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L
a – P U B L i
a n c e
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Jouer
avec les images
Trentième
dialogue, 28ème
journée.
Mademoiselle
Bonne : Bonjour, mesdames. Il m'est venu, cette nuit, un
scrupule. Nous avons parlé de bien des choses dans nos
conversations : je
crains de n'avoir pas toujours été assez claire pour de jeunes
têtes, un peu légères. Quelqu'une de vous aurait-elle quelque
explication à me demander ?
Lady
Charlotte : Oui,
ma Bonne. Je n'ai pas bien compris ce que vous nous avez dit, une
fois, à propos des éléments.
Lady
Spirituelle : Moi,
non plus. Je ne comprends pas que l'eau, par exemple, qui n'a ni
odeur, ni goût, ni couleur, soit composée de quelque chose qui
n'est pas de l'eau ?
Mademoiselle
Bonne : Rien
n'est cependant plus certain, ma chère. L'eau est un composé de
deux airs ou substances gazeuses, qui se nomment, l'un, gaz oxygène,
qui est en grande quantité dans l'air que nous respirons ; et
l'autre, gaz hydrogène, ou air inflammable.
Lady
Spirituelle : Quoi !
ma Bonne, l'air qui brûle, qu'on allume, qui nous éclaire, et qu'on
nomme tout bonnement gaz,
servirait à faire de l'eau ?
Mademoiselle
Bonne : Précisément, ma chère. Deux savants français qui, en
1776, étudiaient les propriétés du gaz hydrogène, découvert par
un savant anglais quelques années auparavant, furent curieux de
connaître l'espèce de suie ou de fumée que donnait ce gaz en
brûlant. Pour cela, ils mirent une soucoupe de porcelaine au-dessus
de la flamme, et furent fort surpris de voir qu'au lieu de se couvrir
de suie, la soucoupe se couvrait de gouttelettes d'eau pure. Le
savant anglais qui, de son côté, faisait des expériences, obtint
le même résultat : il fit de l'eau en brûlant les deux gaz.
Lady
Spirituelle : J'aurais été bien surprise aussi ; car cela
me paraît fort extraordinaire. (…)
Mademoiselle
Bonne : (…)
Eh bien, j'appellerai à mon aide une dame anglaise, fort instruite,
et de beaucoup d'esprit (Mistress Marcett), qui a fait le conte que
je vais vous dire à ma façon, et que j'intitulerai : La
famille des géants (Aquafluens, son frère Ventosus, et sa fille
Vaporis).
(...)
Trente
et unième dialogue, 29ème
journée.
Lady
Spirituelle : J'ai rêvé cette nuit de Vaporis, ma bonne ;
elle m'emportait à toute vitesse avec un train de voyageurs, mais au
lieu d'une lourde locomotive toute noire, c'était une gentille fée,
assise sur un nuage blanc et couronnée d'un arc-en-ciel qui brillait
de toutes les couleurs.
Lady
Charlotte : Oh ! que j'aurais voulu la voir ! Pourquoi
ne nous avez-vous pas appelées pour nous la montrer !
Lady
Spirituelle : À quoi pensez-vous, ma chère : est-ce qu'on
peut montrer un rêve ? Vous auriez toutes été là que vous ne
l'auriez pas vue.
Lady
Charlotte : C'est vrai, mais c'est bien dommage. J'ai toujours
tant désiré voir une vraie fée !
Mademoiselle
Bonne : Il faudrait pour cela qu'il y eût de vraies
fées, ma chère, or vous savez bien que les fées n'existent pas et
que notre fantaisie seule les invente. Mais vous me paraissez, ainsi
que miss Molly et lady Mary, un peu trop adonnée au monde
fantastique. Je crois donc utile pour vous d'en revenir aux histoires
véritables, et je prierai lady Sensée de nous lire aujourd'hui un
conte, vrai,
car j'ai connu l'auteur et les personnages qu'elle a mis en scène.
Le
texte proposé est extrait de : Le
Magasin
des enfants, ou Dialogues d'une sage gouvernante avec ses élèves
(1757),
par Mme Leprince de Beaumont (Paris, Garnier frères, 1865,
pp. 448-468).
