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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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« Je
me souviens qu'il était impossible de circuler sur les
Champs-Élysées en ce 14 juillet »
L'allusion
Une
allusion
est une figure de rhétorique par laquelle on évoque une personne ou
une chose connue sans la nommer. C'est
une figure d'expression qui concerne le changement intervenant dans
la signification du mot. L'énoncé,
par
allusion,
est implicite
et tacite.
L'allusion
suggère plus qu'elle ne figure, elle évoque plus qu'elle ne
mentionne,
telles
la métalepse (qui est une variante de la métonymie et qui consiste
à faire entendre une chose en exprimant ce qui l'amène ou la
précède, ou bien ce qui la suit ; exemple :
« Il
a vécu »,
pour « Il
est mort »),
l'allégorie (qui
est une succession de métaphores interprétées de manière
littérale et figurée ; exemple : « les
orages du cœur »,
« les
éclairs de colère »,
« la
foudre des décisions »
pour décrire « une
tempête intérieure »),
la comparaison (exemple :
« Ta
chevelure flamboie comme
un soleil couchant »)
ou
l'ellipse (exemple :
« La
peur d'être déplacé, d'avoir honte »,
pour : « J'avais
peur de paraître déplacé, j'avais peur d'avoir honte »).
« Je
me souviens qu'il était impossible de circuler sur les
Champs-Élysées en ce 14 juillet. »La
phrase est une allusion
au
jour de la fête nationale française
(le
14 juillet),
et
au fait
que ce jour-là, l'avenue des Champs-Élysées (la plus large de la capitale Paris)
est fermée à la circulation à cause des défilés et des parades militaires.
que ce jour-là, l'avenue des Champs-Élysées (la plus large de la capitale Paris)
est fermée à la circulation à cause des défilés et des parades militaires.
D'abord
jeu
de mots ou badinage
à
la Renaissance française,
l'allusion a ensuite dérivé vers le sous-entendu à
partir du XVIIe
siècle.
Traversant les siècles à
travers
les locutions figurées ou les expressions dans
le
langage populaire, elle est devenue une nuance du concept
d'intertexte à la fin du XXe
siècle.
DU
BADINAGE AU SOUS-ENTENDU
Le
nom féminin une
allusion
est un emprunt à la Renaissance (1558) au bas latin « allusio »
(jeu), de ad- (à) et ludus (jeu), notamment « jeu verbal »,
allusion
de mots ou jeu de mots, badinage
(employé
au sens de « sottise » jusqu'en 1674, parole qui dénote
un manque d'intelligence et de jugement, un caractère stupide, il
prend ensuite le sens de « propos enjoué »),
discours
léger, amusement, plaisanterie.
Le mot signifie à la fois « jeu de mots plaisant » et
« expression qui éveille une idée, sans désigner
clairement ».
« Imitons
de Marot l'élégant badinage ;
Et laissons le burlesque aux plaisants du Pont-Neuf. »[Allusions à la clarté de la prose épurée de Clément Marot (poète français, 1496-1544), opposée à celle des plaisants du Pont-Neuf : premier pont parisien sans immeubles, achevé en 1607, pourvu de trottoirs et élargi par des demi-lunes, et qui fut longtemps un lieu de promenade, très animé par des comédiens comiques ou des bouffons « sur deux tréteaux montés ».]
Et laissons le burlesque aux plaisants du Pont-Neuf. »[Allusions à la clarté de la prose épurée de Clément Marot (poète français, 1496-1544), opposée à celle des plaisants du Pont-Neuf : premier pont parisien sans immeubles, achevé en 1607, pourvu de trottoirs et élargi par des demi-lunes, et qui fut longtemps un lieu de promenade, très animé par des comédiens comiques ou des bouffons « sur deux tréteaux montés ».]
Extrait
de : L'art
poétique
(1674),
de Nicolas Boileau (Paris, Paul Masgana,
édition de 1840, p. 6).
édition de 1840, p. 6).
Vers
le milieu du XVIIe
siècle (1671), on passe au sens moderne de « sous-entendu » ;
sous-entendu
d'un
mot (action
d'utiliser les différents sens d'un même mot)
ou d'une parole (action
de faire comprendre une chose sans la dire explicitement).
« À
l'abri de ce badinage, je dis des vérités. »
Extrait
de : Lettres,
11 janvier 1732,
de Voltaire [écrivain
français, 1694-1778, auteur de Candide
(1759), de Contes
philosophiques, etc., élu directeur de l'Académie française en
1746, considéré comme « l'homme universel » et le
champion de la tolérance].
LOCUTION
OU
EXPRESSION FIGURÉE
La
locution figurée est une manière de s'exprimer (une expression
figurée), notamment au moyen d'une figure de rhétorique (la
métaphore, la comparaison, la métonymie, etc.), qui
utilise
un langage essentiellement
allusif
(exemples :
« La
bouteille à la mer »,
« Changer
de disque »,
« Revenir
à la case départ »).
