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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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« J'ai
appris la vie lorsqu'il a souri. »
L'assonance
La
versification française traditionnelle est fondée sur la rime,
c'est-à-dire sur le fait que les voyelles toniques (la dernière
syllabe à voyelle prononcée d'un mot) et leur suite éventuelle
sont identiques à la fin de deux vers ou plus.
Remarque :
l'e muet ne porte pas d'accent tonique même quand il est
prononcé (sauf dans des mots grammaticaux : Prends-LE, Sur CE
je suis sorti, etc.).
Exemple
de rimes avec ces vers du poète français Stéphane Mallarmé
(1842-1898), extraits du poème : Brise marine (1865) :
La
chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
Différente
de la rime (bien que semblable à elle par une même recherche
d'homophonie), l'assonance est la répétition de la
même voyelle phonique1 en position finale accentuée (du
mot), quelle que soit la consonne d'appui2 ; c'est la
forme la plus ancienne de la rime.
Dans
un mot, si ce qui suit la voyelle tonique (ou accentuée) est
différent, on a une assonance, et non une rime : exemple
avec « une
trace » et « une
frappe », où la voyelle tonique de ces deux mots est
« a » (tráce,
fráppe), suivie
de « -ce »
pour « trace »,
et de « ‑ppe »
pour « frappe ».
ACCENT
TONIQUE
Par
l'accent tonique ou d'intensité, on articule la dernière syllabe
d'un mot avec plus de force que les autres, par exemple : « Il
laissa tomBER son chaPEAU », « Il
vienDRA », « Viendra-t-IL ? »,
« Une
quesTION », « Une
calamiTÉ ».
En
français, l'accent tonique n'est pas un phénomène conscient, et il
ne joue pas un rôle distinctif. Dans la plupart des autres langues,
l'accent est plus nettement marqué, comme en italien par exemple, où
le choix de la voyelle accentuée change la signification d'un mot :
áncora
(ancre) et ancóra
(encore).
L'ÉCHO
D'UNE MÊME VOYELLE PHONIQUE ACCENTUÉE
Une
assonance est la répétition de sons voyelles à des fins
d'harmonie : « Les
couchants
langoureux
des pensives
zélandes »
(extrait du poème : Souvenir des Flandres, de Guillaume
Apollinaire, poète français, 1880-1918).
L'assonance,
où cette sorte d'écho ne porte que sur la voyelle accentuée du
dernier mot, est bien distincte de la rime, où non seulement la
voyelle accentuée, mais les consonnes qui la précèdent ou la
suivent sont identiques. L'assonance, qui est seule employée dans
nos plus anciennes chansons de geste, comme la Chanson de Roland,
s'est conservée dans certaines chansons populaires.
Extrait
de : Précis de grammaire historique de la langue française
(1887), de Ferdinand Brunot3
et Charles Bruneau (Paris, Masson, 3e éd., 1949, p. 701).
Donc,
d'une manière plus précise, une assonance est la répétition de
sons voyelles accentués, quelles que soient les lettres qui
suivent ou qui précèdent le son voyelle répété : « Sous
le ciel
grand ouvert
la mer
ferme ses ailes »
(extrait du poème : Corps idéal, dans : Le dur
désir de durer (1946), de Paul Éluard, poète français,
1895-1952).
CONSONANCE
IMPARFAITE
Au
XIXe siècle, une assonance est une consonance
imparfaite ; une consonance parfaite, c'est lorsque deux ou
plusieurs mots se terminent par les mêmes sons. Ainsi, « France »
et « transe »
sont deux rimes parfaites, mais « France »
et « branche »
sont des rimes (des consonances) imparfaites ou des assonances. Les
plus anciens poèmes en langue française ont l'assonance et non la
rime.
Les
assonances de l'ancienne langue sont naturellement fondées sur des
prononciations disparues. C'est ainsi que dans la Chanson de
Roland, fleur (flur) et preux (prod) assonent avec poumon
(pulmun), non (nun), baron.
Extrait
de : Précis de grammaire historique de la langue française
(1887), de Ferdinand Brunot3
et Charles Bruneau (Paris, Masson, 3e éd., 1949, p. 734).
