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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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« Je l'aurais
volontiers giflé, mademoiselle, gifle qu'il n'aurait pas
volé »
L'apostrophe
Outre
sa signification courante dans la langue française d'interpellation
verbale brusque et/ou volontairement désagréable, le terme a trois
sens possibles : en orthographe, une apostrophe est une
marque orthographique (exemple : « ' » dans l'été) ;
en grammaire, l'apostrophe est une apposition (un nom mis en
apostrophe, par exemple : J'ai
murmuré, Richard...,
j'ai mal aux pieds) ; et en rhétorique,
l'apostrophe est une figure de style.
En
orthographe, l'apostrophe notant l'élision (exemple : l'enfant,
pour le enfant, l'homme,
pour le homme, etc.) se
met en place dans le premier tiers du XVIe siècle.
Jacques Peletier1, dans son Dialogue sur l'orthographe
(Lyon, Jean de Tournes, 1555), dit qu'elle a été inventée de son
temps, en tant que marque orthographique qui détourne et remplace la
lettre élidée.
En
grammaire, on dit qu'un mot est mis en apostrophe quand il sert à
désigner par son nom ou son titre la personne (ou ce qui est
assimilé à une personne) à qui on s'adresse au cours de la
conversation (exemples : Pardon
Monsieur ! ;
Jacques,
tais-toi!).
APOSTROPHE,
APOSTROPHER ET APPOSITION
Le
nom et le verbe ont eu en français classique (à partir de la
deuxième moitié du XVIIe siècle) le sens de « soufflet,
coup du plat ou du revers de la main appliqué sur la joue, claque,
gifle » (1661), « souffleter, frapper d'un soufflet,
gifler, battre » (1740). Ces emplois ont disparu vers la fin du
XVIIIe siècle.
On
ne confondra pas l'apostrophe avec des phrases exclamatives comme
l'injure : Imbécile !
regarde
un peu où tu marches !
On
ne confondra pas non plus l'apostrophe avec l'apposition.
L'apposition peut être conservée dans le discours indirect, tandis
que l'apostrophe ne le peut pas. Dans l'exemple : J'ai
dit : « Thérèse,
vous vous trompez. », le nom propre Thérèse
est une apostrophe, car on ne peut pas dire : J'ai
dit à Thérèse que vous vous trompiez, sans changer le sens
de la phrase ; dans cet exemple, quoique Thérèse
représente la même réalité que vous,
les deux mots ne sont pas en rapport grammatical l'un avec l'autre.
Dans la phrase : J'ai dit :
« Jean,
je suis fatiguée. » Jean
est une apposition et non une apostrophe. En effet, on peut passer du
discours direct au discours indirect sans changer le sens de la
phrase : J'ai dit à Jean
que j'étais fatiguée.
Bonjour,
tous !
Bonjour, vous !
Bonjour, vous !
Ami,
je t'aime pour ton caractère sérieux.
Bonsoir,
fils.
Le
mot mis en apostrophe peut être un nom ou un pronom (ou un syntagme
nominal ou pronominal) désignant l'être animé ou la chose
personnifiée à qui on s'adresse. Exemples : Ton
espérance, ma colombe,
est un roseau ; Lune,
quel esprit sombre / Promène au bout d'un fil, / Dans l'ombre, / Ta
face et ton profil, extrait de : Premières poésies
(1829-1835), Ballade à la lune, d'Alfred de Musset. Le mot en
apostrophe appartient à la deuxième personne grammaticale.
LA
MITRAILLE DE L'ÉLOQUENCE
(…)
l'apostrophe, une des plus puissantes machines de la rhétorique (…)
l'apostrophe, c'est la mitraille de l'éloquence (…) C'est, comme
vous savez, une figure au moyen de laquelle on a trouvé le secret de
parler aux gens qui ne sont pas là, de lier conversation avec toute
la nature, interroger au loin les morts et les vivants.
Extrait
de : Pamphlets politiques (1816-1824), X, de Paul-Louis
Courier2.
En
rhétorique, l'apostrophe est une figure par laquelle on s'adresse à
des personnes absentes ou à des êtres abstraits (exemples : Ô
Rage, ô Désespoir, ô Vieillesse ennemie).
C'est une figure par laquelle l'orateur, s'interrompant tout à coup,
adresse la parole à quelqu'un ou à quelque chose.
Les
mots mis en apostrophe ne sont pas d'ordinaire suivis d'un point
d'exclamation, quoique cela se trouve parfois, les mots mis en
apostrophe étant considérés comme une sous-phrase ou même comme
une phrase interpellative (exemple : Mais
ce que j'ai, mon Dieu,
je vous le donne). Lorsque le mot en apostrophe est précédé
de ô, qui introduit surtout des invocations religieuses ou
poétiques, le point d'exclamation est fréquent, sans être
obligatoire. Exemples : « Ô
Muse !
que m'importe ou la mort ou la vie ? » extrait de :
Poésies nouvelles (1836-1852), Nuit
d'août, d'Alfred de Musset ; « Ô
véritable ami,
votre nom est comme un parfum répandu », extrait de :
Corona benignitatis anni Dei (Couronne de bénignité
de l'an de Dieu, 1915, p. 54), de Paul Claudel, ou, « Ô
mon maître !
donnez-moi de ce pain à manger », (ibid, p. 61).
