lundi 1 août 2016

De Abstrait à Yourcenar, en passant par la Catachrèse, madame de Genlis, Pierre de Ronsard ou la Synchyse : index alphabétique des auteur-e-s et des notions abordés lors des ateliers d'écriture de La Publiance


LISTE ALPHABÉTIQUE DES ATELIERS
2012-2016

A - B
L'abstrait, le sens figuré. « Nos relations sont devenues glaciales ».
« Un frisson d'espoir parcourt l'assemblée réunie cette nuit ».
L'acrostiche : donner au langage plus de présence.
VÉLO
Vois-tu le printemps ?
Et comme l'air embaume
La rose et le lilas,
Ou bien l'herbe et la chaleur.
L'alexandrin. « Vers à douze pieds l'alexandrin, deux de moins,/ Un vers décasyllabe, l'on obtient ».
« Tout à coup, comme atteint d'un bonheur insensé,
Homme jeune bien né, et Croisilles nommé,
Saute, marche et saute, comme du pas d'un fou. »
L'allégorie. « Le bonheur est un pré en fleur, multicolore et odorant, couvert de rosée et à jamais parcouru d'une brise légère et tiède. »
« Capitaine d'un navire en pleine tempête intérieure, je naviguais, secouée par des orages de cœur, aveuglée par des éclairs de colère, et je prenais mes décisions avec la précision et la rapidité de la foudre. »
L'allitération. « Avec les retournements en virevoltes aiguës, les épingles à cheveux, les glissades rapides sur l'aile, les accélérations, les reprises, la nage de requin ; et dans la rumeur des criaillements des hirondelles qui ricochent dans ma mémoire, me revient le souvenir d'un élan fougueux, d'une romance bizarre. »
L'allusion. « Je me souviens qu'il était impossible de circuler sur les Champs-Élysées en ce 14 juillet ».
L'anacoluthe. « Je commence une phrase, et pourquoi ne pas la finir autrement ? ». « Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre ce que je viens de raconter », au lieu de : « Et, pleurés du vieillard, ils furent ensevelis sous un marbre et le vieillard y grava ce que je viens de raconter ».
L'anastrophe. « Je croyais traverser dans sa profonde horreur, d'un bois silencieux l'obscurité perfide. », au lieu de : « Je croyais traverser dans son horreur profonde, l'obscurité perfide d'un bois silencieux. »
L'antonymie. « Il y avait une fois un roi et une reine qui n'avaient qu'une fille. Sa beauté, sa douceur et son esprit qui étaient incomparables, la firent nommer Gracieuse. Il y avait plusieurs fois, la dixième exactement, que l'ouvrier et sa femme avaient un garçon. Sa laideur, sa rudesse et sa bêtise qui étaient comparables à celles d'un monstre, le firent surnommer Disgracieux. »
L'apostrophe. « Je l'aurais volontiers giflé, mademoiselle, gifle qu'il n'aurait pas volé ».
« O que tu seras bien-heureux
O bonheur, non encore enfui,
Si tu le fuis toute ta vie »
L'assonance. « J'ai appris la vie lorsqu'il a souri. ».
« Pourtant, il semble que dans les hauteurs d'une atmosphère neuve, loin des meubles et des immeubles, parfois elles [les hirondelles] aillent voler seules, créant une œuvre. »
L'asyndète. « Il est cynique, il réussira » au lieu de : « Il est cynique, donc il réussira ».
Aulnoy (madame d'). Gracieuse et Percinet : conte (1697). Jeux autour des épithètes et des antonymes.
L'autobiographie : la part de projection, la part d'interprétation, la part du vrai et du faux. « L'autobiographie, qui paraît au premier abord le plus sincère de tous les genres, en est peut-être le plus faux. » Gustave Flaubert d'Albert Thibaudet. « Pour moi chaque voyage important amorce une mue en profondeur. Alain Bosquet [écrivain français, 1919-1998] a senti cela quand il a écrit que chez moi l'autobiologie prenait le pas sur l'autobiographie. » Michel Tournier.
L'avalanche (Oulipo). « - Toi. Tu cries. Très très fort. Pourquoi cries-tu ainsi ? - J'ai très faim moi ! ».
