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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
« Est-elle ?
la vie, ce long fleuve tranquille, ou bien ce
torrent des montagnes, impétueux,
sauvage et farouche ? »
L'image
Les
souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent
Dont meurt le bruit parmi le vent
Extrait
de : Alcools : recueil de poèmes (1913), Cors de
chasse, de Guillaume Apollinaire.
L'image
est une figure de style qui joue par analogie sur le sens des mots.
Fondée sur l'équivalence, l'image consiste en un rapprochement de
deux champs lexicaux qui met en évidence un élément qui leur est
commun.
IMAGO
Le
nom féminin une image est un emprunt au latin imago
qui signifie « image, représentation, portrait, fantôme,
apparence par opposition à la réalité » ; il est
également un terme de rhétorique, comme figura (forme,
aspect, représentation sculptée, mode d'expression, manière
d'être). Imago suppose un radical « im- »,
d'origine obscure qui serait à la base du verbe « imitari »
(imiter, reproduire par imitation, être semblable à).
Le
mot image a d'abord eu le sens latin de statue, puis de
représentation graphique d'un objet ou d'une personne.
Abstraitement, le mot entre dans le vocabulaire de la rhétorique
avec Brunetto Latini1
(Li livres dou Tresor, 1265), en tant qu'évocation dans le
discours d'une réalité (souvent abstraite) différente de celle à
laquelle renvoie le sens propre littéral du texte, mais liée à
elle par une relation de similitude, d'analogie. Le procédé se
construit en même temps qu'il se définit, et de la même manière :
par imitation. On emploie des images pour construire des allégories,
des comparaisons, des métaphores, des clichés, des symboles (le
symbole en tant qu'image référence), des figures...
Chez
vous le mariage est fâcheux et pénible
Et vos discours en font une image terrible
Et vos discours en font une image terrible
Extrait
de : L'école des femmes (1662, V, 4) de Molière.
À
partir de 1550, une image désigne la manifestation sensible de
quelque chose d'abstrait ou d'invisible, l'évocation d'une réalité
de nature différente, en raison d'un rapport de similitude.
IDÉE
VERSUS RÉALITÉ
Une
image est ce qui figure, ce qui imite, c'est une représentation des
objets dans l'esprit, dans l'âme, c'est une représentation des
personnes dans l'esprit, dans le souvenir, c'est une idée.
Ces
« images » que d'autres appellent « peintures »
ou « fictions », sont aussi d'un grand artifice pour
donner du poids, de la magnificence et de la force au discours. Ce
mot d' « image » se prend en général pour toute
pensée propre à produire une expression, et qui fait une peinture à
l'esprit de quelque manière que ce soit ; mais il se prend
encore, dans un sens plus particulier et resserré, pour ces discours
que l'on fait « lorsque, par un enthousiasme et un mouvement
extraordinaire de l'âme, il semble que nous voyons les choses dont
nous parlons, et quand nous les mettons devant les yeux de ceux qui
écoutent. »
Extrait
de : Traité du sublime (XIII), d'un auteur grec inconnu
de la seconde moitié du Ier siècle, longtemps attribué
à Longin (philosophe et rhéteur grec du IIIe siècle),
traduction (1674) de Nicolas Boileau (Œuvres complètes,
Garnier, 1870-1873, 4 vol.)
C'est
une description, une métaphore, une similitude. Jusqu'au milieu du
XVIIIe siècle, on a utilisé indistinctement les mots
« idée » et « image ».
Ainsi,
dans toutes les langues, le cœur brûle, le courage s'allume, les
yeux étincellent,
l'esprit est accablé, le sang se glace, la tête se renverse (…)la nature se peint partout dans ces images fortes devenues ordinaires.
l'esprit est accablé, le sang se glace, la tête se renverse (…)la nature se peint partout dans ces images fortes devenues ordinaires.
Extrait
de : Dictionnaire philosophique, Éloquence (1770), de
Voltaire.
Presque
tout est image dans Homère2, dans Virgile3,
dans Horace4, sans même qu'on s'en aperçoive.
Voltaire,
ibid.
Depuis
cette époque, le mot image s'oppose d'une part au concept ou à
l'idée abstraite, d'autre part à la réalité ou aux choses qui
existent indépendamment de l'esprit qui les pense. On parle d'image
banale, usée, d'images de style, de la justesse ou de la puissance
de l'image, de la profusion d'images, d'images descriptives ou
colorées ou savoureuses, d'images forcées, etc, d'image
surréaliste. Manière de rendre une idée plus sensible, ou
représentation d'un être ou d'une chose dans l'esprit, l'image est
avant tout une mise à distance entre une réalité et la perception
de cette réalité, mise à distance qui permet d'engager le dialogue
entre la perception d'une chose et l'idée que l'on s'en fait.
L'image,
c'est l'évocation d'un spectacle de la nature ou d'une vérité de
l'homme, dans la peinture d'une situation. C'est, en somme, le
rattachement de l'émotion que l'artiste veut faire naître d'un
certain concours de choses, nouveau pour le lecteur, à des émotions
généralement éprouvées par l'homme. Véritable induction de
l'art. Appel au général pour faire ressentir le particulier, au
connu pour que surgisse dans l'attrait de la chose découverte cette
relation nouvelle entre les choses qu'est une création de l'esprit.
Extrait
de : La prose d'aujourd'hui (1956, p. 253), de
René Georgin [grammairien français (1888-1978)].
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Notes
1.
