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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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atelier d'écriture et publication
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Jouer
à dynamiser un poème
L'AMOUR
OISEAU
Un
enfant dedans un bocage1
Tendait
finement ses gluaux2,
Afin
de prendre des oiseaux
Pour
les emprisonner en cage.
Quand
il vit, par cas d'aventure,
Sur
un arbre Amour emplumé,
Qui
volait par le bois ramé3
Sur
l'une et sur l'autre verdure.
L'enfant,
qui ne connaissait pas
Cet
oiseau, fut si plein de joie,
Que
pour prendre une si grande
proie
Tendit
sur l'arbre tous ses las4.
Mais
quand il vit qu'il ne pouvait,
Pour
quelques gluaux qu'il peut tendre,
Ce
cauteleux5
oiseau surprendre
Qui
voletant le décevait,
Il
se prit à se mutiner,
Et,
jetant sa glu de colère,
Vint
trouver une vieille mère
Qui
se mêlait de deviner6.
Il
lui va le fait avouer,
Et
sur le haut d'un buis lui montre
L'oiseau
de mauvaise rencontre,
Qui
ne faisait que se jouer.
La
vieille en branlant ses cheveux
Qui
déjà grisonnaient de vieillesse,
Lui
dit : Cesse, mon enfant, cesse,
Si
bientôt mourir tu ne veux,
De
prendre ce fier animal.
Cet
oiseau, c'est Amour qui vole,
Qui
toujours les hommes affole
Et
jamais ne fait que du mal.
O
que tu seras bien-heureux
Si
tu le fuis toute ta vie,
Et
si jamais tu n'as envie
D'être
au rolle7
des amoureux.
Mais
j'ai
grand doute qu'à l'instant
Que
d'homme parfait auras l'age,
Ce
mal-heureux oiseau
volage,
Qui
par ces arbres te fuit tant,
Sans
y penser te surprendra,
Comme
une jeune et tendre quête8,
Et,
foulant de ses pieds ta tête,
Que
c'est que d'aimer t'apprendra.
Notes :
1.
Petit bois ; 2. Branche ou planchette enduite de glu pour
prendre les petits oiseaux ; 3. Les branches feuillées des
arbres ; 4. Nœuds coulants utilisés pour la capture du
gibier ; 5. Sournois ; 6. Enseigner,
raconter ; 7.
Sur
la liste ; 8. Proie.
Le
poème
proposé est extrait de : Poésies
diverses
(1573?), dans :
Œuvres
choisies
de Pierre de Ronsard, par Charles
Augustin
Sainte-Beuve
(Paris,
Garnier frères, nouvelle édition revue et augmentée, 1879,
pp. 376-378).
« Pierre
de Ronsard est
un poète français qui naquit
le 11 septembre 1524 au
château de la Possonnière,
dans le Vendômois,
d'une famille noble originaire de Hongrie, et qui
expira le vendredi 27 décembre 1585. Mis à neuf ans au collège de
Navarre, sous un régent nommé de Vailly, il se dégoûta des
études, et entra au service du duc d'Orléans, fils de François
1er,
puis à celui de Jacques d'Écosse ; de là un séjour de trois
années en Grande-Bretagne. Il revint de nouveau au duc d'Orléans,
qui l'envoya en divers lieux et l'adjoignit à diverses ambassades.
C'est dans un second voyage en Écosse qu'il fit naufrage avec le
sieur de Lassigny, et qu'il dut son salut à un coup de la fortune.
Il avait seize ans lorsqu'il
suivit en
1540, Lazare
de Baïf en Allemagne, à la diète de Spire, et aussitôt après, le
célèbre capitaine Langey Du Bellay, en Piémont.
Mais
il venait d'être atteint d'une surdité, qui le dégoûta de la cour
et du monde : l'amour, qui s'empara de son cœur à Blois, en
avril 1541, ajouta peut-être encore à ce dégoût des plaisirs, à
cette passion soudaine pour la retraite et l'étude. Il se mit donc,
vers 1541 ou 1542 au plus tard, au collège de Coqueret (situé
à
Paris
sur
la montagne Sainte-Geneviève,
une
plaque commémorative indique que « Ici
s'élevait le collège de Coqueret ou Joachim du Bellay composa La
Défense et illustration de la langue française... »),
sous les soins de Jean Dorat, qu'il avait connu chez Lazare de Baïf.
