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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
« Je vais à
le marché (sic) de la ville de Laon, acheter
des di-a-mants » dis-je en détachant les syllabes
du dernier mot.
Crase,
diérèse et synérèse
En
grammaire et rhétorique ancienne, une figure est un tour de mots et
de pensées qui anime ou qui orne le discours. Les figures sont les
divers aspects que peuvent revêtir dans le discours les différentes
expressions de la pensée.
On
distinguait les figures de mots et les figures de pensées. La crase,
la diérèse et la synérèse sont des figures de mots,
spécialement des figures de diction.
CONTRACTION
ET FUSION
LA
CRASE
Les
figures de diction consistent dans la modification matérielle de la
forme des mots. Dans la crase et la synérèse, il y a
altération du matériel du mot par contraction ou fusion,
dans la diérèse, au contraire, il y a séparation, division.
La
figure qu'on
appelle crase
se fait lorsque, deux voyelles se confondant ensemble, il en résulte
un nouveau son ; par
exemple lorsqu'au lieu de dire (…) le
mois d'Août, nous
disons le mois d'Oût,
(…) ; aujourd'hui nous disons par crase en une seule syllabe
la ville de Can
pour la ville de Caen,
fan
pour faon.
Extrait
de l'article de Dumarsais1
sur la Crase, de l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné
des sciences, des arts et des métiers2,
de Diderot et d'Alembert (Paris, 1751-1772, 10 vol., t. 4, pp.
435-436).
Le
nom féminin « la crase » est un emprunt au grec
krasis qui signifie
« mélange, contraction », le mot désigne un
terme de grammaire grecque. C'est la contraction de syllabes où le
son des éléments disparaît (par exemple la syllabe finale et la
syllabe initiale de deux mots joints).
Attesté
à partir de 1613 en français et par extension, une crase désigne
une contraction ou une fusion de deux éléments consécutifs. Par
exemple, la contraction de « à »
et de « le »
donne « au »
(on dit : « Je vais au marché », et non
pas : « Je vais à le marché »). De même :
« à » +
« les » =
« aux »,
« de » +
« le » =
« du », « de »
+ « les » =
« des ». Il y
a crase quand on dit « l'homme »
au lieu de : « le
homme ».
(…)
c'est l'époque [de la
Restauration]
[période
de l'histoire française qui va de l'abdication de Napoléon 1er
en avril 1814 à la
révolution de juillet 1830 et à l'abdication de Charles X en août
1830] où
la bourgeoisie, au pouvoir depuis encore peu de temps, opère une
sorte de crase
entre la Morale et la Nature, donnant à l'une la caution de
l'autre : de peur
d'avoir à naturaliser la morale, on moralise la Nature, on feint de
confondre l'ordre politique et l'ordre naturel, et l'on en conclut en
décrétant immoral tout ce qui conteste les lois structurelles de la
société que l'on est chargé de défendre
(…)
Extrait
de : Mythologies,
de Roland
Barthes3,
(Paris, Seuil, 1957,
p. 134).
Par
métaphore en littérature, une crase désigne la fusion de deux
notions, la contraction de deux significations ; dans l'extrait
ci-avant par exemple, l'auteur décrit « une sorte de
crase » par la fusion de deux notions « la
Nature » et « la Morale », en parlant de
« naturaliser la morale », et de
« moralise[r] la Nature ».
LA
SYNÉRÈSE
En
phonétique, la contraction, la fusion ou la prononciation de deux
voyelles en une seule syllabe s'appelle une synérèse.
Le
nom féminin la synérèse est un emprunt au terme de
phonétique latin synaeresis
(du grec sunairesis, qui
signifie « action d'assembler, récolte, rapprochement ,
resserrement, contraction »), employé à propos des sons de la
voix.
Exemples :
le mot violon se prononce
habituellement en trois syllabes : vi-o-lon,
alors que l'on peut le prononcer (par synérèse) en deux syllabes :
vio‑lon ; oui
peut se prononcer par synérèse en une seule syllabe : oui,
ou en deux syllabes : ou-i.
SÉPARATION,
DIVISION
LA
DIÉRÈSE
L'antonyme,
le contraire de la crase, ou plus précisément, le phénomène
inverse de la synérèse est la diérèse.