Le
mot féminin « une
assonance » est un emprunt d'époque classique (avant
1690) à l'espagnol « asonancia »
(1625), lui-même du latin « assonans »,
participe présent du verbe « adsonare »
(répondre à un son par un autre son, répondre en écho). Il
s'emploie en rhétorique et en poésie, pour désigner la répétition
de la voyelle accentuée à la finale de mots successifs ou en fin de
vers, différemment de la rime. L'exemple suivant est une assonance :
« Je vois ma belle,
en vrai
et en rêve »,
tandis que l'exemple suivant (extrait de : Épître LXXV,
de Clément Marot, poète français, 1496-1544) est une rime :
« Rythme et raison, ainsi
comme il me semble
/ Doivent toujours être logés ensemble ».
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Notes
1.
L'alphabet phonétique,
qui transcrit graphiquement et
d'une manière univoque
les sons d'une langue, comporte en français 16 voyelles
phoniques
([i]
il,
vie,
lyre ;
[e]
blé,
jouer ;
[a] plat,
patte ;
[ɛ] lait,
jouet,
merci,
fête ;
[ɑ] bas,
pâte ;
[ɔ]
fort,
donner ;
[o] mot,
dôme,
eau,
gauche ;
[u] genou,
roue ;
[y] rue,
vêtu ;
[œ]
meuble,
chanteur,
œil ;
[ø]
peu,
deux,
chanteuse ;
[ə] le,
premier ;
[ɛ̃] matin,
plein,
bain ;
[œ̃] lundi,
brun ;
[ɔ̃]
bon,
ombre ;
[ɑ͂]
sans,
vent,
temps),
3 semi-voyelles ou semi-consonnes ([j]
yeux,
paille,
pied ;
[w] oui,
jouet ;
[ɥ] huile,
lui)
et 23 consonnes phoniques. Le son est marqué entre crochets
carrés [],
tandis que les mots qui
le suivent donnent
un
exemple de prononciation des
différentes valeurs du signe.
2.
Une consonne d'appui
est la consonne placée juste avant la dernière voyelle de la rime,
en versification. Dans les
deux alexandrins de Stéphane Mallarmé : « La
chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
/ Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont
ivres »,
les consonnes d'appui
sont : « l »
pour « livres »
et « t »
pour « ivres ».
Petit rappel : l'e
muet final des mots « livres »
et « ivres »
ne se prononce pas, donc l'accent tonique des mots est porté par
l'i :
« lívres »
et « ívres ».
Dans la
phrase suivante :
« J'ai dit
à ma mie
mon amour
pour toujours»,
les consonnes d'appui des
assonances (voyelles finales accentuées des mots) sont différentes :
d
pour dit
et m
pour mie,
et, m
pour amour
et j
pour toujours.
3.
Ferdinand Brunot
est un grammairien
français et un historien de la langue française (1860-1938) ;
il est l'auteur
d'une Histoire de la
langue française
(1916-1938, inachevée et continuée dans un tout autre esprit, et du
point de vue exclusif des usages littéraires, par Charles Bruneau)
et d'un essai, La
pensée et la langue
(1922), dont la méthode intuitive va à l'encontre de l'évolution
de la grammaire moderne.
.
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Consigne :
choisir une ou plusieurs voyelle(s) phonique(s) dans l'alphabet
phonétique (voir plus haut note 1), dresser une liste de mots
contenant ce son (noms, verbes, adjectifs, etc.), puis construire un
récit ou un poème de manière à alterner des phrases assonancées.
Avec
les sons [o] et [u], et les mots : trop,
rondeau, gâteau, hameau, beau, goût, bagou, camelot, cela
pourrait donner ceci :
Trop
de rondeaux j'ai composé, trop de gâteaux ai-je fabriqué, et j'ai
habité tant de hameaux que j'ai perdu le goût du beau et le bagou
du camelot. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
¤ . ¤ . ¤
.
Bibliographie :
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p.
56.
Encyclopædia
Universalis,
2008-2009,
édition numérique, 1
CD-ROM, article
intitulé : Versification,
de Robert SCTRICK.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
1, pp.
lviii,
888,
t. 5, p. 2175.
GREVISSE
(Maurice),
GOOSSE
(André),
Le
bon usage : grammaire française, 13ème édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot,
1993,
p.
44.
Histoire
de la littérature française des origines à nos jours
(site
internet),
article : Les
figures de style, l'assonance
(http://www.la-litterature.com,
page consultée
en janvier 2015).
LITTRÉ
(Paul-Émile),
Dictionnaire
de la langue française,
nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, t.
1, p. 329.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., p.
131.
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