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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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« La bonite
est un éteignoir de complet satyre et de pleurant »
S
+ 7 = exercice « oulipien »
Que
signifie « S + 7 » ?
S
correspond à l'initiale du mot « substantif », et « S
+ 7 » correspond à l'intitulé d'un exercice « oulipien1 ».
L'exercice
consiste à prendre un texte et un dictionnaire2, et à
remplacer chaque substantif du texte par le septième qui le suit
dans le dictionnaire. Si le substantif initial ne se trouve pas dans
le dictionnaire, on prend le premier rencontré après l'endroit où
il devrait se trouver.
Exemple
avec la définition du mot « bonheur », prise dans le
Larousse du collège (1694 p.), édition de 2003 :
« Le bonheur est un état
de complète satisfaction et de plénitude ». On prend
le septième substantif qui vient dans le dictionnaire, après les
substantifs le bonheur,
l'état,
la satisfaction
et la plénitude,
soit : la bonite (thon
de la Méditerranée), un éteignoir,
un satyre (demi-dieu
rustique, papillon de jour ou exhibitionniste), un pleurant
(sculpture funéraire
représentant un personnage affligé, dont le visage est souvent
caché par un capuchon). Après avoir appliqué la méthode S
+ 7, on obtient la phrase suivante : « La bonite
est un éteignoir de complet satyre et de pleurant ».
VARIATIONS
Il
existe de nombreuses variations, sur les mots, sur les noms propres,
sur le choix du dictionnaire ou en remplaçant celui-ci par un autre
texte, etc. Après avoir choisi un texte et un mot de départ :
→ S-3 :
le mot de départ est un substantif que l'on remplace par le
troisième substantif pris avant le mot dans le dictionnaire. On
remplace alors chaque substantif du texte par le troisième
substantif pris avant le mot dans le dictionnaire.
→ A+5 :
on remplace chaque adjectif du texte par le cinquième adjectif pris
après le mot dans le dictionnaire.
→ On
peut donc modifier l'exercice aussi bien dans le choix du mot
(substantif (S), verbe (V), adjectif (A), nom propre (NP), etc.), que
dans le choix du chiffre qui le suit (±n,
n étant un nombre entier).
Concernant
la variation sur les mots, il s'agit de choisir un texte (de qualité
littéraire ou non), pour en remplacer les mots par d'autres mots de
même genre qui les suivent ou qui les précédent dans le
dictionnaire :
→ On
peut ainsi modifier l'exercice en le généralisant, en désignant M
chaque mot du texte, et M±n,
l'exercice qui consiste à remplacer chaque mot du texte par le
n-ième mot pris après (+n) ou avant (-n) le mot dans le
dictionnaire, sans considération de genre des mots.
Exemple
avec la phrase suivante « Bonne
année, bonne santé ! », et les mots BON(NE),
ANNÉE et SANTÉ, dont on a cherché les dix mots précédents et les
dix mots suivants dans un dictionnaire, ici le Dictionnaire Robert
Junior Illustré (1246 p.), édition de 2010 :
bol/boléro/bolet/bolide/bombe/bombarder/bombardement/
bombardier/bombé(e)/bôme/BON(NE)/bonbon/bonbonnière/
bonbonne/bond/bonde/bondé(e)/bondir/bonheur/bonhomme/
bonifier (se),
bombardier/bombé(e)/bôme/BON(NE)/bonbon/bonbonnière/
bonbonne/bond/bonde/bondé(e)/bondir/bonheur/bonhomme/
bonifier (se),
animalier(ière)/animer/animateur(trice)/animation/animé(e)/
animosité/anis/ankylosé(e)/annales/anneau/ANNÉE/année-lumière/
annexe/annexer/annexion/annihiler/anniversaire/annoncer/
annonce/annonciateur(trice)/annoter,
animosité/anis/ankylosé(e)/annales/anneau/ANNÉE/année-lumière/
annexe/annexer/annexion/annihiler/anniversaire/annoncer/
annonce/annonciateur(trice)/annoter,
sanguinaire/sanguinolent(e)/sanitaire/sans/sans-abri/
sans-gêne/sans-logis/sansonnet/sans-papiers/santal/SANTÉ/
santon/saoul(e)/saper/sapeur-pompier/saphir/sapin/
sarabande/sarbacane/sarcasme/sarcastique.
sans-gêne/sans-logis/sansonnet/sans-papiers/santal/SANTÉ/
santon/saoul(e)/saper/sapeur-pompier/saphir/sapin/
sarabande/sarbacane/sarcasme/sarcastique.