La boule de neige (Oulipo). « N'ai pas peur petite gazelle vaporeuse ! (1-2-3-4-6-7-9). J'ai une douce griffe (1-2-3-4-5-6). Qui cajole, chatouille (3-6-10). Et non blesse, égratigne (2-3-6-9). D'en bas, nous épions chaque mouvement (de la) multitude (1-2-3-4-6-6-9-9). Ô ! Je crains bientôt (d')effrayants affolements ! (1-2-6-7-10-11). Viens, rentrons (5-8). Je ne suis (qu'un) lion bizarre (et) végétarien (2-2-4-4-7-10).»
C
Le calembour. « Le sacre en poudre ».
Le calligramme : donner au langage plus de présence.
Faisons pareil Office
a w F:
i wwwwwwww e
s wwwwwwwwww c
o wwwwwwwwwwww i
n wwwwwwwwwwwww f
s wwwwwwwwwwww f
p wwwwwwwwww o
a wwwwwww l
r w e w i
F w a w i w swownwswP A R E I L wwwwF F I CE
La catachrèse. « Les petits enfants vont à cheval sur leurs bâtons tandis que bourdonnent les ailes du moulin. ».
Le centon. « Car il faut que les femmes pleurent, et qu'elles ferment les branches d'or de leur rouge éventail. Lune, vagabonde Lune, que dirais-tu de faire cause et mœurs communes ? »
« Car il faut que les femmes pleurent » (Sully Prudhomme, 1839-1907, Le long du quai). « [Et] ferme[nt] les branches d'or de [leur] rouge éventail » (José Maria de Heredia, 1842-1905, Soleil couchant). « Lune, vagabonde Lune, Faisons cause et mœurs communes ? » (Jules Laforgue, 1860-1887, Complainte de la lune en province).
Les champs sémantiques et les champs lexicaux.
Le chiasme. « Les uns mouraient sans parler, les autres parlaient sans mourir, les uns mouraient en parlant, les autres parlaient en mourant » (Gargantua, de François Rabelais).
La comparaison. « Beau comme le jour, belle comme la nuit ».
Le concret et le sens propre. « Un professeur de mathématiques enseigne les mathématiques et non le latin » ; « Elle n'est pas tombée dans les pommes, elle s'est évanouie ».
Conjugaisons, les temps et la narration, les temps de la narration.
La connotation et la dénotation. « En plein ÉTÉ, le COURANT de la rivière est très faible à cause du manque d'eau. L'activité de canoë-kayak doit être annulée. Ça évite pas mal de BLEUS aux débutants. À la place, on organise un CANON à trois voix, enfantines, masculines et féminines. Les représentations ont lieu le soir, lorsque le BLEU du ciel se fonce jusqu'à noircir l'horizon, jusqu'à s'illuminer de milliers de paillettes dorées, comme ton regard lorsque tu m'aperçois. » (sens dénotés). Et :
« Les COURANTS de la lande et les ornières immenses du reflux filent circulairement vers l'est. Là où le bruit du CANON ne résonne plus que très faiblement, là où le BLEU du ciel pâlit puis rosit dans un éclatant carnage. C'est l'ÉTÉ de tous les dangers, celui où je te rencontrerai... » (connotations).
La crase. « Je vais à le marché (sic) de la ville de Laon, naturaliser la morale. »
D
Un début, une fin.
Le décasyllabe. « Vers à douze pieds l'alexandrin, deux de moins,/ Un vers décasyllabe, l'on obtient ».
La dénotation-la connotation. « Allongé dans le noir, il gardait les yeux ouverts tout en écoutant le silence de la chambre. » (sens dénoté), ou bien, avec le sens connoté des mots : « Ses yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir. Il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines narines. » Henri Troyat.
La description. « Le carreau de briques rougeâtres bien lavées, les boiseries brunes soigneusement dégagées de poussière, la glace dont le cadre en chêne sculpté avait été doré jadis, tout était précisément resté à la même place. »
La diérèse. « Je vais acheter des nu-a-ges et des di-a-mants » dis-je en détachant les syllabes des mots pour me bien faire comprendre.
La dissociation. « La rue nage la brasse ».
Du Guillet (Pernette). Rymes : chanson V (1545), dans : Œuvres poétiques, de Louise Labé. Jouer avec les calligrammes.
E
L'écriture automatique, le surréalisme. « Parfums éclos d'une couvée d'aurores/ Qui gît toujours sur la paille des astres » Paul Éluard.
L'ellipse. « Enchantée » pour « Je suis enchantée de faire votre connaissance ».
L'épanalepse. « Mais, pour couver ces puissants germes, il faut tous les cœurs inspirés. Tous les cœurs purs, tous les cœurs fermes ».
