LISTE
ALPHABÉTIQUE
DES ATELIERS
2012-2016
A
- B
L'abstrait,
le sens figuré.
« Nos
relations
sont devenues glaciales ».
« Un
frisson
d'espoir
parcourt l'assemblée réunie cette nuit ».
L'acrostiche :
donner
au langage plus de présence.
VÉLO
Vois-tu
le printemps ?
Et
comme l'air embaume
La
rose et le lilas,
Ou
bien l'herbe et la chaleur.
L'alexandrin.
« Vers à douze pieds l'alexandrin,
deux de moins,/ Un vers décasyllabe,
l'on obtient ».
« Tout
à coup, comme atteint d'un bonheur insensé,
Homme
jeune bien né, et Croisilles nommé,
Saute,
marche et saute, comme
du pas d'un
fou. »
L'allégorie.
« Le
bonheur
est un
pré en fleur,
multicolore et odorant, couvert de rosée et à jamais parcouru d'une
brise légère et tiède. »
« Capitaine
d'un navire en pleine tempête
intérieure, je naviguais, secouée
par des orages de cœur, aveuglée par des éclairs de colère, et je
prenais mes décisions avec la précision et la rapidité de la
foudre. »
L'allitération.
« Avec les
retournements
en
virevoltes aiguës, les
épingles à cheveux, les
glissades rapides
sur l'aile, les accélérations,
les reprises,
la nage de
requin ;
et dans la
rumeur
des criaillements des hirondelles qui
ricochent
dans ma
mémoire, me revient
le souvenir d'un élan fougueux, d'une
romance
bizarre. »
L'allusion.
« Je
me souviens qu'il était impossible de circuler sur les
Champs-Élysées en ce 14 juillet ».
L'anacoluthe.
« Je
commence une phrase, et pourquoi ne pas la finir autrement ? ».
« Et,
pleurés
du vieillard, il
grava sur leur marbre ce que je viens de raconter »,
au
lieu de :
« Et,
pleurés du vieillard, ils furent ensevelis sous un marbre et le
vieillard y grava ce que je viens de raconter ».
L'anastrophe.
« Je
croyais traverser dans sa profonde
horreur, d'un
bois silencieux
l'obscurité perfide. »,
au
lieu de : « Je
croyais traverser dans son horreur profonde, l'obscurité perfide
d'un bois silencieux. »
L'antonymie.
« Il
y avait une fois un roi et une reine qui n'avaient qu'une fille. Sa
beauté, sa douceur et son esprit qui étaient incomparables, la
firent nommer Gracieuse.
Il y avait plusieurs
fois, la
dixième exactement,
que
l'ouvrier et sa femme avaient un garçon.
Sa laideur,
sa rudesse
et sa
bêtise
qui étaient comparables
à celles d'un monstre,
le
firent surnommer
Disgracieux. »
L'apostrophe.
« Je
l'aurais volontiers giflé, mademoiselle,
gifle qu'il n'aurait pas volé ».
« O
que tu
seras
bien-heureux
O
bonheur,
non encore enfui,
Si
tu le fuis toute ta vie »
L'assonance.
« J'ai
appris la vie lorsqu'il a souri. ».
« Pourtant,
il semble que dans les hauteurs
d'une
atmosphère
neuve,
loin
des meubles
et des immeubles,
parfois
elles [les
hirondelles] aillent
voler seules,
créant une œuvre. »
L'asyndète.
« Il
est cynique, il réussira »
au lieu de : « Il est
cynique, donc
il réussira ».
Aulnoy
(madame d'). Gracieuse et
Percinet : conte
(1697). Jeux autour des épithètes et des antonymes.
L'autobiographie
: la part de projection, la part d'interprétation, la part du vrai
et du faux. « L'autobiographie,
qui paraît au premier abord le plus sincère de tous les genres, en
est peut-être le plus faux. »
Gustave Flaubert d'Albert Thibaudet. « Pour
moi chaque voyage important amorce une mue en profondeur. Alain
Bosquet [écrivain français,
1919-1998] a senti cela quand il a écrit
que chez moi l'autobiologie prenait le pas sur l'autobiographie. »
Michel Tournier.
