vendredi 26 septembre 2014

L'onomatopée, atelier d'écriture bimensuel de La Publiance


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L a – P U B L i a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .

« Drinnnng...
-
Allo ?
Flic, flac, flic, flac... Ding – Ding – Ding
- Atchoum.
Tic-tac, tic-tac... Tic. Boum !
-Aïe, ouille.
 »

L'onomatopée

L'onomatopée est un bruit, un son, un babil, un borborygme, un bourdonnement, un brouhaha, une chanson, un charivari, une clameur, une claque, un cliquetis, un couac, une crépitation, un cri, une criaillerie, un crissement, un déclic, une déflagration, un écho, un froissement, un frôlement, un gargouillis, un gazouillis, un gémissement, un grincement, un grognement, un grondement, un hurlement, un murmure, une musique, un pépiement, une pétarade, un ronflement, un ronronnement, un roulement, une rumeur, un sifflement, une sonnerie, un souffle, un soupir, une stridence, un susurrement, une ululation, un vagissement, une vocifération, une voix, un vrombissement...

Aïe, aouh (ou ahou), areu-areu, atchoum, bang, bé, berk, beu, bim, bing, bip, blablabla, bof, bouh, boum, brrr, bzz, chabada, chtaf, chtong, chut, clac, clic, cocorico, cot codec, coin-coin, couic, crac, cric-crac, crincrin...

En linguistique, une onomatopée consiste à créer un mot suggérant, ou prétendant suggérer, par imitation phonétique la chose dénommée. C'est la formation d'un mot de manière à ce que le son imite la chose qu'il signifie (atchoum imite l'éternuement).Par métonymie (transfert de dénomination par une relation de cause à effet, de matière à objet, etc.), c'est aussi le mot imitatif lui-même.

Et boum ! tout est tombé.

Ça a fait boum, et les vitres ont volé en éclats.

Laissez votre message après le bip sonore.

Je trouve cette jeune fille un peu gnangnan, mollasson.

Allez, youp là, saute !

On a gagné... youpi !

Un pschitt d'eau gazeuse ajouté au cocktail.

Le bourdonnement constant du frigidaire, zzz... zzz... zzz..., la nuit durant les berçait.

UN MOT IMITATIF

Un mot imitatif est un mot qui reproduit approximativement un son ou un bruit (naturel ou artificiel), par exemple : cocorico pour le cri du coq, ding-dong pour le bruit des cloches. Le caractère approximatif apparaît quand on compare les onomatopées dans diverses langues, car les mots imitatifs sont différents selon la langue. Ainsi, comme le note Kristoffer Nyrop1 (Grammaire historique de la langue française, 1899-1930), le cri du canard est rendu en français par coin-coin, en danois par rap rap, en allemand par gack gack (ou quack quack), en roumain par mac mac, en italien par qua qua, en russe par kriak, en anglais par quack, en catalan par mech mech.

Cui-cui, ding, dong, drelin-drelin, dzim-boum-boum, flic flac floc, flonflon, froufrou, gioumpf, glouglou, gnangnan, guili-guili, grrr, hi, hi-han, hue, meuh, miam-miam, miaou, oua-ouah, ouaouh (ou waouh), ouille, paf...

On distingue l'imitation non-linguistique (reproduction par un imitateur - parfois à la perfection - du chant du coq par exemple) et l'onomatopée. Cette dernière s'intègre dans le système phonologique (étude des sons, des accents, des tons, des intonations du langage) de la langue considérée.

Crrr,, pan, patapouf, patati-patata, patatras, pif, plaf, ploc, ping, plouf, pouêt, pouf, poum, pschitt, rrraahh, splash, tam-tam, teuf-teuf, tic-tac, tilt, toc-toc, tsoin-tsoin, vlan, vroum-vroum, yeah, youpie, zim, znort, zut, zzz...

Les onomatopées servent à former des noms (un crin-crin, des gazouillis, un roucoulement, les flonflons), des interjections (Je m'amuse beaucoup, ah ! pourvu que cela dure), des adverbes (cahin-caha), des verbes (chuchoter, chuinter, cliqueter, coasser, gazouiller, ronronner, vrombir...).

