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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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« Les petits
enfants vont à cheval sur leurs bâtons tandis que
bourdonnent les ailes du moulin. »
La
catachrèse
Une
catachrèse est une
métaphore si bien entrée dans l'usage qu'elle n'est plus sentie
comme telle.
La
catachrèse fait partie des 13 figures ou tropes1
dans la Tradition antique, avec
l'allégorie,
la métaphore,
l'épithète, la
périphrase, la
métalepse, la métonymie, l'antonomase, l'onomatopée, l'hyperbate,
la fable, l'hyperbole et
la synecdoque. La
rhétorique
antique est
principalement représentée par
Aristote
(384-322 avant J.-C.,
philosophe grec, auteur de La
poétique et de La
rhétorique),
Quintilien
(vers 30 - vers 100,
maître latin de rhétorique considéré comme le représentant
officiel de l'éloquence),
et
Donat
(grammairien latin du
IVe
siècle et précepteur de saint Jérôme, qui traduisit la Bible en
latin).
KATAKHRÊSIS
Le
nom féminin la catachrèse est un emprunt au latin
« catachresis » (1557), lui-même emprunté du grec
« katakhrêsis ».
La
catachrèse est une figure de rhétorique qui consiste à
détourner un mot de son sens propre, par exemple : Ferré
d'argent, Aller à cheval
sur un bâton. Plus précisément, elle intéresse deux
notions construites selon des critères différents :
1.
C'est une métaphore lexicalisée (qui n'est plus sentie comme une
figure), par exemple : Les
ailes d'un château, Les
ailes d'un moulin.
2.
La notion d'extension de sens d'un mot (par métaphore2,
métonymie3, ou synecdoque4) à une notion non
désignée dans la langue.
UNE
NOTION NON DÉSIGNÉE DANS LA LANGUE,
UN MOT DÉJÀ EXISTANT DANS LA LANGUE
UN MOT DÉJÀ EXISTANT DANS LA LANGUE
Lorsque
la langue ne possède aucun mot propre pour désigner un objet, elle
procède par métaphores appelées catachrèses, par exemple :
Le bras du fauteuil, Le
fouet du cuisinier. La langue pourvoit aux besoins nouveaux de
dénomination, nés des modifications de la réalité, en réutilisant
des mots déjà existants. Le nouveau mot obtenu par extension
métaphorique, métonymique ou par synecdoque, se lexicalise ou non :
les Fruits de mer
n'évoquent pas « les fruits de terre, les produits de la
terre » dans leur sens étymologique ; tandis que le
comique de l'expression « À
cheval sur un âne » témoigne de son irrecevabilité
lexicale. Selon que l'on perçoit ou non l'origine catachrétique
d'un néologisme, son emploi peut être ou non considéré comme
abusif. Quintilien insiste sur la distinction qu'il faut opérer
entre la catachrèse et la métaphore, « car la catachrèse est
employée quand il n'y a pas de terme spécifique utilisable, et la
métaphore quand il y en a un autre ». Ainsi, « La
saisie des données informatiques » est formée par
catachrèse, tandis que « Saisir
par le regard » est une expression métaphorique pour
dire « Apercevoir ».
Mais
je ne vous insulte pas, espèce de catachrèse ! [dit le
capitaine Haddock].
Extrait de : Tintin et les bijoux de la Castafiore : bande-dessinée (p. 19), de Hergé [dessinateur et auteur de bandes dessinées belge (1907-1983), créateur du personnage de Tintin (1929) qui remporta un succès immense (traduit en 30 langues), dont le dessin représente le type de ce que l'on a appelé « la ligne claire » en bandes dessinées, au graphisme simple et réaliste, et qui montre un constant souci de précision et de véracité documentaire].
Extrait de : Tintin et les bijoux de la Castafiore : bande-dessinée (p. 19), de Hergé [dessinateur et auteur de bandes dessinées belge (1907-1983), créateur du personnage de Tintin (1929) qui remporta un succès immense (traduit en 30 langues), dont le dessin représente le type de ce que l'on a appelé « la ligne claire » en bandes dessinées, au graphisme simple et réaliste, et qui montre un constant souci de précision et de véracité documentaire].
UNE
COMPARAISON ABRÉGÉE ET IMPLICITE
La
catachrèse est une figure de rhétorique consistant à élargir le
sens d'un mot au-delà de son domaine strict (Une
feuille de papier parce qu'elle est plate et mince comme une
feuille d'arbre). C'est une métaphore (une comparaison abrégée
selon Quintilien, une comparaison implicite), par exemple : La
faucille d'or dans le champ des étoiles, pour : La lune
brille au milieu du ciel étoilé, ou une métonymie dont l'usage est
si courant qu'elle n'est plus sentie comme telle, par exemple :
Les pieds d'une table, Le
collège est rentré.
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Notes
1.