L'avalanche
(Oulipo).
« -
Toi. Tu cries. Très très fort. Pourquoi cries-tu ainsi ? -
J'ai très faim moi ! ».
La
boule de neige
(Oulipo).
« N'ai
pas peur petite gazelle vaporeuse ! (1-2-3-4-6-7-9). J'ai une douce
griffe (1-2-3-4-5-6). Qui cajole, chatouille (3-6-10). Et non blesse,
égratigne (2-3-6-9). D'en bas, nous épions chaque mouvement (de la)
multitude (1-2-3-4-6-6-9-9). Ô
! Je crains bientôt (d')effrayants affolements ! (1-2-6-7-10-11).
Viens,
rentrons (5-8). Je ne suis (qu'un) lion bizarre (et) végétarien
(2-2-4-4-7-10).»
C
Le
calembour.
« Le sacre
en poudre ».
Le
calligramme
: donner au langage plus de présence.
Faisons
pareil Office
a
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F
w :
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o
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A R E I L wwwwF
F I CE
La
catachrèse. « Les
petits enfants vont à
cheval sur leurs bâtons
tandis que bourdonnent
les ailes du moulin. ».
Le
centon.
« Car
il faut que les femmes pleurent, et
qu'elles
ferment les branches d'or de leur rouge éventail. Lune, vagabonde
Lune, que
dirais-tu de faire
cause
et mœurs communes ? »
« Car
il faut que les femmes pleurent » (Sully Prudhomme, 1839-1907,
Le
long du quai).
« [Et] ferme[nt] les branches d'or de [leur] rouge éventail »
(José Maria de Heredia, 1842-1905, Soleil
couchant).
« Lune, vagabonde Lune, Faisons cause et mœurs communes ? »
(Jules Laforgue, 1860-1887, Complainte
de la lune en province).
Les
champs sémantiques
et les
champs lexicaux.
Le
chiasme.
« Les
uns mouraient sans parler, les autres parlaient sans mourir, les uns
mouraient en parlant, les autres parlaient en mourant »
(Gargantua,
de
François
Rabelais).
La
comparaison.
« Beau
comme
le jour, belle comme
la nuit ».
Le
concret
et
le sens propre.
« Un
professeur de mathématiques enseigne
les mathématiques et non le latin » ;
« Elle
n'est pas tombée dans les pommes, elle s'est évanouie ».
Conjugaisons,
les temps et la narration, les temps de la narration.
La
connotation
et
la dénotation.
« En
plein ÉTÉ, le COURANT de la rivière est très faible à cause du
manque d'eau. L'activité de canoë-kayak doit être annulée. Ça
évite pas mal de BLEUS aux débutants. À la place, on organise un
CANON à trois voix, enfantines, masculines et féminines. Les
représentations ont lieu le soir, lorsque le BLEU du ciel se fonce
jusqu'à noircir l'horizon, jusqu'à s'illuminer de milliers de
paillettes dorées, comme ton regard lorsque tu m'aperçois. »
(sens dénotés). Et :
« Les
COURANTS de la lande et les ornières immenses du reflux filent
circulairement vers l'est. Là où le bruit du CANON ne résonne plus
que très faiblement, là où le BLEU du ciel pâlit puis rosit dans
un éclatant carnage. C'est l'ÉTÉ de tous les dangers, celui où je
te rencontrerai... »
(connotations).
La
crase.
« Je
vais à
le
marché (sic) de la ville de Laon,
naturaliser
la morale. »
D
Un
début, une
fin.
Le
décasyllabe.
« Vers
à douze pieds l'alexandrin,
deux de moins,/ Un vers décasyllabe,
l'on obtient ».
La
dénotation-la
connotation.
« Allongé
dans le noir, il gardait les yeux ouverts tout en écoutant le
silence de la chambre. »
(sens
dénoté),
ou
bien,
avec
le sens connoté des mots :
« Ses
yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir.
Il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines
narines. »
Henri
Troyat.
La
description.
« Le
carreau de briques rougeâtres bien lavées, les boiseries brunes
soigneusement dégagées de poussière, la glace dont le cadre en
chêne sculpté avait été doré jadis, tout était précisément
resté à la même place. »
La
diérèse.