Les
mots mis en apostrophe sont généralement encadrés de virgules,
sauf s'il y a une autre ponctuation (exemple : Sois
sage, ô ma Douleur,
et tiens-toi plus tranquille, extrait de : Les fleurs
du mal (1857), Recueillement, de Charles Baudelaire).
APO
ET STROPHÊ
Comme
beaucoup d'autres mots de rhétorique, le nom féminin « une
apostrophe » est un emprunt au grec « apostrophê »
(action de (se) détourner, vers celui qu'on interpelle). Mot
indo-européen sans origine connue, passé par le latin
« apostropha », puis un hellénisme de la Renaissance
(1516), il est composé de « apo- » (éloigner, écarter)
et de « strophê » (évolution, tour dans le sens de
tourner). Dans l'usage général, le mot désigne (1738) une attaque
verbale brusque. En rhétorique, c'est la figure par laquelle on se
« détourne » du développement principal, pour
s'adresser à quelqu'un et l'interpeller. Exemple : Je
lui aurais volontiers envoyé, mademoiselle !,
pardonnez-moi
l'expression, cinq ou six
coups de pieds au derrière.
¤
.
¤ .
¤ .
Note
1.
Jacques
Peletier
du
Mans
est un humaniste français (1517-1582) traducteur d'Horace (poète
épicurien latin qui vécu entre 65 et 8 avant J.-C.)
et auteur de Oeuvres
poétiques
(1547) puis de Art
poétique français
(1555) qui tentent de concilier les poètes anciens et ceux de la
Pléiade. D'abord
nommée
la
Brigade,
la Pléiade
est un groupe de sept poètes considérés
comme une constellation poétique, et
constitué de :
Pierre
de Ronsard, Joachim
du Bellay, Pontus de Tyard, Jean Antoine de Baïf, Étienne Jodelle,
Rémi Belleau (qui remplaça en 1554 Jean Bastier de La Péruse) et
Jacques Peletier du Mans (qui
remplaça en 1555 Guillaume Des Autels).
2.
Paul-Louis Courier
est un pamphlétaire et un
épistolier français (1772-1825) imprégné de culture humaniste et
traducteur des auteurs grecs (Hérodote, Longus, Lucius de Patras et
Xénophon) dont il voulut imiter l'élégante clarté.
.
¤ . ¤ . ¤
.
Consigne :
introduire des apostrophes dans l'extrait de texte suivant, de
manière à en dynamiser ou à en diversifier le rythme. Extrait de :
Œuvres, Les pastorales de Longus, ou Daphnis et Chloé, livre
premier (pp. 348-349) de Paul-Louis Courier (Paris, Firmin-Didot,
1877). À noter : un hallier est un groupe de buissons
serrés et touffus.
En
cette terre, un chevrier nommé Lamon, gardant son troupeau, trouva
un petit enfant qu'une de ses chèvres allaitait, et voici la manière
comment. Il y avait un hallier fort épais de ronces et d'épines,
tout couvert par-dessus de lierre, et au-dessous la terre feutrée
d'herbe menue et délicate, sur laquelle était le petit enfant
gisant. Là s'en courait, cette chèvre, de sorte que bien souvent on
ne savait ce qu'elle devenait, et abandonnant son chevreau, se tenait
auprès de l'enfant. Pitié vint à Lamon du chevreau délaissé. Un
jour il prend garde par où elle allait, sur le chaud du midi ;
la suivant à la trace, il voit comme elle entrait sous le hallier
doucement, et passait ses pattes tout beau par-dessus l'enfant, peur
de lui faire mal, et l'enfant prenait à belles mains son pis comme
si c'eût été mamelle de nourrice. Surpris, ainsi qu'on peut
penser, il approche, et trouve que c'était un petit garçon beau,
bien fait, et en plus riche maillot que convenir ne semblait à tel
abandon ; car il était enveloppé d'un mantelet de pourpre avec
une agrafe d'or ; près de lui était un petit couteau à manche
d'ivoire.
Cela
pourrait donner ceci :
En
cette terre, O bonheur naissant ! un chevrier
nommé Lamon, gardant son troupeau, trouva un petit enfant qu'une de
ses chèvres allaitait, et voici la manière comment. Il y avait un
hallier, mon Dieu, fort épais de ronces et d'épines, tout
couvert par-dessus de lierre, et au-dessous la terre feutrée d'herbe
menue et délicate, sur laquelle était le petit enfant gisant, oui
monsieur ! Là s'en courait, cette chèvre, etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
¤ . ¤ . ¤
.
Bibliographie :
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p.
44.
Encyclopædia
Universalis,
2008-2009,
édition numérique, 1
CD-ROM, article
intitulé : Orthographe,
de Liselotte Biedermann-Pasques et Fabrice Jejcic.
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
1, p. 634.
GREVISSE
(Maurice),
GOOSSE
(André),
Le
bon usage : grammaire française, 13ème édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot,
1993,
pp.
155, 162, 369, 877.
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
1, p. 246.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., p.
91.
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