vendredi 29 avril 2016

Calligrammes

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L a – P U B L i a n c e
atelier d'écriture et publication
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Jouer avec les calligrammes
CHANSON V

Dames, s'il est permis
Que l'amour appetisse1
Entre deux cœurs promis,
Faisons pareil office :
Lors la légèreté
Prendra sa fermeté.

S'ils nous disent volages
Pour nous en divertir2 :
Assurons nos courages3
De ne nous repentir,
Puis que leur amitié
Est moins, que de moitié.

Se voulant excuser,
Que leur moitié perdue
Peut ainsi abuser4
Tant5 qu'elle soit rendue :
La loi pour nous fut faite
Empruntant leur défaite.

Si j'eusse été apprise6
Comme il fallait aimer,
Je n'eusse été reprise7
Du feu trop allumer
Qu'éteindre j'ai bien su,
Quand je l'ai aperçu.

Ne nous ébahissons8
Si le vouloir nous change :
Car d'eux nous connaissons
La vie tant étrange,
Qu'elle nous a permis
Infinités d'amis.

Mais puis qu'occasion
Nous a été donnée,
Que notre passion
Soit à eux adonnée9 :
Amour nous vengera,
Quand foi les rangera10.
Notes : 1. Rapetisse, diminue ; 2. Détourner ; 3. Cœurs ; 4. Tromper, faire mauvais usage ; 5. De façon que, si bien que ; 6. Instruite ; 7. Blâmée, accusée ; 8. Ne nous étonnons, ne nous effrayons ; 9. Consacrée ; 10. Les obligera à faire ce qu'ils doivent faire (Dictionnaire de l'ancien français, Algirdas Julien Greimas, Paris, Larousse, 2001).
Le texte proposé est extrait de : Rymes (1545), de Pernette du Guillet, dans : Œuvres poétiques, de Louise Labé (édition de 1983 revue par Françoise Charpentier, Paris, Gallimard, 2007, collection Poésie, pp. 50‑51).
Pernette du Guillet est une poétesse française et lyonnaise (1518 ou 1520‑1545) du XVIe siècle. En 1536, elle rencontre Maurice Scève (érudit et poète français, 1501‑vers 1564), qui se fait son initiateur en poésie et en amour. Les deux poètes resteront de fidèles, et probablement chastes amants jusqu'à la mort de Pernette. Elle épouse en 1538 M. du Guillet, qui n'est pas autrement connu. Elle est l'auteur de Rymes, qui paraît à titre posthume en 1545 chez Jean de Tournes à Lyon. Ce recueil de poésies (60 épigrammes, 10 chansons, 5 élégies et 2 épîtres) est édité à Paris et à Lyon jusqu'en 1554, ensuite il faut attendre le XIXe siècle pour que l'œuvre soit exhumée et plusieurs fois rééditée.
LE CALLIGRAMME
Procédé visuel qui permet de donner plus de poids, et donc plus de présence au langage, en cherchant à rapprocher le mot de la chose, un calligramme est un poème où les vers sont composés typographiquement (visuellement) de manière à former un dessin qui illustre le plus souvent le sujet du poème (Le Grand Robert de la langue française, 2ème édition, Paris, Dictionnaires Le Robert, 2001, 6 vol., t. 1, p. 1837).
Le mot « calligramme » est un néologisme inventé (1918) par Guillaume Apollinaire (poète français, 1880-1918), créé par croisement entre calligraphie et idéogramme, et composé de calli- (du grec kalli-, qui veut dire « beau ») et de -gramme (du grec gramma, qui veut dire « lettre, écriture » et qui entre dans la composition de nombreux mots savants exprimant les notions d'« inscription », d'« enregistrement » : organigramme, cardiogramme, diagramme, hologramme, etc.). C'est aussi le titre d'un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire paru en 1918 : « Calligrammes ».
D'abord utilisés en poésie dont ils renouvellent le genre - le recueil de poèmes d'Apollinaire devait initialement s'appeler : « Et moi aussi je suis peintre ! : idéogrammes lyriques coloriés » - les calligrammes sont très souvent employés aujourd'hui dans la publicité.
Consigne 1 : réaliser un dessin à partir des lettres des mots du poème proposé plus haut. Sachez que le dessin sera plus facile à réaliser à main levée sur une feuille de papier avec un crayon ou bien à l'écran avec un logiciel de dessin, qu'avec un clavier et un logiciel de traitement de texte. Néanmoins, concernant le logiciel de traitement de texte, il est possible de jouer avec efficacité de l'emploi des majuscules et des espaces, des effets de caractères (gras, italique, exposant, indice, etc.) et de la couleur (le blanc efface le caractère de l'écran, le dégradé le fait apparaître progressivement, etc.). Avec les premiers vers,

