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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
atelier d'écriture et publication
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« Je
tâcherai faire en moi ce bien
croître,
Qui seul en toi me pourra transmuer. »
Qui seul en toi me pourra transmuer. »
La
synchyse
La
synchyse est un terme (vieilli) de grammaire, dont la notion
est longuement examinée par Dumarsais1 dans son ouvrage
Des tropes (1730) ; étymologiquement, le mot est issu du
grec sugkhusis, qui
signifie confusion, bouleversement.
Vos
grands noms dans le sien revivent aujourd'hui,
Toutes les fois qu'il vainc, vous triomphez en lui ;
Et les hautes vertus que de vous il hérite,
Vous donnent votre part aux encens qu'il mérite.
Toutes les fois qu'il vainc, vous triomphez en lui ;
Et les hautes vertus que de vous il hérite,
Vous donnent votre part aux encens qu'il mérite.
Extrait
de : Poèmes sur les victoires du roi (1667), de
Corneille2, cité par Dumarsais dans : Des tropes,
chapitre VI : des variations de la construction
française en prose (1730), nouvelle édition (Paris,
A. Delalain, 1823, p. 348).
Une
synchyse est une construction grammaticale inhabituelle de la phrase,
dont l'ordre habituel des mots est bouleversé. Une des valeurs de la
notion d'ordre s'applique à l'enchaînement des idées ou des
faits, enchaînement qui obéit à des exigences logiques ou
rationnelles, spécialement en grammaire avec l'apparition (1746) de
la notion d'« ordre des mots ».
Le
capitaine n'est pas accompli, s'il ne renferme en soi l'homme de
bien.
Au lieu de : Si le capitaine ne renferme en soi l'homme de bien, il n'est pas accompli.
Au lieu de : Si le capitaine ne renferme en soi l'homme de bien, il n'est pas accompli.
Extrait
de : Oraisons funèbres, suivies de l'oraison funèbre de
Turenne (1672), de Fléchier3,
cité par Dumarsais (ibid, p. 345).
(…)
Quand je considère, dis-je, que celle dont nous regrettons la mort
est vivante en Dieu, puis-je croire que nous l'ayons perdue ?
Au lieu de : Puis-je croire que nous ayons perdu celle dont nous regrettons la mort, quand je considère, dis-je, qu'elle est vivante en Dieu ?
Au lieu de : Puis-je croire que nous ayons perdu celle dont nous regrettons la mort, quand je considère, dis-je, qu'elle est vivante en Dieu ?
Extrait
de : Oraison funèbre de Madame la Dauphine (1672), de
Fléchier, cité par Dumarsais (ibid, p. 347).
Les
vers de Pernette du Guillet4, poétesse lyonnaise du XVIe
siècle, sont parsemés de nombreuses synchyses : « Je
tâcherai faire en moi ce
bien croître, qui
seul en toi me
pourra transmuer »,
au lieu de « Je tâcherai
[de] faire croître ce
bien en moi, qui
seul en toi pourra me transmuer », extrait
de : Rymes
(V,
p. 36)
de gentille et vertueuse Dame D. Pernette du Guillet, lyonnaise,
dans :
Oeuvres poétiques,
de Louise Labé ; précédées des Rymes
de Pernette du Guillet (édition de 1983 revue par Françoise
Charpentier, Paris, Gallimard, 2007, collection Poésie).
VICE
DE STYLE OU VIVACITÉ DU DISCOURS
La
synchyse est considéré par Émile Littré dans son Dictionnaire
de la langue française (1863-1873) comme « une figure
de construction ou plutôt un vice de style par lequel, en détruisant
l'ordre naturel des mots, on rend la phrase difficile à
comprendre ». Hors la maladresse grammaticale, la synchyse
est une figure de rhétorique construite dans le but d'obtenir un
effet : placer une rime, mettre en valeur un mot, nuancer le
sens général de la phrase, attirer l'attention sur un mot ou un
groupe de mots, etc. Selon Dumarsais, « on ne doit employer
l'inversion que pour la clarté, ou l'énergie, ou l'harmonie du
style » (ibid, p. 354), car : « Que
deviendrait l'éloquence sans ces inversions ? Ne sont-ce pas
elles qui donnent de la vie, de l'âme, du nerf au discours ;
qui le rendent piquant, en offrant d'abord à l'attention ce qui peut
attirer l'esprit avec plus de force ? » (ibid, p.
345).
L'ORDRE
DES MOTS
Il
existe un ordre logique de la phrase, un ordre direct :
la langue française commence la phrase en nommant le sujet du
discours, vient ensuite le verbe qui est l'action, et enfin l'objet
de cette action. Exemple : « L'ordre
est l'ami de la raison, et son propre objet » (Bossuet).
L'ordre des mots dans la phrase peut être ascendant (le mot qui
régit est placé après celui qui est régi), ou descendant (le mot
qui régit est placé au début de la phrase). Exemples :
« L'ordre
est l'ami de la raison » (ordre ascendant de la phrase
car le groupe de mots « l'ami
de la raison » (qui régit le mot « ordre »)
est placé après celui-ci) ; « L'ami
de la raison l'ordre l'est » (ordre descendant de la
phrase car le groupe de mots « l'ami
de la raison » qui régit le mot « ordre »
est placé au début de la phrase).
Pour
contenter celui qui me tourmente,
Chercher ne veux remède à mon tourment :
Car, en mon mal voyant qu'il se contente,
Chercher ne veux remède à mon tourment :
Car, en mon mal voyant qu'il se contente,
Contente
suis de son contentement.
