lundi 20 avril 2015

L'épanalepse, atelier d'écriture bimensuel de La Publiance


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L a – P U B L i a n c e
atelier d'écriture et publication
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« Mais, pour couver ces puissants germes, il faut tous les cœurs inspirés. Tous les cœurs purs, tous les cœurs fermes. »

L'épanalepse

On appelle épanalepse la répétition d'un ou de plusieurs mots après une interruption d'un ou plusieurs mots : « Mais, pour couver ces puissants germes, il faut tous les cœurs inspirés. Tous les cœurs purs, tous les cœurs fermes » (extrait de : Les rayons et les ombres : poème (1840), de Victor Hugo).

C'est un terme de grammaire et une figure d'élocution (qui intéresse le choix des mots convenant à l'expression de la pensée) qui consiste à répéter un ou plusieurs mots, ou même un membre de phrase tout entier.

Il s'agit par exemple d'explorer le répétitif. Le quotidien dans sa trivialité se compose de répétitions : gestes dans le travail et hors du travail, mouvements mécaniques (ceux des mains et du corps et aussi ceux des pièces et des dispositifs, rotation ou allers-retours), heures, jours, semaines, mois, années ; répétitions linéaires et répétitions cycliques, temps de la nature et temps de la rationalité, etc.

Extrait de : La vie quotidienne dans le monde moderne, de Henri Lefebvre (Paris, Gallimard, 1968, collection Idées, p. 40).

En linguistique (à partir de 1933) c'est la reprise d'un mot ou d'un syntagme (un groupe de mots) déjà énoncé par un pronom (pronominalisation), à l'intérieur de la même proposition, par exemple : « Je l'ai vu de mes yeux vu, lui, le fantôme à la cravate bleue. Je l'ai vu errer par-delà la lande. Je l'ai vu comme je vous vois ».

En rhétorique, c'est la répétition d'un mot ou d'un groupe de mots dans des unités syntaxiques successives. Exemple :

J'aime les soirs sereins et beaux, j'aime les soirs,
Soit qu'ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages,
Soit que la brume au loin s'allonge en bancs de feu,
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
À des archipels de nuages.

Extrait de : Les feuilles d'automne : Soleils couchants (juin 1828), de Victor Hugo (Œuvres complètes, Poésie, Paris, J. Hetzel, A. Quantin, 1880-1926, p. 387).

Le nom féminin une épanalepse est un emprunt savant (par François Rabelais dans : Tiers Livre des faicts et dicts héroïques du noble Pantagruel, 1546) au terme de grammaire grec et au bas latin epanalepsis (qui signifie reprise, recommencement). C'est un terme de rhétorique devenu rare, comme la plupart des termes de rhétorique.

Outre d'introduire du rythme et un tempo dans un texte en prose, la réduplication d'un mot sert à souligner l'idée qu'il porte, la seconde occurrence pouvant introduire un nouveau motif ou une correction.

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Consigne : introduire des épanalepses dans le texte ci-après, soit en répétant un mot - ou un groupe de mots -, soit en le pronominalisant (en remplaçant le mot ou le groupe de mots choisi par un pronom).

Le texte est extrait de : Théâtre de Mademoiselle Barbier : Le faucon : comédie en I acte (scène 1, p. 359), de Marie-Anne Barbier (Paris, Briasson, 1745).

Marie-Anne Barbier est une femme poète et une dramaturge française (fin du XVIIsiècle-1742). Elle est l'auteure de tragédies : Arrie et Pétus (1702), La mort de César (1709), etc., d'une comédie : Le faucon (1719), et de trois opéras (extrait de : Dictionnaire universel des littératures, de Gustave Vapereau, Paris, Hachette, 1876, p. 196).

Devant un vieux château, situé dans le fond d'un bois, se tiennent Fédéric et son valet Pasquin.

Fédéric : Te voilà bien chagrin ?

Pasquin : N'en ai-je pas raison ? Vainement dans les airs vous lâchez ce faucon ; Il ne rapporte rien.

Fédéric : Hé, maraut, que t'importe ?

Pasquin : Comment ! nous ne vivons que de ce qu'il rapporte : il nous a jusqu'ici fourni quelques repas ; Mais il ne vaut plus rien depuis qu'il est si gras. Ah ! que j'aime un oiseau, qui par un seul coup d'aile, s'en va me tenir lieu de pourvoyeur fidèle ! Je voudrais que son vol fût plus prompt qu'un éclair : j'appelle tels oiseaux les Pirates de l'air. Un vaisseau trop chargé, Monsieur, n'avance guère, et le meilleur voilier, est le meilleur corsaire.

Fédéric : Rassure-toi, le jour n'est pas encore passé.

Pasquin : Ah ! le petit ingrat, je l'ai trop engraissé ; Et pour ma récompense il veut que je m'aigrisse : tenez, voyez plutôt, j'ai déjà la jaunisse, me voilà saffrané jusques au blanc des yeux.

Fédéric : Tant mieux.

Cela pourrait donner ceci :

Devant un vieux château, un antique château situé dans le fond d'un bois, devant lequel se tiennent Fédéric et son valet Pasquin.

Fédéric : Te voilà bien chagrin ?

Pasquin : N'en ai-je pas raison ? Et pourquoi ne pourrais-je pas avoir raison ? Et pourquoi pas ? Vainement dans les airs vous lâchez ce faucon, vainement vous le lancez, avec persévérance et ardeur vous le projetez... pour rien ; Il ne rapporte rien.

Fédéric : Hé, maraut, que t'importe ?

Pasquin : Comment ! nous ne vivons que de ce qu'il rapporte, et pour ce qu'il nous rapporte... : il nous a jusqu'ici fourni quelques repas ; Mais il ne vaut plus rien depuis qu'il est si gras, tellement gras, exagérément gras, outrancièrement gras ! Ah ! que j'aime un oiseau, qui par un seul coup d'aile, s'en va me tenir lieu de pourvoyeur fidèle ! Je voudrais que son vol fût plus prompt qu'un éclair, je le voudrais toujours ainsi, je le voudrais fougueux, leste et impérieux : j'appelle tels oiseaux les Pirates de l'air. Etc.

Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !

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Bibliographie

Centre national de ressources textuelles et lexicales (site internet, http://www.cnrtl.fr/definition/epanalepse).

DUBOIS (Jean), GIACOMO (Mathée), [et al.], Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Paris, Larousse, 1999 (collection Expression), p. 182.

Encyclopædia Universalis, 2008-2009, édition numérique, 1 CD-ROM, article intitulé : Répétition (procédés de), rhétorique, de Véronique KLAUBER.

Gallica.bnf.fr (site internet), bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.

Le Grand Robert de la langue française, 2ème édition, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2001, 6 vol., t. 3, p. 64.

LITTRÉ (Paul-Émile), Dictionnaire de la langue française, nouvelle édition, Chicago, Encyclopædia Britannica Inc., 1991 (réimpression de l'édition de 1880), 6 vol. + 1 supplément, t. 2, p. 2161.

Le Petit Robert des noms propres, nouvelle édition refondue et augmentée, 2007.

REY (Alain, dir.), Dictionnaire historique de la langue française, nouvelle édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, 2 vol., p. 704.

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