Dames, s'il est permis
Que l'amour appetisse
Entre deux cœurs promis,
Faisons pareil office :
Lors la légèreté
Prendra sa fermeté.

cela pourrait donner ceci :

DAMES,
www S'IL EST PERMIS
wwwwwwwwwQUE L'AMOUR APPETISSE w e n t r e w d e u x
wwwwwwwwwwwwwwwc w œ w u w r w s
wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww p ww r ww o ww m ww i ww s,

a w F:
i wwwwwwww e
s wwwwwwwwww c
o wwwwwwwwwwww i
n wwwwwwwwwwwww f
s wwwwwwwwwwww f
p wwwwwwwwww o
a wwwwwww l
r w e w i
F w a w i w swownwswwP A R E I L wwwwwwF F I CE :

L o r oooo s
L o oo r o o o l wwwwwwwwwwwwwt
L o o o o o o o a wwwwwwwww e ww é wwwww d r a
L o o o o o o o o o l wwwwww r wwwww p ww n wwww sa
wwwwwwwwwwwww é ww è wwwwwwww r e wwwwwww fermeté.
wwwwwwwwwwwwwww g

IDÉOGRAMME ET CALLIGRAPHIE
Attention à ne pas confondre le calligramme avec l'idéogramme.
L'idéogramme est un signe graphique (comme chaque lettre de l'alphabet) qui exprime un mot ou une idée (contrairement à chaque lettre de l'alphabet qui exprime un son). Exemples d'idéogrammes : les panneaux du code de la route, les signaux de marine, les alphabets asiatiques, etc.
On parle de calligramme de mots, lorsque le mot entier ou bien quelques lettres deviennent un dessin ; de calligramme séquentiel, lorsque un groupe de mots, une phrase, un texte entier deviennent un ou plusieurs dessin(s) évoquant le sens de l'énoncé.
Le calligramme joue sur l'ambiguïté du signe, à la fois désignation abstraite et substitut matériel de l'objet désigné. Il n'est pas une mise en page typographique ou calligraphique d'un texte précédemment élaboré. L'image et le texte d'un calligramme naissent simultanément dans l'imagination d'un seul et même auteur et restent indissociables.
Consigne 2 : partir du poème proposé pour écrire un poème ou un court récit en prose. Puis transformer le nouveau poème ou le texte en prose obtenu, en un ou plusieurs calligramme(s).
À partir de la quatrième strophe de la chanson,

Si j'eusse été apprise
Comme il fallait aimer,
Je n'eusse été reprise
Du feu trop allumer
Qu'éteindre j'ai bien su,
Quand je l'ai aperçu.

cela pourrait donner ceci :
Instruit de la manière d'aimer, je n'aurai pas allumé tous ces feux, ni accusé de les avoir causés. Instruit pourtant de la manière de les éteindre, dès qu'aperçus, c'est ce que j'ai fait.
et cela, le calligramme étant censé représenter une flamme :

.
t
fai
quej'ai
c' est ce
dès qu'aperçus,
de les éteindre,
pourtant de la manière
C A U S É S. I N S T R U I T
A C C U S É D E L E S A V O I R
M É T O U S C E S F E U X, N I
J E N' A U R A I P A S A L L U
M A N I È R E D' A I M E R,
INSTRUIT DE LA

Et maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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atelier d'écriture et publication
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mail : numencegalerielitteraire@gmail.com
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