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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
« Que
me dites-vous, Madame ? Vous m'accusez d'avoir conté ce qui
s'est passé entre vous et moi, et vous m'apprenez que la chose est
sue ? »1
L'interrogation
fictive
Le
principe de base de l'interrogation fictive, ou de la question
rhétorique, est celui de l'interpellation feinte. C'est une fausse
question destinée à garder ou à susciter l'intérêt du lecteur
interpellé. Exemple :
« Hé
quoi ? charger ainsi cette pauvre bourrique ! N'ont-ils
point de pitié de leur vieux domestique ? Sans doute qu'à la
foire ils vont vendre sa peau. », extrait
de : Fables (1668-1694) : Le meunier, son
fils et l'âne (livre III, fable 1), de Jean de La Fontaine
(Paris, Pocket, 2006, p. 55).
La
question rhétorique, ou encore question oratoire, est une figure de
style qui consiste à poser une question n'attendant pas de réponse,
cette dernière étant connue par celui ou celle qui la pose.
« L'interrogation
est l'un des procédés du style oratoire. Les prédicateurs, par
exemple, s'en servent pour communiquer avec leur public, l'associer à
leurs mouvements de pensée et de sentiments. »,
extrait de : La pensée et la langue (1922), de Ferdinand
Brunot2
(Paris, Masson, 1926, p. 488).
INFORMATION
ET EXPLICATION
Le
nom féminin la question est emprunté (vers 1119) au latin
quaestio. Le mot, qui désigne la recherche en général,
s'est spécialisé en philosophie au sens d'interrogation, de
discussion. Le mot, sans reprendre le sens général du latin,
réservé en français à quête et à recherche, a été
emprunté pour désigner une demande faite en vue d'une
information, d'un éclaircissement (par exemple : « À
quelle heure dînez-vous ? », « Qui vient ?
Qui m'appelle ? »).
Le
nom féminin une interrogation reprend les emplois du latin
classique interrogatio en droit (questionner, poursuivre en
justice) et dans l'usage général (1283), puis en grammaire,
notamment pour désigner le signe graphique dit point d'interrogation
(1550), et en rhétorique (dans : Dictionnaire françois
contenant les mots et les choses, plusieurs nouvelles remarques sur
la langue françoise, de Pierre Richelet3, 1680). Le
mot se dit d'une chose obscure qui demande une explication
(dans : Corinne ou l'Italie, de Mme de Staël4,
1807).
En
grammaire, la question, comme l'interrogation, est un type de phrase
logiquement incomplète, qui sert à demander une information ou une
explication à l'interlocuteur ; elle peut être exprimée
indirectement (« Je te
demande s'il va pleuvoir. ») ou directement
(« Va-t-il
pleuvoir ?, lui
demande-t-il. »), et elle peut être marquée
par l'ordre des mots (inversion), par un mot interrogatif (pourquoi,
quel, qui, de quoi, etc.), ou simplement par le ton montant de
l'énoncé marqué par le point d'interrogation.
UNE
QUESTION QUI N'ATTEND PAS DE RÉPONSE
Devenue
procédé stylistique en rhétorique, l'interrogation fictive, ou la
question oratoire (ou encore question rhétorique), consiste en une
interrogation apparente, destinée à suggérer une réponse évidente
(exemple : « Est-ce là une façon
d'agir ? » Marouzeau5). Elle
consiste aussi à adresser des questions à l'auditoire ou à
l'adversaire, questions qui n'appellent pas de réponses et qui sont
utilisées comme un mode de présentation plus frappant.
« Qu'est
ceci ? s'écria le mangeur de moutons : Dire d'un, puis
d'un autre ! Est-ce ainsi que l'on traite les gens faits comme
moi ? me prend-on pour un sot ? »,
extrait de : Fables (1668-1694) : Le loup,
la mère et l'enfant (livre IV, fable 16), de Jean de La
Fontaine (Paris, Pocket, 2006, p. 81).
Plus
précisément, on distingue l'interrogation fictive de
l'interrogation oratoire, ou de la question rhétorique.
La
première, l'interrogation fictive, n'appelle aucune réponse,
et elle équivaut, quant au contenu du message, à une exclamation ou
à une injonction : « Que ne
m'a-t-il pas écoutée ? » (= Il aurait
dû m'écouter !), « Allez-vous
bientôt vous taire ? » (=
Taisez-vous !).
La
deuxième, l'interrogation ou la question oratoire ou rhétorique,
est une interrogation fictive qui donne à entendre qu'il faut
admettre comme évidente la réponse contredisant la question
(l'interlocuteur ou le lecteur n'ayant généralement pas l'occasion
de répondre) : « Est-il possible
qu'il ait fait une telle faute ? » (= Il n'est
pas possible qu'il ait fait une telle faute), « Ne
vous avais-je pas averti ? » (= Je vous avais
averti...), « Quel grammairien
d'aujourd'hui oserait recommander à son public de pratiquer la
syntaxe de racine ? » (= Aujourd'hui, aucun
grammairien n'oserait recommander...).