Un trope
(du grec tropos,
tour, manière)
est une figure
de rhétorique par laquelle
un mot (ou
une expression)
est
détourné de son
sens propre.
2.
La métaphore est
une figure de rhétorique, un procédé de langage qui consiste dans
un transfert de sens (terme concret dans un contexte abstrait) par
substitution analogique. Exemples : La
racine du mal ;
Une source de chagrins.
3.
La métonymie est une
figure qui consiste à désigner
un objet par le nom d'un autre objet, existant séparément mais lié
au premier par une relation privilégiée, la cause pour l'effet,
l'instrument pour la cause, le contenant pour le contenu, le lieu
pour ce qui s'y tient ; par
exemple :
Un
premier violon (dans
un orchestre)
renvoie au violoniste et non à l'instrument.
4.
La synecdoque est une figure de style qui consiste à désigner
un objet par le nom d'un autre objet avec lequel il forme un
ensemble, l'existence de l'un se trouvant comprise dans l'existence
de l'autre. Par exemple :
Croiser
le fer (pour :
se battre à l'épée), Le
seuil (pour :
la maison ou le foyer).
Certains linguistes ont
unifié les deux notions de métonymie et de synecdoque, en
faisant de la synecdoque une métonymie
par extension, tant la
distinction entre ces deux figures est souvent ténue.
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Consigne :
transformer les figures (métaphores, comparaisons, catachrèses,
etc.) contenues dans le poème suivant, en prose descriptive,
réaliste et concrète. Le texte est extrait de : Élégies,
Marie, et romances : l'adieu du soir, poème (p. 12),
de Marceline Desbordes-Valmore (Paris, François Louis, 1819).
L'adieu
du soir
Dieu !
qu'il est tard !... quelle surprise !
Le temps a fui comme un éclair !
Douze fois l'heure a frappé l'air,
Et près de toi je suis encore assise ;
Et, loin de pressentir le moment du sommeil,
Je croyais voir encore un rayon de soleil.
Se peut-il que déjà l'oiseau dorme au bocage !
Ah ! pour dormir, il fait si beau !
Les étoiles en feu brillent dans le ruisseau,
Et le ciel n'a pas un nuage :
On dirait que c'est pour l'Amour
Qu'une si belle nuit a remplacé le jour.
Mais il le faut, regagne ta chaumière ;
Garde-toi d'éveiller notre chien endormi :
Il méconnaîtrait son ami,
Et de mon imprudence il instruirait ma mère.
(…) Écoute la raison, va-t-en, laisse ma main !
Il est minuit, tout repose au village,
Et nous voilà presqu'à demain !
Écoute ! si le soir nous cause un mal extrême,
Bientôt le jour saura nous réunir ;
Et le bonheur du souvenir
Va se confondre encore avec le bonheur même.
Le temps a fui comme un éclair !
Douze fois l'heure a frappé l'air,
Et près de toi je suis encore assise ;
Et, loin de pressentir le moment du sommeil,
Je croyais voir encore un rayon de soleil.
Se peut-il que déjà l'oiseau dorme au bocage !
Ah ! pour dormir, il fait si beau !
Les étoiles en feu brillent dans le ruisseau,
Et le ciel n'a pas un nuage :
On dirait que c'est pour l'Amour
Qu'une si belle nuit a remplacé le jour.
Mais il le faut, regagne ta chaumière ;
Garde-toi d'éveiller notre chien endormi :
Il méconnaîtrait son ami,
Et de mon imprudence il instruirait ma mère.
(…) Écoute la raison, va-t-en, laisse ma main !
Il est minuit, tout repose au village,
Et nous voilà presqu'à demain !
Écoute ! si le soir nous cause un mal extrême,
Bientôt le jour saura nous réunir ;
Et le bonheur du souvenir
Va se confondre encore avec le bonheur même.
Cela
pourrait donner ceci :
Dieu !
qu'il est tard... je suis surprise ! Le temps est passé
tellement vite ! Je suis assise à côté de toi depuis douze
heures sans me sentir fatiguée, sans même m'apercevoir que la
lumière du jour a disparu. Les oiseaux ne chantent plus, je ne veux
pas dormir. Le reflet des étoiles brille dans l'eau du ruisseau et
le ciel n'a pas un nuage. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
¤ . ¤ . ¤
.
Bibliographie :
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p.
77.
Encyclopædia
Universalis,
2008-2009,
édition numérique, 1
CD-ROM, articles
intitulés :
Catachrèse
(rhétorique),
de Véronique Klauber ; Métaphore,
de Jean-Yves Pouilloux.
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
1, p. 1993.
GREVISSE
(Maurice),
GOOSSE
(André),
Le
bon usage : grammaire française, 13ème édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot,
1993,
p.
264.
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
1, p. 763.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
PEYROUTET
(Claude),
Style
et rhétorique,
Paris, Nathan, 1994
(collection
Repères pratiques Nathan), p.
69.
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