ONOMATOPÉE, INTERJECTION ET HARMONIE IMITATIVE

Attention à ne pas confondre l'onomatopée avec l'interjection ou avec l'harmonie imitative.

L'onomatopée fait partie de la famille des interjections. Une interjection est un mot invariable formant une phrase à lui tout seul, susceptible d'être employé isolément, et comme tel inséré entre deux termes de l'énoncé, pour traduire d'une façon vive une attitude du sujet parlant ; on parle d'interjection d'appel (Ohé), d'approbation (Bien, bien ; Tant mieux ; Ouais), de désapprobation (Tant pis), de colère (Crénom; Merde ; Chiotte), de doute (Euh ; Bof), d'ironie (Ben voyons ; Bougre), d'insistance (Et comment), de soulagement (Ouf), de douleur (Aïe), de joie (Hourra), de mécontentement (Zut), de mépris (Ta, ta, ta ; Fi), de triomphe (Bravo), etc.

Le mot imitatif (ou l'onomatopée) concerne un mot (par exemple : glouglou), tandis que l'harmonie imitative appartient à une phrase. Par exemple : L'essieu crie et se rompt, où le son [s] du mot essieu évoque le crissement de l'objet ; ou encore : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? (Racine).

ONOMA ET POIEIN

Le nom féminin onomatopée est un emprunt (1585) au bas latin onomatopoeia, lui-même emprunté au grec tardif onomatopoiia qui signifie « création de mots par imitation de sons ». Le nom est formé de la racine indo-européenne onoma (nom) et du verbe poiein (faire, fabriquer, créer).

Le mot a eu aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment chez Charles Nodier2 (Dictionnaire raisonné des onomatopées françaises, 1808), une signification étendue s'appliquant à des mots dont la racine connue ou supposée, est censée évoquer un son et avoir une origine expressive. Cette valeur du mot correspond à la théorie « imitative » de l'origine du langage.

L'hypothèse de l'origine onomatopéique du langage humain est assez généralement abandonnée de nos jours. Ferdinand de Saussure3 indique déjà que ce processus de création lexicale ne saurait être que marginal. La théorie de l'arbitraire du signe s'oppose radicalement à une conception onomatopéique de l'origine des langues.

UN TROPE DANS LA TRADITION ANTIQUE

Dans la rhétorique antique4, l'onomatopée fait partie des 13 figures ou tropes5, qui rassemblaient 13 figures de style : l'allégorie, la catachrèse, l'épithète, la métaphore, la périphrase, la métalepse, la métonymie, l'antonomase, l'hyperbate, la fable, l'hyperbole et la synecdoque.

Rhétorique : art de parler sur quelque sujet que ce soit avec éloquence et avec force. D'autres la définissent l'art de bien parler, ars bene dicendi (…) Il n'est pas nécessaire d'ajouter que c'est l'art de bien parler pour persuader (…) Aristote définit la rhétorique un art ou une faculté qui considère en chaque sujet ce qui est capable de persuader (…) La rhétorique est à l'éloquence ce que la théorie est à la pratique, ou comme la poétique est à la poésie.

Extrait de l'article sur la Rhétorique de : Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772), dirigée par Denis Diderot [1713-1784, écrivain et philosophe français] et Jean Le Rond d'Alembert [1717-1783, philosophe, écrivain, physicien et mathématicien français, entré à l'Académie des sciences en 1741 et à l'Académie française en 1754].

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Notes

1. Kristoffer Nyrop est un philologue danois (1858-1931), éminent spécialiste de la langue française, et auteur d'un Manuel phonétique du français parlé (traduction française par E. Philippot) et d'une Grammaire historique de la langue française, en français et en 6 vol., Paris, Picard, 1899-1930.

2. Charles Nodier (1780-1844, entré à l'Académie française en 1833) est un écrivain français qui fit de son salon à la Bibliothèque de l'Arsenal (Charles Nodier fut administrateur de la Bibliothèque de l'Arsenal à Paris de 1824 à 1844), le centre de la vie littéraire à Paris (1824 à 1830), et du mouvement romantique avec le Cénacle (appellation donnée au groupe qui se constitua d'abord chez Charles Nodier, ensuite chez Victor Hugo, pour définir les idées du romantisme naissant et lutter contre le formalisme classique, entre 1823 et 1828). La tentative littéraire de Nodier fut de montrer que nous sommes constamment entre deux mondes, dont l'un, la Terre, n'est « qu'un lieu de passage », idée qui inspirera Nerval, les surréalistes et l'onirisme littéraire.