Jeanne-Marie
Leprince de Beaumont* est une femme de lettres française
(1711‑1780), qui vécut en Angleterre de 1745 à 1760 comme
éducatrice, qui y publia Le Nouveau
magasin français
(1750-1755, un recueil littéraire et scientifique destiné à la
jeunesse), et qui, plus tard,
se retira près d'Annecy en Savoie. Elle
reste surtout célèbre pour
ses contes, réunis
dans Le
Magasin des enfants,
où figure La
Belle et la Bête,
Le Magasin
des adolescents
(1760), Le
Magasin des pauvres artisans
(1768), ouvrages destinés aux enfants ou aux jeunes personnes,
faciles à lire et au style simple.
Elle
est aussi l'auteure
de : Le
Triomphe de la vérité, ou Mémoires de Mme de La Villelle
(1748), Lettres
diverses et critiques
(1750), Mémoires
de la baronne de Batterille, ou La veuve parfaite
(1766), La
Nouvelle Clarisse
(1767), etc.
*Le
Petit Robert des noms propres,
nouvelle
édition refondue et augmentée, 2007,
p. 1254.
IMAGES,
IDÉE
ET REPRÉSENTATION
Jusqu'au
milieu du XVIIIe
siècle*, on a utilisé indistinctement les mots « idée »
et « image ». Depuis cette époque, le mot image s'oppose
d'une part au concept ou à l'idée abstraite, d'autre part à la
réalité ou aux choses qui existent indépendamment de l'esprit qui
les pense.
On
parle** d'image banale, usée, d'images de style, de la justesse ou
de la puissance de l'image, de la profusion d'images, d'images
descriptives ou colorées ou savoureuses, d'images forcées, etc,
d'image surréaliste.
Manière
de rendre une idée plus sensible, ou représentation d'un être ou
d'une chose dans l'esprit, l'image est avant tout une mise à
distance entre une réalité et la perception de cette réalité,
mise à distance qui permet d'engager le dialogue entre la perception
d'une chose et l'idée que l'on s'en fait.
On
emploie des images pour construire des allégories, des comparaisons,
des métaphores, des clichés, des symboles (le symbole en tant
qu'image référence), des figures, etc.
*Dictionnaire
historique de la langue française,
Alain Rey (dir.),
nouvelle édition, Paris,
Dictionnaires Le Robert,
1993, 2 vol.,
p. 996.
**Le
Grand
Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris, Dictionnaires Le
Robert, 2001,
6 vol., t.
3, p. 2076.
LA
MÉTAPHORE
La
métaphore* consiste dans l'emploi d'un mot concret pour exprimer une
notion abstraite, en l'absence de tout élément introduisant
formellement une comparaison. C'est un procédé de langage qui
consiste dans un transfert de sens (terme concret dans un contexte
abstrait) par substitution analogique.
Pour
que la métaphore soit possible entre deux termes différents, deux
comparés, il faut que les termes aient en commun au moins un
sinon plusieurs élément de signification.
La
métaphore in
presentia
conserve les deux termes comparés mais n'opère pas de comparaison
explicite. Alors que dans la métaphore in
absentia,
le comparé disparaît tout à fait, laissant au destinataire (au
lecteur, à la lectrice) le soin de reconstituer l'image en décodant
la métaphore.
*Précis
de français : langue et littérature,
Frédéric
Bourdereau,
Jean-Claude
Fozza,
etc.,
Paris,
Nathan, 1996,
collection
Repères
pratiques,
p.
32.
Consigne
1 :
construire
une métaphore du vent et une
métaphore de
la vapeur. Cela pourrait donner ces extraits du Magasin
des enfants
(p. 458 : Aquafluens
et Ventosis,
et p. 467 : Lady
Spirituelle).
Métaphore
in
absentia
du
vent :
Aquafluens
trouva le procédé mauvais, et s'en plaignit. Ventosus entra en
fureur : il souffla, hurla, mugit et engagea une lutte avec son
frère qui perdit son sang-froid et écuma de rage ; ses petits
amis (les
enfants) ne
le reconnaissaient plus, tant la colère avait bouleversé ses traits
et changé sa physionomie. Cependant
Ventosus avait repris son vol et il fournit quelques heures de
travail.