Un
autre type d'interrogation fictive sert à exprimer une hypothèse,
par exemple : « Avez-vous faim ?
Je vous ai préparé une omelette ».
→ Remarque :
on ne considérera pas comme des interrogations vraiment fictives les
questions qu'un locuteur ou un auteur posent pour donner de la
vivacité à l'exposé et auxquelles ils répondent eux-mêmes,
par exemple : « Que va-t-on faire
de moi à présent ?
On va probablement m'envoyer
chez cousine Berthe ou chez tante Aglaé ; ou
bien, on va m'envoyer
en cure à Aix-les-Bains ».
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Notes
1.
Extrait de : La
Princesse de Clèves
(1678),
de Mme de La Fayette (Paris, Librairie des bibliophiles, 1881, p.
162).
2.
Ferdinand Brunot
est un
grammairien français et un historien de la langue française
(1860-1938) ; il est
l'auteur d'une Histoire
de la langue française
(1916-1938, inachevée et continuée dans un tout autre esprit, et du
point de vue exclusif des usages littéraires, par Charles Bruneau)
et d'un essai, La
pensée et la langue
(1922), dont la méthode intuitive va à l'encontre de l'évolution
de la grammaire moderne.
3.
César Pierre
Richelet
est un lexicographe
français (vers 1626-1698), auteur d'un Dictionnaire
françois contenant les mots et les choses, plusieurs nouvelles
remarques sur la langue françoise (1680),
témoignage précieux sur la langue du XVIIe
siècle, notamment sur la langue familière, et d'une Versification
française (1671).
4.
Mme de Staël
(Germaine Necker, baronne
de Staël-Holstein) est un
écrivain français (1766-1817), auteure
d'essais et de deux romans : Delphine
(1802), et Corinne ou
l'Italie (1807), dont
le genre, rénové, est désormais chargé d'exalter la sensibilité
et l'individualisme, prémisses
d'un nouveau courant littéraire : le romantisme.
5.
Jules Marouzeau
est un latiniste français
(1878-1964), auteur de :
Aspects du français
(1950), La linguistique
ou science
du langage (1950),
Notre langue :
enquêtes et récréations philologiques
(1955), Lexique de la
terminologie linguistique
(1933), Précis
de stylistique française
(1941), etc.
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Consigne :
introduire des interrogations fictives (questions qui
n'appellent pas de réponses et qui servent à présenter les choses
d'une manière plus frappante, à exprimer une hypothèse ou une
exclamation ou encore un ordre), ou des questions rhétoriques
(questions qui appellent une réponse contradictoire mais évidente),
dans l'extrait de texte ci-après : La vie privée ou Alexis
Slavsky, artiste peintre, dans Le premier accroc coûte deux
cents francs : recueil de nouvelles (1944), d'Elsa
Triolet (Genève, Éditions Édito-Services, 1967, p. 94).
Alexis
peignait depuis sa plus tendre enfance, et plus il peignait, plus la
peinture le possédait. Tout le temps que lui laissait le lycée, il
l'employait à travailler dans un coin du local qui ressemblait à un
garage, parmi les grands et les petits anges de bronze, de marbre, de
plâtre. Une fois son bachot passé, quand il put ne rien faire
d'autre que peindre, il alla aussi à l'atelier de la
Grande-Chaumière, où il y avait des modèles vivants. Ses parents
respectaient l'art de peindre et étaient heureux de donner à Alexis
la possibilité d'accomplir ce que son père n'avait pu faire :
se vouer à l'art.
Cela
pourrait donner ceci :
Comment
peut-on aimer passer sa vie dans les vapeurs de térébenthine et la
poussière, dans le froid et la solitude, face à une toile blanche ?
Alexis peignait depuis sa plus tendre enfance, et plus il peignait,
plus la peinture le possédait. Tout le temps que lui laissait le
lycée, il l'employait à travailler dans un coin du local qui
ressemblait à un garage, parmi les grands et les petits anges de
bronze, de marbre, de plâtre. Ses parents ne lui avaient-ils pas
répété, à maintes reprises, qu'il fallait se méfier de la
vie aventureuse qui l'attendait s'il persévérait dans cette
voie ? Une fois son bachot passé, quand il put ne
rien faire d'autre que peindre, il alla aussi à l'atelier de la
Grande-Chaumière, où il y avait des modèles vivants. Etc.
Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
.
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.
Bibliographie
DUBOIS
(Jean),
GIACOMO (Mathée),
[et al.], Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Paris, Larousse, 1999
(collection Expression), p.
255.
Le
Grand Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris :
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol., t.
1, p. 883, t.
5, p. 1470.
GREVISSE
(Maurice),
GOOSSE
(André),
Le
bon usage : grammaire française, 13ème édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot,
1993,
p.
584.
Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007.
REY
(Alain,
dir.), Dictionnaire
historique de la langue française,
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993,
2 vol., pp.
1043,
1688.
Wikipédia,
l'encyclopédie libre,
pages
intitulées
« Question
rhétorique »
(juin
2014),
et
« Figure
de style »
(mai 2010), consultées
à partir de : http://wikipedia.fr.
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