Le
nom féminin « la
diérèse » a été
emprunté (1529) en même temps que son antonyme « la
synérèse »
(1540), au latin des grammairiens diaeresis
(du grec diairesis,
qui signifie « séparation, division »)
En
phonétique et en prosodie,
c'est la prononciation en deux syllabes de deux voyelles
consécutives. Exemples :
pli-er,
ma-ïs
(dans ce mot, la
diérèse est indiquée par un tréma).
La diérèse peut se faire
par une prononciation méridionale des mots, mais aussi en poésie,
par exemple en
déclamant des vers. Ainsi,
on prononcera di-a-mant,
au lieu de dia-mant ;
nu-age
ou nu-a-ge,
au lieu du monosyllabe nuage.
¤
.
¤ .
¤ .
Notes
1.
César Chesneau Dumarsais
est un grammairien
français (1676-1756), auteur
du Traité des tropes,
ou des différents sens dans lesquels on peut prendre un même mot
dans une même langue
(1730), chargé par Denis
Diderot (1713-1784,
écrivain et philosophe français)
et Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783,
philosophe, écrivain, physicien et mathématicien français, entré
à l'Académie des sciences en 1741 et à l'Académie française en
1754)
de la partie grammaticale de l'Encyclopédie
ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
(1751-1772),
dont il
en écrit
environ 150 articles.
2.
L'Encyclopédie
ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
est une œuvre de
vulgarisation scientifique et philosophique, très représentative
des pensées philosophiques du XVIIIe
siècle européen, le
siècle des Lumières.
Parue à Paris entre 1751 et 1772, directement
inspirée de
l'Encyclopédie
ou Dictionnaire
universel des arts et des sciences
(lancée par souscription en 1728) de
Chambers (vers 1680-1740),
elle fut rédigée par des savants, des philosophes et des
spécialistes dans tous les domaines (Voltaire, Montesquieu,
Rousseau, Jaucourt,
de Prades, etc.) sous la
direction de Diderot et
d'Alembert qui en
furent les animateurs et les principaux rédacteurs. Présenté
dans un esprit réaliste et pratique, l'ouvrage en 17 volumes, veut
montrer l'homme capable de transformer l'univers s'il se libère des
préjugés en contrôlant par sa raison la religion, la politique et
la morale.
3.
Roland Barthes
est un sémiologue [la
sémiologie est la science qui étudie les systèmes de signes
(langues, codes, signalisations, etc.)] et un critique français
(1915-1980). Auteur
d'essais : Le
degré zéro de l'écriture
(1953), Mythologies
(1957), Éléments de
sémiologie (1965),
Système de la mode
(1967), L'Empire de
signes (1970), etc.,
il fut aussi professeur au Collège de France à Paris à partir de
1976.
.
¤ . ¤ . ¤
.
Consigne :
essayer de trouver d'autres exemples de crase, de diérèse et de
synérèse, puis construire une petite histoire d'une dizaine de
phrases, où chaque phrase emploie un mot trouvé.
Ou
bien, rédiger une histoire à partir des mots suivants : un
diamant, un violon,
un poète,
naturaliser la morale, moraliser la nature, l'homme, au, du, aux,
des, plier, oui, maïs, Noël, août, Caen, Laon, un faon, un paon,
un nuage.
On
peut aussi composer un poème où chaque syllabe de chaque mot sera
décomptée.
Avec
Noël, un
violon, le poète,
Caen, Laon,
l'homme, cela pourrait
donner ceci :
Le
murmure de l'homme ne ment jamais,
Mais à Laon ou à Caen se le permet.
Le poète joue du violon,
Même quand est Noël au balcon.
Mais à Laon ou à Caen se le permet.
Le poète joue du violon,
Même quand est Noël au balcon.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
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.
Bibliographie :
Corpus
des œuvres de philosophie en langue française
(site
internet),
notice
Dumarsais, Les
véritables principes de la grammaire
(http://www.corpus-philo.fr/dumarsais-principes-grammaire.html,
page du 7 mai 2014).
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), pp.
126,
147,
203,
464.
Gallica.bnf.fr
(site internet), bibliothèque
numérique
de la Bibliothèque nationale de France.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
2, pp.
771, 1487,
t.
6, p. 937.
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
2, pp.
1313, 1717,
t.
6, p. 6155.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., pp.
601, 2066.
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