspondant ? Se taire, pas mal.
Mon
âme se tait,
non.
Ça ne marchait pas. De nouveau, il calcula sur ses doigts combien de
pieds faisaient :
Mon
âme a son mystère, ma vie a son secret.
Il
y en avait bien treize. »
Extrait
de : Le
chiendent,
de Raymond Queneau [1903-1976,
auteur de Zazie
dans le métro, académicien
Goncourt en 1951, crée en 1960 l'OuLiPo avec François Le Lionnais ;
acronyme de : Ouvroir de Littérature potentielle, l'OuLiPo est un
atelier d'expérimentation littéraire qui cherche à réintroduire
la notion de contrainte formelle dans la création littéraire].
Les
vers alexandrins sont aussi appelés vers héroïques. L'épopée est
le genre littéraire le plus ancien. Dans l'Antiquité, il s'agissait
d'un récit chanté, transmis par la tradition. À partir du XVIe
siècle, une épopée est un poème héroïque qui exalte, à travers
les exploits d'un personnage exemplaire qui évolue dans un monde
d'archétypes (c'est-à-dire de modèles), les valeurs auxquelles un
peuple veut s'identifier. L'épopée émeut d'autant plus le lecteur
que le poème héroïque est rythmé par les vers décasyllabes et
alexandrins aux descriptions saisissantes, à l'abondance des
comparaisons et des métaphores.
Après
la poésie héroïque au XVIe
siècle, c'est au tour de la tragédie en tant que forme théâtrale
(XVIIe
siècle) de réclamer l'alexandrin. Du XVIe
au XIXe
siècle, l'histoire de l'alexandrin se confond presque avec celle de
la poésie française. L'alexandrin a été considéré à partir de
l'âge classique comme le vers noble, le vers le plus approprié pour
les poèmes épiques et pour la poésie la plus relevée (la poésie
religieuse en particulier), pour les pièces de théâtre, l'élégie
amoureuse et plaintive, dans les stances, dans la satire, etc.
Le
renouveau de la poésie versifiée (initié au début du XIXe
siècle), associé en 1886 à l'inauguration, ou à la commémoration,
de trois formes littéraires : le vers libre, le poème en prose et
le monologue intérieur, verra le déclin du vers alexandrin.
Plus
que la rime, c'est la mesure,
fondée sur le nombre de pieds, qui distingue vraiment le vers de la
prose. Le nombre de pieds permet aussi de classer les vers en
différents mètres selon leur longueur. Les mètres pairs comme les
vers de 2, 4, 6, 8 (octosyllabes), 10 (décasyllabes), et 12
(alexandrins) pieds ont pour effets la régularité, la netteté, le
découpage facile en segment (l'alexandrin est découpé en 2
hémistiches ou 2 parties égales, de 6 pieds chacun). Les mètres
impairs de 5, 7, 9 et 11 pieds dont la coupe ne peut pas être
régulière, ont des effets de légèreté, de flou, de variété et
de liberté.
Exemple
de vers de 7 pieds :
« C'estoit
une belle brune
Filant
au clair de la lune »
Extrait
de Pierre de Ronsard [poète
français, 1524-1585, élève de Dorat de 1544 à 1550, il fut au
centre des jeunes poètes de la Brigade qui prendra ensuite le nom de
Pléiade].
Exemple
de vers de 9 pieds :
« De
la musique avant toute chose
Et
pour cela préférer l'impair
Plus
vague et plus soluble dans l'air »
Extrait
de : L'Art
poétique,
de Paul Verlaine [poète
français, 1844-1896, auteur de Poètes
maudits,
1884, consacrés à T. Corbière, Mallarmé et Rimbaud ; et de Jadis
et Naguère,
1884, qui contient L'Art
poétique].
Le
rythme
naît du retour de temps forts à intervalles réguliers, comme les
accents (en français, chaque mot plein, verbe, nom, adjectif,
adverbe, porte un accent tonique sur la dernière syllabe prononcée,
on parle alors d'accent rythmique dans un vers) et les coupes (la
coupe est un arrêt bref de la voix après un accent rythmique). Par
exemple :
« Tout
à coup, comme atteints d'une rage insensée
Ces
hommes, se levant à la même pensée... »
Extrait
de : Jocelyn,
d'Alphonse de Lamartine [poète
français, 1790-1869, auteur des Méditations
poétiques
(1820) et de Les
Harmonies poétiques et religieuses
(1830) ; entre à l'Académie française en 1829 ; membre du
gouvernement provisoire et ministre des Affaires étrangères en
1848].
