vendredi 15 mai 2015

Description, atelier d'écriture bimensuel de La Publiance


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L a – P U B L i a n c e
atelier d'écriture et publication
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« Le carreau de briques rougeâtres bien lavées, les boiseries brunes soigneusement dégagées de poussière, la glace dont le cadre en chêne sculpté avait été doré jadis, tout était précisément resté à la même place. »

Description

Une description, c'est un discours par lequel on décrit, on dépeint. Mais c'est aussi un terme de rhétorique et de littérature en tant qu'ornement du discours qui consiste à peindre sous les couleurs les plus vives ce que l'on croit être agréable au lecteur.

Soyez vif et pressé dans vos narrations ;
Soyez riche et pompeux dans vos descriptions.
C'est là qu'il faut des vers étaler l'élégance :
N'y présentez jamais de basse circonstance.

Extrait de : L'art poétique (1674), de Nicolas Boileau (Paris, Paul Masgana, 1840, p. 24).

Le nom féminin « la description » est un emprunt (vers 1165) au latin « descriptio » (action de décrire) qui signifie concrètement « reproduction, copie, dessin, tracé de plan », mais également « délimitation, détermination, définition ». Le français a restreint l'emploi du mot à l'action de décrire verbalement, oralement ou à l'écrit, et, par métonymie (par un transfert de dénomination), à un développement littéraire représentant l'aspect des choses et des êtres.

Nous avons défini la description : un tableau qui rend visibles les choses matérielles. En d'autres termes, la description est la peinture animée des objets. (…) Pour être vivante, la description doit être matérielle. (…) Il faut donc que tous les détails soient peints, dessinés, de contour net. Pour cela ne craignez pas de les accuser et de les pousser.

Extrait de : La formation du style par l'assimilation des auteurs, de Antoine Albalat1 (Paris, Armand Colin, 12e éd., 1921, V, pp. 89-90).

UNE IMAGE POUR DISCERNER OU POUR DIVERTIR

La description, c'est le résultat de l'action de décrire, c'est l'énumération des caractères de quelque chose. C'est la représentation d'un objet, d'un événement, d'une plante, d'un animal, d'un personnage, d'un paysage, c'est l'image de quelque chose ou de quelqu'un. « Décrire » s'oppose en logique à « Définir » : on définit un concept, une idée générale, alors que l'on décrit une personne ou une chose concrète. Concernant la description d'un sentiment, d'une pensée ou d'une œuvre, on parle d'analyse2.

(La description) donne quelque connaissance d'une chose par les accidents qui lui sont propres, et qui la déterminent assez pour en donner quelque idée qui la discerne des autres.

Extrait de : La logique ou l'art de penser (1662), dite Logique de Port-Royal (Paris, Delalain, 1879, II, XVI, p. 215), de Antoine Arnauld (1612-1694) et Pierre Nicole (1625-1695).

Dans une œuvre littéraire, la description est le passage qui évoque la réalité, à un moment déterminé du temps, en alternance avec une narration qui est un exposé détaillé d'une suite de faits. On parle de description exacte, fidèle, précise, détaillée, ou au contraire, de description vague, sommaire, approximative, artificielle, monotone, languissante, pauvre, banale, incolore ; de narration claire, précise, sèche, ou de description vivante, vigoureuse, pittoresque, imagée, colorée, riche, humoristique, etc. On parle des détails et du mouvement d'une description.

Comment rendre visible ce qu'on ne peut représenter que par des mots ? Par la description précisément, par la représentation ou la mise en images verbales du monde (objets, êtres, personnages, lieux, situations, etc.) et par l'utilisation de certaines figures de style, comme la métaphore3, la comparaison4, l'énumération5, la métonymie6, ou la synecdoque7.

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Notes

1. Antoine Albalat est un écrivain français (1856-1935) spécialiste de la littérature française, auteur de : Souvenirs de la vie littéraire (1921). Il est aussi l'auteur de romans : La faute d'une mère (1886), Un adultère, roman intime (1883), etc. ; et d'essais sur la langue française : Le mal d'écrire et le roman contemporain (1895), Comment il faut lire les auteurs classiques français (1923), La formation du style par l'assimilation des auteurs (1902), etc.

2. L'analyse d'un sentiment, d'une pensée ou d'une œuvre, est une opération intellectuelle (observation, étude, examen) consistant à décomposer un sentiment, une pensée ou une œuvre, pour en discerner les éléments le (la) constituant et les liens qui unissent ces éléments.