On
peut appliquer par exemple la méthode M-7 (sans considération de
genre des mots), et cela donne la phrase suivante : « Le bolide
animation,
le bolide sans ! »
(sic), ou bien la méthode S+1 (et on remplace chaque mot par un mot
de même genre), et cela donne la phrase suivante : « Bonne
année-lumière, bon santon ! »
¤
.
¤ .
¤ .
Notes
1.
Oulipien
est l'adjectif dérivé du nom propre OuLiPo, acronyme de « Ouvroir
de Littérature Potentielle ».
La
complicité intellectuelle de Raymond Queneau (1903-1976),
écrivain frotté de mathématiques et de François Le Lionnais
(1901-1984),
homme de sciences
passionné de littérature, marque la véritable origine de l'OuLiPo.
Autour d'eux, en novembre 1960, se rassemblent écrivains et
mathématiciens (certains ont les deux compétences). Jacques Bens,
Claude Berge, Jean Lescure, Jean Queval, Albert-Marie Schmidt, Latis
et Noël Arnaud font partie des fondateurs [quelques-uns
d'entre eux étant également membres du Collège de pataphysique
fondé
en 1948.
Alfred
Jarry (1873-1907) définit la pataphysique dans Gestes
et opinions du docteur Faustroll
(1911), comme
étant
« la
science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux
linéaments les propriétés des objets décrits par leur
virtualité »].
L'objectif
de
l'OuLiPo est
d'explorer le terrain des « créations créantes ». Ce
n'est pas l'œuvre finie d'un auteur donné qui intéresse le groupe,
mais son mode de fabrication, ses procédures, ce qu'on appellera
finalement ses contraintes.
Stricto
sensu, le travail de l'OuLiPo
consiste donc à exhumer, classer, illustrer les contraintes qui sont
présentes dans l'écriture littéraire : contraintes formelles le
plus souvent, liées à la langue, à la versification, à la
construction narrative, contraintes sémantiques éventuellement.
C'est la première tâche.
La
seconde est d'inventer de nouvelles contraintes, notamment par le
recours aux mathématiques, terrain insuffisamment exploré
jusqu'alors, et notamment par la méthode axiomatique [théorie
où tous les concepts mathématiques ainsi que les démonstrations
seraient définis sous forme d'axiomes et de règles de déduction,
d'hypothèses dont on pourrait tirer
des conséquences logiques en vue de l'élaboration d'un système]
après David Hilbert [mathématicien
allemand (1862-1943)
qui élabora en 1899 une construction axiomatique complète de la
géométrie] et
le groupe Bourbaki [pseudonyme
collectif pris par de jeunes mathématiciens de l'École normale
supérieure (Paris) en 1933, auteurs de Éléments
de mathématique (1939-) et de Éléments
d'histoire des mathématiques (1969)].
2.
Un dictionnaire
est un ouvrage didactique
(qui vise à instruire) constitué par un ensemble d'articles dont
l'entrée constitue un mot ; ces articles sont indépendants les
uns des autres (malgré les renvois pratiqués) et rangés par ordre
alphabétique ; son mode de lecture est la consultation.
Les
dictionnaires bilingues de
la fin du moyen âge précédent
historiquement en France les dictionnaires monolingues
(latin-français, français-anglais), reflétant un état
linguistique où le français se substitue au latin dans les sciences
et le droit, où les relations commerciales s'intensifient en Europe,
où la diffusion des connaissances entraîne leur vulgarisation.
L'essor de l'imprimerie au XVIe
siècle donne une première floraison de dictionnaires : le
Dictionnaire
français-latin, de
Robert
Estienne (1538),
le Trésor de la langue
française tant
ancienne que moderne,
de Jean Nicot
(1606).
Mais
ce n'est qu'à la fin du XVIIe
siècle que paraissent, à
quelques années d'intervalle, les premiers dictionnaires uniquement
monolingues du français : le Dictionnaire
français, de César
Pierre Richelet (1680), le Dictionnaire
universel, d'Antoine
Furetière (1690), et le Dictionnaire
de la langue française,
de l'Académie française (1694).
