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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
« Le péril
comme le danger, funeste ou fatal, n'apporte que
mort et trépas, pleurs et larmes. »
La
synonymie
La
synonymie est la relation entre deux mots ou deux expressions
synonymes. Sont synonymes des mots de même sens ou
approximativement, et de formes différentes. La définition est
large et permet de substituer un mot à un autre, dans pratiquement
n'importe quel contexte bien défini, afin de nuancer ou de clarifier
l'expression de sa pensée, ou bien afin d'éviter une répétition.
On
parle de synonymie absolue lorsque deux mots synonymes sont
interchangeables dans tous les contextes (exemples avec le
terme vélo et ses
synonymes bicyclette,
petite reine, ou avec le
terme bidule et ses
synonymes truc, machin).
La synonymie complète ou totale dépend pour beaucoup du contexte,
et elle peut être considérée comme une hyponymie1
symétrique : si x est hyponyme de y et y
de x (si la relation est réciproque ou symétrique), on dira
que x et y sont synonymes.
Dans
l'exemple suivant, le terme cramoisi
est hyponyme du terme rouge,
mais la réciproque n'est pas vraie, puisque rouge
est hyperonyme de cramoisi,
mais aussi de écarlate,
lie-de-vin, sanglant,
congestionné, etc. (rouge
n'est pas hyponyme de cramoisi
mais de coloré, et rouge
est générique ou superordonné de cramoisi) ;
donc même si les termes rouge
et cramoisi peuvent faire
l'objet d'une relation d'analogie, leur synonymie est relative et non
absolue, non complète, non totale.
Le
trait le plus saillant de la synonymie française est le « double
clavier » dont elle dispose. Il existe en français de
nombreuses paires de mots, l'un autochtone, l'autre savant, pour
désigner des notions apparentées. C'est là une des conséquences
de la vogue du latinisme (…)
Extrait
de : Précis de sémantique française (1952, p. 191), de
Stephan Ullmann.
La
synonymie est une figure d'élocution
(les figures d'élocution
intéressent le choix des mots convenant à l'expression de la
pensée) ;
c'est une figure de
rhétorique qui est nommée comme telle dans la langue française au
XVIIe siècle (1671) et qui consiste à employer plusieurs
mots ou expressions synonymes pour désigner une seule chose.
SUNÔNUMOS
Des
synonymes sont donc des mots ou des expressions qui ont le même sens
(ou une signification voisine). Ordinairement, ce n'est que pour une
partie de leurs acceptions2 que les mots sont synonymes.
Ils appartiennent à la même classe grammaticale ; par exemple,
les participes passés : dénué,
dépourvu, dépouillé
et privé, expriment dans
leur sens général l'idée de manque,
mais chacun d'eux se prend avec une nuance particulière : dénué
marque un manque absolu de ce qui, en général, est bon ou commode –
dépourvu marque
l'insuffisance, la privation du nécessaire pour agir – dépouillé
indique que la chose manquante a été possédée (ornement, biens,
etc.) - et enfin, privé
présente le sujet comme ne jouissant pas de ce qu'il devrait
normalement posséder.
La
ressemblance que produit l'idée générale fait donc les mots
synonymes ; et la différence qui vient de l'idée particulière
qui accompagne la générale, fait qu'ils ne le sont pas
parfaitement, et qu'on les distingue comme les diverses nuances d'une
même couleur.
Extrait
de : Synonymes français : leurs différentes
significations et le choix qu'il faut pour en parler avec justesse
(1706, p. 9 de la 5e édition), de l'abbé Gabriel Girard.
Le
nom masculin et adjectif synonyme est un emprunt (vers 1380)
au bas latin grammatical synonymus, qui reprend le grec
sunônumos (de même nom
que), composé de sun (avec,
ensemble) et de onoma (nom).