3. La métaphore est une comparaison implicite (qui n'admet pas de troisième élément introducteur entre les deux éléments métaphoriques). C'est une figure de rhétorique qui consiste à désigner un objet du nom d'un autre objet présentant avec le premier des rapports d'analogie (de ressemblance). Par exemple : « La racine du mal » pour l'origine de tous les maux, « Une source de chagrin » pour le malheur, « L'hiver de la vie » pour la vieillesse. La métaphore est souvent confondue avec d'autres figures comme la métonymie (rapport de contiguïté au lieu d'analogie, exemples : « Boire un verre », « Ameuter la ville »), la synecdoque (prendre le plus pour le moins ou inversement, exemple : « Les mortels » pour « Les hommes », prendre la partie pour le tout ou inversement, exemple : « La voile » pour « Le navire », etc.), etc.

4. La comparaison est la mise en parallèle de deux termes d'un énoncé par le biais d'un troisième terme introducteur (comme, ainsi que, de même que, pareil à, autant que, etc.). Par exemple : « Gai comme un pinson », « Elle lui sauta aux yeux, furieuse comme une lionne à qui on a ravi ses petits » extrait de : Le roman comique (1651 - Paris, Garnier, 1937, II, VII, p. 192), de Paul Scarron (1610-1660).

5. L'énumération est une figure consistant à énoncer successivement les diverses parties d'un tout (Rabelais a consacré tout un chapitre à l'énumération des jeux de Gargantua), diverses parties qui peuvent être introduites par la locution « à savoir ». Il est intéressant de remarquer que par métonymie, une énumération désigne aussi une liste (d'objets, de choses), un catalogue, un inventaire ou un répertoire.

6. La métonymie est un procédé rhétorique qui consiste en un transfert de dénomination d'un mot (ou d'une locution) à un autre, par un rapport de contiguïté (la cause pour l'effet, rapport de matière à objet, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, etc.). Exemples : « Il a levé le coude toute la journée » pour « Il a bu toute la journée », « Boire un verre » pour Boire le contenu d'un verre.

7. La synecdoque est une variété de la métonymie, qui consiste à assigner à un mot un contenu plus étendu que son contenu ordinaire (exemple : « la voile » pour le navire), ou inversement, à prendre le plus pour le moins, le tout pour la partie (exemple : « la France » pour l'équipe de France, en football, en gymnastique, en sport en général).

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Consigne : décrire un lieu ou un paysage (l'océan, la plage, une forêt, un lac, un ciel d'orage, une aurore ou un crépuscule, un désert, etc.), ou bien décrire une sensation ou un sentiment (la sensation du vent ou de la neige, le sentiment de la perte ou du manque, un sentiment d'amour), ou encore décrire un être vivant ou un personnage (s'inspirer d'une image, d'une photo ou d'une peinture), en utilisant une ou plusieurs figures de style (voir plus haut).

Cela pourrait donner cet extrait du roman (Paris, Gallimard, 2012, Folio, Collection Femmes de lettres, p. 29) de George Sand, Pauline (1840) :

Elle monta sans bruit et poussa la porte qui roula sur ses gonds en silence. Rien n'était changé dans la grande pièce, décorée par les hôtes du titre de salon. Le carreau de briques rougeâtres bien lavées, les boiseries brunes soigneusement dégagées de poussière, la glace dont le cadre en chêne sculpté avait été doré jadis, les meubles massifs brodés au petit point par quelque aïeule de la famille, et deux ou trois tableaux de dévotion légués par l'oncle, curé de la ville, tout était précisément resté à la même place et dans le même état de vétusté robuste depuis dix ans, dix ans pendant lesquels l'étrangère avait vécu des siècles ! Aussi tout ce qu'elle voyait la frappait comme un rêve.

Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !

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Bibliographie

BEAUMARCHAIS (Jean-Pierre de), COUTY (Daniel), REY (Alain), Dictionnaire des littératures de langue française, nouvelle édition mise à jour et enrichie, Paris, Bordas, 1994, 4 vol., t. 1, p. 666.

BOURDEREAU (Frédéric), FOZZA (Jean-Claude), [et alii], Précis de français : langue et littérature, Paris, Nathan, 1996, p. 35.

Encyclopædia Universalis, 2008-2009, édition numérique, 1 CD-ROM, articles de Jean-Michel ADAM (Description), et de Bernard CROQUETTE (Poésie descriptive).

Le Grand Robert de la langue française, 2ème édition, Paris : Dictionnaires Le Robert, 2001, 6 vol., t. 2, p. 1335, t. 4, p. 1811.

LITTRÉ (Paul-Émile), Dictionnaire de la langue française, nouvelle édition, Chicago, Encyclopædia Britannica Inc., 1991 (réimpression de l'édition de 1880), 6 vol. + 1 supplément, t. 2, p. 1632.

Le Petit Robert des noms propres, nouvelle édition refondue et augmentée, 2007.

REY (Alain, dir.), Dictionnaire historique de la langue française, nouvelle édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1993, 2 vol., p. 564.

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