L'épithète. « Ses longs clairs rameaux fleuris et odorants s'étiraient auprès d'une vieille petite ruelle longue et basse ».
F – G - H
La fable, la nouvelle et la photo de famille.
Genlis (madame de). Le Mari instituteur (1802), dans : Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques. Jeux autour de l'abstrait et du concret.
Gracq (Julien). Au château d'Argol (1938). Les inversions de mots ou de groupes de mots.
Guillet (Pernette Du), voir : Du Guillet (Pernette).
L'haplologie. « Tragi-COmique pour tragiCO-COmique ».
L'homéotéleute. « À tout prendre, car il n'est pas un tendre, il est décidé à se défendre et non à se rendre. »
« Mon homme est une brave pomme, dont la présence détonne parmi les nonnes qui entonnent, à gorges déployées un hymne qui, comme une provocation à son intention, sonne et résonne. »
Hugo (Victor). Han d'Islande (1823). La mise en abyme et la prétérition.
Hugo (Victor). La Légende des siècles (1859-1883). L'alexandrin.
L'hyperbate en tant qu'ajout. « N'y tenant plus, la vague l'emmena non loin de là, sans mot dire, et comme par la main » Jules Supervielle.
L'hyperbole. « Cet artiste extra sublime a un gigantesque projet : une toile de dix mètres carrés ».
L'hypotaxe, la parataxe. « Ce n'est pas assez d'avoir des mots pour chaque idée ; il faut encore savoir former, de plusieurs idées, un tout dont nous saisissions tout à la fois les détails et l'ensemble, et dont rien ne nous échappe ; voilà l'objet de la syntaxe. » Étienne Bonnot de Condillac. « Il existe deux types de syntaxe, deux types de manière de joindre ensemble les mots d'une phrase et les phrases entre elles : la parataxe et l'hypotaxe. ».
I – J – K - L
L'image. « Est-elle ? la vie, ce long fleuve tranquille, ou bien ce torrent des montagnes, impétueux, sauvage et farouche ? ».
L'inconséquence. « Elle saute à la corde tout en joignant les deux bouts ».
L'interrogation fictive. « Cette aventure est sue, et on me la vient de conter, ne sachant pas que j'y eusse le principal intérêt. - Que me dites-vous, Madame ? Vous m'accusez d'avoir conté ce qui s'est passé entre vous et moi, et vous m'apprenez que la chose est sue ? » La Princesse de Clèves, de madame de La Fayette.
Jamette de Nesson. Rondeaux et autres poésies du XVe siècle : C'est pour me receller les biens (1455), rondeau. Jeux autour du chiasme et du parallèle.
Langages, le registre, le style. « Mignonne, allons voir si la rose... », ou : « Viens par ici ma poulette ! », ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
Leprince de Beaumont (Jeanne-Marie). Le magasin des enfants, ou Dialogues d'une sage gouvernante avec ses élèves (1756). Jouer avec les images : la personnification, la métaphore, la comparaison, l'allégorie.
La libre-association, le surréalisme. « Parfums éclos d'une couvée d'aurores/ Qui gît toujours sur la paille des astres » Paul Éluard.
La litote. « Le loup n'est pas un gentil petit animal de compagnie... ».
Losanges (Oulipo).
L'
ami
idiot
partout
garde
son
I
M
La métalepse. « J'ai le ventre qui gargouille », pour : « J'ai très faim ».
Les métamorphoses. « On ne gouverne pas les eaux sans être soi-même fluide, mobile et changeant, et les métamorphoses de Neptune sont innombrables, tour à tour fleuve, bélier, cheval ou taureau, oiseau ou dauphin, selon la fantaisie, le besoin ou la circonstance ».
La métaphore. « Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage » (métaphore in presentia), « Voilà que j'ai touché l'automne des idées » (métaphore in absentia), Charles Baudelaire.
La métonymie. « Elle est tombée dans les pommes », au sens propre ou au figuré ?
La mise en abyme. « Un hérisson du voisinage,/ Dans mes vers nouveau personnage -> mise en abyme du sujet,/ Voulut les délivrer de l'importunité/ Du peuple plein d'avidité. » La Fontaine.
La monosémie, la polysémie. « Allongé dans le noir, il gardait les yeux ouverts tout en écoutant le silence de la chambre. », ou « Ses yeux naviguaient dans le noir, ses oreilles s'emplissaient de noir. Il respirait, il happait du noir à pleine bouche, à pleines narines. » Henri Troyat.
Le mot-valise. « Un malentendur » est un malentendu qui dure tellement longtemps, qu'il en devient tout dur.