3. Ferdinand de Saussure est un linguiste suisse (1857-1913), qui enseigna à l'École pratique des hautes études à Paris, et qui publia des travaux de linguistique historique qui fondaient une méthodologie nouvelle. Le Cours de linguistique générale, qui paraît sous son nom en 1916, marque le point de départ du structuralisme.

4. On associe la rhétorique antique à trois auteurs principalement : Aristote (384-322 avant J.-C., philosophe grec, auteur de La poétique et de La rhétorique), Quintilien (vers 30 - vers 100, maître latin de rhétorique considéré comme le représentant officiel de l'éloquence), et Donat (grammairien latin du IVe siècle et précepteur de saint Jérôme, qui traduisit la Bible en latin).

5. Un trope (du grec tropos, tour, manière) est une figure de rhétorique par laquelle un mot (ou une expression) est détourné de son sens propre.

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Consignes :

1. Insérer des onomatopées dans le texte ci-après de manière à illustrer le propos ou à le rendre plus expressif.

Extrait de : Pauline : nouvelle (1841), de George Sand (Paris, Gallimard, 2012, Collection Folio, p. 19).

C'était par une nuit sombre et par une pluie froide. Une chaise de poste entra dans la cour de l'auberge du Lion Couronné. Une voix de femme demanda des chevaux, vite, vite !... Le postillon vint lui répondre fort lentement que cela était facile à dire ; qu'il n'y avait pas de chevaux, vu que l'épidémie (cette même épidémie qui est en permanence dans certains relais sur les routes peu fréquentées) en avait enlevé trente-sept la semaine dernière ; qu'enfin on pourrait partir dans la nuit, mais qu'il fallait attendre que l'attelage qui venait de conduire la malle-poste fût un peu rafraîchi.

Cela pourrait donner ceci :

Floc, floc, floc... c'était par une nuit sombre, brrr !... et par une pluie froide. Une chaise de poste, hue ! entra dans la cour de l'auberge du Lion Couronné. Clac. Une voix de femme, pas gnangnan du tout, demanda des chevaux, vite, vite !... Atchoum ! le postillon vint lui répondre fort lentement que cela était facile à dire... etc.

2. Composer un court récit à partir d'onomatopées, et de noms, d'interjections, d'adverbes, ou de verbes formés à partir d'onomatopées.

Cela pourrait donner cela :

Après lui avoir chuchoté tendrement à l'oreille Je t'aime, je m'éloignais rapidement des flonflons de la fête et du bourdonnement, hélas incessant, des hordes de moustiques. Une fois la lourde porte d'entrée poussée, ouf !, et refermée, bong !, je m'affalais dans le clic-clac avant de déplier le canapé pour le transformer en lit. Je me recouchai aussitôt et je m'endormis rapidement, bercé par les vibrations des ronrons du chat allongé contre ma cuisse, le gazouillis tranquille des canaris et le cliquetis du ventilateur. Zzz... zzz... zzz.

Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !

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Bibliographie :

BERTAUD DU CHAZAUD (Henri), Dictionnaire de synonymes et contraires, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1999 (collection Les usuels), p. 140.

DUBOIS (Jean), GIACOMO (Mathée), [et al.], Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris, Larousse, 1999 (collection Expression), pp253, 334.

Le Grand Robert de la langue française, 2ème édition, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2001, 6 vol., t. 4, pp. 286, 2161.

GREVISSE (Maurice), GOOSSE (André), Le bon usage : grammaire française, 13ème édition, Paris, Louvain-la-Neuve, Duculot, 1993, p. 259.

LITTRÉ (Paul-Émile), Dictionnaire de la langue française, nouvelle édition, Chicago, Encyclopædia Britannica Inc., 1991 (réimpression de l'édition de 1880), 6 vol. + 1 supplément, t. 4, p. 4289.

Le Petit Robert des noms propres, nouvelle édition refondue et augmentée, 2007.

REY (Alain, dir.), Dictionnaire historique de la langue française, nouvelle édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, 2 vol., p. 1369.

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