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L
a – P U B L i
a n c e
atelier d'écriture et publication
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Jouer
avec les hyperboles
AVANT-PROPOS
Avant
de commencer la narration de mon voyage, je dois faire connaître au
lecteur la position dans laquelle je me trouvais lorsque je
l'entrepris et les motifs qui me déterminèrent, le placer à mon
point de vue, afin de l'associer à mes pensées et à mes
impressions.
Ma
mère est Française : pendant l'émigration elle épousa en
Espagne un Péruvien ; des obstacles s'opposant à leur union,
ils se marièrent clandestinement, et ce fut un prêtre français
émigré qui fit la cérémonie du mariage dans la maison qu'occupait
ma mère. J'avais quatre ans lorsque je perdis mon père à Paris. Il
mourut subitement, sans avoir fait régulariser son mariage, et sans
avoir songé à y suppléer par des dispositions testamentaires. Ma
mère n'avait que peu de ressources pour vivre et nous élever, mon
jeune frère et moi ; elle se retira à la campagne, où je
vécus jusqu'à l'âge de quinze ans. Mon frère étant mort, nous
revînmes à Paris, où ma mère m'obligea
d'épouser un homme (M.
André Chazal jeune, graveur en taille douce et frère de M. A.
Chazal, professeur au Jardin des plantes) que
je ne pouvais ni aimer ni estimer. À
cette union je dois tous mes maux ; mais, comme depuis ma mère
n'a cessé de m'en montrer le plus vif chagrin, je lui ai pardonné
et, dans le cours de cette narration, je m'abstiendrai de parler
d'elle. J'avais vingt ans lorsque je me séparai de cet homme :
il y en avait six, en 1833, que durait cette séparation, et quatre
seulement que j'étais entrée en correspondance avec ma famille du
Pérou.
J'appris
pendant ces six années d'isolement, tout ce qu'est
condamnée à souffrir la femme séparée de son mari au milieu d'une
société qui, par la plus absurde des contradictions, a conservé de
vieux préjugés contre les femmes placées dans cette position,
après avoir aboli le divorce et rendu presque impossible la
séparation de corps. L'incompatibilité et mille autres motifs
graves que la loi n'admet pas rendent nécessaire la séparation des
époux ; mais la perversité, ne supposant pas à la femme des
motifs qu'elle puisse avouer, la poursuit de ses infâmes calomnies.
Excepté un petit nombre d'amis, personne ne l'en croit sur son dire,
et, mise en dehors de tout par la malveillance, elle n'est plus, dans
cette société qui se vante de sa civilisation, qu'une malheureuse
Paria,
à laquelle on croit faire grâce lorsqu'on ne lui fait pas d'injure.
En
me séparant de
mon mari, j'avais abandonné son nom et repris celui de mon père.
Bien accueillie partout, comme veuve
ou comme demoiselle,
j'étais toujours repoussée lorsque la vérité venait à se
découvrir.
Le
texte proposé est extrait de :
Pérégrinations
d'une paria : 1833‑1834,
de Flora
Tristan (Paris,
Arthus Bertrand, 1838, t. 1, pp. xxxv‑xxxvi).
Flore
Célestine Thérèse Tristan-Moscoso (dite Flora Tristan) est une
femme politique française (1803‑1844), féministe,
républicaine, écrivain, militante socialiste,
dont le père était un aristocrate
péruvien, et dont la fille, Aline,
sera
la mère du
peintre, sculpteur et graveur français
Paul Gauguin (1848‑1903).
Elle est l'auteur d'une autobiographie : Pérégrinations
d'une paria
(1838), d'un roman : Méphis
(1838), et d'essais : De
la nécessité
de faire bon accueil aux femmes étrangères
(1835), Promenades
dans Londres
(1840), L'Union
ouvrière
(publié
en 1843,
cinq
ans avant le Manifeste
du parti communiste).
Elle
est d'abord ouvrière coloriste dans l'atelier du peintre et
lithographe André Chazal, qu'elle épouse en 1821 et dont le mariage
puis la séparation en 1825, sera une
catastrophe qui la poursuivra jusqu'à
ce que son mari soit condamné à vingt ans de travaux forcés, après
avoir tenté de l'abattre à coup de revolver.
Elle
travaille comme dame de compagnie en Angleterre (1826), où elle
s'initie au saint-simonisme. Claude Henri de Rouvroy, comte de
Saint-Simon (1760‑1825) est un philosophe et un économiste
français, dont les premiers travaux en font un précurseur de la
philosophie positiviste et de la science sociale. Le
Nouveau Christianisme
(1825), publié à titre posthume, formule la morale d'une nouvelle
société tout en développant des thèmes présocialistes, qui
seront la base de l'école socialiste saint-simonienne fondée par
les disciples de Saint-Simon : Prosper
Barthélemy Enfantin,
Armand
Bazard,
Pierre
Leroux
(Le
Petit Robert des noms propres,
2007, p. 1928).
Flora
Tristan
s'embarque pour le Pérou en 1833, pensant pouvoir connaître sa
famille paternelle, et elle revient à Paris en 1835, où elle fait
la connaissance de Charles
Fourier.