Le
mot apparaît isolément au pluriel dès le XIIe siècle,
comme titre donné à une composition morale, ou compensation
pécuniaire due par l'offenseur à l'offensé ou à sa famille. Au
XIVe siècle, synonyme est d'abord adjectif, puis
nom, avant 1553. Au XVIe siècle, le mot retrouve sa
valeur étymologique : un synonyme est un mot qui a, avec un
autre, une analogie de sens (genre commun) mais des acceptions
différentes. À l'époque classique et surtout à partir du XVIIIe
siècle, par refus de l'approximation et du cumul, la notion évolue
vers l'idée moderne de « mot
de même sens qu'un autre, mais pouvant différer par un autre
aspect : connotations, valeur expressive, etc. ».
ANALOGIE
ET DISTANCE SÉMANTIQUE
L'analogie
est le rapport existant entre des mots de classes grammaticales
semblables ou différentes, qui appartiennent à un même champ
sémantique. Autour d'un mot-centre se groupent les termes qui ont
entre eux un certain nombre de rapports : analogie, synonymie,
extension, dérivation, composition. Par exemple : une
aventure est le mot-centre de : ce
qui arrive d'imprévu ou d'extraordinaire, à l'aventure,
par aventure, une
entreprise hasardeuse, s'aventurer,
aventureux, un
aventurier, etc.
Si
l'on cherche à définir la synonymie par le sens on achoppe à
une difficulté parce que :
→ 1.
Un mot n'a pas de sens en soi, isolément, mais par la fréquence
relative d'emploi dans un contexte.
→ 2.
Deux mots synonymes n'ont jamais le même sens mais des sens
analogiques plus ou moins éloignés l'un de l'autre (on
appelle cette distance la « distance sémantique »
entre deux unités lexicales ; par exemple, un
aventurier peut être un
intrigant ou un arriviste,
mais aussi un audacieux ou
un téméraire, voire un
imprudent ou un imprévoyant).
Seuls les termes scientifiques sont univoques3 tant qu'ils
demeurent dans le contexte qui les a engendrés, mais s'ils se
banalisent ils perdent leur univocité.
La
synonymie se distingue de l'analogie par des critères
morphosyntaxiques4, le critère de sens n'intervenant
qu'en second : c'est ainsi que se justifie la distinction entre
les deux notions. Un synonyme est donc une unité lexicale
(mot ou locution) qui peut remplacer au même endroit d'une phrase
une autre unité lexicale appartenant à la même classe
grammaticale et remplissant la même fonction, et qui, par
analogie, engendre un sens plus satisfaisant dans le contexte en
cause. Par exemple :
→ une
aventure et s'aventurer
sont analogiques, mais ne sont pas synonymes : leurs champs
sémantiques se recoupent largement, mais ils n'appartiennent pas à
la même classe grammaticale (l'un est un nom, l'autre un verbe).
→ une
aventure et une
aventurière sont des analogies de même classe grammaticale
(des noms), mais ne sont pas des synonymes parce qu'il y a
incompatibilité au niveau des champs sémantiques (l'un concerne un
événement, l'autre une personne).
→ une
aventure et une histoire
appartiennent à la même classe grammaticale, leurs champs
sémantiques se recoupent de façon satisfaisante, on peut remplacer
l'un par l'autre : ils sont synonymes.
SYNONYMIE
COMPLÈTE
Le
concept de synonymie complète est lié à la distinction que
l'on fait entre le sens cognitif5 ou la dénotation
(qui désigne l'élément invariant de la signification d'un mot) et
le sens affectif ou la connotation (qui se dit du sens
particulier que prend un mot ou un énoncé en fonction du contexte
situationnel).
Exemple
avec le mot nuit, qui n'a
pas la même valeur affective (les mêmes connotations) dans les
phrases suivantes :
-
J'ai passé une nuit
blanche (une nuit où l'on ne dort pas),
-
Les nuits
sont plus longues en hiver qu'en été (la durée pendant
laquelle le soleil n'est pas visible, est plus longue en hiver qu'en
été),
-
et : Chaque homme dans sa
nuit
s'en va vers sa lumière (Les contemplations, V, III,
de Victor Hugo) où la nuit désigne la misère, le malheur, la
destinée humaine.