Extrait
de : Rymes (XV,
p. 40), de gentille et vertueuse Dame D. Pernette du Guillet,
lyonnaise, dans :
Oeuvres poétiques, de
Louise Labé ; précédées des Rymes
de Pernette du Guillet (édition de 1983 revue par Françoise
Charpentier, Paris, Gallimard, 2007, collection Poésie).
Dans
la chaîne parlée et sa représentation linéaire écrite, les mots
apparaissent dans la phrase les uns après les autres : ils se
présentent dans un certain ordre. Dès que cet ordre tend à être
habituel, tout changement, tout déplacement se présente comme une
inversion pouvant avoir une valeur expressive.
Dans
une langue donnée, quand il existe une certaine liberté dans
l'ordre des mots, on parle d'ordre grammatical ou d'ordre
canonique pour celui qui est le plus conforme aux règles
générales de la langue ; d'ordre logique pour celui qui
paraît conforme à la démarche supposée de la pensée ; et
d'ordre psychologique pour celui qui résulte de l'état
d'esprit de celui qui parle.
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Notes
1.
César Chesneau Dumarsais
est un grammairien
français (1676-1756), auteur
du Traité des tropes,
ou des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot
dans une même langue
(1730), chargé par
Diderot et d'Alembert de la partie grammaticale de l'Encyclopédie
ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
(1751-1772),
dont il
en écrit
environ 150 articles.
2.
Pierre Corneille
est un poète dramatique
français (1606-1684), entré à l'Académie française en 1647, et
auteur de comédies : Mélite
(1629), La Place royale
(1634), etc., de
tragi-comédies :
Clitandre
(1630), Le Cid
(1636), d'une féérie : L'Illusion
comique (1636), et
de nombreuses
tragédies : Médée
(1635), Horace
(1640), Cinna ou la
Clémence d'Auguste
(1642), Polyeucte
(1643), Rodogune,
princesse des Parthes
(1644), Suréna
(1674), etc. La puissance
et la rigueur de son style, au rythme parfois insistant ou au lyrisme
retenu, et la magnificence de sa métrique en font un des tout
premiers poètes et hommes de théâtre classiques de son temps.
3.
Esprit Fléchier
est un prédicateur et un
narrateur français (1632-1710) entré à l'Académie française en
1673. Il est l'auteur de Lettres,
Portraits,
Mémoires,
Sermons
et Oraisons funèbres,
d'une éloquence ingénieuse (goût des antithèses) et nuancée.
4.
Pernette du Guillet
est une poétesse
française (1518 ou 1520-1545) du
XVIe
siècle. En 1536, elle
rencontre Maurice Scève (érudit
et poète français, 1501-vers 1564),
qui se fait son initiateur en poésie et en amour. Les deux poètes
resteront de fidèles, et probablement chastes amants jusqu'à la
mort de Pernette. Elle épouse en 1538 M. du Guillet, qui n'est pas
autrement connu. Elle est l'auteur de Rymes,
qui paraissent à titre
posthume en 1545 chez Jean de Tournes à Lyon. Ce recueil de poésies
(60 épigrammes, 10 chansons, 5 élégies et 2 épîtres) est
édité à Paris et à
Lyon jusqu'en 1554, ensuite
il faut attendre le XIXe
siècle pour que l'œuvre soit exhumée et plusieurs fois rééditée.
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Consigne :
relever les synchyses de l'extrait de texte ci-après, puis en placer
quelques autres de manière à en dynamiser le rythme ou à mettre en
valeur certains mots ou groupes de mots. Le texte ci-après est
extrait de : Lettres, de mademoiselle de Scudéry à
M. Godeau, évêque de Vence : lettre deuxième, Paris, 8
septembre 1650 (Paris, A. Levavasseur, 1835, p. 22). L'exercice
ne vise pas à améliorer un texte déjà très littéraire et très
travaillé, mais plutôt à jongler avec les mots ou les groupes de
mots, à les changer de place afin de constater l'effet produit, quel
que soit cet effet (heureux ou malheureux, allègement ou
alourdissement de la prose, dynamisation du rythme, effet de
surprise, etc.).
Vous
me reprochez si flatteusement mon mauvais caractère, que ce n'est
pas un trop bon moyen de m'en corriger ; car, puisqu'en écrivant
mal je vous oblige enfin de m'en reprendre plus doucement qu'à me
dire que j'écris bien, je ne sais si je ne ferais pas mieux de
continuer de faillir que de m'amender...
Souffrez,
s'il vous plaît, que je prenne toute la part que je dois aux maux de
votre esprit et de votre corps. Pour les premiers, je ne pense pas
que vous ayez besoin d'autre médecin que de vous-même ; mais,
pour les autres, je pense que vous auriez besoin de venir trouver à
Paris quelque remède à vos maux ; car, de la façon dont je
connais ceux de la province où vous êtes, je ne pense pas qu'ils
vous puissent guérir d'un grand mal : c'est
pourquoi il me semble que vous y devez songer
sérieusement.
Cela
pourrait donner ceci :
Si
flatteusement vous me reprochez mon mauvais caractère, que ce
n'est pas de m'en corriger un trop bon moyen ; car,
puisqu'en mal écrivant je vous oblige enfin de plus
doucement m'en reprendre qu'à me dire que j'écris bien, je ne
sais si je ne ferais pas mieux que de m'amender de continuer
de faillir...
Souffrez,
s'il vous plaît, que des maux de votre esprit et de votre corps,
j'en prenne toute la part que je dois. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
¤ . ¤ . ¤
.
Bibliographie :
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), pp.
160,
337.
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
4, p. 2213, t.
6, p. 932.
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
6, p. 6154.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., p.
1379.
Wikipédia,
l'encyclopédie libre,
page intitulée
: Pernette
du Guillet
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Pernette_du_Guillet,
modifiée
le 16
janvier
2014).
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