La musique de la prose. « Près de sa belle maison vivait un voisin irascible » rythme binaire ; « Près de sa maison, qui était vraiment très belle, vivait un voisin hargneux » rythme ternaire ; « Là-bas, près de sa maison, qui était vraiment très belle, avec sa façade équilibrée, et ses peintures joyeuses aux tons pastels, demeurait ce ridicule et irascible voisin » rythme ascendant ; « Près de la si belle et si vaste demeure de mon ami Raymond, avec ses peintures joyeuses aux tons pastels, et sa façade bien équilibrée, aux beaux volets rutilants, vivait ce voisin, un hargneux » rythme descendant.
Musset (Alfred de). Les Caprices de Marianne : théâtre (1833). Musique et rythme en prose.
Musset (Alfred de). Croisilles : nouvelle (1839). S'amuser avec le nombre de pieds et les vers alexandrins.
N
La narration : linéaire, linéaire à ellipses, linéaire à expansions, en parallèle, non linéaire.
Le néologisme. « Il va nous mésarriver quelque chose » (Georges Hyvernaud) ; « Il vous en mésadviendra » = il vous arrivera malheur.
Nesson (Jamette de), voir : Jamette de Nesson.
Les niveaux de langue, les langages, le registre, le style. « Mignonne, allons voir si la rose... », ou : « Viens par ici ma poulette ! », ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
O
L'onomatopée. « Drinnnng... - Allo ? Flic, flac, flic, flac... Ding – Ding – Ding – Atchoum. Tic-tac, tic-tac... Tic. Boum ! -Aïe, ouille. ».
OuLiPo, losanges.
L'
ami
idiot
partout
garde
son
I
OuLiPo, le tireur à la ligne. « Un nuage passe. Le vent se lève. » devient : « Un nuage passe. Les feuillages s'ébrouent dans la chaleur de cette fin d'après-midi. Un vent chargé de fines particules de sable se lève, et dans l'air batifole le linge mis à sécher sur les cordages ».
OuLiPo, avalanche et boule de neige. « - Toi. Tu cries. Très très fort. Pourquoi cries-tu ainsi ? - J'ai très faim moi ! ».
OuLiPo, s+7 = exercice oulipien. « La bonite est un éteignoir de complet satyre et de pleurant ».
OuLiPo, perverbes oulipiens. « Elle ne fait pas les dents. », ou encore « Il ne desserre pas dans la dentelle. ».
OuLiPo, traductions, un exercice oulipien. D'une langue à l'autre, ou bien à l'intérieur d'une même langue.
L'oxymore ou le clair-obscur. « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. » Pierre Corneille ; « Suit un silence éloquent ».
P
Le palindrome, ou le mot à l'envers : donner au langage plus de présence. « Trace/écart ; émir/rime ».
Le parallèle. « Thémistocle, dit Plutarque, fut banni, après avoir sauvé sa patrie, Camille sauva sa patrie, après avoir été banni. Camille est le plus grand des Romains avant son exil ; et après son exil il est supérieur à lui-même » (Vies parallèles, de Plutarque).
La parataxe, l'hypotaxe. « Ce n'est pas assez d'avoir des mots pour chaque idée ; il faut encore savoir former, de plusieurs idées, un tout dont nous saisissions tout à la fois les détails et l'ensemble, et dont rien ne nous échappe ; voilà l'objet de la syntaxe. » Étienne Bonnot de Condillac. « Il existe deux types de syntaxe, deux types de manière de joindre ensemble les mots d'une phrase et les phrases entre elles : la parataxe et l'hypotaxe. »
La période, ou la très longue phrase. « Ayant su par une de vos lettres que vous me faisiez l'honneur de souhaiter que je vous écrivisse le peu de nouvelles qui viennent à ma connaissance, j'avoue que j'eus quelque peine à croire que mes yeux ne me trompaient pas, ou que vous ne vous fussiez pas trompé vous-même, en mettant mon nom pour celui d'une autre, étant certaine que je n'ai pas une des qualités nécessaires pour rendre ma correspondance agréable en matière de nouvelles. » Lettre, de mademoiselle de Scudéry.
La périphrase, ou l'art du détour. « J'aime cet insecte qui possède quatre grandes ailes colorées et dont la chenille se métamorphose en chrysalide », plus directement : « J'aime bien les papillons. ».