Le
XVIIIe
siècle se montre plutôt
encyclopédiste avec le Dictionnaire
de Trévoux publié
par les jésuites en 1704, et l'Encyclopédie
ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers,
rédigée de
1751 à 1772 par Denis Diderot et Jean d'Alembert (aidés de savants,
de philosophes et de spécialistes dans tous les domaines) ;
tandis que le XIXe
siècle est celui des
grands travaux érudits : le
Dictionnaire national
ou Dictionnaire universel de la langue française,
de Louis-Nicolas Bescherelle
(1843-1846),
le Dictionnaire de la
langue française,
d'Émile Littré
(1863-1872),
le Grand dictionnaire
universel du XIXe
siècle, de
Pierre Larousse
(1864-1876), etc.
La
seconde partie du XXe
siècle voit
un développement important des dictionnaires de langue,
parallèlement à l'essor de la linguistique, avec les Dictionnaires
le Robert d'Alain-Rey
et Josette Rey-Debove, les dictionnaire de langue chez Larousse, etc.
.
¤ . ¤ . ¤
.
Consigne :
extraire les substantifs du texte 1 (mots soulignés), puis remplacer
les substantifs du texte 2 (mots soulignés) par les substantifs
du texte 1. Le texte 1 est extrait de : La belle et la
bête : conte, dans : Le magasin des enfants, ou
dialogues d'une sage gouvernante avec ses élèves
(1757),
par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (Paris, Garnier, 1883,
p. 37). Le texte 2 est extrait de : Le visage émerveillé
(1904), d'Anna de Noailles (Paris, Calmann-Lévy, 1904, p. 8).
Texte
1.
Il
y avait une fois un marchand qui était extrêmement
riche : il avait six enfants, trois garçons et
trois filles, et, en homme d'esprit, il n'épargna rien
pour l'éducation de ses enfants, et leur donna toutes
sortes de maîtres. Ses filles étaient très belles ;
mais la cadette surtout se faisait admirer ; on ne
l'appelait, quand elle était petite, que la belle enfant,
en sorte que le nom lui en resta, ce qui donna beaucoup de
jalousie à ses sœurs. Cette cadette, qui était
plus belle que ses sœurs, était aussi meilleure qu'elles.
Texte
2.
Il
y a aujourd'hui deux années que je suis entrée au couvent.
Le petit jardin, la mère abbesse, l'église,
les beaux chants, en faisaient pour moi un endroit doux
et royal.
Je
suis venue ici parce que j'aimais Dieu, la mère abbesse,
le silence.
La
sécheresse de la vie, chez mes parents me
rendait malade. Mon père, quoiqu'il fût riche, se
préoccupait de sa fabrique de dentelle. Il essayait
d'y intéresser ma mère, qui, comme aujourd'hui, préférait
les soins qu'elle donne à sa maison. Une de mes sœurs
est mariée à un avocat, une autre à un officier de
marine. Personne ne parlait de la paix, de la méditation,
des jardins, de l'amour ; seulement mes livres,
et la mère abbesse quand je venais la voir.
Cela
donne ceci :
Il
y a aujourd'hui deux fois que je suis entrée chez le
marchand. Le petit enfant, le garçon la fille,
l'homme, les belles éducations, en faisaient
pour moi un enfants doux et royal.
Je
suis venue ici parce que j'aimais Dieu, les maîtres les
filles, la cadette.
L'enfant
du nom, chez ma jalousie me rendait malade. Mes sœurs,
quoiqu'elles fussent riches, se préoccupaient de leur cadette
de sœur. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
¤ . ¤ . ¤
.
Bibliographie :
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p.
146.
Encyclopædia
Universalis,
2008-2009,
édition numérique, 1
CD-ROM, article
intitulé : Oulipo,
de Jacques JOUET.
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
OULIPO,
La
Littérature potentielle,
Paris, Gallimard, 2007 (Folio Essais), pp.
139-147.
OULIPO,
Atlas
de
littérature
potentielle,
Paris, Gallimard, 2007 (Folio Essais), pp.
166-170.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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