« Je
vais acheter des nu-a-ges
et des di-a-mants »
dis-je en détachant les syllabes des
mots
pour me bien faire comprendre.
La
dissociation. « La
rue nage la brasse ».
Du
Guillet (Pernette). Rymes :
chanson V
(1545),
dans :
Œuvres
poétiques,
de Louise Labé.
Jouer
avec les calligrammes.
E
L'écriture
automatique,
le surréalisme. « Parfums
éclos d'une couvée d'aurores/ Qui gît toujours sur la paille des
astres »
Paul Éluard.
L'ellipse.
« Enchantée »
pour « Je suis enchantée de faire
votre connaissance ».
L'épanalepse.
« Mais,
pour couver ces puissants germes, il faut tous
les cœurs
inspirés. Tous les
cœurs
purs, tous les cœurs
fermes ».
L'épithète.
« Ses
longs
clairs
rameaux fleuris
et odorants
s'étiraient auprès d'une vieille
petite
ruelle longue
et basse ».
F
– G - H
La
fable,
la
nouvelle
et
la
photo de famille.
Genlis
(madame de).
Le
Mari instituteur
(1802),
dans : Nouveaux
contes moraux et nouvelles historiques.
Jeux
autour de
l'abstrait
et du concret.
Gracq
(Julien).
Au château
d'Argol
(1938). Les inversions de mots ou de groupes de mots.
Guillet
(Pernette Du), voir :
Du
Guillet
(Pernette).
L'haplologie.
« Tragi-COmique
pour tragiCO-COmique ».
L'homéotéleute.
« À tout
prendre, car il n'est pas un tendre, il est décidé à se défendre
et non à se rendre. »
« Mon
homme est une brave pomme, dont la présence détonne parmi les
nonnes qui entonnent, à gorges déployées un hymne qui, comme une
provocation à son intention, sonne et résonne. »
Hugo
(Victor).
Han
d'Islande
(1823). La mise en abyme et la prétérition.
Hugo
(Victor).
La Légende des siècles
(1859-1883). L'alexandrin.
L'hyperbate
en
tant qu'ajout.
« N'y
tenant plus, la
vague
l'emmena non loin de là, sans mot dire, et
comme par la main »
Jules
Supervielle.
L'hyperbole.
« Cet
artiste extra sublime a un gigantesque projet : une toile de dix
mètres carrés ».
L'hypotaxe,
la
parataxe. « Ce
n'est pas assez d'avoir des mots pour chaque idée ; il faut encore
savoir former, de plusieurs idées, un tout dont nous saisissions
tout à la fois les détails et l'ensemble, et dont rien ne nous
échappe ; voilà l'objet de la syntaxe. »
Étienne Bonnot de Condillac. « Il
existe deux types de syntaxe, deux types de manière de joindre
ensemble les mots d'une phrase et les phrases entre elles : la
parataxe et l'hypotaxe. ».
I
– J – K - L
L'image.
« Est-elle ? la
vie, ce
long fleuve tranquille, ou
bien ce torrent des montagnes,
impétueux, sauvage et farouche ? ».
L'inconséquence.
« Elle saute à la corde tout en
joignant les deux bouts ».
L'interrogation
fictive.
« Cette
aventure est sue, et on me la vient de conter, ne sachant pas que j'y
eusse le principal intérêt. - Que
me dites-vous, Madame ? Vous m'accusez d'avoir conté ce qui
s'est passé entre vous et moi, et vous m'apprenez que la chose est
sue ? »
La
Princesse de Clèves,
de madame de La Fayette.
Jamette
de Nesson.
Rondeaux
et autres poésies du XVe
siècle : C'est
pour me receller les biens (1455),
rondeau. Jeux
autour du chiasme
et du parallèle.
Langages,
le registre,
le style.
« Mignonne,
allons voir si la rose... »,
ou : « Viens
par ici ma poulette ! »,
ou encore : « Mademoiselle,
seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
Leprince
de Beaumont
(Jeanne-Marie).
Le magasin des enfants,
ou Dialogues d'une sage gouvernante avec ses élèves
(1756). Jouer avec les
images : la
personnification, la métaphore, la comparaison, l'allégorie.