Philosophe
et économiste français (1772‑1837), Charles Fourier prône
une organisation sociale qui a pour centre une phalange, ou
phalanstère, petit groupe de travailleurs associés en une sorte de
coopérative par actions, et constitué de personnes aux caractères
différents (en raison des diverses combinaisons réalisées par les
treize passions humaines fondamentales), qui doit conduire vers
l'harmonie universelle.
Celle
qui rédigea elle-même son épitaphe : « Elle
a parlé à des sourds »,
meurt
d'épuisement à quarante et un ans et s'éteint
à Bordeaux, lors d'une tournée de conférences
de propagande
à travers la
France.
UNE
EXAGÉRATION
L'hyperbole
est une figure de style qui consiste à mettre en relief une idée au
moyen d'une expression exagérée qui va au-delà de la pensée (Le
Grand
Robert de la langue française,
2ème édition,
Paris,
Dictionnaires Le Robert, 2001,
6 vol.,
t. 3,
p. 1984).
Par
exemple : « En apprenant que son fils était tombé dans
la cour de récréation, Nathalie
eut l'impression de recevoir un coup de poing magistral à
l'estomac », ou
bien : « En apprenant que son fils était tombé dans la
cour de récréation, Nathalie
sentit
que
son
monde s'écroulait », pour : « En apprenant que son
fils était tombé dans la cour de récréation, Nathalie
eut
peur qu'il fut grièvement
blessé ».
Volontiers
excessive, volontairement exagérée, l'hyperbole peut être graduée,
de très forte, ronflante ou
enflée,
à expressive ou ironique. D'après
Jean de La Bruyère (moraliste français du XVIIe siècle),
dans Les Caractères
(1688) : « en exprimant une idée au-delà de sa vérité,
l'hyperbole ramène l'esprit à mieux connaître la
vérité de cette
idée. »
Consigne
1 :
pour chaque mot souligné,
trouver un (ou
plusieurs)
synonyme-s
qui traduise-nt
une exagération :
Avant
de commencer
la narration de mon
voyage,
je dois
faire
connaître
au lecteur la position dans laquelle je me
trouvais
lorsque je l'entrepris et les motifs
qui me déterminèrent, le placer à mon point de vue, afin de
l'associer
à mes pensées
et à mes impressions.
Cela
pourrait donner ce qui suit :
Commencer
→ attaquer,
entonner.
Un
voyage → une
odyssée, une expédition.
Devoir
→ être
contraint, être dans l'obligation.
Faire
connaître → dévoiler,
divulguer.
Se
trouver → être
tombé dans, subir, endurer, supporter.
Un
motif → une
excuse, un prétexte.
Associer
→ ancrer.
Une
pensée → une
préoccupation, un jugement, une rumination.
Une
impression → une
émotion, une sensation.
ATTIRER
L'ATTENTION
L'hyperbole
peut convaincre ou faire rire, elle peut aussi provoquer
l'indignation ou introduire à un monde fantastique, dans tous les
cas, elle attire l'attention. En augmentant ou en diminuant
excessivement la vérité des choses, on produit davantage d'effets
et d'impressions, d'émotions ou de sensations (Dictionnaire
de la langue française,
de
Paul-Émile
Littré, nouvelle
édition, Chicago,
Encyclopædia
Britannica Inc., 1991,
réimpression
de l'édition de 1880,
6 vol. + 1 supplément, t. 3,
p. 3065).
Un
discours rempli d'hyperboles produit un effet d'emphase,
d'exagération
et de grandiloquence, on parle alors de
style hyperbolique. Par
exemple : « René en était arrivé à devoir carrément
ramper jusqu'à la salle de bains. Il avait une mine de déterré et
il avait l'impression d'avoir cent mille ans. La douleur était
comparable à celle procurée
par un
couteau de cuisinier planté dans son dos. René finit par admettre
qu'il avait une hernie discale. »
Consigne
2 :
récrire
l'extrait de texte proposé en transformant le style épuré de
l'auteur en un style hyperbolique, en
employant des affixes hyper-, super- ou -issime, en introduisant des
superlatifs comme « les moins », « la plus »,
etc., en remplaçant certains mots par un
synonyme qui exprime une exagération, etc.
Avec le début du texte, cela pourrait donner ceci :
Avant
d'attaquer la narration de mon épopée, qui s'est révélée
l'odyssée la plus folle que j'ai jamais entreprise,
je
suis contrainte de dévoiler au lecteur la
situation extraordinairement difficile
que j'endurais alors
que j'allais entreprendre
cette
formidable
traversée,
ainsi
que
les prétextes urgentissimes
qui me décidèrent, et
je suis obligée de la
placer à mon point de vue, afin de l'ancrer à mes préoccupations
et à mes émotions.
Ma
mère est Française, la française la plus belle, la plus élégante
et la plus gracieuse que j'aie jamais connue :
pendant
l'émigration elle épousa en Espagne le plus simplement du monde un
Péruvien ; des obstacles tous plus absurdes les uns que les
autres s'opposant farouchement à leur union, ils se marièrent dans
le plus grand secret et dans la clandestinité la plus absolue ;
ce fut un prêtre français émigré qui reçut leurs consentements
mutuels dans le minuscule logis qui tenait lieu de maison à ma mère.
Etc.
Et
maintenant...
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
À vous de jouer - et d'écrire,
À vos claviers, plumes et stylos !
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