(...)
À
la vérité, dans ce peu de temps, il avait moulu moitié de la
provision de grain. On n'avait jamais vu pareil tour de force. Mais
trouvait-il une porte ou une fenêtre ouverte, pst ! il s
échappait, et faisait l'école buissonnière pendant toute une
semaine. Il allait et venait avec une vitesse sans égale. Seulement
on n'était jamais certain de son exactitude : il portait au
midi le message qu'on lui donnait pour le nord, à l'est ce qui était
pour l'ouest. Il
lui
arrivait de rebrousser chemin à mi-route, et de retourner à
l'endroit d'où il était parti. Quoiqu'il changeât
d'idée vingt fois par jour, il n'en aidait pas moins à la fortune
du
fils de la veuve,
qui pouvait maintenant approvisionner de farine toute la colonie.
Métaphore
in
presentia
de
la vapeur :
Lady
Spirituelle : J'ai
rêvé cette nuit de Vaporis,
ma Bonne ; elle m'emportait à toute vitesse avec un train de
voyageurs, mais au lieu d'une lourde locomotive toute noire, c'était
une gentille fée,
assise sur un nuage blanc et couronnée d'un arc-en-ciel qui brillait
de toutes les couleurs.
LA
COMPARAISON
La
comparaison opère un rapprochement entre deux termes, dont les sens
respectifs ne sont pas affectés. Un terme de comparaison (comme,
pareil,
ainsi
que,
tel,
semblable à,
etc.) établit le lien de ressemblance entre le comparé et le
comparant.
Consigne
2 :
trouver
des comparaisons concernant le vent, ou
ayant un rapport avec
l'eau ou
la vapeur,
comme celles de ces extraits du Magasin
des enfants
(p. 455, p. 462) :
La
force de l'eau
et
l'aspect ludique de l'eau :
Mais
dans les grandes mains du géant Aquafluens, les
pierres dont on se servait pour écraser le grain étaient
comme deux petits palets avec lesquels jouent les enfants.
Les
enfants
étaient déjà au mieux avec leur bon ami le géant : s'il se
couchait sur l'herbe, ils cabriolaient
autour de lui, ou s'enveloppaient dans les plis de sa belle robe
moirée d'argent et d'or, jouant à cache-cache comme les petits
canetons
qui plongent leurs têtes sous l'eau.
Les
courants du
vent :
À
force de prévenances, d'égards, et en étudiant son caractère
aussi mobile qu'une girouette, il parvint à le tenir quelques heures
au travail.
La
vapeur :
J'espère
au moins, dit-elle en grondant et soufflant comme un attelage de dix
chevaux, que vous ne m'emploierez pas à moudre du blé ou à scier
des planches. Ces
vulgaires travaux sont au-dessous de moi.
LA
PERSONNIFICATION
La
personnification
permet de donner figure humaine à une idée, à un objet, ou à un
animal. Elle
consiste à faire d'un être inanimé ou d'un être abstrait,
purement idéal, une personne réelle, douée de sentiment et de vie
(Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Jean
Dubois, Mathée Giacomo, etc., Paris,
Larousse, 1999,
collection
Expression,
p. 357).
Consigne
3 :
personnifier
des
éléments tels
l'eau, l'air ou
la
vapeur
en un court récit.
Cela
pourrait donner cet extrait du Magasin
des enfants
(p. 463) :
Aquafluens,
en transportant le bois, la pierre, avait aidé les colons a se
construire de bonnes maisons bien closes ; Ventosus, dans ses
moments de belle humeur, avait moulu plus de blé, d'orge et de maïs
qu'il n'en fallait pour la consommation générale. Vaporis, plus
habile, plus forte et plus adroite que ses parents, était venue en
dernier et promettait merveille. Il ne s'agissait que de la bien
conduire sans la brusquer et sans la laisser vagabonder. Quand elle
eût filé et tissé assez de coton pour faire des chemises à toute
la colonie, on lui donna de la laine, avec laquelle elle fit de la
flanelle et du drap.