La
libre-association, le
surréalisme. « Parfums
éclos d'une couvée d'aurores/ Qui gît toujours sur la paille des
astres »
Paul Éluard.
La
litote. « Le
loup n'est
pas un gentil
petit animal
de compagnie... ».
Losanges
(Oulipo).
L'
ami
idiot
partout
garde
son
I
ami
idiot
partout
garde
son
I
M
La
métalepse.
« J'ai
le ventre qui gargouille »,
pour : « J'ai très faim ».
Les
métamorphoses.
« On
ne gouverne pas les eaux sans être soi-même fluide, mobile et
changeant, et les métamorphoses de Neptune sont innombrables, tour à
tour fleuve, bélier, cheval ou taureau, oiseau ou dauphin, selon la
fantaisie, le besoin ou la circonstance ».
La
métaphore.
« Ma
jeunesse
ne fut qu'un ténébreux
orage »
(métaphore
in presentia),
« Voilà
que j'ai touché l'automne
des idées »
(métaphore
in absentia),
Charles
Baudelaire.
La
métonymie.
« Elle
est tombée dans les pommes »,
au sens propre ou au figuré ?
La
mise en abyme.
« Un
hérisson du voisinage,/ Dans mes vers nouveau personnage
-> mise en abyme du sujet,/ Voulut
les délivrer de l'importunité/ Du peuple plein d'avidité. »
La
Fontaine.
La
monosémie,
la
polysémie. « Allongé
dans le noir, il gardait les yeux ouverts tout en écoutant le
silence de la chambre. »,
ou
« Ses
yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir.
Il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines
narines. »
Henri
Troyat.
Le
mot-valise.
« Un
malentendur »
est
un malentendu qui dure tellement longtemps, qu'il en devient tout
dur.
La
musique
de
la
prose. « Près
de sa belle maison vivait
un voisin irascible »
rythme
binaire ;
« Près
de sa maison, qui
était vraiment très belle, vivait
un voisin hargneux »
rythme
ternaire ;
« Là-bas,
près de sa maison, qui était vraiment très belle, avec sa façade
équilibrée, et ses peintures joyeuses aux tons pastels, demeurait
ce ridicule et irascible voisin »
rythme
ascendant ;
« Près
de la si belle et si vaste demeure de mon ami Raymond, avec ses
peintures joyeuses aux tons pastels, et
sa façade bien équilibrée, aux beaux
volets
rutilants, vivait
ce voisin, un hargneux »
rythme
descendant.
Musset
(Alfred
de).
Les
Caprices de Marianne : théâtre
(1833).
Musique
et rythme en prose.
Musset
(Alfred
de).
Croisilles :
nouvelle
(1839).
S'amuser
avec
le nombre de pieds et
les
vers alexandrins.
N
La
narration :
linéaire,
linéaire à ellipses, linéaire à expansions, en parallèle, non
linéaire.
Le
néologisme.
« Il
va nous mésarriver
quelque chose »
(Georges Hyvernaud) ; « Il
vous en mésadviendra »
= il vous arrivera malheur.
Nesson
(Jamette de), voir :
Jamette de Nesson.
Les
niveaux
de langue,
les
langages,
le
registre,
le
style. « Mignonne,
allons voir si la rose... »,
ou : « Viens
par ici ma poulette ! »,
ou encore : « Mademoiselle,
seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
O
L'onomatopée.
« Drinnnng...
- Allo ? Flic, flac, flic, flac... Ding – Ding – Ding –
Atchoum. Tic-tac, tic-tac... Tic. Boum ! -Aïe, ouille. ».
OuLiPo,
losanges.
L'
ami
idiot
partout
garde
son
I
ami
idiot
partout
garde
son
I
OuLiPo,
le
tireur à la ligne. « Un
nuage passe. Le vent se lève. »
devient : « Un
nuage passe. Les feuillages s'ébrouent dans la chaleur de cette fin
d'après-midi. Un
vent chargé
de fines particules de sable se
lève, et
dans l'air batifole le linge mis à sécher sur les cordages ».