La
pratique de la langue met en jeu d'un côté l'entendement, de
l'autre l'imagination et les émotions : les mots de la langue
quotidienne, à la différence du vocabulaire scientifique et
technique, sont chargés d'associations affectives (connotations) en
dehors de leur sens purement dénotatif (dénotation). On dira qu'il
y a synonymie complète quand le sens affectif et le sens cognitif
des deux termes sont équivalents ou de même degré.
En
reprenant l'exemple précédent, on ne pourra remplacer le mot nuit
par un de ses synonymes (l'obscurité,
la noirceur,
l'ombre,
l'opacité,
les ténèbres,
le mystère, l'anonymat, l'aveuglement des sens de l'esprit et du
cœur, l'erreur, l'ignorance, le mal, le néant, la misère, la mort,
le sommeil) qu'en prenant en compte le sens affectif du mot
dans le contexte. J'ai passé une
nuit blanche
pourra avoir comme synonyme J'ai
passé une nuit sans
sommeil, et non J'ai
passé (ou j'ai vécu
dans) une obscurité
blanche (sic), etc.
Aujourd'hui,
d'une manière générale et dans l'usage courant, on considère
comme synonymes des mots de même sens cognitif et de valeurs
affectives différentes, on parle alors de synonymie incomplète,
de mots quasi-synonymes.
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Notes
1.
L'hyponymie
désigne un rapport
d'inclusion appliqué non à l'objet référé, mais au signifié des
unités lexicales concernées,
qui ont ou qui n'ont pas
de référence en
dehors de la linguistique, comme par exemple le terme « machin ».
Exemples :
« bicyclette »
(objet référé « vélo »)
et « vélomoteur »
(objet référé « moto »)
sont hyponymes de
« deux-roues » ;
« œillet de
Nice » est
hyponyme de « œillet »,
lui-même hyponyme de « fleur ».
À
l'inverse de l'hyponymie, l'hyperonymie
désigne le rapport d'inclusion du plus général au plus
spécifique ; un
terme hyperonyme
(générique ou superordonné) est un terme dont le sens inclut le ou
les sens d'un ou de plusieurs autres termes (appelés alors
hyponymes).
Exemple :
« animal »
est hyperonyme de « cheval »,
« cheval »
est hyperonyme de « étalon »,
« destrier »,
etc. Autre exemple :
« siège »
est hyperonyme de « chaise »
tandis que « chaise »
est hyponyme de « siège ».
2.
Les acceptions
d'un mot sont les sens de
ce mot, reconnus par
l'usage à un moment et dans un milieu donné.
3.
Un terme est univoque
(ou monosémique) lorsqu'il garde le même sens dans tous ses
emplois. Le terme scientifique ou technique peut être univoque dans
un domaine spécialisé. Exemple : le terme « névralgie »
(une douleur localisée) est univoque, tandis que le terme
« douleur » change de sens ; suivant le contexte,
c'est
une impression pénible, un ensemble de sensations, un mal, un cri,
la douleur du corps, de l'âme, de l'esprit, un pincement, une
brûlure, une courbature, une frustration, une émotion pénible,
etc.
4.
La
morphosyntaxe
est la grammaire d'une langue, formée de la morphologie (étude de
la formation des mots et des variations de forme qu'ils subissent
dans la phrase) et de la syntaxe (étude
des relations entre les mots d'une même catégorie, par la
description des règles par lesquelles se combinent en phrase les
unités significatives).
5.
Le sens cognitif
d'un mot représente la
relation entre ce mot et l'objet signifié. Le sens
cognitif ou la
dénotation
d'une unité lexicale est l'élément stable, non subjectif et
analysable hors du discours, de la signification de cette unité
lexicale. La dénotation
se définit par opposition à la connotation ;
la connotation est
le sens affectif
d'un mot, constitué par
l'ensemble des associations affectives ou
émotionnelles de ce mot et qui
sont liées à son emploi. Exemple
avec le mot « nuit »,
définissable de façon stable comme « intervalle
entre le coucher et le lever du soleil »,
comme l'opposé du mot « jour »,
etc. (dénotation), comporte aussi dans certains contextes ou pour
certains locuteurs la connotation « tristesse »,
« deuil »,
« solitude »,
etc.
