lundi 17 novembre 2014

La comparaison, atelier d'écriture bimensuel de La Publiance


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L a – P U B L i a n c e
atelier d'écriture et publication
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« Beau comme le jour, belle comme la nuit »

La comparaison

Le mot a trois emplois possibles (en linguistique, en grammaire et en rhétorique) ; seul le troisième aspect sera ici développé :

1. Il désigne la méthode par laquelle on met en relation des correspondances entre langues, afin d'aboutir, par exemple, à des reconstructions de formes disparues.

2. Il se dit du système formel par lequel une qualité est énoncée en elle-même (degré positif ; par exemple : Il fait chaud), par comparaison à une référence (comparatif de supériorité ou d'infériorité ; par exemple : L'été est moins chaud cette année que l'année dernière) ou comme supérieure par rapport à une autre (par exemple : Il fait très chaud), ou bien encore absolument (superlatif ; exemples : Il n'a jamais fait aussi chaud qu'aujourd'hui ; C'est la journée la plus chaude de l'année).

3. Il s'applique à une figure de style par laquelle deux termes sont explicitement comparés à l'aide d'un outil de comparaison. Exemple : La femme de mon ami est belle comme la nuit.

CUMPARER, COMPARATIO

Le nom féminin « la comparaison » est un emprunt francisé au latin « comparatio », emprunt attesté depuis 1174 et spécialisé depuis 1268 comme terme de rhétorique. Le verbe « comparer », d'abord « cumparer », est composé de « cum, com- » (avec) et de « par, paris » (égal, pareil). Il signifie d'abord (vers 1120) « apparier, assimiler, confronter », puis vers 1225, « rapprocher (des objets de nature différente) pour en dégager un rapport d'égalité » et « examiner les rapports de ressemblance et de dissemblance entre (des personnes, des choses) ».

COMPARAISON, MÉTAPHORE ET APPOSITION

La rhétorique distingue la comparaison de la métaphore par un caractère formel : la comparaison, ou mise en parallèle de deux termes d'un énoncé, est toujours introduite par un troisième terme introducteur : comme, ainsi que, de même que, etc. ; on met en présence le terme qu'on compare et celui auquel on le compare : Une fleur, bleue, comme un ciel de printemps.

Elle lui sauta aux yeux, furieuse, comme une lionne à qui on a ravi ses petits (j'ai peur que la comparaison ne soit ici trop magnifique).

Extrait de : Le roman comique (II, vii, p. 192), de Scarron1.

Dans la métaphore, l'absence de termes introducteurs entraîne la substitution au terme originel du terme qu'on lui compare : Elle avait sur la tête une véritable pièce montée (on substitue le terme de « véritable pièce montée » au terme originel de « chapeau »). Dans la métaphore, la comparaison est implicite.

L'apposition (ou la juxtaposition) outre sa fonction de qualification (comme un adjectif), sert aussi à comparer : Cette fleur bleue, un véritable ciel de printemps, n'a pas besoin de beaucoup d'eau pour ne pas mourir.

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Note

1. Paul Scarron est un écrivain français (1610-1660), auteur de comédies très prisées pour leurs intrigues bouffonnes et leur comique verbal, Jodelet ou le Maître valet (1645) et Don Japhet d'Arménie (1653), une parodie burlesque en octosyllabes, Virgile travesti (1648-1652), et surtout Le roman comique (1651-1657), œuvre picaresque inachevée qui conte la vie aventureuse de comédiens ambulants aux prises avec les provinciaux du Mans.

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Consigne : introduire des comparaisons dans l'extrait de texte ci-après, de manière à la rendre plus expressif, plus poétique ou plus explicite.

Extrait de : Un enfant gâté (pp. 29-30), de Zénaïde Fleuriot (Paris, Hachette, 1881).

Quand le colonel Dauvellec et M. Massereau rentrèrent, ils furent introduits par Mme Massereau dans la salle à manger où le couvert était mis. La vue de la table étincelante d'argenterie fit sourire M. Massereau.
« Ne nous fais pas attendre le dîner, Caroline, dit-il en consultant sa grosse montre d'or ; nos pendules retardent toutes de cinq minutes sur la ville. Midi va sonner, j'ai mis ma montre au cadran de la mairie. »
Mme Massereau répondit majestueusement :
« Tu attendras bien, Fortuné, que ton neveu soit revenu de l'école.
- De l'école ! s'écria M. Massereau avec une parfaite maladresse, il est allé aujourd'hui à l'école !
- Aujourd'hui il n'était pas indisposé, répondit sèchement Mme Massereau. Pourquoi veux-tu qu'il ait manqué la classe ? »
M. Massereau allait riposter, mais en ce moment entra une femme de service portant un hors-d’œuvre sucré qui se couronnait d'un petit nuage de vapeur odorante. Il sourit, aspira la bouffée qui l'atteignit au passage, et, clignant tendrement de l’œil :
« Voilà un soufflé au riz où tu as mis la main, Caroline, dit-il d'un petit ton prophétique. »

En introduisant des comparaisons sur les termes « le colonel Dauvellec », « M. Massereau », et « Mme Massereau », cela pourrait donner ceci :

Quand le colonel Dauvellec, un homme à la stature haute comme une porte d'entrée, aux moustaches noires mêlées de gris aussi formidables que des guidons de vélos, et dont les bottes brillaient comme des miroirs, quand le colonel et M. Massereau, un homme gros comme une barrique, à la figure enluminée comme une icône et joviale comme la figure d'un poupon, rentrèrent, ils furent introduits par Mme Massereau dans la salle à manger où le couvert était mis. Mme Massereau ressemblait à une dame qui porte ses soixante ans comme on porte un fardeau, et dont le regard, inquiet et mobile comme le regard de quelqu'un qui ne paraît pas très commode, ne s'attardait jamais très longtemps sur les objets comme sur les personnes. La vue de la table étincelante d'argenterie fit sourire M. Massereau.

« Ne nous fais pas attendre le dîner, Caroline, dit-il de sa grosse voix enrouée et essoufflée comme après la déclamation d'un long discours, en consultant sa grosse montre d'or ; nos pendules retardent toutes de cinq minutes sur la ville. Midi va sonner, j'ai mis ma montre au cadran de la mairie. »

Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !

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Bibliographie :

DUBOIS (Jean), GIACOMO (Mathée), [et al.], Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris, Larousse, 1999 (collection Expression), p. 98.

Le Grand Robert de la langue française, 2ème édition, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2001, 6 vol., t. 1, p. 670, t. 2, p. 34.

LITTRÉ (Paul-Émile), Dictionnaire de la langue française, nouvelle édition, Chicago, Encyclopædia Britannica Inc., 1991 (réimpression de l'édition de 1880), 6 vol. + 1 supplément, t. 1, p. 1041.

Le Petit Robert des noms propres, nouvelle édition refondue et augmentée, 2007.

REY (Alain, dir.), Dictionnaire historique de la langue française, nouvelle édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, 2 vol., pp. 457, 2313.

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