OuLiPo,
avalanche
et boule de neige. « -
Toi. Tu cries. Très très fort. Pourquoi cries-tu ainsi ? -
J'ai très faim moi ! ».
OuLiPo,
s+7
= exercice oulipien. « La bonite
est un éteignoir de complet satyre et de pleurant ».
OuLiPo,
perverbes
oulipiens. « Elle
ne fait pas les dents. »,
ou encore « Il
ne desserre pas dans la dentelle. ».
OuLiPo,
traductions,
un
exercice oulipien.
D'une
langue à l'autre, ou bien à l'intérieur d'une même langue.
L'oxymore
ou le clair-obscur. « Cette obscure
clarté qui tombe des
étoiles. » Pierre Corneille ; « Suit
un silence éloquent ».
P
Le
palindrome,
ou
le mot à l'envers :
donner au langage plus de présence. « Trace/écart ;
émir/rime ».
Le
parallèle.
« Thémistocle,
dit Plutarque, fut banni, après avoir sauvé sa patrie, Camille
sauva sa patrie, après avoir été banni. Camille est le
plus grand des Romains
avant son exil ; et après son exil il est supérieur
à lui-même »
(Vies
parallèles,
de Plutarque).
La
parataxe,
l'hypotaxe.
« Ce
n'est pas assez d'avoir des mots pour chaque idée ; il faut encore
savoir former, de plusieurs idées, un tout dont nous saisissions
tout à la fois les détails et l'ensemble, et dont rien ne nous
échappe ; voilà l'objet de la syntaxe. »
Étienne Bonnot de Condillac. « Il
existe deux types de syntaxe, deux types de manière de joindre
ensemble les mots d'une phrase et les phrases entre elles : la
parataxe et l'hypotaxe. »
La
période,
ou la très longue phrase. « Ayant
su par une de vos lettres que vous me faisiez l'honneur de souhaiter
que je vous écrivisse le peu de nouvelles qui viennent à ma
connaissance, j'avoue que j'eus quelque peine à croire que mes yeux
ne me trompaient pas, ou que vous ne vous fussiez pas trompé
vous-même, en mettant mon nom pour celui d'une autre, étant
certaine que je n'ai pas une des qualités nécessaires pour rendre
ma correspondance agréable en matière de nouvelles. »
Lettre,
de mademoiselle de Scudéry.
La
périphrase,
ou l'art du détour. « J'aime
cet insecte qui possède quatre grandes ailes colorées et dont la
chenille se métamorphose en chrysalide »,
plus directement : « J'aime
bien les papillons. ».
La
personnification.
« Vaporis,
la vapeur, plus
habile, plus forte et plus adroite que ses parents, Aquafluens
l'eau vive, et Ventosus le vent,
était venue en dernier et promettait merveille. Il ne s'agissait que
de la bien conduire sans la brusquer et sans la laisser vagabonder. »
Le
magasin des enfants, ou Dialogues d'une sage gouvernante avec ses
élèves,
de madame
Leprince
de
Beaumont.
Perverbes
oulipiens.
« Elle
ne fait pas les dents. »,
ou encore « Il
ne desserre pas dans la dentelle. ».
La
phrase :
simple,
complexe, très longue, progressive, discontinue. « (tandis
qu'elles continuaient à dormir dans leurs chambres aux plâtres
rongés), avec au centre une table d'acajou, des fauteuils aux
accoudoirs d'ébène, un piano dont aucune ne savait jouer et une
vitrine à dessus de marbre, comme pour accueillir au fur et à
mesure qu'elles les retiraient des caisses déclouées les coraux et
les coquillages géants, les peaux de tigres, les sagaies achetées
au hasard des marchés indigènes ou des escales, échoués là, dans
la pénombre distillée par les rideaux de peluche et où luisaient
sur les flancs de charbonneux cache-pots de bronze aux reliefs
frottés d'or les pennes de hérons se poursuivant parmi les méandres
de rivières et de collines semblables à des dragons »
L'Acacia,
de Claude Simon.
La
poésie
française : poèmes
et poétique, « C'est
tout un poème ».