Jean-Antoine de Baïf, fils naturel de Lazare, et Rémy Belleau
devinrent ses condisciples les plus intimes ; il faut leur
joindre Lancelot de Carles et Marc-Antoine Muret, qui depuis
s'illustrèrent dans la poésie et l'éloquence latines. Là, durant
sept années d'études, au milieu des veilles laborieuses et des
discussions familières, au sein de cette école
normale
du temps, si l'on peut ainsi dire, Ronsard jeta les fondements de la
révolution littéraire qui changea l'avenir de notre langue et de
notre poésie... »
raconte
Sainte-Beuve
dans sa
Notice
sur Ronsard (pp. xi-xii),
en préface des Œuvres
choisies.
La
nouvelle école littéraire, d'abord
nommée
la
Brigade,
puis
la
Pléiade,
est un groupe de sept poètes considéré
comme une constellation poétique, et
constitué de :
Pierre
de Ronsard, Joachim
du Bellay (jeune
gentilhomme angevin que Ronsard rencontra en 1548 ou en 1549),
Pontus de Tyard, Jean Antoine de Baïf, Étienne Jodelle, Rémi
Belleau (qui remplaça en 1554 Jean Bastier de La Péruse) et Jacques
Peletier du Mans (qui
remplaça en 1555 Guillaume Des Autels).
Ronsard
est l'auteur
d'Odes
(1550-1552), de
sonnets et de stances dans les Amours
de Cassandre
(1552), dans la Continuation
des Amours
(1555), et la Nouvelle
Continuation des Amours
(1556), de
Discours
(1562-1563), etc. Célébré
de son vivant et proclamé le « Prince des poètes »,
mais
décrié
par Malherbe et Boileau, il connut une éclipse de deux siècles,
avant
que les romantiques et Sainte-Beuve ne lui rendirent justice comme
chef d'école et comme poète lyrique.
DES
FIGURES DE STYLE FACILES À UTILISER
Ce
poème, qui date de la deuxième moitié du XVIe
siècle français,
est une odelette (petit poème lyrique d'un genre gracieux, destiné
à être chanté, ou déclamé avec un accompagnement musical),
dont le héros est le dieu Amour ; il
est
composé
de
11 quatrains
en vers
octosyllabes,
avec des rimes embrassées
(abba),
dans
une alternance masculines/féminines
(une
rime féminine est une rime qui se termine par un
« e » muet, comme
dans « bocage »
et
« cage »,
ou par
une consonne
non prononcée, comme
dans « restèrent »
et
« préfèrent »).
Diverses
figures de style peuvent être utilisées par jeu, pour dynamiser un
texte. Les procédés littéraires suivants seront appliqués en
exercice au poème de Ronsard : la
prétérition,
l'hyperbate
en tant qu'ajout,
l'onomatopée,
l'interrogation
fictive,
l'anastrophe
et l'apostrophe.
LA
PRÉTÉRITION
La
prétérition est
une figure de rhétorique* dans laquelle on feint de passer sous
silence ce sur quoi on attire l'attention, une figure dans laquelle
on feint de ne pas vouloir dire ce que néanmoins on dit clairement
et même avec force. Par exemple : « Je ne vous dirai
pas combien j'ai été affectée par cette nouvelle ».
L'atténuation est absolument illusoire et
l'énonciation (« Je ne vous dirai pas »)
contredit l'énoncé.
La
prétérition est une contradiction :
ce qui est sous-entendu est le contraire de ce qui est dit. On parle
aussi de paralipse
(figure du discours par laquelle le locuteur met en relief une idée
en prétendant ne pas la développer) et de prétermission
(forme vieillie de prétérition).
Le
nom féminin** la prétérition est emprunté à la
Renaissance (1510) au bas latin praeteritio, -onis, désignant
l'action de passer devant, spécialement, au figuré, le fait
de passer sous silence sur son testament et, en rhétorique, de
déclarer que l'on ne parle pas d'une chose. Le
mot a été repris avec son sens juridique (le gascon utilise
pretericion
dès 1314) et a retrouvé au XVIe
siècle (1577) son acception spéciale en rhétorique (figure
par laquelle on parle d'une chose en déclarant qu'on n'en parlera
pas)
remplaçant prétermission.
*99
réponses sur les procédés de style,
Michel Théron, Montpellier,
Réseau CRDP/CDDP du L.-R. (Centre Régional de Documentation
Pédagogique/Centre Départemental de Documentation Pédagogique du
Languedoc-Roussillon), [199-?], fiche 91.