La personnification. « Vaporis, la vapeur, plus habile, plus forte et plus adroite que ses parents, Aquafluens l'eau vive, et Ventosus le vent, était venue en dernier et promettait merveille. Il ne s'agissait que de la bien conduire sans la brusquer et sans la laisser vagabonder. » Le magasin des enfants, ou Dialogues d'une sage gouvernante avec ses élèves, de madame Leprince de Beaumont.
Perverbes oulipiens. « Elle ne fait pas les dents. », ou encore « Il ne desserre pas dans la dentelle. ».
La phrase : simple, complexe, très longue, progressive, discontinue. « (tandis qu'elles continuaient à dormir dans leurs chambres aux plâtres rongés), avec au centre une table d'acajou, des fauteuils aux accoudoirs d'ébène, un piano dont aucune ne savait jouer et une vitrine à dessus de marbre, comme pour accueillir au fur et à mesure qu'elles les retiraient des caisses déclouées les coraux et les coquillages géants, les peaux de tigres, les sagaies achetées au hasard des marchés indigènes ou des escales, échoués là, dans la pénombre distillée par les rideaux de peluche et où luisaient sur les flancs de charbonneux cache-pots de bronze aux reliefs frottés d'or les pennes de hérons se poursuivant parmi les méandres de rivières et de collines semblables à des dragons » L'Acacia, de Claude Simon.
La poésie française : poèmes et poétique, « C'est tout un poème ». « J'ai dit à la narine : Eh mais ! tu n'es qu'un nez ! J'ai dit au long fruit d'or : Mais tu n'es qu'une poire ! » Victor Hugo.
Les points de vue.
La polysémie.
« En plein ÉTÉ, le COURANT de la rivière est très faible à cause du manque d'eau. L'activité de canoë-kayak doit être annulée. Ça évite pas mal de BLEUS aux débutants. À la place, on organise un CANON à trois voix, enfantines, masculines et féminines. Les représentations ont lieu le soir, lorsque le BLEU du ciel se fonce jusqu'à noircir l'horizon, jusqu'à s'illuminer de milliers de paillettes dorées, comme ton regard lorsque tu m'aperçois. ». Et :
« Les COURANTS de la lande et les ornières immenses du reflux filent circulairement vers l'est. Là où le bruit du CANON ne résonne plus que très faiblement, là où le BLEU du ciel pâlit puis rosit dans un éclatant carnage. C'est l'ÉTÉ de tous les dangers, celui où je te rencontrerai... ».
Ponge (Francis). Le Savon (1967). La polysémie.
Ponge (Francis). Les hirondelles (randons), dans Pièces (1961). S'amuser avec l'assonance, l'allitération et l'homéotéleute.
La prétérition. « Je ne vous dirai pas combien j'ai été affectée par cette nouvelle ».
Prévert (Jacques). Soleil de nuit : poèmes (1936-1977). La libre-association et l'écriture automatique.
La prolepse, ou l'anticipation. « On me dira que je n'aurai pas dû le frapper. Mais j'avais de bonnes raisons de le faire : il venait d'insulter ma fille et de gifler ma femme ».
Q - R
La question rhétorique ou oratoire, ou l'interrogation fictive. « Cette aventure est sue, et on me la vient de conter, ne sachant pas que j'y eusse le principal intérêt. - Que me dites-vous, Madame ? Vous m'accusez d'avoir conté ce qui s'est passé entre vous et moi, et vous m'apprenez que la chose est sue ? » La Princesse de Clèves, de madame de La Fayette.
Le registre, les niveaux de langue, les langages, le style. « Mignonne, allons voir si la rose... », ou : « Viens par ici ma poulette ! », ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
Le rhétorique et le style. « Savoir son style, c'est connaître son affaire » disait-on souvent dans la deuxième moitié du XVe siècle. « Avoir du style, c'est toute une affaire », dira-t-on plus tard, à partir de 1845.
Le romantisme en France. Delphine (1802), de madame de Staël.
Ronsard (Pierre de). Poésies diverses : L'Amour oiseau (1573?). Jouer à dynamiser un texte : la prétérition, l'hyperbate en tant qu'ajout, l'onomatopée, l'interrogation fictive, l'anastrophe et l'apostrophe.
Le rythme de la phrase. « Près de sa belle maison vivait un voisin irascible » rythme binaire ; « Près de sa maison, qui était vraiment très belle, vivait un voisin hargneux » rythme ternaire ; « -bas, près de sa maison, qui était vraiment très belle, avec sa façade équilibrée, et ses peintures joyeuses aux tons pastels, demeurait ce ridicule et irascible voisin » rythme ascendant ; « Près de la si belle et si vaste demeure de mon ami Raymond, avec ses peintures joyeuses aux tons pastels, et sa façade bien équilibrée, aux beaux volets rutilants, vivait ce voisin, un hargneux » rythme descendant.