« J'ai
dit à la narine : Eh mais ! tu n'es qu'un nez ! J'ai
dit au long fruit d'or : Mais tu n'es qu'une poire ! »
Victor
Hugo.
Les
points
de vue.
La
polysémie.
« En
plein ÉTÉ, le COURANT de la rivière est très faible à cause du
manque d'eau. L'activité de canoë-kayak doit être annulée. Ça
évite pas mal de BLEUS aux débutants. À la place, on organise un
CANON à trois voix, enfantines, masculines et féminines. Les
représentations ont lieu le soir, lorsque le BLEU du ciel se fonce
jusqu'à noircir l'horizon, jusqu'à s'illuminer de milliers de
paillettes dorées, comme ton regard lorsque tu m'aperçois. ».
Et :
« Les
COURANTS de la lande et les ornières immenses du reflux filent
circulairement vers l'est. Là où le bruit du CANON ne résonne plus
que très faiblement, là où le BLEU du ciel pâlit puis rosit dans
un éclatant carnage. C'est l'ÉTÉ de tous les dangers, celui où je
te rencontrerai... ».
Ponge
(Francis).
Le Savon
(1967). La polysémie.
Ponge
(Francis).
Les hirondelles (randons),
dans Pièces
(1961).
S'amuser
avec
l'assonance, l'allitération et l'homéotéleute.
La
prétérition.
« Je
ne
vous dirai
pas
combien j'ai été affectée par cette nouvelle ».
Prévert
(Jacques).
Soleil de nuit : poèmes
(1936-1977). La libre-association et l'écriture automatique.
La
prolepse,
ou
l'anticipation.
« On
me dira
que je n'aurai pas dû le frapper. Mais j'avais de bonnes raisons de
le faire : il venait d'insulter ma fille et de gifler ma femme ».
Q
- R
La
question rhétorique
ou oratoire,
ou l'interrogation
fictive. « Cette
aventure est sue, et on me la vient de conter, ne sachant pas que j'y
eusse le principal intérêt. - Que
me dites-vous, Madame ? Vous m'accusez d'avoir conté ce qui
s'est passé entre vous et moi, et vous m'apprenez que la chose est
sue ? »
La
Princesse de Clèves,
de madame de La Fayette.
Le
registre,
les
niveaux
de langue,
les
langages,
le
style.
« Mignonne,
allons voir si la rose... »,
ou : « Viens
par ici ma poulette ! »,
ou encore : « Mademoiselle,
seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
Le
rhétorique et le
style. « Savoir
son style, c'est connaître son affaire » disait-on souvent
dans la deuxième moitié du XVe
siècle. « Avoir du style, c'est toute une affaire »,
dira-t-on plus tard, à partir de 1845.
Le
romantisme
en France. Delphine
(1802), de madame
de Staël.
Ronsard
(Pierre
de).
Poésies
diverses : L'Amour
oiseau
(1573?).
Jouer
à
dynamiser
un texte : la
prétérition, l'hyperbate en tant qu'ajout, l'onomatopée,
l'interrogation fictive, l'anastrophe et l'apostrophe.
Le
rythme
de
la phrase.
« Près
de sa belle maison vivait
un voisin irascible »
rythme
binaire ;
« Près
de sa maison, qui
était vraiment très belle, vivait
un voisin hargneux »
rythme
ternaire ;
« Là-bas,
près de sa maison, qui était vraiment très belle, avec sa façade
équilibrée, et ses peintures joyeuses aux tons pastels, demeurait
ce ridicule et irascible voisin »
rythme
ascendant ;
« Près
de la si belle et si vaste demeure de mon ami Raymond, avec ses
peintures joyeuses aux tons pastels, et
sa façade bien équilibrée, aux beaux
volets
rutilants, vivait
ce voisin, un hargneux »
rythme
descendant.
S
S+7
= exercice oulipien. « La bonite
est un éteignoir de complet satyre et de pleurant ».
Saint-Exupéry
(Antoine
de).
Terre
des hommes
(1939). La métaphore, les champs sémantiques et les champs
lexicaux.
Sand
(George).
Lélia
(1839, nouvelle édition très remaniée par l'auteur, de celle de
1833). S'amuser
avec la description.
Sand
(George).