**Dictionnaire
historique de la langue française,
Alain Rey (dir.),
nouvelle édition, Paris,
Dictionnaires Le Robert,
1993, 2 vol., p.
1626.
Consigne
1 :
intercaler
entre deux quatrains, deux ou
bien trois
ou même
quatre
vers octosyllabes contenant une prétérition.
Avec
les
deux
premiers
quatrains
du
poème,
ceci
pourrait donner cela :
Un
enfant dedans un bocage
Tendait
finement ses gluaux,
Afin
de prendre des oiseaux
Pour
les emprisonner en cage.
Je
ne vous dirai pas ceci :
L'amour
fait mal et finit mal ;
Combien
de fois ai-je
pu le
constater,
en
être attristé ?
Quand
il vit, par cas d'aventure,
Sur
un arbre Amour emplumé,
Qui
volait par le bois ramé
Sur
l'une et sur l'autre verdure.
L'HYPERBATE
EN TANT QU'AJOUT
Après
avoir été une interversion
de certains groupes de mots
dans la phrase, l'hyperbate
est devenue cette figure par laquelle on ajoute
à la phrase qui paraissait terminée, un complément, une épithète
ou une proposition, expression qui surprend l'interlocuteur et qui se
trouve par là-même mise fortement en évidence (Dictionnaire
de poétique et de rhétorique,
de Henri Morier, Paris, PUF, 1961).
L'accent affectif tombe sur ce rajout qui, par sa position même, se
trouve souligné.
L'hyperbate
consiste donc
en l'adjonction, l'ajout, ou l'addition d'un élément alors que la
phrase pourrait être considérée comme finie. Le
texte lu est alors entendu : « Il
y avait longtemps que cette vague aurait voulu faire quelque chose
pour l'enfant, mais elle ne savait quoi. (…) N'y tenant plus, elle
l'emmena non loin de là, sans mot dire, et
comme par la main. »
Extrait
de : L'enfant de la
haute mer (1931),
de Jules Supervielle (Paris,
Gallimard, Folio, 1997, p. 21).
Consigne
2 :
introduire
une ou
plusieurs hyperbate(s)
dans le quatrième ou dans le cinquième quatrain du
poème.
Cela pourrait donner ceci :
Mais
quand il vit qu'il ne pouvait,
et
de le pouvoir il n'était pas près,
Pour
quelques gluaux qu'il peut tendre,
et
tendre et tendre tout le jour,
Ce
cauteleux oiseau surprendre
Qui
voletant le décevait,
Il
se prit à se mutiner,
Et,
jetant sa glu de colère,
et
de tristesse aussi amère,
Vint
trouver une vieille mère
Qui
se mêlait de deviner.
Et
de beaucoup tout
inventer.
L'ONOMATOPÉE
L'onomatopée
fait partie de la famille des interjections.
Une interjection est un mot invariable formant une phrase à lui tout
seul, susceptible d'être employé isolément, et comme tel inséré
entre deux termes de l'énoncé, pour traduire d'une façon vive une
attitude du sujet parlant (ohé,
tant pis, bravo, ouf, ben voyons, zut...).
En
linguistique, une
onomatopée consiste à
créer un mot suggérant, ou prétendant suggérer, par imitation
phonétique la chose
dénommée. C'est la
formation d'un mot de manière à ce que le son imite la chose qu'il
signifie (« atchoum » imite l'éternuement).Par
métonymie (transfert de dénomination par une relation de cause à
effet, de matière à objet, etc.), c'est
aussi le mot imitatif lui-même.
Une
onomatopée est donc un
mot imitatif, qui
reproduit
approximativement un son ou
un bruit (naturel ou
artificiel), par
exemple : « cocorico »
pour le cri du coq,
« ding-dong » pour le bruit des
cloches.
Les onomatopées
servent à former des
noms (un crin-crin, des gazouillis, un roucoulement, les
flonflons), des
interjections (« Je
m'amuse beaucoup, ah !
pourvu que cela dure »),
des adverbes
(cahin-caha), des verbes (chuchoter, chuinter, cliqueter, coasser,
gazouiller, ronronner, vrombir...).
Le
caractère approximatif* de
la notion apparaît
quand on compare les onomatopées dans diverses langues, car
les mots imitatifs sont
différents selon la langue.