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Consigne :
transformer le rondeau1 de Jeanne Filleul2 en
un texte en prose, en remplaçant certains mots par leurs synonymes.
Le rondeau est extrait
de : Rondeaux et autres poésies du XVe
siècle (LXXXVII,
pp.
76-77),
publiés d'après le
manuscrit de la Bibliothèque nationale par Gaston Raynaud (Paris,
Librairie Firmin Didot, 1889).
Notes :
1.
Un rondeau est un
poème à forme fixe du moyen âge, en vogue
au XVe
siècle. C'est aussi une
petite pièce de poésie qu'on met ordinairement en musique, et dont
le (ou les) premier(s) vers est (sont)
répété(s)
à la fin. On connaît les
rondeaux ou rondels de Jean
Froissart (écrivain
français et poète
de cour, vers 1337-vers 1410),
de Charles
d'Orléans (poète français,
1394-1465),
et de
Vincent Voiture
(poète et épistolier
français, 1597-1648, qui
renouvelle le genre au XVIIe
siècle).
2.
Jeanne Filleul
(vers 1426-vers 1498) est une poétesse française, dame d'honneur de
Marguerite d'Écosse. On n'a
d'elle qu'un seul rondeau ou bergerette.
Bergerette
Helas !
mon amy, sur mon ame, plus qu'aultre famme
J'ay de douleur si largement, que nullement,
Avoir confort je ne puis d'ame.
J'ay de douleur si largement, que nullement,
Avoir confort je ne puis d'ame.
J'ay
tant de dueil en ma pencée, que trespassée, est ma leesse depiecza
:
A l'eure que m'eustes laissée seulle esgarée, tout mon plaisir se trespassa.
A l'eure que m'eustes laissée seulle esgarée, tout mon plaisir se trespassa.
Dont
maleureuse je me clame, par Nostre Dame,
D'estre voustre si longuement, car clerement
Je congnoys que trop fort vous ame, helas ! mon amy.
D'estre voustre si longuement, car clerement
Je congnoys que trop fort vous ame, helas ! mon amy.
Mots :
amy (ami), ame (âme), famme
(femme), confort (courage), dueil (deuil), trespasser (partir),
leesse (joie), depiecza (depuis longtemps), l'eure (l'heure), esgarée
(abandonnée), se trespasser (s'achever), se clamer (se plaindre),
clerement (en petit nombre), je congnoys (je reconnais), vous ame
(vous aime).
Synonymes :
ami (camarade, compagnon, pote,
amant), âme (cœur, conscience, flamme, souffle), femme (dame,
bobonne, frangine, poupée, compagne), douleur (brûlure, mal,
souffrance, affliction, abattement, amertume, désespoir, désolation,
peine), courage (ardeur, confiance, énergie, force, patience,
persévérance, vaillance, volonté), deuil (chagrin, tristesse,
enterrement), etc.
Avec
la première strophe, cela pourrait donner ceci :
Hélas,
mon amant, plus que toute autre poupée et sur ma conscience, j'ai
tellement de peine que je ne puis plus concevoir ni confiance, ni
énergie, ni force, ni patience, ni persévérance, ni même encore
vaillance ou volonté. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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Bibliographie :
BERTAUD
DU CHAZAUD (Henri), Dictionnaire
de synonymes et contraires,
édition revue et corrigée, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1999
(collection Les usuels), p.
IX.
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), pp.
236,
465-466,
502.
Encyclopædia
Universalis,
2008-2009,
édition numérique, 1
CD-ROM, article
intitulé : Sémantique,
de Catherine Kerbrat-Orrecchioni.
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
6, pp. 939, XCVII,
CIV.
GREVISSE
(Maurice),
GOOSSE
(André),
Le
bon usage : grammaire française, 13ème édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot,
1993,
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LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
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nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
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NIOBEY
(Georges, dir.), Dictionnaire
analogique,
Paris, Larousse, 1997 (collection Références), pp. V, 53.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
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Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., pp.
2067, 2325.
Wikipédia,
l'encyclopédie libre,
page intitulée
: Jeanne
Filleul
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Filleul,
modifiée
le 15 avril
2014).
L
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