« La
bouteille à la mer »
est « Un message désespéré, sans destinataire certain ».
L'expression est une allusion au message enfermé par un naufragé
dans une bouteille, et jeté à la mer avec l'espoir que quelqu'un la
recueillera.
« Changer
de disque »
qui
signifie
« Parler d'autre chose », « Cesser
de répéter quelque chose » est une expression qui associe
l'allusion à la machine parlante (évocatrice
du caractère mécanique de la répétition, et plus concrètement,
de la circularité) et
l'allusion
à la chanson qui revient inlassablement : « C'est
toujours la même chanson », « Chanter la même chanson »
(« chanson » est alors synonyme de « histoire »,
le mot « chanson » signifiant à la fois « les
paroles » et « la mélodie »).
L'expression
« Revenir
à la case départ »
ou
« Retour
à la case départ »
signifie
« Revenir à une situation que l'on croyait dépassée »,
et
elle est une allusion aux règles du jeu de l'oie où certaines cases
du parcours contiennent cette injonction.
La
locution (qui
suppose l'effacement de la source individuelle) est
différente de la citation (dont la source est identifiée voire
prestigieuse ; exemple :
« La
cigale ayant chanté tout l'été, se trouva fort dépourvue quand la
bise fut venue »,
extrait de la fable : La
cigale et la fourmi,
de Jean de La Fontaine) ;
elle
est aussi différente du
proverbe ou du dicton qui expriment une vérité d'expérience ou un
conseil de sagesse pratique et populaire commun à tout un groupe
social ; exemples :
« La
pomme ne tombe jamais loin de l'arbre »,
« L'habit
ne fait pas le moine »,
« À
chaque jour suffit sa peine »,
etc.
INTERTEXTUALITÉ
Dans
le domaine de l'intertextualité
(concept de critique littéraire en cours de redéfinition et de
refonte depuis les années 1980), l'allusion
correspond
à
un degré dans la relation entre deux ou plusieurs textes, au même
titre que la
citation
(relation la plus explicite et la plus littérale), la
référence
(relation explicite, mais non littérale), et le
plagiat
(en tant qu'emprunt non déclaré et non explicite mais encore
littéral), selon Michaël Riffaterre (La
production du texte,
1979 ; La
syllepse intertextuelle,
1979 ; La
trace de l'intertexte,
1979),
ou encore Gérard Genette (Palimpsestes,
1982).
Ainsi,
lorsque Boileau écrit à Louis XIV : « Au
récit que pour toi je suis prêt d'entreprendre / Je crois voir les
rochers accourir pour m'entendre (...) »,
ces rochers mobiles et attentifs paraîtront sans doute absurdes à
qui ignore les légendes d'Orphée et d'Amphion
(Gérard Genette, Palimpsestes, 1982).
(Gérard Genette, Palimpsestes, 1982).
L'allusion
est la forme la moins explicite et la moins littérale de
l'intertexte, de la relation de coprésence entre deux ou plusieurs
textes, de la présence « effective » d'un texte dans un
autre. L'allusion est à la
fois non
littérale et non explicite, selon Annick Bouillaguet (Marcel
Proust : le
jeu intertextuel et les domaines de l'emprunt,
1990).
Appliqué
à l'univers romanesque du texte proustien par
exemple,
cette classification des emprunts intertextuels (la citation – la
référence – le plagiat – l'allusion) par
le croisement des deux notions de « littéral » et
« d'explicite », permet
l'élucidation raisonnée d'un nombre considérable de phénomènes
textuels restés jusque-là inaperçus ou énigmatiques.
L'allusion
est un énoncé dont la pleine intelligence suppose la perception
d'un rapport entre un texte et un autre (présent en lui), auquel
renvoie nécessairement telle ou telle de ses inflexions, autrement
non recevable.
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Consigne :
Transformer
les phrases allusives (les allusions) de l'extrait de texte ci-après,
en phrases explicites et descriptives. Le texte est extrait de :
La soif ricane..., in La dame à la louve : recueil
de nouvelles, de Renée Vivien (Paris : A. Lemerre,
1904, pp. 25-26).
« Quel
étrange coucher de soleil ! » dis-je à Polly.
Nous cheminions sur nos mulets accablés de lassitude et de chaleur.
« Imbécile ! » grommela ma compagne. « Tu ne vois donc pas que la lueur est à l'est.
- Ce serait l'aurore, dans ce cas-là. Je dois être saoul. Et, pourtant, je n'ai pas bu de la journée. »
La marche somnolente des mulets berçait agréablement mes songes.
Nous étions en pleine prairie... Devant nous, un désert d'herbe pâle. Derrière nous, un océan d'herbe pâle. Autour de nous rôdait la Soif. Je voyais remuer ses lèvres sèches. J'entendais ses grelottements de fièvre. Polly, la garce aux cheveux de paille, ne la voyait point, ce qui, d'ailleurs, n'a rien d'étonnant. Poly n'a jamais pu voir plus loin que le bout de son nez rouge de grand air et de soleil.