Ainsi, comme le note Kristoffer
Nyrop (Grammaire
historique de la langue française,
1899-1930), le
cri du canard est rendu en français par « coin-coin »,
en danois par « rap rap », en allemand par « gack
gack » (ou « quack quack »), en roumain par « mac
mac », en italien par « qua qua », en russe par
« kriak », en anglais par « quack », et
en catalan par « mech
mech ».
*Le
Bon
usage : grammaire française,
Maurice Grévisse, 13ème
édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot, 1993,
p. 259.
On
peut constituer une liste
non exhaustive des onomatopées de
la langue française :
aïe, aouh (ou
ahou), areu-areu,
atchoum, bang, bé,
berk, beu, bim,
bing, bip, blablabla,
bof, bouh, boum, brrr,
bzz, chabada,
chtaf, chtong,
chut, clac,
clic, cocorico, cot codec, coin-coin, couic, crac, cric-crac,
crincrin, cui-cui,
ding, dong, drelin-drelin, dzim-boum-boum, flic flac
floc, flonflon,
froufrou, gioumpf,
glouglou, gnangnan,
guili-guili, grrr, hi,
hi-han, hue, meuh, miam-miam,
miaou, oua-ouah, ouaouh
(ou waouh),
ouille, paf,
crrr,
pan, patapouf, patati-patata,
patatras,
pif, plaf,
ploc, ping, plouf,
pouêt, pouf,
poum, pschitt, rrraahh,
splash, tam-tam, teuf-teuf,
tic-tac, tilt, toc-toc,
tsoin-tsoin, vlan,
vroum-vroum, yeah,
youpie,
zim, znort, zut, zzz...
Consigne
3 :
insérez
une ou plusieurs onomatopée(s) dans le troisième quatrain du
poème :
L'enfant,
qui ne connaissait pas
Cet
oiseau, fut si plein de joie,
Youpie,
chabada chabada,
Que
pour prendre une si grande
proie
Tendit
sur l'arbre tous ses las.
L'INTERROGATION
FICTIVE
Le
principe de base de
l'interrogation fictive est
celui de l'interpellation
feinte. C'est une fausse
question destinée à garder ou à susciter l'intérêt du lecteur
interpellé. L'interrogation
fictive* est une figure de
style qui consiste à poser
une question n'attendant pas de réponse,
cette dernière étant connue par celui ou celle qui la pose, par
exemple : « Est-ce
là une façon d'agir ? ».
*Le
Bon
usage : grammaire française,
Maurice Grévisse, 13ème
édition,
Paris, Louvain-la-Neuve,
Duculot, 1993,
pp.
584-585.
Le
contenu de l'interrogation fictive équivaut à une
exclamation ou à une
injonction : « Que
ne m'a-t-il pas écoutée ? »
(= Il aurait dû
m'écouter !),
« Allez-vous
bientôt vous taire ? »
(= Taisez-vous !) ;
il équivaut aussi à exprimer une
hypothèse :
« Avez-vous
faim ? Je vous ai préparé une omelette ».
Consigne
4 :
introduire
une
ou plusieurs
interrogations fictives (questions qui n'appellent pas de réponses
et qui servent à présenter les choses d'une manière plus
frappante, à exprimer une hypothèse ou une exclamation ou encore un
ordre),
dans,
ou
entre, les
sixième, septième et huitième quatrains du poème :
Il
lui va le fait avouer,
Et
sur le haut d'un buis lui montre
L'oiseau
de mauvaise rencontre,
Qui
ne faisait que se jouer.
Que
lui ai-je donc fait ?
Pourquoi
de moi se moquer ?
La
vieille en branlant ses cheveux
Qui
déjà grisonnaient de vieillesse,
Lui
dit : Cesse, mon enfant, cesse,
Si
bientôt mourir tu ne veux,
De
prendre ce fier animal.
Cet
oiseau, c'est Amour qui vole,
Qui
toujours les hommes affole
Et
jamais ne fait que du mal.
L'ANASTROPHE
Une
anastrophe
est un terme de grammaire et une figure de construction qui se
caractérisent par un renversement
de l'ordre* habituel des mots dans la phrase. L'inversion, le
déplacement d'un mot ou d'un groupe de mots par rapport à l'ordre
normal ou habituel de la construction d'une phrase, était fréquent
en grec ancien et en latin.