François
le Champi
(1847-1848).
Style
et registre.
Sarraute
Nathalie. Ouvrez
(1997). Les changements de point de vue.
Scarron
(Paul).
Le roman comique
(1651-1657). Jeux
autour de
la dénotation et de la
connotation.
Scudéry
(Madeleine
de).
Lettres
de mademoiselle de Scudéry à M. Godeau, évêque de Vence
(1650-1651). S'amuser
avec
la période.
Le
sens propre et le sens figuré :
jeux
autour de
l'abstrait
et du concret.
« Un
frisson d'espoir parcourut l'assemblée »
(sens figuré) ; « Un
frisson me parcourut des pieds à la tête lorsque l'air glacial
pénétra dans la pièce par la porte restée ouverte »
(sens propre).
Simon
Claude. L'Acacia
(1989). La
phrase.
Staël
(madame de).
Delphine
(1802). Le romantisme
en France.
Le
style,
les niveaux
de langue, les langages,
le registre.
« Mignonne,
allons voir si la rose... »,
ou : « Viens
par ici ma poulette ! »,
ou encore : « Mademoiselle,
seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
« Savoir
son style, c'est connaître son affaire » disait-on souvent
dans la deuxième moitié du XVe
siècle. « Avoir du style, c'est toute une affaire »,
dira-t-on plus tard, à partir de 1845.
Le
surréalisme, la
libre-association, l'écriture automatique. « Parfums
éclos d'une couvée d'aurores/ Qui gît toujours sur la paille des
astres »
Paul Éluard.
La
syllepse,
ou
des accords contradictoires.
« Demain
viendra
l'orage, et le soir, et la nuit »
au
lieu de : « Demain
viendront... » ;
« Moins
de deux minutes a
suffi »,
ou : « Moins
de deux mois ont
suffi » ?
La
synchyse. « Je
tâcherai faire en moi ce bien croître,/
Qui seul en toi
me pourra transmuer. » ;
« D'amour
me font,
Belle Marquise, vos beaux yeux mourir »
au lieu de : « Belle
Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ».
La
synecdoque. « Voile
à l'horizon ! »
ou « Un bateau à l'horizon »
?
La
synérèse. « Je
vais acheter des dia-mants
et un vio-lon »
dis-je en détachant les syllabes.
La synonymie.
« Le
péril
comme le danger,
funeste
ou fatal,
n'apporte que mort
et trépas,
pleurs
et larmes ».
En
syntaxe,
êtes-vous plutôt hypotaxe ou plutôt parataxe ? « Ce
n'est pas assez d'avoir des mots pour chaque idée ; il faut encore
savoir former, de plusieurs idées, un tout dont nous saisissions
tout à la fois les détails et l'ensemble, et dont rien ne nous
échappe ; voilà l'objet de la syntaxe. »
Étienne Bonnot de Condillac. « Il
existe deux types de syntaxe, deux types de manière de joindre
ensemble les mots d'une phrase et les phrases entre elles : la
parataxe et l'hypotaxe. ».
T
→ Z
Le
télescopage. « Elle saute le pas
en sautant par-dessus la haie ».
Les
temps de la narration,
conjugaisons, le temps et la
narration.
Le
tireur à la ligne
(Oulipo).
« Un
nuage passe. Le vent se lève. »
devient : « Un
nuage passe. Les feuillages s'ébrouent dans la chaleur de cette fin
d'après-midi. Un
vent chargé
de fines particules de sable se
lève, et
dans l'air batifole le linge mis à sécher sur les cordages ».
Traductions,
un
exercice oulipien.
D'une
langue à l'autre, ou bien à l'intérieur d'une même langue.
Triolet
(Elsa). Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelle
(1944). La synecdoque.
Triolet
(Elsa).
Les amants d'Avignon :
nouvelle (1944), dans
Le premier accroc coûte
deux cents francs.
Jouer
avec la musicalité et le rythme de la phrase.
Tristan
(Flora).
Pérégrinations
d'une Paria :
1833-1834
(1838). Jouer
avec les hyperboles.
Yourcenar
(Marguerite).
L’Œuvre
au Noir
(1968). Mot-valise et néologisme.
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