Je me retournai sur ma selle, en tirant avec force les rênes.
« Pourquoi t'arrêtes-tu ? » me demanda Polly.
« Je regarde la Soif. Sa robe est grise comme l'herbe sèche là-bas. Elle grimace. Elle ricane. Les contorsions de sa carcasse me font peur. Elle est bien laide, la Soif. »
Polly haussa lourdement ses lourdes épaules.
« Tu es fou, Jim. Il n'y a que les nigauds de ton espèce pour avoir comme ça des cauchemars en plein jour. »
Nous cheminions sur nos mulets accablés de lassitude et de chaleur.
« Imbécile ! » grommela ma compagne. « Tu ne vois donc pas que la lueur est à l'est.
- Ce serait l'aurore, dans ce cas-là. Je dois être saoul. Et, pourtant, je n'ai pas bu de la journée. »
La marche somnolente des mulets berçait agréablement mes songes.
Nous étions en pleine prairie... Devant nous, un désert d'herbe pâle. Derrière nous, un océan d'herbe pâle. Autour de nous rôdait la Soif. Je voyais remuer ses lèvres sèches. J'entendais ses grelottements de fièvre. Polly, la garce aux cheveux de paille, ne la voyait point, ce qui, d'ailleurs, n'a rien d'étonnant. Poly n'a jamais pu voir plus loin que le bout de son nez rouge de grand air et de soleil.
Je me retournai sur ma selle, en tirant avec force les rênes.
« Pourquoi t'arrêtes-tu ? » me demanda Polly.
« Je regarde la Soif. Sa robe est grise comme l'herbe sèche là-bas. Elle grimace. Elle ricane. Les contorsions de sa carcasse me font peur. Elle est bien laide, la Soif. »
Polly haussa lourdement ses lourdes épaules.
« Tu es fou, Jim. Il n'y a que les nigauds de ton espèce pour avoir comme ça des cauchemars en plein jour. »
Cela
pourrait donner ceci :
« L'air
surchauffé tremblote devant l'astre rond et blanc, soleil pâle dont
la chaleur embrase l'air environnant. Je ne me souviens pas qu'un
soleil couchant soit aussi blanc que celui-ci. Qu'en penses-tu Polly
chéri ? » demandai-je à ma compagne.
Nous cheminions sur nos mulets accablés de lassitude et de chaleur. Nous étions partis du ranch à l'aube, lorsque la fraîcheur régnait encore sur le monde.
« Tu n'es qu'un imbécile, Jim ! » grommela Polly. « Tu ne vois donc pas que la lueur est à l'est, et que par conséquent, le soleil que tu vois est en train d'apparaître ? »
- Ce serait l'aurore, dans ce cas-là. C'est atroce, la journée ne fait que commencer et elle me paraît déjà si longue... Je dois être saoul. Et, pourtant, je n'ai pas bu d'alcool depuis le dîner. »
La marche somnolente des mulets berçait agréablement mes songes.
Nous étions en pleine prairie, nos sens étaient engourdis par l'excès de chaleur, l'absence de sons, sinon le bruit étouffé par le sable des sabots de nos mulets. Devant nous, un désert d'herbe pâle. Derrière nous, un océan d'herbe pâle. Etc.
Nous cheminions sur nos mulets accablés de lassitude et de chaleur. Nous étions partis du ranch à l'aube, lorsque la fraîcheur régnait encore sur le monde.
« Tu n'es qu'un imbécile, Jim ! » grommela Polly. « Tu ne vois donc pas que la lueur est à l'est, et que par conséquent, le soleil que tu vois est en train d'apparaître ? »
- Ce serait l'aurore, dans ce cas-là. C'est atroce, la journée ne fait que commencer et elle me paraît déjà si longue... Je dois être saoul. Et, pourtant, je n'ai pas bu d'alcool depuis le dîner. »
La marche somnolente des mulets berçait agréablement mes songes.
Nous étions en pleine prairie, nos sens étaient engourdis par l'excès de chaleur, l'absence de sons, sinon le bruit étouffé par le sable des sabots de nos mulets. Devant nous, un désert d'herbe pâle. Derrière nous, un océan d'herbe pâle. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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Bibliographie :
Dictionnaire
de proverbes et dictons,
choisis et présentés par Florence Montreynaud, Agnès Pierron et
François Suzzoni, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2007, pp. 10, 95,
99.
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p.
26.
Encyclopædia
Universalis,
2008-2009,
édition numérique, 1
CD-ROM, article
intitulé : Théorie
de l'intertextualité,
de Pierre-Marc de Biasi.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
1,
p. 385, t.
6, p. 623.
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
1, p. 172.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain), CHANTREAU (Sophie), Dictionnaire
des expressions et locutions,
Paris, Dictionnaires Le Robert, 2009, pp. 102, 133, 146, 285.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., p.
51.
THERON
Michel, 99
réponses sur les procédés de style.
Montpellier, Réseau CRDP/CDDP (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon) du L.-R. Fiches
41, 70 et 71.
L
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