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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
. . . . . . . . e n – l i g n e . . . . . . . .
atelier d'écriture et publication
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S'amuser
avec
l'assonance,
l'allitération et l'homéotéleute
LES
HIRONDELLES, OU DANS
LE STYLE
DES HIRONDELLES (RANDONS1)
DES HIRONDELLES (RANDONS1)
Chaque
hirondelle inlassablement se précipite – infailliblement elle
s'exerce – à la signature, selon son espèce, des cieux.
Plume
acérée, trempée dans l'encre bleue-noire, tu t'écris vite !
Si
trace n'en demeure...
Sinon,
dans la mémoire, le souvenir d'un élan fougueux, d'un poème
bizarre,
Avec
retournements en
virevoltes aiguës, épingles à cheveux, glissades rapides sur
l'aile, accélérations, reprises, nage de requin.
(…)
Mais
quel souci leur vient, qui d'un seul coup les rafle ?
Toutes,
à corps perdu, soudain se précipitent.
Elles
sont infaillibles.
Pas
un de leurs randons – pour variés qu'ils soient, et quel qu'en
soit le risque – qui ne le leur confirme.
Mais
nulle n'y peut croire ; à nulle il n'en souvient ; et
chacune s'exerce infatigablement.
Chacune,
à corps perdu lancée parmi l'espace, passe, à signer l'espace, le
plus clair de son temps.
(…)
Pourtant,
il semble que dans les hauteurs de l'atmosphère parfois elles
aillent voler seules, plus calmement.
Relâchant
dès l'instant leur style alimentaire, sensibles aussitôt au
mouvement des sphères.
Passives,
otieuses2
(dans ces parages-là n'y ayant plus d'insectes) ; du tiers
comme du quart se balançant du reste, et jouant à plaisir
l'indétermination.
Bientôt,
la nuit venue – et tombant de sommeil – elles nichent au repos
sous les toits, sous les auvents.
Très
pareilles pour moi à ces wagonnets électriques, rangés – chez le
plus intuitif de mes petits camarades – sur des étagères touchant
presque au plafond.
C'est
là qu'au point du jour en songe elles frémissent.
Notes :
1. Afflux impétueux, course effrénée (terme vieilli, d'après le
Dictionnaire
de la langue française,
de
Paul-Émile
Littré, nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991
(réimpression
de l'édition de 1880),
6 vol. + 1 supplément, p. 5220) ;
2.
Inactif, oisif (archaïsme relevé chez certains poètes du XXe
siècle comme Verlaine ou Baudelaire, d'après le Dictionnaire
historique de la langue française,
Alain
Rey (dir.),
nouvelle
édition, Paris,
Dictionnaires
Le Robert, 1993, 2
vol., p.
1362).
Le
texte proposé est extrait de : Pièces,
de
Francis Ponge
(Paris,
Gallimard, 1962, pp. 166-170).
Né
à Montpellier en 1899* (décédé
en 1988),
Francis Ponge passe sa première enfance à Avignon. Il a dix ans
lorsque sa famille s'installe à Caen – la ville de Malherbe,
écrivain qu'il commentera dans un essai intitulé Pour
un Malherbe
(1965). C'est là que bientôt va se développer chez lui un goût
pour la langue latine, et pour le Dictionnaire
de la langue française,
de
Paul-Émile
Littré.
Cette préoccupation essentielle pour le langage caractérisera
toujours l'auteur du Grand
Recueil
(t. 1 :
Lyres,
t. 2 : Méthodes,
t. 3 :
Pièces),
paru en 1961, et du Parti
pris des choses,
paru en 1942 et
qui le fera connaître du grand public.
(…)
Le projet initial de Ponge semble être celui d'une contemplation et
d'une connaissance des choses. Celles-ci nous proposent en effet « un
million de qualités inédites », une profusion de richesses
inaperçues. Mais toute contemplation implique le risque du
mysticisme et du silence. Une méthode devient nécessaire ;
cette méthode, c'est le langage qui la rend possible, car les mots
sont l'un des « moyens » privilégiés de scruter
l'objet. Le contemplateur devra se doubler d'un rhétoricien dans son
exigence de justesse et sa volonté de ne pas se laisser emporter par
son objet. (…) Ponge est essentiellement un esprit « sans
illusions », ce qui lui permet de ne pas sombrer dans le
désespoir ou dans la nostalgie de l'unité et ce qui rend pour lui
l'humour possible, car de l'objet on ne tire pas seulement une
« leçon » mais aussi une « jouissance ». (…)
Avec Ponge, c'est d'une littérature pour l'homme qu'il s'agit.
Le
langage nous donne de l'être. L'humour, composante essentielle,
n'est pas seulement l'occasion d'un plaisir. Il implique (…)
cette
prééminence de « l'esprit », une démarche quasi
scientifique qui garantit à l'écrivain un certain recul, voire une
certaine sécurité, par rapport au monde. Ponge
fait porter son activité sur les méthodes de la connaissance qui
forgent leurs objets, comme dans toute démarche scientifique. La
conscience s'exalte alors de sa lucidité et garde son intégrité.