Où
le signe ` montre l'accent tonique, et le signe // montre la coupe :
« Tout
à coùp, // comme atteints d'une rage insensée
Ces
hommès, // se levant à la même pensée... »
L'alexandrin
classique est un tétramètre,
c'est-à-dire un vers de 12 pieds (un pied est une syllabe prononcée
entièrement), à 4 accents rythmiques (l'accent rythmique est
l'accent tonique porté sur la dernière syllabe d'un mot) et donc à
4 mesures (ou coupes). Deux mesures tombent obligatoirement sur
le 6e
et le 12e
pieds. Les deux autres mesures, qui doublent l'accent tonique de 2
mots pleins, ont une place variable.
Dans
l'exemple suivant, le premier vers alexandrin est un tétramètre
régulier (le schéma rythmique est : 3 + 3 + 3 + 3), le deuxième
vers alexandrin est un tétramètre croissant et régulier (le schéma
rythmique est : 2 + 4 + 3 + 3) :
« Tout
à coùp
(3
syllabes), comme atteìnts (3)
//
d'une ràge
(3) insensèe
(3)
Ces
hòm(2)mes,
se levànt (4)
//
à la mè(3)me
pensèe (3)... »
Lorsque
la césure (ou coupe) de l'alexandrin est affaiblie ou inexistante,
le vers change de rythme. La césure médiane (du milieu) est
remplacée par deux autres césures qui divisent le vers en trois
mesures : c'est un trimètre.
Par exemple :
« Elle
peignait ses cheveux d'or je croyais voir
Ses
patientes mains calmer un incendie. »
Extrait
de : La
Diane Française,
de Louis Aragon [écrivain
et poète français, 1897-1982, auteur de Le
Fou d'Elsa
(1963, monument de la poésie lyrique française d'après-guerre) ;
participe un temps au mouvement Dada, puis fonde avec André Breton,
Philippe Soupault et Paul Éluard en 1923 le mouvement surréaliste].
Où
l'on a :
« Elle
peignait / ses cheveux d'or / je croyais voir (3 + 4 + 5)
Ses
patientes mains / calmer / un incendie. »
(5 + 2 + 5)
>
Extrait de La Légende
des siècles
(1859-1883,
p. 38)
de Victor Hugo,
où le schéma rythmique est indiqué à la fin de chaque vers.
Éviradnus
I
Départ
de l'aventurier pour l'aventure
Qu'est-ce
que Sigismond et Ladislas ont dit ? (10
+ 2)
Je
ne sais si la roche ou l'arbre l'entendit ; (3
+ 6 + 3)
Mais,
quand ils ont tout bas parlé dans la broussaille,
(2 + 10)
L'arbre
a fait un long bruit de taillis qui tressaille, (3
+ 6 + 3)
Comme
si quelque bête en passant l'eût troublé, (3
+ 6 + 3)
Et
l'ombre du rocher ténébreux a semblé (9
+ 3)
Plus
noire, et l'on dirait qu'un morceau de cette ombre (2
+ 10)
A
pris forme et s'en est allé dans le bois sombre, (3
+ 9)
Et
maintenant on voit comme un spectre marchant (4
+ 8)
Là-bas
dans la clarté sinistre du couchant. (2
+ 10)
Ce
n'est pas une bête en son gîte éveillée, (6
+ 6)
Ce
n'est pas un fantôme éclos sous la feuillée, (6
+ 6)
Ce
n'est pas un morceau de l'ombre du rocher (6
+ 6)
Qu'on
voit là-bas au fond des clairières marcher ; (4
+ 8)
C'est
un vivant qui n'est ni stryge* ni lémure** ; (4
+ 8)
Celui
qui marche là, couvert d'une âpre armure, (6
+ 6)
C'est
le grand chevalier d'Alsace, Éviradnus. (8
+ 4)
Ces
hommes qui parlaient, il les a reconnus ; (6
+ 6)
Comme
il se reposait dans le hallier, ces bouches (10
+ 2)
Ont
passé, murmurant des paroles farouches, (3
+ 9)
Et
jusqu'à son oreille un mot est arrivé ; (6
+ 6)
Et
c'est pourquoi ce juste et ce preux s'est levé. (4
+ 8)
Il
connaît ce pays qu'il parcourut naguère. (6
+ 6)
Il
rejoint l'écuyer Gaselin, page de guerre, (8
+ 4)
Qui
l'attend dans l'auberge, au plus profond du val, (6
+ 6)
Où
tout à l'heure il vient de laisser son cheval (6
+ 6)
Pour
qu'en hâte on lui donne à boire, et qu'on le ferre. (8
+ 4)
Il
dit au forgeron : - Faites vite. Une affaire (6
+ 3 + 3)
M'appelle.