S
S+7 = exercice oulipien. « La bonite est un éteignoir de complet satyre et de pleurant ».
Saint-Exupéry (Antoine de). Terre des hommes (1939). La métaphore, les champs sémantiques et les champs lexicaux.
Sand (George). Lélia (1839, nouvelle édition très remaniée par l'auteur, de celle de 1833). S'amuser avec la description.
Sand (George). François le Champi (1847-1848). Style et registre.
Sarraute Nathalie. Ouvrez (1997). Les changements de point de vue.
Scarron (Paul). Le roman comique (1651-1657). Jeux autour de la dénotation et de la connotation.
Scudéry (Madeleine de). Lettres de mademoiselle de Scudéry à M. Godeau, évêque de Vence (1650-1651). S'amuser avec la période.
Le sens propre et le sens figuré : jeux autour de l'abstrait et du concret. « Un frisson d'espoir parcourut l'assemblée » (sens figuré) ; « Un frisson me parcourut des pieds à la tête lorsque l'air glacial pénétra dans la pièce par la porte restée ouverte » (sens propre).
Simon Claude. L'Acacia (1989). La phrase.
Staël (madame de). Delphine (1802). Le romantisme en France.
Le style, les niveaux de langue, les langages, le registre. « Mignonne, allons voir si la rose... », ou : « Viens par ici ma poulette ! », ou encore : « Mademoiselle, seriez-vous disposée à m'accompagner pour visiter le jardin ? ».
« Savoir son style, c'est connaître son affaire » disait-on souvent dans la deuxième moitié du XVe siècle. « Avoir du style, c'est toute une affaire », dira-t-on plus tard, à partir de 1845.
Le surréalisme, la libre-association, l'écriture automatique. « Parfums éclos d'une couvée d'aurores/ Qui gît toujours sur la paille des astres » Paul Éluard.
La syllepse, ou des accords contradictoires. « Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit » au lieu de : « Demain viendront... » ; « Moins de deux minutes a suffi », ou : « Moins de deux mois ont suffi » ?
La synchyse. « Je tâcherai faire en moi ce bien croître,/ Qui seul en toi me pourra transmuer. » ; « D'amour me font, Belle Marquise, vos beaux yeux mourir » au lieu de : « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ».
La synecdoque. « Voile à l'horizon ! » ou « Un bateau à l'horizon » ?
La synérèse. « Je vais acheter des dia-mants et un vio-lon » dis-je en détachant les syllabes.
La synonymie. « Le péril comme le danger, funeste ou fatal, n'apporte que mort et trépas, pleurs et larmes ».
En syntaxe, êtes-vous plutôt hypotaxe ou plutôt parataxe ? « Ce n'est pas assez d'avoir des mots pour chaque idée ; il faut encore savoir former, de plusieurs idées, un tout dont nous saisissions tout à la fois les détails et l'ensemble, et dont rien ne nous échappe ; voilà l'objet de la syntaxe. » Étienne Bonnot de Condillac. « Il existe deux types de syntaxe, deux types de manière de joindre ensemble les mots d'une phrase et les phrases entre elles : la parataxe et l'hypotaxe. ».
T → Z
Le télescopage. « Elle saute le pas en sautant par-dessus la haie ».
Les temps de la narration, conjugaisons, le temps et la narration.
Le tireur à la ligne (Oulipo). « Un nuage passe. Le vent se lève. » devient : « Un nuage passe. Les feuillages s'ébrouent dans la chaleur de cette fin d'après-midi. Un vent chargé de fines particules de sable se lève, et dans l'air batifole le linge mis à sécher sur les cordages ».
Traductions, un exercice oulipien. D'une langue à l'autre, ou bien à l'intérieur d'une même langue.
Triolet (Elsa). Le Premier accroc coûte deux cents francs : nouvelle (1944). La synecdoque.
Triolet (Elsa). Les amants d'Avignon : nouvelle (1944), dans Le premier accroc coûte deux cents francs. Jouer avec la musicalité et le rythme de la phrase.
Tristan (Flora). Pérégrinations d'une Paria : 1833-1834 (1838). Jouer avec les hyperboles.
Yourcenar (Marguerite). L’Œuvre au Noir (1968). Mot-valise et néologisme.

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