*Dictionnaire
des littératures de langue française,
Jean-Pierre de Beaumarchais, Daniel Couty, Alain Rey, nouvelle
édition mise à jour et enrichie, Paris, Bordas, 1994,
4 vol.,
t. 3,
p. 1900.
HOMÉOTÉLEUTES
Une
homéotéleute
est une figure de diction qui consiste en une succession de syllabes
finales
semblables
à la fin de mots ou de groupes de mots, suffisamment « proches
les uns des autres pour que la répétition soit sensible à
l'oreille » (Jules
Marouzeau). Exemple :
« Chaque
hirondelle inlassablement
se précipite – infailliblement
elle s'exerce – à la signature, selon son espèce, des cieux.
Toutes,
à corps perdu, soudain se précipitent, et
chacune s'exerce infatigablement. »
(Francis
Ponge).
C'est
une forme de langage par laquelle on place à la fin des phrases ou
des membres d'une phrase (subordonnées, propositions, etc.), des
mots de même finale, ou de même syllabe finale.
Consigne
1 :
trouver
quelques mots comportant la même syllabe finale, et raconter une
histoire courte en y incluant des homéotéleutes. Avec les mots
suivants : entonner/étonner/détonner/sonner/nonne/ronronner,
on/mon/fripon, homme/pomme, cela
pourrait donner ceci :
La
présence de mon homme, vu l'aura-t-on ? - pas fripon et brave
pomme, détonne parmi les nonnes qui entonnent, à gorges déployées
un hymne qui, comme une provocation, sonne et résonne. Rien n'étonne
mon chat, vu l'aura-t-on ? - qui, les yeux clos, ronronne.
ASSONANCES
C'est
la répétition de la voyelle accentuée, à la finale d'un mot ou
d'un groupe rythmique, qu'on avait déjà rencontrée à la finale
d'un mot ou d'un groupe rythmique précédent. En poésie, c'est la
répétition de la même voyelle accentuée dans plusieurs vers ;
si on a le même son à la fin de chaque vers, on parle alors de
rime.
Différente
de la rime (bien que semblable à elle par une même recherche
d'homophonie), une assonance est la répétition
du même son voyelle en position finale accentuée
(d'un mot ou d'un groupe de mots), quelle que soit la consonne
d'appui (la consonne qui précède la voyelle) : « Nous
poursuivons la trace
d'une petite frappe,
et notre traque
ne passera pas
à la trappe. »
Consigne
2 :
choisir
une phrase dans l'extrait de texte proposé plus haut, et pointer les
syllabes
accentuées ; puis choisir une voyelle accentuée et remplacer
certains mots de la phrase
de manière à créer une ou plusieurs assonances. Avec la
voyelle « eu » et la
phrase suivante « Pourtant,
il semble que dans les hauteurs
de l'atmosphère
parfois elles aillent voler seules,
plus calmement. », cela
pourrait donner ceci :
Pourtant,
il semble que dans les hauteurs
d'une
atmosphère
neuve,
loin
des meubles
et des immeubles,
parfois
elles aillent voler seules,
créant une œuvre.
ALLITÉRATIONS
Tandis
qu'une
assonance
est la répétition d'un son vocalique (le son d'une voyelle), une
allitération
est
la répétition d'une
consonne à l'intérieur d'un même mot, ou
la
répétition des
consonnes
initiales
dans une suite de mots rapprochés : « farfouiller »,
« murmurer »,
« chuchoter »,
« Quoi ! J'étouffe en mon
cœur
la
raison
qui m'éclaire ;/J'assassine
à regret
un roi
que je révère »
(Oreste
dans Andromaque,
de Jean Racine ; allitérations en « m », en « r »
et en « s »).
L'allitération
permet parfois, dans certaines poésies très anciennes, de
reconstituer une prononciation qui avait disparu au moment où le
texte a été transcrit et qui n'avait donc pu être enregistrée
(Dictionnaire
de linguistique et des sciences du langage,
Jean
Dubois, Mathée Giacomo, etc., Paris,
Larousse, 1999,
collection
Expression,
p.
24).
Consigne
3 :
trouver
une allitération dans le poème de Francis Ponge, puis allonger
la phrase
de manière à accentuer l'allitération déjà existante. On
peut ajouter une action,
compléter une description,
ou encore préciser une image. Avec
la phrase suivante : « Avec
retournements
en
virevoltes
aiguës, épingles à cheveux, glissades rapides
sur l'aile, accélérations, reprises,
nage de requin. »,
et
l'allitération en « r »,
cela
pourrait donner ceci :
Avec
les
retournements
en
virevoltes
aiguës, les
épingles
à cheveux, les
glissades
rapides
sur l'aile, les
accélérations,
les
reprises,
la
nage
de requin ;
et
dans
la rumeur
des criaillements qui ricochent
dans
ma
mémoire, me
revient
le
souvenir d'un élan fougueux, d'une
romance
bizarre.
Et
maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
L
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