- Il monte en selle et part. (3
+ 6 + 3)
*
Une
stryge
(ou UN stryge : certains écrivains emploient ce mot au masculin) est
un vampire tenant de la femme et de la chienne et qui, selon la
légende, errait la nuit et suçait le sang des hommes.
**
Un lémure
est un fantôme, le spectre d'un mort qui revient tourmenter les
vivants.
>
Exercices et consignes d'écriture.
Composer
un poème à partir de l'extrait de poème suivant : Un
peu de musique,
extrait de : Éviradnus
XI
(pp. 61-62) de Victor Hugo, en transformant les vers heptamètres (7
pieds) en tétramètres ou vers alexandrins à 12 pieds. Le schéma
rythmique devra être le plus régulier possible (3 + 3 + 3 + 3, ou 3
+ 6 + 3, ou bien 6 + 6).
Éviradnus
XI
Un
peu de musique
[...]
Si
tu veux, faisons un rêve.
Montons
sur deux palefrois ;
Tu
m'emmènes, je t'enlève.
L'oiseau
chante dans les bois.
Je
suis ton maître et ta proie ;
Partons,
c'est la fin du jour ;
Mon
cheval sera la joie,
Ton
cheval sera l'amour.
Nous
ferons toucher leurs têtes ;
Les
voyages sont aisés ;
Nous
donnerons à ces bêtes
Une
avoine de baisers.
[...]
Allons-nous-en
par la terre,
Sur
nos deux chevaux charmants,
Dans
l'azur, dans le mystère.
Dans
les éblouissements !
Nous
entrerons à l'auberge,
Et
nous payerons l'hôtelier
De
ton sourire de vierge,
De
mon bonjour d'écolier.
Tu
seras dame, et moi comte ;
Viens,
mon coeur s'épanouit,
Viens,
nous conterons ce conte
Aux
étoiles de la nuit.
Avec
les douze premiers vers, cela pourrait donner ceci :
Et
si tu veux bien, aujourd'hui faisons un rêve. (5 + 7)
Montons
sur deux fringants impatients palefrois ; (2 + 10)
Tu
m'emmènes, je t'enlève, nous échappons... (4 + 4 + 4)
L'oiseau
lyre chante haut et clair dans les bois. (4 + 5 + 3)
Je
suis ton maître, je suis loin, je suis ta proie ; (5 + 3 + 4)
Partons,
vite plus vite, c'est la fin du jour ; (2 + 5 + 5)
Mon
cheval sera la joie et la bonne humeur, (7 + 5)
Ton
cheval sera l'amour, la passion, le feu. (7 + 3 + 2)
Nous
ferons toucher leurs têtes aux fronts heureux ; (8 + 4)
Aujourd'hui,
les voyages à pied sont aisés ; (3 + 9)
Nous
donnerons généreusement à ces bêtes (4 + 5 + 3)
Plusieurs
par tête, des avoines de baisers. (5 + 7)
Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et
d'écrire,
À vos claviers, plumes
et stylos !
Bibliographie
:
>
BEAUMARCHAIS, Jean-Pierre de, COUTY, Daniel, REY, Alain, 1994.
Dictionnaire
des littératures de langue française.
Paris, Bordas, nouv. éd. mise à jour et enrichie, 4 vol., t. 1, p.
25, t. 3, p. 2205, t. 4, p. 2582.
>
BOURDEREAU, Frédéric, FOZZA, Jean-Claude, [et al.], 1996. Précis
de français : langue et littérature.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 50, 66, 76.
>
DUBOIS, Jean, GIACOMO, Mathée [et al.], 1999. Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage.
Paris, Larousse, p. 23.
> Le
Grand Robert de la langue française,
2001, 2e éd.
6 vol., t. 1, p. 346.
> HUGO
Victor. La Légende des siècles : recueil de poèmes
(1859-1883). Librement consultable sur internet aux adresses
suivantes : http://www.gallica.bnf.fr, et
http://www.inlibroveritas.net.
>
LITTRÉ, Paul-Émile, 1991 (1866-1877). Dictionnaire
de la langue française.
Chicago, Encyclopaedia Britannica Inc. Nouv. éd. 6 vol. + 1
supplément, t. 1, p. 155.
> Le
Petit Robert des noms propres,
2007, pp.
1032, 1242.
>
PEYROUTET, Claude, 1994. Style
et rhétorique.
Paris, Nathan (coll. Repères pratiques Nathan), pp. 44, 132.
> REY,
Alain (dir.), 1994. Dictionnaire
historique de la langue française.
Paris, Le Robert. 2 vol., p. 44.
Contact
: numencegalerielitteraire@gmail.com
L
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d'écriture et publication
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