Les
gens ne se lassaient pas de la regarder travailler nuit et jour, sans
trêve ni repos : après la laine, ce fut le tour du lin et du
chanvre ; elle en fabriqua de la toile si belle et si large, que
l'Avisé (le
laboureur),
le Hardi (le
fils de la veuve) et
Jean
l'Ingénieux,
qui regrettaient toujours leur pays natal, et qui avaient maintenant
plus de farine, de calicot, de drap qu'eux et leurs voisins n'en
pouvaient employer, songèrent à
construire un vaisseau à voiles, et à le charger de marchandises.
Ils en vinrent à bout, mais quand le vaisseau fut construit, les
trois géants commencèrent à s'en disputer le commandement.
L'ALLÉGORIE
Au
sens premier de la rhétorique,
une allégorie
est une description ou un récit consistant en la personnification
d'un être abstrait (la justice, la guerre, l'amour, etc.) dans une
suite de métaphores, en général à valeur didactique (qui vise à
instruire). Par
ailleurs, l'allégorie est un type d'écriture très symbolique,
à double sens, de concrétisation des idées ou de personnification
des forces naturelles et des abstractions, avec une interprétation
littérale (sens propre) et une interprétation intellectuelle (sens
figuré), toutes deux possibles. Le
mot désigne
aussi une œuvre utilisant ce type de narration.
Dans
l'univers tout devient animé, chaque force obscure a un corps, un
esprit, une parole. Étymologiquement,
l'allégorie est une parole différente ; employée en français
aux sens grec et latin de « discours métaphorique », le
mot se spécialise dans l'usage classique pour désigner une
narration dont tous les éléments concrets organisent un contenu
différent, souvent abstrait.
Consigne
4 :
composer
une allégorie à
partir des
trois éléments, l'eau, le vent et la vapeur. Cela
pourrait donner cet extrait
du Magasin
des enfants
(p. 465), où
la vapeur (Vaporis)
est la fille du
feu (sa
mère)
et du géant
Aquafluens
(l'eau
qui coule ou eau courante, son
père),
et où l'air est un
géant nommé
Ventosus :
Lady
Spirituelle :
Mais dites-moi, je vous prie, ma Bonne, comment la vapeur ou Vaporis,
se trouve-t-elle être fille du géant Aquafluens ?
Mademoiselle
Bonne :
Je crois que lady Sensée pourra nous le dire.
Lady
Sensée :
Je m'imagine, sans en être tout à fait sûre, que ce géant est un
cours d'eau, une rivière qui charrie de lourdes charges de bois, qui
fait tourner les roues du moulin à eau, qui porte sur son dos des
hommes dans des barques, qui porte une robe couleur du temps.
Mademoiselle
Bonne :
Vous imaginez juste, ma chère ; Aquafluens
est la réunion de deux mots latins qui signifient eau qui coule, ou
eau courante.
Lady
Spirituelle :
Oh ! j'y suis à présent ! C'est avec de l'eau bouillante
qu'on fait de la vapeur. Voilà pourquoi l'eau et le feu sont les
père et mère de Vaporis.
Lady
Mary :
C'était trop difficile à trouver. J'aime mieux Ventosus : on
sait tout
de
suite qui c'est. Je l'ai entendu et vu bien des fois.
Lady
Charlotte :
Vu ! personne n'a jamais vu le vent.
Lady
Mary :
Je veux dire que je l'ai vu secouer les branches des arbres, soulever
la poussière, chasser devant lui les feuilles sèches, qu'il fait
quelques
fois tournoyer d'une façon bien amusante. Je l'ai vu aussi rider
l'eau et la faire écumer.
Lady
Charlotte :
Oui, quand il se querelle avec son frère, le géant Aquafluens.
Mais, ma Bonne,
est-ce que la vapeur fait vraiment tant de choses?
Mademoiselle
Bonne :
Je n'en finirais pas si j'entreprenais de vous dire tout ce que les
hommes ont trouvé moyen de lui faire faire.
Elle a filé et tissé vos vêtements. Elle vous apporte de Chine le
thé que vous buvez tous les matins. Elle était à bord du vaisseau
qui vous a conduite en Irlande, et c'est grâce à elle que vous êtes
venue si vite de Londres ici, sans
parler de ce qu'elle est appelée à faire dans l'avenir.
Et
maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
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