Les
effets
de l'anastrophe sont multiples : esthétique
(la phrase « À
vivre nous aide
le langage » est
moins banale et nous transporte plus facilement dans un autre univers
que : « Le
langage nous aide à vivre »),
sémantique
(les expressions « Un
homme grand » et
« Un grand homme »
n'ont pas le même sens en français : on parle de la taille du
physique d'un homme dans la première, et dans la deuxième
expression, on parle de la notoriété et du prestige de ce même
homme, rythmique,
poétique
(certaines inversions de mots à l'intérieur d'un vers obéissent au
besoin de la rime : « Aux
jardins à l'anglaise,
il préfère l'ordonnance à la française »),
etc.
*Le
style et ses techniques : précis d'analyse stylistique,
Marcel Cressot, Laurence
James (mise à jour), 13ème éd.,
Paris, Presses universitaires de France, 1991, pp. 209‑235.
Consigne
5 :
relever
les anastrophes des deux derniers quatrains du poème.
Mais
j'ai
grand doute qu'à l'instant
Que
d'homme
parfait
auras l'age,
Ce
mal-heureux
oiseau
volage,
Qui
par
ces arbres
te fuit tant,
Sans
y penser
te surprendra,
Comme
une jeune
et tendre
quête,
Et,
foulant de
ses pieds
ta tête,
Que
c'est que d'aimer
t'apprendra.
APOSTROPHES
Comme
beaucoup d'autres mots de rhétorique*, le nom féminin « une
apostrophe » est un emprunt au grec « apostrophê »
(action
de (se) détourner, vers
celui qu'on interpelle). Mot
indo-européen sans origine connue, passé par le latin
« apostropha », puis un hellénisme de la Renaissance
(1516), il est composé
de « apo- » (éloigner, écarter) et de « strophê »
(évolution, tour dans le
sens de tourner). Dans
l'usage général, le mot désigne (1738) une attaque verbale
brusque. En rhétorique, c'est un
procédé
par lequelle
on se « détourne » du développement principal, pour
s'adresser à quelqu'un et l'interpeller.
L'apostrophe
est une figure de
style par laquelle
l'orateur, s'interrompant tout à coup, adresse la parole à
quelqu'un ou à quelque chose, à
des personnes absentes ou à des êtres abstraits (exemple :
« Ô Rage,
ô Désespoir,
ô Vieillesse
ennemie »). Le
mot mis en apostrophe peut être un nom ou un pronom (ou un syntagme
nominal ou pronominal), désignant l'être animé ou la chose
personnifiée à qui l'on
s'adresse. Exemple :
« Ton
espérance, ma
colombe, est un
roseau ; Lune,
quel esprit sombre / Promène au bout d'un fil, / Dans
l'ombre, / Ta face et ton profil »,
extrait de :
Premières poésies
(1829‑1835),
Ballade à la lune,
d'Alfred de Musset.
Attention
à
ne pas confondre
l'apostrophe
et
l'apposition.
L'une est une figure de
style (le
mot mis en
apostrophe appartient à la deuxième personne grammaticale),
tandis que l'autre est un terme de grammaire (l'apposition
peut être conservée dans
le discours indirect, tandis que l'apostrophe ne le peut pas).
Exemple d'une apposition :
« J'ai
murmuré, Richard...
j'ai mal aux pieds ».
Dans
la phrase suivante :
« J'ai
dit : Thérèse,
vous vous trompez. »,
le nom propre Thérèse
est une apostrophe,
car on ne peut pas dire : J'ai dit à
Thérèse que vous vous
trompiez, sans changer le sens de la phrase ; dans cet exemple,
quoique Thérèse
représente la même réalité que vous,
les deux mots ne sont pas en rapport grammatical l'un avec l'autre.
Tandis
que dans la phrase :
« J'ai dit :
Jean,
je suis fatiguée. »
Jean
est mis en
apposition
et non en
apostrophe. En effet, on peut passer du discours direct au discours
indirect sans changer le sens de la phrase : « J'ai
dit à Jean que
j'étais fatiguée ».
*Dictionnaire
historique de la langue française,
Alain Rey (dir.),
nouvelle édition, Paris,
Dictionnaires Le Robert,
1993, 2 vol., p.
91.
Consigne
6 :
introduire
une apostrophe dans le neuvième quatrain du poème. Ceci pourrait
donner cela :
O
que tu
seras
bien-heureux
O
bonheur, non encore enfui,
Si
tu le fuis toute ta vie,
Et
si jamais tu n'as envie
D'être
au rolle des amoureux.
Et
maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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