Brunetto Latini
est un écrivain italien (vers 1220-vers 1294). Maître idéal de
Dante et premier traducteur de Cicéron,
il vécut en France de 1260 à 1266, où il composa en langue d'oïl
Li livres dou Tresor,
sorte d'encyclopédie des connaissances de l'époque. La langue d'oïl
est l'ensemble des dialectes (wallon, picard, normand, anglo-normand
médiéval, gallo de Bretagne, etc.) parlés jusqu'au
XVe
siècle dans les régions
de France, où
« oui » se disait « oïl », au
nord de la Loire. On
oppose la
langue d'oïl à
la langue d'oc et à
ses dialectes
franco-provençaux (la
langue d'oc est l'ensemble
des dialectes romans du midi de la France où « oui » se
disait « oc »).
2.
Homère
est un poète ionien
(IXe
siècle av. J.-C.) à qui l'on
attribue l'Iliade
et l'Odyssée ;
vieillard aveugle (aveugle
se dit en grec Homêros), très respecté, il est l'auteur d'Épopées
qu'il récitait devant des auditeurs venus de toute la Grèce
antique ; ces très populaires Épopées
homériques se
transmirent oralement durant des générations avant d'être
transcrites par écrit au
VIe siècle
av. J.-C.
3.
Virgile
est un poète latin (vers
70 avant J.-C.-19 av. J.-C.), auteur des Bucoliques,
des Géorgiques,
et de l'Énéide.
4.
Horace
est un poète latin (65
avant J.-C.-8 av. J.-C.), auteur de Satires,
d'Odes,
d'Épîtres,
et d'un
Art poétique.
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Consigne :
introduire des images dans le texte suivant, extrait de :
Correspondance générale de Mme de Maintenon (1635-1669, pp.
19-20), t. 1 (Paris, Charpentier, 1865).
L'extrait
est une lettre écrite en réponse le 23 juillet 1642 par Madame
d'Aubigné à Madame de Villette, sa belle-sœur. Madame d'Aubigné
« s'est retirée dans un couvent, contrainte par la
misère », provoquée par la vie dissipée de son mari. Son
beau-frère et sa belle-sœur, M. et Madame de Villette, sont les
seules personnes à l'avoir « aidée dans ses malheurs et
conseillée dans ses affaires ». Dans cette lettre, Madame
de Villette reproche à Madame d'Aubigné son éloignement et
« l'abandon qu'elle faisait de son mari auquel on ne pouvait
reprocher que de légers désordres ». En effet, « Madame
de Villette aimait son frère avec passion et le regardait comme plus
malheureux que coupable ».
Madame
d'Aubigné à Madame de Villette, 23 juillet 1642.
Madame
ma sœur,
Vous
trouverez toujours en moi les dispositions d'une personne qui vous
honore parfaitement ; je confesse que je ne vous ai point
dissimulé le déplaisir que je recevais des mauvais déportements de
votre frère, ne vous ayant jamais rien caché ; mais je les ai
toujours supportés et les souffrirai autant de temps qu'il plaira à
Dieu, ayant bien mérité le traitement que j'en ai reçu. Mais sur
ce que vous me mandez de révoquer la résolution que j'ai prise de
me mettre en pension dans un couvent, c'est à présent trop tard, y
étant il y a tantôt un mois ; et je ne comprends point
pourquoi vous croyez votre frère plus privé de moi, étant où je
suis, que lorsque j'étais logée dans la cour du Palais, n'étant
ici obligée à rien, qu'à vivre comme je faisais dans le monde (…).
En
introduisant des images sur les termes suivants : ma sœur
(soleil de mon cœur, astre
central de ma vie), vous (une
bergère
d'un troupeau d'âmes
égarées troublées par la complexité de l'existence),
dispositions (mouvements
d'humeurs, tel ce balancier d'horloge qui me fait passer d'heure en
heure du bonheur au malheur et
vice-versa, à chaque
minute de joie à tourment et
inversement, qui fait
résonner dans chaque
seconde l'union des amours
et des haines),
parfaitement (en un cercle
clos formé par ma loyauté envers votre frère, par la sincérité
de mes sentiments envers votre famille, et par la fidélité que je
dois à mes père et mère), cela pourrait donner le texte
suivant :
Madame
d'A. à Madame de V., 25 décembre 2014.
Madame
ma sœur, soleil de mon cœur, astre central de ma vie,
Vous,
semblable à la bergère d'un troupeau d'âmes égarées troublées
par la complexité de l'existence, vous trouverez toujours en moi les
dispositions d'une personne qui vous honore parfaitement ; vous
trouverez toujours en moi de telles dispositions, malgré des
mouvements d'humeurs, tel ce balancier d'horloge qui me fait passer
d'heure en heure du bonheur au malheur et vice-versa, à chaque
minute de joie à tourment et inversement, qui fait résonner dans
chaque seconde l'union des amours et des haines. En un cercle clos
formé par ma loyauté envers votre frère, par la sincérité de mes
sentiments envers votre famille, et par la fidélité que je dois à
mes père et mère, nos bonnes relations et notre amitié seront
parfaitement honorées. Je confesse que je ne vous ai point dissimulé
le déplaisir que je recevais des mauvais déportements de votre
frère, etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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Bibliographie :
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
3, p. 2076.
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
3, p. 3096.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., p.
996.
Wikipédia,
l'encyclopédie libre,
page intitulée «Figure
de style»,
consultée en décembre
2013
à partir de : http://wikipedia.fr.
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